AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,11

sur 6345 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
S.Zweig arrive encore une fois à raconter une histoire, ou plutôt deux histoires ici, totalement banales, dans un style classique, sans jamais nous ennuyer. Il nous tient au contraire en haleine le long des ces 140 pages qui se lisent d'un traite. Dans cette longue nouvelle, qui ressemble à une séance de psychanalyse, une femme d'une soixantaine d'année raconte un épisode de sa vie datant de plus de vingt ans à un auditeur neutre et bienveillant. En racontant cet épisode, ce qu'elle n'avait encore jamais fait, elle semble en redécouvrir elle-même les différents ressorts et sort de sa narration non seulement soulagée mais aussi un peu changée. S.Zweig arrive à nous faire revivre une société aisée, oisive, de rapports sociaux délicats (ou hypocrites ?) d'un monde qui a disparu. Caractéristique du talent de Zweig, un passage décrit la vie autonome des mains des joueurs dans un casino de Monaco. le lecteur a l'impression d'être dans la salle de jeux et de ressentir l'ambiance qui y règne. La remarquable traduction fluide et stylée d'Alzir Hella contribue fortement à ce tour de force.
Commenter  J’apprécie          250
Début du siècle précédent, une mère de famille respectée abandonne mari et enfants pour suivre un jeune homme rencontré quelques heures plutôt.
Scandale, la société bien pensante l'accable de son incompréhension ; quel outrage à la morale, à la bienséance ; pauvres enfants délaissés..., pauvre mari.
Un homme cependant prend sa défense, face aux arguments sermonneurs de la société, parfois avec une parfaite mauvaise foi, il répond, prenant la défense de la femme envolée.
Une dame plus âgée est intéressée par ce discours et propose au jeune « avocat » d'écouter son histoire.
Veuve, il y a des années, elle fut subjuguée par les mains d'un joueur au Casino. Il perdit toutes ses mises, elle le suivit, pressentant que l'homme était au bout du rouleau. Elle voulut l'aider, lui payer l'hôtel puis le train, pour le sauver tout était bienvenu…..mais lui la prit pour dame de joueuse compagnie ….ils passèrent la nuit ensemble, une immense passion l'avait envahie.
Il lui promit d'arrêter le jeu, jura sur la Vierge, sur ses ancêtres, elle lui proposa de l'argent pour qu'il parte loin.
Mais la passion l'étouffait, elle fit ses malles et courut à la gare pour l'accompagner, elle rate le train, et dans son délire, retourne au Casino pour revoir la table de jeu, et ….surprise, il est là, il joue, il a perdu son air d'ange et le démon apparaît sur son visage, elle veut l'obliger à quitter les lieux, lui rappelle ses promesses, mais, il la rejette, la repousse, crie qu'elle lui porte malheur.
Ainsi, s'arrête son aventure, par une fuite honteuse vers son domicile.
Une histoire du début du siècle passé ?....
Commenter  J’apprécie          251
Le narrateur, dont on ne connaît pas le nom, séjourne dans une petite pension voisine d'un grand hôtel de la Côté d'Azur, lorsque celui-ci est le théâtre d'un drame conjugal retentissant. Mme Henriette, l'épouse d'un homme d'affaires, s'est enfuie avec un jeune homme alors que tout laisse à penser qu'elle ne l'a jamais rencontré avant leur séjour commun à l'hôtel. Cette fuite, très discutée le lendemain, fait l'objet de vifs affrontements à la table de notre narrateur, puisque ce dernier défend bec et ongles le comportement de Mme Henriette contre les deux couples qui partagent sa table, lesquels refusent de croire au « coup de foudre » d'une femme qui, visiblement, s'ennuyait dans son couple.

Mrs C... une autre compagne de table du narrateur, semble plus qu'intéressée par sa position. Cette vieille anglaise très distinguée apprenant que notre narrateur va quitter la pension, décide de lui confier un secret. Elle veut lui parler d'une période de vingt-quatre heures qui a agité sa vie de femme quelques vingt années plus tôt, au cours de laquelle elle s'est enflammée pour un jeune homme de l'âge de son fils qu'elle n'avait, jusqu'alors, jamais encore rencontré...


J'ai trouvé de grandes similitudes entre ce court roman et le Joueur d'échecs, puisque le jeune homme rencontré ici par Mrs C... est obsédé par une passion qui le consume petit à petit. Ici, il s'agit de la passion du jeu.

Le suspense est tout aussi psychologique que dans le Joueur d'échecs puisque, tout au long du roman, la question principale est de savoir si Mrs C... va parvenir à sauver son jeune compagnon de cette obsession qui le ronge. Mrs C... essaye, allant jusqu'à lui prêter de l'argent pour qu'il rentre chez lui et oublie le casino de Monte-Carlo, où il est en train de perdre non seulement toute sa fortune, mais également sa raison. Mais la sollicitude et la passion de Mrs C..., jeune veuve de quarante-deux ans, suffiront-elles à sauver le jeune homme ?

