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Un court ouvrage passionnant, parfait pour mettre un premier pied dans le monde de la philosophie stoïcienne qui est une école de pensée hellénistique fondée par Zénon de Kition et qui s'est poursuivie jusqu'à Marc Aurèle, auteur des fameuses "Pensées pour moi-même".
Etant donné qu'il s'agît d'un manuel (c'est à dire, étymologiquement, ce qui doit être toujours à portée de main), vous trouverez ainsi exposés et condensés les grands principes de ce courant : la distinction entre ce qui dépend de nous et de ce qui n'en dépend pas, l'acceptation du destin (fatum), l'action et l'intention justes (prohairesis), le principe de causalité, l'atteinte de la paix intérieure correspondant au bonheur véritable (ataraxie)…
Le Manuel est agrémenté par des notes très complètes ainsi que d'une préface et postface rédigées par Laurent Jaffro, fin connaisseur de la doctrine et qui développe d'une manière plus théorique et rigoureuse cette philosophie qui reste véritablement intemporelle : vous aurez ainsi la dimension théorique doublée de sa mise en pratique.
Ouvrage profond, accessible et grand classique de la philosophie, je le conseille vivement à tous !
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Épictète est bien le prince des stoïciens. C'est mon préféré !!!! Pourtant, il y a du beau monde autour de lui ... L'empereur Marc Aurèle, le précepteur Sénèque, le sénateur Cicéron ... Sa différence ? Il fût un esclave, son maître lui brisa la jambe pour le punir, il boita toute sa vie et il n'a rien écrit de son vivant ... on sent qu'il n'est pas né philosophe, il l'est devenu ... C'est le philosophe du singulier de part sa vie que part son oeuvre.
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Je reprends le clavier sur Babelio après une longue césure, en ce jour si particulier pour toute l'humanité de noël 2020. Dans chaque coin de la planète, cette année, qui culmine et s'achève avec la conjonction de Saturne et Jupiter aura été celle du triomphe du petit.

En rappel à nos rêves stériles de grandeur, à nos égoïsmes, à notre désir insatiable de tout tout de suite, et même à nos tentatives de transcendance de cette volonté de puissance dans de grandes causes, de grandes luttes, la nature s'est rappelé à nous par l'invisible, l'imprévu, le non contrôlable.

En cette année si particulière, chacun de nous aura pu prendre conscience -par la privation- de ces petites choses du quotidien qui fondent notre sentiment d'être libre, nourrissent notre existence sociale, notre existence au monde, et participent ainsi de notre bien-être intérieur en tant qu'humain.

Comme vous, comme nous tous peut-être, mes émotions m'ont porté de soumission en rébellion, du désoeuvrement à l'expérimentation de champs nouveaux, de la poursuite éperdue de lien social à la découverte des vertus de la solitude, et en tous les cas à l'abandon des certitudes.

Les femmes et hommes modernes que nous sommes, passé la torpeur du 1er choc, ont aujourd'hui l'opportunité de se reconnecter non de manière intellectuelle, mais très concrète. Nous ne pouvons plus être dupes des postures, rôles sociaux, systèmes, médias, qui nous bercent d'irréel.

L'environnement se rappelle à nous, et nous force à prendre conscience que ce que nous croyons être est tout petit face à ce grand tout. L'environnement, pas seulement planétaire, mais celui de notre proximité immédiate, traversée de peurs, de haines de l'autre, de pertes, de souffrances économiques et sociales, est venu nous bousculer dans notre choix paresseux de l'aveuglement, ou de la passivité coupable, qui revient au même.

Par le recours à l'infiniment petit, à des bourrades de cour de récré, si petites finalement face aux forces sauvages que la nature est capable de déployer, ces temps de pandémie mondiale nous ont déjà appris la valeur de la résilience, qui tient finalement à si peu de choses, pourtant essentielles. Ils nous invitent à présent à cesser de subir en esclaves plaintifs la volonté des dieux, des puissants ou de forces sans anima, et à concentrer l'énergie de cette vie donnée, si petite, courte et fragile, et en même temps si précieuse, pour re-devenir acteurs de notre propre transformation.

