AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Juliette Bertrand (Traducteur)
EAN : 9782072941849
336 pages
Gallimard (04/05/2023)
3.7/5   49 notes
Résumé :
Avisant un cahier d'écolier dans la vitrine du buraliste, Valérie Cosati prend fantaisie de l'acheter. Le commerçant hésite, cède. Mais qu'elle le cache : à Rome, la vente en est défendue le dimanche. La gênante impression qui s'est emparée d'elle dans la boutique d'avoir enfreint la loi persiste quand elle rentre à son domicile. Si elle tient à ce que ses enfants ne s'approprient pas son emplette, avec l'assentiment de son mari, il faut continuer à la dissimuler. N... >Voir plus
Que lire après Le cahier interditVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
3,7

sur 49 notes
5
4 avis
4
2 avis
3
2 avis
2
1 avis
1
0 avis
Une femme dans la quarantaine achète un cahier, le cache à tous, et y écrit en cachette.
Elle lui confie ses pensées, ses réactions, ses doutes, sa relation avec son mari, avec sa fille, avec son fils et avec son directeur.
Ce cahier l'amène à se poser des questions, peu à peu elle réalise, sans vouloir l'admettre tout à fait, que sa vie pourrait être différente mais, toujours écrasée par les autres et surtout par ses sentiments de devoir, elle ne peut se résoudre à changer de vie.

L'écriture de ce cahier la fait réfléchir, elle ne voit toujours pas clair en elle, mais le lecteur la comprend mieux qu'elle même !

C'est une belle analyse psychologique.
Nous suivons l'évolution de cette femme, ses ébranlements qu'elle s'efforce de ne pas voir, ses certitudes d'agir correctement sans cesse ébranlées.
Nous la découvrons par ses confidences faites au cahier et bien souvent j'aurais voulu lui dire de se laisser aller, de penser à elle

Malgré la critique qui suivra, j'ai poursuivi et terminé la lecture du roman.

, le livre a fait son temps : qui aujourd'hui condamnerait à ce point sa fille de sortir avec un homme marié, de coucher avant le mariage, qui accepterait cette vie de femme soumise, qui renoncerait au bonheur, existe-t-il encore des couples obligés de se marier pour avoir « fauté » ? le contexte sociologique de notre époque a bien évolué depuis !
Commenter  J’apprécie          554
« Le cahier interdit » prend la forme du journal intime d'une femme de 43 ans, épouse, mère et employée.
Il explore les banalités de sa vie quotidienne, son aliénation domestique et le désir de s'en libérer qui va s'éveiller grâce à l'écriture d'un cahier acheté sur un coup de tête.

Nous sommes dans l'Italie d'après-guerre. Valeria Cossati est une épouse et mère dévouée de deux enfants étudiants, Mirella et Riccardo, vivants toujours sous le toit parental en attendant leur envol et leur indépendance toute proche.
Valeria a toujours mené une vie tranquille, remplissant consciencieusement ses différents rôles, s'effaçant et s'oubliant totalement au profit de sa famille. Fait inhabituel pour sa génération, elle occupe également un travail de bureau car le revenu de son mari est insuffisant. le foyer vit frugalement.
Un dimanche d'automne, impulsivement, elle achète un cahier et le cache sous son manteau. Elle commence à y raconter sa vie. Elle écrit en cachette, consciente dès le départ qu'explorer son propre point de vue ne peut que troubler les eaux calmes de son monde domestique claustrophobe. Elle cache le cahier à divers endroits de l'appartement, redoutant que quelqu'un le découvre. L'idée même qu'elle puisse écrire un journal intime et avoir un tiroir lui appartenant, fermé à clef pour le ranger, semble totalement saugrenue à ses enfants et son mari, niant ainsi qu'elle puisse avoir une vie intérieure intéressante. Par le biais de leur moquerie et de leur mépris, ils lui refusent l'autorisation de prendre ses pensées au sérieux.
En couchant sa vie sur le papier, Valeria se réveille. Cette conscience de soi qui naît de l'écriture lui révèle les fissures dans la façade du bonheur domestique. de nouveaux désirs naissent et l'apparence de sa famille soudée commence à se fracturer. le fossé entre sa vie intérieure de plus en plus désespérée et les rôles qu'elle se sent obligée de jouer grandit…