J'ai été particulièrement frappée par le contraste entre la Mrs C... qui raconte son histoire au narrateur et celle qui vécut cette aventure au casino de Monte-Carlo. La première nous est décrite comme une femme d'une élégance discrète et de bon ton par le narrateur ; la seconde, racontée par elle-même, est une femme agitée par un océan d'émotions : le désespoir de son veuvage et la violence de la passion après sa rencontre avec ce jeune homme. Il est difficile d'imaginer cette vieille dame si digne amoureuse d'un homme de près de vingt ans son cadet et pourtant, c'est bien ce qu'il lui est arrivé... C'est toute son éducation, toute sa vie passée que Mrs C... est prête à remettre en question et à oublier pour un homme avec lequel elle ne passera que quelques heures.

Les descriptions de Zweig sont très précises et nous plongent sans pitié dans l'intensité du récit dans le récit qui, malgré sa brièveté, se révèle particulièrement puissant. L'auteur se lance, notamment, dans une description des mains du jeune homme lorsqu'il joue à la roulette et ces quelques pages permettent de comprendre, déjà, à quel point le récit des vingt-quatre heures de la vie de Mrs C. va être agité...

Vingt-quatre heures peuvent-elles changer toute une vie ? Après avoir lu ce récit de Zweig, on ne peut que répondre par l'affirmative.
Commenter  J’apprécie          250
Dans un petit hôtel dans le sud de la France alors que le séjour se passe paisiblement, un événement vient agiter les pensionnaires. Une mère de famille tout ce qu'il y a de plus convenable vient de quitter mari et enfants, pour un jeune homme de plus de dix ans de moins qu'elle… Chacun y va de son commentaire culpabilisant voire haineux envers cette femme indigne. L'un des hôtes prend la défense de l'aventureuse infidèle, attirant les fougues des autres pensionnaires. Il est bientôt rejoint par une femme âgée d'origine britannique qui laisse entendre partager son avis et semble croire, elle aussi, au coup de foudre, au coup de folie… L'homme intrigué par cette prise de position et la vieille femme se rapprochent. Commence alors l'évocation par la femme du souvenir d'une journée qui a changé sa vie. Elle nous entraîne, bien des années auparavant, dans un casino à Monaco.
Stefan Zweig à travers les mots de la femme va décrire les sentiments amoureux naissants, les ressentis ambivalents, la culpabilité, l'irraisonnable avec justesse et grande maîtrise du verbe. C'est le deuxième roman de Zweig que je lis cette année. C'est très étonnant les partis-pris anticonformistes que prend cet auteur en ce début du 20ème siècle. C'est aussi le contexte sociétal dans lequel se passe l'action qui fait apprécier ce texte touchant.
Commenter  J’apprécie          240
Dans la petite pension de la Riviéra, un groupe de personnes est en effervescence ,en effet,Mme Henriette a disparu,le soir tombe ,et elle n'est pas rentrée. le mari organise des recherches ,quand soudain après un court passage dans sa chambre ,le visage défait,il rappelle tout le monde en disant: Ne cherchez plus,ma femme m'a quitté ".
En fait,elle s'est enfuie avec un jeune français, client d'un jour, à la pension,abandonnant mari et enfants.De là ,concernant son attitude ,s'ensuivront des conversations très animées. Une vieille dame anglaise ,ne lui" jetant pas la pierre " tentera d'expliquer son point de vue en donnant rendez-vous dans sa chambre à notre narrateur.
Et elle lui contera son histoire : Comment veuve a 40 ans ,elle a succombé , une nuit,avec un jeune inconnu ,rencontré dans le casino de Monté Carlo, et complètement accro au jeu.Pour elle ,ce fut un égarement total,qu'elle ne put expliquer de façon rationnelle et en complète opposition avec les règles de bienséance régies dans le milieu où elle évoluait.
Stefan Zweig nous décrit de façon très juste le comportement de ces deux personnes .On entre dans leur intimité grâce à sa plume pleine de délicatesse et de profondeur toutes les émotions sont retranscrites avec sensibilité et beaucoup de pertinence.Dans ce court roman de S. Zweig on comprend l'impact que S.Freud à eu sur S.Zweig c'etait son père spirituel.Un très bon roman intimiste,une très bonne analyse de l'âme humaine ,à recommander.⭐⭐⭐⭐
Commenter  J’apprécie          240
Vingt-quatre heures de la vie d'une femme, comme l'indique le titre. Ou comment une rencontre brève peut changer une vie... Emboîtement parfait des récits, langue magnifique, beauté de l'histoire, tout est là. C'est un roman absolument superbe, court mais on a l'impression d'avoir lu tout Mme Bovary en le refermant. Sans oublier le charme suranné des rapports humains d'avant-guerre, les décors de vacances bourgeoises que l'on a envie de savourer. Un bijou.
Commenter  J’apprécie          240
Stefan Zweig possède en effet un réel talent pour parler des sentiments et notamment de la passion. Cependant, il convient de préciser qu'il aborde la question de la passion par deux prismes, celui de la passion amoureuse et celui de la passion du jeu. J'ai trouvé ce parallèle très intéressant car il nous rappelle notamment que ce qui n'était pas encore nommé comme "addiction au jeu" existait déjà, avec les dégâts que l'on peut connaître. Zweig réussit également à nous montrer comment, dans un cas comme dans l'autre cette passion qui apporte des instants de bonheur intenses peut provoquer une chute vertigineuse.

