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sur 12052 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Czentovic, champion du monde des échecs, est tenu en respect par un parfait inconnu au cours d'un voyage en bateau. Cet inconnu livre alors son histoire à un journaliste.
On découvre que cette personne, arrêtée plusieurs mois auparavant par la Gestapo car faisant partie d'un cabinet d'avocats qui gérait le patrimoine de familles juives très fortunées, n'a pas été déporté, mais a été mis à l'isolement absolu, avec rien à faire, ni personne à qui parler hormis ses geôliers au cours d'interrogatoires. C'est lors de cet isolement, par le biais d'un heureux hasard que l'inconnu va alors apprendre les échecs et se perfectionner dans cette discipline.
Je n'en dirai pas plus au risque de trop dévoiler l'histoire, mais ce livre, certes, parle du jeu d'échecs, mais parle également de la souffrance endurée quand on est seul, sans occupation aucune pour le cerveau. Il nous montre un certain aspect de l'instinct de survie: ce n'est pas l'instinct de survie consistant à se nourrir, à s'abriter du froid... mais c'est celui qui veut nous empêcher de devenir fou. Et pour ce faire, le cerveau a des possibilités insoupçonnées.
Le style de l'auteur est simple, et il retranscrit très bien les sentiments des différents personnages. On a vraiment l'impression de vivre les histoires de l'intérieur (l'histoire se déroulant sur le bateau, et l'histoire liée à l'isolement de Mr B. (l'inconnu)). La fin arrive vite, et on aurait aimé que les parties d'échecs se poursuivent... mais en réalité, ça ne pouvait que se terminer de la manière dont l'histoire se termine. Tout a été dit, tout a été démontré.
Je recommande la lecture de ce livre, aux passionnés d'échecs comme aux autres. C'est une belle leçon de vie.
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J'ai adoré cette histoire. J'ai été plongée dedans jusqu'à la fin et je l'ai lu en une traite, ce qui est rare chez moi car, de base, j'ai du mal à lire les livres de fiction. Bon, il faut dire aussi que la trame de l'histoire tourne autour des échecs, jeu que j'aime beaucoup.

Par ailleurs, dans "Le joueur d'échecs", il n'y a pas de descriptions qui s'éternisent pour rien et qui, personnellement, m'ennuient au plus haut point. Là le rythme de l'action est fluide. enfin, je trouve que la trame de l'histoire est bien amenée. J'ai eu envie d'en savoir plus sur les 2 protagonistes.

C'était mon premier Stephan Sweig et j'espère que ses autres livres seront de la même trempe.
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LE JOUEUR d' ÉCHECS de STEFAN ZWEIG
Un des livres les plus connus de Zweig. Magnifique description de ce joueur, par ailleurs homme banal et peu cultivé, qui devient champion d'échecs. On retrouve toutes les facultés d'analyse de Zweig et j'ai trouvé bien des similitudes dans ce roman avec " La Défense Loujine" de Nabokov que j'avais lu il y a quelques jours.
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Paradoxalement, il est moins question des échecs dans cette ouvrage que du traumatisme. On se plaît communément à voir dans cette oeuvre une métaphore de l'affrontement du totalitarisme et du monde libre; ça ne m'a absolument pas frappé. le personnage autour duquel plâne le mystère tient simplement son talent d'une circonstance liée à l'Anschluss, mais c'est le seul rapport concret avec le nazisme. Je ne m'étendrai donc pas sur ce point.

En revanche, l'oeuvre comporte un récit dans le récit qui illustre à la lettre cette idée bien connue, depuis Pascal me semble-t-il, selon laquelle tout le malheur de l'homme lui vient de son incapacité à demeurer seul dans une chambre sans rien faire. Durant cette période terrible où M. B. y fut contraint, sa vie était devenue une paroi lisse sur laquelle son esprit cherchait à se raccrocher à la seule prise qu'il put rencontrer pour éviter la chute, au prix néanmoins de dommages irréversibles. Les résultats, observés peu après dans un contexte moins sombre qui est celui du récit principal, en sont à la fois prodigieux et effrayants.

Ce qui est vraiment très agréable, c'est la clarté de la narration. Sans qu'il y ait forcément de phrases conceptuelles frappantes à la Flaubert, je me suis dit à plusieurs reprises que j'aimerais écrire comme cela. L'auteur-narrateur se plaît à explorer les moindres indices dans la physionomie des personnages, à faire s'affronter différents archétypes mentaux (l'abruti surdoué, le joueur moyen amateur, l'obsédé pathologique) pour interpréter en des termes limpides l'interaction, et parfois le choc des esprits. Cela donne de longs paragraphes assez théoriques, très peu de dialogues, mais sans que cela se fasse au détriment du plaisir de la lecture. Au contraire, on est soi-même poussé à interpréter les gestes et les paroles, puis à confronter ses conclusions à celles de Zweig, ce qui est extrêmement valorisant pour le lecteur, rendu proactif.