Valeria incarne les conflits et les tensions de sa génération, une génération de transition, déchirée entre les valeurs traditionnelles de sa mère et les revendications de liberté de sa fille.
De Céspedes nous offre le portrait déchirant d'une femme prise dans le piège social de la société patriarcale archaïque, écrasée par la puissance que le collectif fait peser sur elle, et explore le pouvoir libérateur de l'écriture, le rôle primordial de l'écriture dans la libération et l'amélioration de la condition des femmes, mais aussi les questions de classe sociale. Elle pose la question pour une femme d'avoir une « chambre à soi », un endroit réservée dans lequel penser et retranscrire sa pensée en toute sécurité, un endroit réservé à sa vie intérieure.
Ce roman féministe magistral, puissant et brillant, considéré comme subversif lors de sa parution en 1952, n'a pas perdu de sa force, de son actualité et son caractère subversif.
Une grande partie de la puissance du roman vient de ce qui est seulement suggéré mais jamais tout à fait dit.
Un roman sublime après le non moins sublime « Elles ».
Commenter  J’apprécie          70
Ce roman qui pourrait sembler légèrement démodé ou désuet prend toute sa force lorsqu'on réalise qu'il s'agit d'une réédition et qu'il a en fait été écrit en 1952... ! En 1952 et en Italie, donc juste après la 2ème guerre mondiale dans un pays où le patriarcat s'exerçait sans partage.
Valeria Cosati commence un beau jour à écrire son journal intime, en prenant bien garde de cacher son existence à son mari et ses enfants. C'est en écrivant jour après jour les petits événements de son quotidien que Valeria prend conscience de sa "non-existence" pour elle-même : sa vie n'a de sens que pour servir sa famille, son mari et ses deux grands enfants qui n'imaginent pas une seconde qu'elle puisse avoir une vie personnelle ou des aspirations autres que celle de s'occuper du foyer. Et en effet, à leurs yeux, si Valeria travaille, c'est uniquement pour améliorer le maigre salaire de son mari et son travail n'a bien évidemment aucune espèce d'importance ou d'intérêt.
Mais voilà, l'écriture révèle petit à petit à Valeria la vacuité de cette vie vouée à son mari et ses enfant et va faire basculer son existence.
Malgré quelques longueurs, ce livre m'a en fait paru incroyablement moderne si on le ramène dans son contexte, l'Italie au lendemain de la guerre.
Commenter  J’apprécie          120
Avant de partir en vacances une semaine dans le nord de l'Italie début juillet, j'ai eu la chance de tomber sur l'avis de Sonia (@soso_books_moods_and_more sur instagram) sur ce roman de 1950, réédité en français en mai dernier. Je me suis sentie immédiatement attirée par cette histoire et mon intuition est tombée pile, car le cahier interdit fut une découverte marquante. J'y pense encore régulièrement (je l'ai terminé mi-juillet) avec une impression bouillonnante et feutrée d'authenticité et de vie.

Rome, années 50. Valeria a une quarantaine d'années, fait partie de la petite bourgeoisie et vit dans un appartement avec son mari et ses deux grands enfants. C'est une mère et une épouse dévouée, qui gère tout de a à z chez elle et travaille en plus à temps partiel dans un bureau, pour arrondir le budget de son ménage.

Un matin, sur une impulsion qui la surprend elle-même, Valeria achète un cahier neuf, dans lequel elle commence en cachette à raconter son quotidien.

Les jours passent et de plus en plus les mots écrits la révèlent à elle-même, comme si le cahier ouvert était devenu un miroir, à la surface duquel elle se découvre – et dont les tréfonds mouvants inquiètent et troublent. Un soi qu'elle ne soupçonnait pas, qu'elle avait muselé, enfoui et renié depuis longtemps, depuis toujours – pour rentrer dans le moule, pour cocher toutes les cases dictées par les conventions, la société, sa famille, son éducation.

Introspection, réflexion, on voit se dessiner une vie qui se fissure, dans une société italienne d'après-guerre en pleine mutation. Sa fille s'émancipe et son fils se cherche, son mari a peut-être d'autres rêves. La société change et le pouvoir de la religion s'effrite, les gens commencent à pouvoir penser par eux-mêmes et non plus à l'aune d'une morale à oeillères imposées. Valeria réalise à mesure des jours qui passent que peut-être elle aussi aspire à autre chose, et l'on aperçoit en transparence entre les lignes une fleur en bourgeon qui se déploie et tente de s'épanouir.