Face à ce retour aux questions fondamentales du vouloir, de la liberté, de l'interdépendance et de l'impermanence, il n'est peut-être pas inutile de (ré-)interroger la sagesse des anciens :
Le Manuel d'Epictète est à ce titre un modèle de synthèse et de clarté.

S'il s'agit de simplement le lire, cela vous prendra une heure tout au plus, mais s'il s'agit de le méditer, de l'intégrer, personnellement j'en ai fait mon compagnon durant quatre mois, et si enfin l'ambition -la seule qui vaille finalement- est de le pratiquer, des générations de stoïciens -malheureusement en voie de disparition parmi nos intellectuels et décideurs contemporains- vous diront qu'une vie n'y suffira pas... d'où l'urgence de commencer dès maintenant...

La longue introduction de Pierre Hadot étant remarquable, nourrie par les commentaires d'Arien, Simplicius , Marc-Aurèle ou Cicéron, je conclurai cette critique par des extraits choisis du texte lui-même :

Extraits du Manuel d'Epictète. Arien.
Traduit et commenté par Pierre Hadot.Classiques de Poche.

"Parmi les choses qui existent, les unes dépendent de nous, les autres ne dépendent pas de nous. Dépendent de nous jugements, valeurs, impulsions à agir, désir, aversion. Ne dépendent pas de nous le corps, nos possessions, les opinions que les autres ont de nous, les magistratures.
Les choses qui dépendent de nous sont par nature libres, sans empêchements, sans entraves. Les choses qui ne dépendent pas de nous sont dans un état d'impuissance, de servitude, d'empêchement, et nous sont étrangères.

Si tu veux, ayant un désir, ne pas le manquer, tu le peux, à condition de désirer une chose qui dépend de toi, c'est-à-dire par exemple de pratiquer telle ou telle vertu. Exerce toi donc dans les choses dont tu es capable. Mais est maître de chaque homme celui qui a pouvoir sur les choses que cet homme veut, ou bien ne veut pas, soit pour les lui procurer, soit pour les lui enlever. Quiconque veut être libre ne doit ni vouloir ni refuser quoi que se soit des choses qui dépendent des autres.Sinon il est nécessaire qu'il soit esclave."

Joyeux noël 2020 et prenez soin de vous.
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Amusant pour qui n'est pas familier de l'histoire de la philosophie de remonter le temps et de constater que Spinoza et Nietzsche ne sont pas partis de rien. le stoïcisme n'est finalement pas seulement une antiquité de la pensée, et se révèle plus moderne que je le croyais avant de le connaitre. le texte conçu comme un manuel pratique est très abordable et cette édition qui le met en parallèle avec d'autres oeuvres plus récentes est très pédagogique.
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Très belle introduction à la philosophie et l'un de ces grands courants de pensée.
Ouvrage sur la liberté d'apprécier ce qui nous entoure ou nous entoure à conserver à proximité de mains.
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Très bon. Concis et percutant.