Les lecteurs en quête d'histoires qui traitent véritablement du jeu d'échecs seront certainement frustrés, dans la mesure où il n'y a pas particulièrement de description réelle des duels, pas de suivi de quelle pièce bouge où et menace quoi. En revanche, les lecteurs, certainement plus nombreux, qui aiment suivre l'évolution de la psychologie des personnages y trouveront leur compte. A noter toutefois qu'ici, cette évolution est plutôt triste à suivre, notamment lorsque le passé refoulé est amené à revenir à la surface dans le comportement de M. B. par le truchement du jeu qui l'a à la fois sauvé et condamné par le passé, et qui a occasionné une folie qui demeure à jamais tapie en lui, prête à reprendre le contrôle de sa raison.
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Un joueur d'échec, un champion du monde. Un grossier personnage. Un anonyme, un génie. L'ombre de la folie et des nazis...

Avec ces trois angles d'attaque, l'auteur arrive, en à peine plus de 100pages, à nous plonger dans une confrontation au bord de la folie. L'échiquier devient un terrain de guerre à l'issue "mortelle".

Et cette histoire glaçante, ce souvenir qui tourne autour de ces cases noires et blanches.

Une très belle histoire, prenante et marquante !
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Déjà 618 critiques sur ce livre dans Babelio... autant dire que ma petite pierre ne sera que limitée.

Une superbe écriture, sans aucun doute. Une histoire prenante, on ne voit pas du tout venir cette seconde partie.

La confrontation sur un échiquier pour parler du nazisme, c'est très bien fait.

Je me demande toutefois si le côté "lutte des classes" ne ressort pas un peu. le champion du monde, homme inculte représentant le nazisme et son opposant représentant la culture... et l'opposition est un riche, très riche avocat.

On notera d'ailleurs que cet avocat n'est pas un résistant, à la Jean Moulin, mais un homme chargé de garder les richesses de l'église... Alors c'est peut être une image mais le goût est acre.

J'ai noté cette phrase : "Or, bien avant d'équiper les armées qu'ils allaient lancer à l'assaut du monde, les nationaux socialistes avaient commencé à organiser dans tous les pays voisins une autre armée, dangereuse et disciplinée elle aussi : la légion des défavorisés, des humiliés, des laissés pour compte."

Comme si les gens cultivés et riches n'avaient pas contribué à cette montée. Et qui est responsable de l'existence de cette légion? Ne pas s'interroger sur ce point, c'est retrouver le même mal moins dun siècle plus tard.

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L'on a tout dit ou presque sur cette nouvelle merveilleusement écrite par Stefan Zweig, au crépuscule de sa vie, en Argentine, où il s'est réfugié, où il joue aux échecs pour lutter contre l'ennui, où il va baisser les armes, se suicider, avec son épouse, trop de colère, trop d'amertume, trop de dégoût vis à vis de ce qu'est devenue l'Autriche, son pays natal, en 1942.


Sur un navire, notre narrateur joue aux échec avec son épouse, puis avec un « passant », pour attirer l'attention du champion du monde d'échecs, un jeune yougoslave, Mirko Czentovic, limité intellectuellement, incapable de se représenter le jeu auquel il excelle, incapable de la moindre imagination.


Czentovic : orphelin, apathique, taciturne, indifférent, élevé par le curé de son village, il se révèle à la surprise de tous exceptionnellement doué pour les échecs. « Bien que le nouveau champion ne soit pas ressortissant de la ville au sens étroit du terme, l'esprit de clocher se réveilla très fort ».

La narrateur veut l'affronter : « Les monomaniaques de tout poil m'ont toujours intrigué ».


Czentovic n'accepte de jouer – pour respecter son contrat – que contre de l'argent, et le rendez-vous est pris, pour une partie à trois (si j'ose dire) : nos deux «compères », contre le champion, qui les balaie, sans surprise, lors de la 1ère partie.


La 2ème partie : match nul, grâce aux conseils d'un homme, M. B, au second plan. M. B qui analyse finement le jeu du champion, anticipe, brillamment ses décisions, le contraint à s'asseoir, à réfléchir de plus en plus lentement, les yeux rivés sur le jeu, jamais sur les autres.


Une 3ème partie, le lendemain, oppose le champion à celui qui s'est improvisé conseiller, qui n'a pas touché un jeu d'échec depuis 25 ans, mais qui en maîtrise les règles jusqu'à l'obsession, un manuel sur les meilleures parties, les meilleurs coups ayant été sa seule occupation, son moyen de survie, face à la torture, l'isolement, pendant une captivité imposée par les hommes de la SS. Il a survécu, mais a failli devenir fou, n'ayant d'autre choix que de plonger dans une dangereuse schizophrénie. Jouant contre lui-même, poussant l'abstraction à l'extrême. le jeu d'échec, un don de Dieu « à la terre, pour tuer l'ennui, aiguiser l'esprit et stimuler l'âme », qui lui a donné des « exercices qui rendent leur assurance à (ses) facultés intellectuelles » et a provoqué un « dédoublement de la pensée ».


