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EAN : 9782881829369
252 pages
Editions Zoé (06/01/2015)
1.42/5   6 notes
Résumé :
L’Homme aux deux yeux est à la fois le roman d’aventures d’un héros moderne et la mise en scène d’un monde aussi noir que vide de sens. Dans cette histoire, Matthias Zschokke est acerbe contre la société d’aujourd’hui et sa diatribe est ici brillante.
L’homme qui avait deux yeux se distingue à peine des autres, visage, cheveux, vêtements et mallette couleur sable. Il perd sa femme, son chat, son travail de chroniqueur judiciaire, son appartement dans la capit... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Je commencerai bien sûr en remerciant Babelio et les éditions Zoé. Cette maison d'édition propose des ouvrages d'une qualité surprenante. Précision de l'impression, qualité des papiers, choix de couverture sont tout à fait remarquables. En ce qui concerne cet ouvrage il s'agira, me concernant des seuls points positifs. Je n'ai trouvé en ces lignes qu'ennui et consternation. Il est rare que je sois ouvertement critique, mes interventions sur Babelio sont peu nombreuses mais la plupart sont positives, ce ne sera pas le cas ici. La toile de fond insipide est habitée par les réflexions et autres pensées de l'auteur, assenées tout au long de l'ouvrage. Ces dernières, quand elles ne sont pas complètement dénuées d'intérêt, sont pour le moins sujettes à caution. Je ne crois pas non plus que l'auteur ait eut l'intention de faire de son ouvrage un hommage au Parnasse, un objet stylistique rare et abouti. le style est plat et les quelques tentatives rhétoriques se trouvent tellement isolées qu'elles en paraissent incongrues. S'agit-il de surréalisme, d'une approche par l'absurde, d'une démarche expérimentale dont je n'aurais compris le sens ? Je cite : «En d'autre termes ce que je dis ne vous intéresse pas ? Mais cela doit vous intéresser, car il est tout simplement impossible que vous ne soyez pas vous aussi en train d'errer au milieu de tout ces mots creux, dans ce présent dénué de sens, de quelque chose de palpable. Aujourd'hui, je ne parviens plus qu'ici ou là, dans un accès d'audace, ne serait-ce qu'à approcher le contenu d'un mot.» Rarement auteur n'aura aussi bien décrit par ces mots mon sentiment à leur lecture. Sans l'opération masse critique, je ne serais venu a bout de cet ouvrage, je ne comprends pas où le lecteur peu puiser la motivation de découvrir le contenu de chaque page. Il me reste exactement trente pages à lire, j'ai décidé de rédiger ma critique avant de les lire, me laissant par la même l'échappatoire de vous laisser penser qu'il s'agit d'un texte à chute.
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Matthias Zschokke, né à Berne en 1954, est un romancier, dramaturge et cinéaste suisse de langue allemande. Après une formation d'acteur à Zurich, il vit et travaille à Berlin depuis 1980. Il est l'auteur d'une dizaine de bouquins (romans, nouvelles), huit pièces de théâtre, et trois films. Son nouveau roman, L'Homme qui avait deux yeux, vient de paraître.
L'homme qui avait deux yeux – nom sous lequel sera désigné le héros tout au long du roman – a perdu sa femme, son chat, son travail de chroniqueur judiciaire, son appartement dans la capitale. A cinquante-six ans, il s'en va à Harenberg, une petite ville de province dont la femme avec qui il vivait lui a recommandé les bienfaits.