Le livre en 5 idées:
- le monde se divise en ce qui dépend de nous et ce qui n'en dépend pas.
- Accepte ton destin comme si tu l'avais choisi.
La vie est une scène, nous avons a rôle qu'il faut jouer le
mieux possible.
- Nous ne faisons que 'rendre' choses et le personnes que la vie nous donné, et non les perdre.
- Agis selon tes principes plutôt que de les exposer aux autres.
- Ne te laisse pas envahir par la colère quand on te provoque. Tu ne laisse personne disposer de ton corps, pour quoi en faire autant de ton esprit.
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Une traduction un peu moins plaisante d'une oeuvre incroyable et puissante
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Epictète n'est pas l'inventeur du stoïcisme. Il en est toutefois le représentant le plus célèbre et le plus influent. Pourtant, tout comme Socrate, Epictète n'a pas laissé de textes écrits de sa main. le Manuel (étymologiquement : livre qu'on garde à la main, portatif et indispensable) est un abrégé de ses Entretiens qui furent écrits par l'un de ses disciples, Flavius Arrien. À quoi l'exceptionnelle renommée de Epictète tient-elle dans un tel contexte ? Tout d'abord, il faut savoir que la doctrine stoïcienne, qui s'étend sur six siècles - du IV e avant J.-C. au II e ap. J.-C. avec l'empereur Marc-Aurèle (121-180) - a concerné une grande partie du bassin méditerranéen, influença les penseurs et les philosophes les plus éminents, jusqu'à Pascal et Descartes qui s'en inspirent partiellement tout en le critiquant. D'autre part, Epictète, tout comme Socrate à nouveau, offre l'image d'une unité exceptionnelle entre un enseignement théorique (il ne faut pas tenter d'entraver l'ordre du réel) et un style de vie qu'il est parvenu à incarner avec une force d'âme exemplaire. En un certain sens, Epictète est le philosophe par excellence. Dans le langage courant, « être philosophe », cela signifie être courageux, humble et réfléchi, comme un stoïcien : par exemple comme le fut Epictète. Epictète est né esclave à Hiérapolis en Phrygie vers l'an 50. Tout jeune encore, il fut déporté et vendu à Rome à un certain Hépaphrodite, lui-même ancien esclave affranchi de Néron. Parvenu jusqu'aux plus hautes sphères du pouvoir, celui-ci fut à la fois un courtisan servile et un maître brutal. Selon la légende, il frappa un jour Epictète si violemment qu'il lui brisa la jambe. le futur philosophe encaissa sans sourciller (« tu vois, tu y es parvenu » aurait-il seulement commenté !). Cette anecdote donne un aperçu du caractère bien trempé de cet esclave peu banal qui, affranchi à son tour, ouvrit sa propre école dans sa modeste cabane d'Epire et devint, jusqu'à la fin de ses jours, prédicateur moral.
De ses anciens maîtres, Epictète reprend les grandes lignes d'une doctrine pourtant à première vue sévère, car elle est axée essentiellement sur une morale « ascétique » (qui prône l'ascèse, c'est-à-dire la maîtrise des désirs et le contrôle de soi). Pour tous les stoïciens, le monde est soumis à une rationalité intangible devant laquelle nous ne pouvons que nous incliner. Notre existence est comparable à une pièce de théâtre, mais nous n'avons pas choisi le rôle qui nous est imparti. Ce rôle, celui d'un prince parfois, d'un esclave plus couramment, nous devons l'assumer et l'incarner avec le plus de conviction possible. le stoïcisme cependant n'est pas un « fatalisme » ni une forme de résignation. Epictète pense que chacun d'entre nous peut coopérer activement et joyeusement à l'ordre des choses à condition de n'attacher d'importance qu'à ce qui compte vraiment, à savoir ce qui dépend de notre volonté. le partage entre « ce qui dépend de nous » et « ce qui n'en dépend pas » est donc la clef du bonheur. Car, pour Epictète comme pour tous les stoïciens, l'homme est fait pour être heureux. Et même si les événements qui nous sont extérieurs, par définition, ne dépendent pas de nous, toutes nos pensées et nos états d'âme sont en notre pouvoir. Il nous appartient donc d'orienter notre vie avec intelligence et courage, de telle sorte qu'aucune circonstance accidentelle ne puisse nous affecter durablement.
Constitué d'une suite de maximes, restituant des échanges spontanés et improvisés, le Manuel n'est pas vraiment structuré.