Alba de Céspedes développe un merveilleux talent pour incarner tous ses personnages, devenus vivants à nos yeux, alors qu'il n'y a que la voix de Valeria. le propos est bien dosé, et la plume ferme, élégante et fluide. Ce n'est pas évident de réussir à ne pas tourner en rond ni lasser, avec ce type de narration ! le roman se tient de bout en bout, et la fin est déchirante.

A sa parution, le cahier interdit a dû à n'en pas douter éveiller certaines consciences et en soutenir d'autres. Son discours féministe et pour le libre arbitre réjouit et inquiète tout à la fois car finalement tout cela c'était hier et encore aujourd'hui pour beaucoup – et l'on sait que certains voudraient bien ici-même en tapisser nos demains.

Un coup de coeur – de ceux à rebours, qui s'imposent dans le temps.

« Me voilà obligée de nouveau d'écrire la nuit. Pendant le jour, je n'ai pas un instant de répit. du reste, je m'aperçois que personne ne s'étonne ou ne proteste quand je suis debout, le soir, en déclarant que j'ai encore quelque corvée. N'avoir que cette heure de solitude pour écrire me fait comprendre que c'est la première fois — après vingt-trois ans de mariage — que je consacre un peu de temps à moi-même. »
Lien : https://lettresdirlandeetdai..
Commenter  J’apprécie          92
Le cahier interdit
Alba de Céspedes
Gallimard

« Je voulais être seule pour écrire, ou quiconque veut s'enfermer dans sa solitude, en famille, porte toujours en lui le germe du péché. »


Ce jour-là, elle achète ses fleurs, le paquet de cigarettes de Michelle et le cahier. C'est dimanche et c'est interdit, mais elle le veut, il lui faut, elle va insister et partir avec son cahier.
L'autre difficulté : le cacher, une difficulté de taille quand chez vous, rien ne vous est propre ou strictement privé, pas même un placard dans la buanderie. Et suivra ensuite le souci fondamental, où et quand l'écrire sans se faire surprendre ni éveiller soupçons et curiosités !

Nous sommes en 1950, Valéria Cossati achète donc ses fleurs et n'a pas de chambre à soi et cela devient un problème majeur. Surtout depuis qu'elle consigne, dès qu'elle le peut, ses secrets dans son cahier. Elle déverse ses pensées, ses regrets, ses difficultés avec ses enfants déjà grands et presque adultes, elle s'offusque de l'émancipation de sa fille Mirella, 20 ans qui sort avec cet avocat, marié et plus âgé. Elle relate combien ses copines n'hésitent pas à mentir, à trahir ou travestir, elle se rend compte que le pas de côté est si vite franchi. Valeria écrit, elle se confie, elle a l'âge de l'entre deux, ne se voit pas vielle mais n'est pas non plus une jeunette de l'année, elle voudrait plaire encore, que son époux Michelle cesse de l'appeler « maman ».
Écrire la libère et lui ouvre les yeux, sur sa vie, ses renoncements, les dysfonctionnements d'une famille et le manque d'audace pour basculer tout cela... si Valeria n'était pas avant tout un bon petit soldat.

Un roman qu'il faut replacer dans le contexte d'une époque et d'un pays. Un roman hautement introspectif, tellement que j'ai hésité à le poursuivre me sentant voyeuse ...mais j'ai continué et bien m'en a pris ! Je garde ce libre sur mon étagère « bibliothérapie » et je dis oui aux vertus de l'écriture introspective, ici démontrées.
Dommage que Valeria ne soit pas allée au bout...
Au bout de quoi ?
Lisez donc La cahier interdit !