Après quelques pages de lecture on comprend vite que nous ne sommes pas un roman traditionnel, avec une histoire qui se tient, mais au contraire dans ce genre de livres où le héros erre comme une âme en peine, aux prises avec les petits riens qui font la vie de tous les jours, se prenant le chou avec des interrogations existentielles ou des questions de névrosé. A peine entamé, on se désintéresse du sort de l'homme aux deux yeux, d'ailleurs il n'a pas de vie à proprement parler, on s'interroge par contre sur ce que veut nous dire l'auteur – seul espoir de tirer quelque substance de cette oeuvre.
Que les choses soient néanmoins claires tout de suite, il s'agit bien d'un roman écrit par un véritable écrivain, il y a là un travail littéraire évident qu'on ne peut nier. On y trouve des traces du style de Kafka, soit dans le phrasé parfois, soit dans l'absurde de certaines situations voire dans l'humour (hum ! hum !) que je qualifierai de spécial. Des situations étonnantes par de troublants effets sans causes comme ce mode d'emploi de la sodomie franchement saugrenu, ou apologie militante ( ?). Mais il y a aussi des passages écrits carrément autrement, comme cette ahurissante phrase unique qui court entre les pages 154 à 156. Un gros travail d'écriture donc.
Mais de quoi traite le roman, là je suis encore perplexe. Certes il y a une dénonciation de nos vies modernes, petites et sans envergure, manquant de sens – mais quel roman d'aujourd'hui n'en fait pas autant ? Qui est cet homme avec deux yeux et pourquoi le nommer ainsi, peut-être pour mettre l'accent sur un détail commun à tous justement et en faire notre miroir ; faire d'une apparente exceptionnalité, une banalité parfaite. Cet homme quasi invisible, puisque personne ne le reconnait jamais ou l'inverse quand certains ne l'ayant jamais vu, sont certains de le reconnaitre.
Notre héros s'emmerde et les autres aussi, « le soupçon monta en moi que mon ami s'était peut-être juste mortellement ennuyé avec moi. (…) pourriez-vous éventuellement m'aider dans ma tentative de produire un effet moins ennuyeux sur les autres… » Et là, le roman prend tout son sens, le style, ces phrases sans queue ni tête, ce héros falot, ce monde terne, Matthias Zschokke voulait peindre l'ennui - comme d'autres écrivains veulent susciter l'angoisse ou le désir – et il y réussit parfaitement. Car pour s'emmerder on s'emmerde ! Un chef-d'oeuvre si on suit le raisonnement créatif de son auteur…. Mais à quel prix, du point de vue d'un lecteur lambda comme moi ? Il y a là matière à débat… pour ceux qui iront jusqu'au bout de ce pensum.
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Je découvre avec ce livre l'auteur suisse allemand Matthias Zschokke. L'homme qui avait deux yeux en est le personnage principal, jamais nommé autrement. Qu'est-ce qu'un homme avec deux yeux. Un homme qui ne parle guère, sauf dans des tirades parfois absurdes. Un homme que l'on ne regarde pas, transparent. Un homme qui pourrait voir l'autre, et pourtant en est incapable. Matthias Zschokke nous présente ce personnage du moment où il semble lâcher prise : la femme avec qui il occupait son appartement décède, son travail s'éteint. Tout semble se rétrécir autour de lui et en lui. La petite ville d'Harenberg est son dernier refuge. Il disparaît peu à peu. Certains passages un peu long sans doute, mais le projet m'a vraiment intéressé. La description des petites choses de la vie d'un homme inutile.
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En premier lieu, je remercie le site Babelio et la maison d'éditions Zoé pour cette nouvelle édition de Masse critique où j'ai eu le plaisir de découvrir cette maison d'édition suisse.

