Est-il bien nécessaire de chroniquer l'un des textes les plus connus de
Stefan Zweig ? C'est le plaisir délicat que m'a procuré cette brève lecture qui me servira d'excuse.
Dans un hôtel chic de la Côte d'Azur, une mère de famille disparaît en compagnie d'un jeune homme tout juste rencontré. Seuls deux membres de cette micro société constituée par une villégiature commune modèrent leurs propos sur la « trahison » de cette femme : le narrateur, et une anglaise âgée qui faisait jusqu'alors figure de grand-mère.
Celle-ci finit par confier un épisode de sa propre histoire au narrateur : veuve, elle rencontra un jeune homme possédé par la passion du jeu, et tenta, dans un élan incontrôlé aussi bien que désespéré, de le sauver.
Cette novella de 1927 est remarquable tout d'abord par l'absence de jugement porté sur chaque protagoniste, notamment les deux femmes, à une époque où le mariage d'inclination était encore loin de constituer la règle générale.
Puis, par son attention aux signes subtils d'expression verbale et non verbale de chaque personnage :
Stefan Zweig est bien le peintre de
l'âme humaine dans tous ses aspects, dicibles et indicibles.
Enfin, par sa construction rassemblée et directe, cette courte histoire résonnant longtemps pour sa portée universelle quant à la nature humaine, les mouvements de passion, et le pouvoir de la mémoire.
À lire absolument !