Commenter  J’apprécie          50


critiques presse (1)
LesInrocks
22 mai 2023
Il faut redécouvrir Alba de Cespédes, romancière italienne écrivant sur la vie et le désir des femmes, très injustement tombée dans l’oubli. Gallimard poursuit son travail de remise en lumière de cette autrice féministe et antifasciste avec “Le Cahier interdit”, un roman contre l’enfermement petit-bourgeois.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Et, en effet, l'autre soir, quand Michel m'a surprise levée à une heure avancée de la nuit, il a dû soupçonner que j'écrivais à un homme. Il n'imaginerait jamais que j'écris mon journal; il lui est plus facile de croire que j'obéis à un sentiment coupable que de me reconnaître susceptible de penser.
Commenter  J’apprécie          80
Me voilà obligée de nouveau d’écrire la nuit. Pendant le jour, je n’ai pas un instant de répit. Du reste, je m’aperçois que personne ne s’étonne ou ne proteste quand je suis debout, le soir, en déclarant que j’ai encore quelque corvée. N’avoir que cette heure de solitude pour écrire me fait comprendre que c’est la première fois — après vingt-trois ans de mariage — que je consacre un peu de temps à moi-même.
Commenter  J’apprécie          50
Mireille [fille de la narratrice] était sortie avec son amis Jeanne, heureusement; car elle ne nous eût pas caché sa colère, son ennui de rester à la maison avec nous. Elle en parle toujours avec irritation sans penser que, peut-être bien, moi aussi je m'ennuie quand je reste à la maison avec les enfants, les jours fériés et le soir. Mais si Mireille a le droit de le dire, il n'en est pas de même pour moi. Les enfants peuvent proclamer hautement qu'ils se morfondent avec leurs parents, une mère ne saurait avouer qu'elle s'ennuie avec ses enfants sans paraître dénaturée.
Commenter  J’apprécie          150
26 novembre 1950 - J'ai eu tort d'acheter ce cahier, tout à fait tort. Maintenant il est trop tard pour le regretter, le mal est fait. Je ne sais pas ce qui a pu me pousser à l'acheter : c'est le hasard. Jamais il ne m'était venu à l'esprit de tenir un journal, ne serait-ce que parce qu'un journal devant rester secret, il m'eût fallu le dissimuler à Michel et aux enfants. Je n'aime pas avoir à cacher quoi que ce soit ; d'ailleurs, à la maison il y a si peu de place que c'est bien difficile. Voilà comment ça s'est produit. Il y a quinze jours, je suis sortie le matin d'assez bonne heure. J'allais acheter des cigarettes à Michel ; je voulais qu'il les trouve sur la table de nuit quand il se réveillerait : un dimanche il se lève toujours tard. C'était une magnifique journée, et chaude, bien que l'automne soit avancé. J'éprouvais une gaieté enfantine à marcher du côté du soleil, à voir les arbres encore verts et l'air content qu'ont toujours les gens les jours fériés. Je décidai donc, pour faire une petite promenade, de pousser jusqu'au bureau de tabac de la place. Le long du chemin, je vit beaucoup de gens s'arrêter devant l'inventaire de la fleuriste ; je m'arrêtai et j'achetai une botte de soucis.

377 - [Le Livre de Poche, n° 2307, p. 7]
Commenter  J’apprécie          100
Me voilà obligée de nouveau d’écrire la nuit. Pendant le jour, je n’ai pas un instant de répit. Du reste, je m’aperçois que personne ne s’étonne ou ne proteste quand je suis debout, le soir, en déclarant que j’ai encore quelque corvée. N’avoir que cette heure de solitude pour écrire me fait comprendre que c’est la première fois — après vingt-trois ans de mariage — que je consacre un peu de temps à moi-même.
Commenter  J’apprécie          200

Video de Alba de Céspedes (1) Voir plusAjouter une vidéo

Le livre blanc de l'édition française : 1ère partie
- Emission de MICHEL POLAC et de MICHEL VIANEY, consacrée au problème de l'écrivain et de l'édition en France - 1ERE PARTIE : --- ALBA DE CESPEDES (vice président d'une société d'écrivains) --- GEORGES BELMONT (service de presse) --- ROGER GRENIER --- ROBERT KANTERS (éditions DERVELL) - PRIX FEMINA (annonce 1967) : "Elise ou la vraie vie" par CLAIRE...
autres livres classés : littérature italienneVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (160) Voir plus



Quiz Voir plus

Grandes oeuvres littéraires italiennes

Ce roman de Dino Buzzati traite de façon suggestive et poignante de la fuite vaine du temps, de l'attente et de l'échec, sur fond d'un vieux fort militaire isolé à la frontière du « Royaume » et de « l'État du Nord ».

Si c'est un homme
Le mépris
Le désert des Tartares
Six personnages en quête d'auteur
La peau
Le prince
Gomorra
La divine comédie
Décaméron
Le Nom de la rose

10 questions
831 lecteurs ont répondu
Thèmes : italie , littérature italienneCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..