L'enjeu, c'est donc cette partie entre deux hommes que tout oppose.


Tout a été dit sur l'allégorie de cette partie, le combat entre l'humanisme et la barbarie, la démocratie et le totalitarisme, la liberté et la dictature.


Mais bien modestement, je m'interroge. La nouvelle s'appelle « le joueur d'échec ». Qui est le joueur d'échec ? Nous en avons plusieurs dans le livre. La recherche du titre original met en évidence que cette question est à côté de la plaque, enfin de l'échiquier. « Schachnovelle ». Ce qui signifie : nouvelle sur le jeu d'échecs. « Schach » a la même étymologie que notre « échec ». du persan شاه , šāh. Qui veut dire Roi. En ancien français, eskec, du persan شاه مات , shâh mât (« le roi est mort ») a donné échec et mat.

Cette nouvelle sur le jeu d'échec, c'est donc un récit non pas sur un joueur, mais sur le jeu, sur la vie, sur le roi, qui se couche, ou non.


Je vis, je meurs.
Je ris, je pleure.
Je me couche, je me relève.
Ou pas.




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Ce midi, sur la plage au soleil (eh oui, ça a des avantages de vivre dans le sud) j'étais plongée pas dans la mer, mais dans cette nouvelle de Zweig. Plus que quelques pages, zut il fallait absolument que je parte, quand je reçois un message de mon fils disant qu'il a du retard. Chouette, me dis-je, je vais pouvoir finir ma partie. Quel lapsus révélateur, je voulais dire mon livre, évidemment. Je reconnais bien là le talent de Stephan Zweig pour nous immerger complètement dans son univers, même si je joue très peu aux échecs.

Parlons déjà de la forme. Je suis impressionnée par la façon dont l'auteur parvient en peu de pages à créer des univers. En une cinquantaine de pages à peine, il nous entraine du décor d'un paquebot reliant New-York à Buenos Aires au presbytère d'un pauvre village du Danube, puis dans une chambre du tristement célèbre Hôtel Metropole à Vienne. Chaque fois, je visualise parfaitement les scènes tant l'auteur excelle à nous les faire vivre. Ses mots sont parfaitement évocateurs et les images se forment dans ma tête.
Sur le fond, que rajouter après plus de 600 critiques sur ce sujet, dont quelques-unes m'ont décidée à découvrir cette nouvelle (Merci Paul (El_Camaleon_Barbudo), Chrystèle (Horde ducontrevent) et Nicola (nicolak) entre autres).
Il y est bien entendu question du nazisme, que l'auteur a fui, et dont il sera une victime dans les semaines qui suivront l'écriture de cette histoire, qui sera publié de façon posthume après le suicide de son auteur. Il y est bien sur question de la violence subie par les victimes de ce régime, violence qui reste terrible, inhumaine, même si dans ce cas, elle est seulement psychologique.
Il y est question aussi de l'addiction au jeu, et d'un homme qui pour échapper à la torture du néant, va devenir grâce à un petit livre dérobé dans la poche d'un imperméable accro à ce jeu, au point de mettre son équilibre intérieur en péril, qui échappera à son enfer pour risquer en une seule partie la rechute. Cet homme m'a rappelé un autre joueur compulsif rencontré dans « 24 heures de la vie d'une femme ».
Tout cela incarné dans des personnages qui acquièrent en peu de pages une profondeur que certains auteurs ont du mal à atteindre dans de gros pavés. La bêtise du champion, la fragilité de la victime des nazis, l'arrogance de ce riche américain qui pense que l'argent peut tout acheter, relatées avec beaucoup de finesse par le narrateur, témoin et acteur ce cette quasi tragédie.
Et dire que je pensais encore il y a quelques années que la nouvelle est un art mineur.

PS : Zweig pour une cinq centième : le hasard fait bien les choses, ou était-ce un rendez-vous :-)
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Quelle nouvelle! Dans un passé encore prégnant, dans un univers de gentlemen, d'une amabilité délicieuse, une finesse d'esprit dans un contexte où tout explose. le média de ce jeu de rois amène à la finesse, la vivacité. une écriture plaisante, virevoltante et précise. j'ai adoré !
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Je découvre l'écriture de Stefan Zweig à travers cette nouvelle magistrale « le joueur d'échecs ».
Nul besoin d'être connaisseur de ce jeu pour en apprécier l'histoire car son intérêt n'est pas là.
A travers ce court texte, Zweig parvient à nous démontrer jusqu'où peut conduire la folie de l'isolement et de l'addiction. Il est fascinant de voir à quel point le jeu peut amener ses compétiteurs à se retrouver dans un état de tension psychologique extrême mais aussi de constater que l'attitude de l'adversaire à un grand pouvoir de manipulation.
Au-delà de la qualité de l'écriture, ce fut une lecture très instructive.

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