L'homme qui avait deux yeux est une périphrase pour désigner le personnage principal. Ce dernier est un anti-héros par excellence. Il a tout de l'homme ordinaire ; il a travaillé comme chroniqueur judiciaire et a habité très rapidement avec la femme qu'il a rencontré dans une chorale. A sa mort, il écoute ce qu'elle a toujours dit : partir à Harenberg et se reposer dans un des nombreux hôtels près du pont de la gare. Il abandonne tout : son boulot et son logement pour aller dans cette ville. Mais à son arrivée, il déchante très rapidement car il ne reconnaît pas la ville qui lui a été décrite tant de fois.

Personnellement, j'ai eu un mal fou à finir la lecture de cette histoire. J'ai eu, à plusieurs reprises, l'impression que le personnage ne ressent rien. Il n'est pas question d'amour ou de quelconque autres sentiments. le personnage principal, l'homme qui avait deux yeux, restitue tel quel ce qu'il lui arrive. Il raconte des petits riens inutiles qui à la fin de l'histoire prennent son sens.

En effet, ce sont les toutes dernières pages qui révèlent ce que pense vraiment notre homme qui avait deux yeux. Ce changement m'a perturbé car je m'étais faite une représentation du personnage et l'évocation de ses sentiments profonds et de ses choix a tout remis en question. Cet homme, je le trouvais très insipide, inintéressant ... et inutile.

Une pensée du personnage m'a particulièrement marquée à la page 226 : " Dans mon effroi, j'ai tout quitté et je suis venu ici, derrière la gare, pour voir d'autres personnes inutiles et sans but comme moi et me consoler à leur vue. Mais les rues étaient vides.". Cette phrase a éclairé ma lecture qui était jusqu'alors très insipide et ennuyeuse. J'ai perçu le personnage différemment. Cet homme ordinaire ne cherchait qu'un peu de réconfort.

En bref, je ne dirais pas que cette lecture a été déplaisante. Je me suis ennuyée mais la fin a changé ma vision de l'ensemble de l'histoire. La narration à la troisième personne et la périphrase pour désigner le personnage principal ne font que renforcer une distance entre l'histoire et le lecteur. Mais tout cela fait partie du projet d'écriture de l'auteur qui souhaitait créer cette distance et matérialiser une différence entre un personnage ordinaire et un lecteur également ordinaire. Je ressors donc de cette lecture assez perplexe car mitigée dans ce que j'ai pu ressentir tout le long de ma lecture...
Lien : http://inthestartingblocks.b..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Vous vous demandez sans doute parfois si je suis vivant, ou si je suis un automate, un moulage creux de moi-même qui fréquente ces lieux. Jadis, je souffrais de mon penchant pour la répétition, pour l’ordre et pour la régularité. J’entrais quelque part et je craignais de déclencher des bâillements. Les gens préfèrent le changement. Je les barbe. Je le sais. Vous en revanche, vous ne m’avez jamais fait sentir quand je vous ai fatiguée. Vous avez peut-être souvent déjà somnolé en ma présence, mais vous avez toujours gardé au moins un œil ouvert, par politesse. Combien de gens se donnent cette peine ! A vrai dire, je ne me supporte plus qu’auprès de vous, parce que vous ne me faites pas sentir comme je suis.
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(L'homme et la femme avaient laissé passer le moment propice pour se proposer le tutoiement. Lorsqu'ils emménagèrent ensemble et qu'il eût été temps de le faire, le vousoiement s'était déjà profondément enraciné en eux ; ils ne parvinrent pas à changer leurs habitudes et s'en tinrent donc à cela.)
P51
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Dans mon effroi, j'ai tout quitté et je suis venu ici, derrière la gare, pour voir d'autres personnes inutiles et sans but comme moi et me consoler à leur vue. Mais les rues étaient vides.
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Ce soir, ils allaient donc avoir, une fois de plus, des invités. Comme cette idée le déprimait. Le simple fait d'y penser suffisait déjà à lui faire sentir un goût de moisi dans la bouche. Qui d'ailleurs avait bien pu inventer ce genre de sociabilité, cette façon d'assoir côte à côte des hommes et des femmes obligés de manger ensemble et de s'entretenir par-dessus le marché ? C'était affreux, non ?
P129
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Videos de Matthias Zschokke (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Matthias Zschokke
La romancière française Maylis de Kerangal dialogue avec Matthias Zschokke, écrivain suisse germanophone. Animée par Francesca Isidori (France Culture/Arte), la soirée clôt le programme « Étranges Étrangers ». Sous le commissariat de Nicole Bary, ces rencontres réunissent des écrivains francophones et germanophones en écho à la foire du livre de Francfort qui célèbre la langue française avec la France comme invitée d?honneur. Maylis de Kerangal a notamment publié Naissance d?un pont (2010) récompensé par le prix Médicis, ainsi que par le prix Hessel qui a permis sa traduction en allemand. Après avoir entamé une carrière de comédien, Matthias Zschokke s?est ensuite tourné vers l?écriture, publiant romans, récits, correspondances, pièces de théâtre. Il a notamment été récompensé par le prix fédéral de littérature et en France par le Prix Femina étranger en 2009 pour son roman Maurice à la poule.
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