Cette histoire nous amène également à nous replonger dans une époque, lorsque les femmes devaient encore se plier aux convenances de la société, risquaient d'être mise au ban de la dite société au moindre écart de conduite, où la liberté entre les êtres n'était finalement que très relative. J'ai aimé le long monologue de Mrs C, ce monologue au cours duquel une vieille femme vient confier au narrateur ces fameuses vingt-quatre heures qui changèrent sa vie. L'écriture de Zweig retraduit bien toue la pudeur de cette femme qui ressent le besoin de raconter ce passage secret de sa vie, craignant pourtant que son interlocuteur ne puisse peut-être la juger, éprouvant parfois quelques difficultés à dire ces choses si longtemps tues.
Lien : http://croqlivres.canalblog...
Commenter  J’apprécie          240
L'action se déroule dans une pension de famille sur la côte d'azur et débute par la narration d'une violente discussion à table entre les pensionnaires suite à la "fugue" d'une mère de famille qui résidait à l'hôtel avec mari et enfants. Elle s'est soudainement enfuie avec un jeune homme rencontré seulement la veille.
On n'est pas loin d'en venir aux mains alors que le ton monte suite à l'avis donné par le narrateur sur ce "coup de folie" quand intervient dans la conversation Mme C., la discussion se poursuit alors entre eux deux.
Après quelques jours d'échanges brefs mais amicaux, apprenant que le narrateur va quitter la pension, Mme C. lui demande de lui accorder une heure de son temps pour lui conter un épisode qui pèse jour après jour sur sa vie et qu'elle n'a jamais confié à personne.
A la lecture de sa confession, on se retrouve projeté au casino de Monte-Carlo et on suit pas à pas, comme si c'était à nous qu'elle s'adressait, comment, il y a bien des années et au mépris des conventions, elle a sauvé un jeune homme dévoré par la passion du jeu d'une mort certaine, en ressortant transformée à jamais...

Le thème de cette nouvelle est intemporel et c'est encore une fois joliment écrit.
Commenter  J’apprécie          240
Voici un tout petit roman comme aimait les écrire Zweig, qui a autant excellé dans ce genre que dans celui de la nouvelle. Il nous conte ici une aventure sentimentale d'une anglaise qui semble, en vingt quatre heures, agir sur un coup de tête et briser sur un court laps de temps le carcan des conventions sociales de la société bourgeoise de l'époque. Plusieurs facteurs font qu'un homme ou une femme devient un grand écrivain. Parmi ces derniers ont peut citer une écriture atemporelle ou au contraire un écrivain qui entre en résonance avec son époque car il sait en saisir les infimes changements. Zweig fait partie selon moi de cette seconde catégorie. Son écriture est légèrement pontifiante, délicate diront certains, mais elle ne me semble pas atemporelle. Par contre, il représente l'humaniste épris de liberté jusqu'à l'égoïsme parfois, comme en témoignent les relations avec les femmes de sa vie. Il a su, comme au travers de ce roman percevoir la soif de liberté d'une société engoncée dans les carcans d'un fonctionnement tout victorien et a su disséquer avec minutie ces changements sociétaux.
Commenter  J’apprécie          230
Stefan Zweig est un écrivain dont les productions ne m'ont jamais attiré spontanément, mais force est de constater que jusqu'ici, je n'ai jamais été déçu par leur lecture. Au contraire, au fur et à mesure que je progresse dans le livre, son style précis et ses personnages si finement décrits transforment de banales histoires en de passionnants récits. Ces 24 heures de la vie d'une femme en sont une nouvelle fois l'illustration, lecture délectable.
Commenter  J’apprécie          230




Lecteurs (16552) Voir plus



Quiz Voir plus

Vingt-quatre heures de la vie d'une femme

En quelle année a été publié ce texte ?

1925
1927
1929

10 questions
216 lecteurs ont répondu
Thème : Vingt-quatre heures de la vie d'une femme de Stefan ZweigCréer un quiz sur ce livre

{* *}