Je n'avais encore presque pas lu de
Zola jusqu'à présent. Cette anomalie est en passe d'être corrigée. Sans aller jusqu'à lire ses romans strictement dans l'ordre de leur publication, il m'a paru cohérent de débuter par son premier chef-d'oeuvre, antérieur aux Rougon-Macquart.
Quelle clarté d'écriture, et le tout dans une langue qui par ailleurs est tout à fait littéraire! Les pages sont d'une légèreté exquise: véritablement il s'est agi d'une lecture qui avait de l'allant. L'accord parfait entre qualité et clarté de l'écriture: je retrouve chez
Zola ce que j'ai pu trouver par ailleurs chez
Maupassant, Mauriac,
Tolstoï.
Le coeur de l'intrigue est fort original: un couple adultère, complice dans le meurtre du mari gênant, qui finit par se détruire soi-même sous l'effet de la terreur qu'inspire leur propre crime dont ils sont constamment hantés. Ajoutez à cela la présence d'une belle-mère rendue incapable de parler suite à une paralysie, mais qui a eu connaissance du crime commis par sa fille et son beau-fils, et vous aurez un tableau psychologique qui atteint à l'intensite de certains passages les plus saisissants de
Crime et Châtiment.
Il me semble d'ailleurs que
Zola ait eu connaissance de l'oeuvre de
Dostoievski (peut être par l'entremise de
Tourgueniev, que
Zola connaissait personnellement), ce qui laisse la possibilité qu'il se soit inspiré en partie de l'écrivain russe.
Je n'ai pas encore lu les autres oeuvres de
Zola. Cela étant dit, pour ce que j'en connais, il me semble que certains des motifs développés dans ce roman (déroulement dans un milieu populaire voire ouvrier, réalisme parfois cru, mais
Zola n'est-il pas le chef de file du naturalisme?) ont connu par la suite d'heureux développements.
Affaire à suivre donc.