La partie I expose le coeur de la doctrine, à savoir la différence entre «ce qui dépend de nous» et «ce qui n'en dépend pas». Les parties III et IV portent sur le bon usage de nos représentations. Les parties VII à XIV évoquent le destin et montrent que la liberté n'implique pas une révolte contre l'ordre du monde, tout au contraire. de la partie XV à la fin (partie LIII), Epictète explique comment et pourquoi le philosophe peut se libérer de la souffrance et de la peur de la mort. de ce point de vue il se rapproche des Dieux : « l'homme se divinise en adhérant à l'ordre du monde » (XV).
Lien : http://lenuki69.over-blog.fr..
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Décidément, la philosophie antique me laisse assez mitigé. Entre Platon, Epicure et Epictète, nous avons droit à une légion de philosophes secondaires. Et, somme toute, si on y réfléchit bien, d'ailleurs, Epicure et Epictète donne un peu près les mêmes conclusions : vivre en ascète, sans ce qu'on appelle les vices ( mais, rassurez-vous : moi ( oui, c'est moi qui le dit ), moi, je dis que vices ou pas vices, c'est une question de point de vue, et que le problème, c'est l'opinion que l'on a de ce qu'on appelle les vices, et non les vices en eux-mêmes. Autrement dit : soyez des saints, vivez bien sages et bien rangés. Et, d'ailleurs, de toute façon, que faire, dit Epictète, car tout est décidé d'avance, n'est-ce pas ? ( Oui, Epictète est un sacré déterministe ) le problème avec le déterminisme d'Epictète, c 'est qu'il présuppose la croyance en un Dieu ou en une entité métaphysique : voilà qui est problématique. Les philosophes ne devraient pas se laisser aller à de tels enfantillages : il devrait s'occuper de choses qui restent vraies, que Dieu existe ou non. Je donne quelques niaiseries qu'Epictète cite vers la fin de son ouvrage :
"Emmène moi, ô Zeus ! et toi, ô destinée !" ( Cléanthe )
"Eh bien, Criton, si c'est la volonté des dieux, qu'il en soit ainsi" ( Attribué à Socrate ).
L'on voit bien là tout le déterminisme d'Epictète, déterminisme religieux et non déterminisme résidant dans l'éducation et dans les autres conséquences de notre situation. Pour ma part, je ne peux approuver le premier déterminisme, on l'aura compris. Mais le second déterminisme, s'il n'est pas forcément une erreur, me semble également problématique. Je pense que si l'on subit certainement l'influence de son milieu, de son éducation, etc. l'important n'est pas ce déterminisme, dont les conséquences sont superficielles, l'important est le fait de choisir à un moment ou à un autre de sa vie, telle ou telle voie. Oui, choisir sa voie, c'est possible, comme le dit Sartre dans L'Existentialisme est un Humanisme, et aucune voie n'est mauvaise ni bonne. Car, comme le dit Epictète ( et sur ce point, il n'a pas entièrement tort ), le problème est bien souvent le jugement que l'on porte sur les choses, et non les choses elles-mêmes.
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J'adore ce mec : )
Encore un chouette livre de philo !
Epictète, esclave phrygien ( actuelle Turquie) né en +50, est vendu à un affranchi romain. Il sera lui-même affranchi, étudiera et enseignera le stoïcisme.
Le manuel enseigne 53 lois destinées aux gens qu'il appelle "ceux qui commencent à se former" à la philosophie [ stoïcienne ].
Son principe est le suivant : on peut influencer ce qui est à notre portée : la réflexion, l'impulsion, l'aversion, la maîtrise, l'endurance, la patience, la volonté, afin d'acquérir la liberté et le bonheur. Comment ? Par la réserve, la confiance, la fermeté, l'absence de peine, l'absence de crainte et l'ataraxie ( Tranquillité de l'âme, notamment chez les épicuriens et les stoïciens ).
Il est inutile d'essayer de changer ce qui est hors de portée : le corps, la possession, la réputation, les enfants.

Le livre fait 150 pages de blablas presque inutiles de grands pontes qui se font mousser, au milieu desquelles les 25 pages d'Epictète ( Manuel ) récupérées par Arrien sont une pépite, avec une volonté d'efficacité éthique : l'oeuvre.
Et encore, je trouve la traduction très moyenne, car certaines phrases ne me semblent pas correctes.

La notion de "rendre" est importante : on ne nous vole pas, nous rendons. Je pense que notre société matérialiste du XXIè siècle a tout faux : nous pleurons sur nos biens, alors que nous n'avons pas honte de notre comportement malpoli et non éthique.

Par ailleurs, quand on est provoqués, mais... c'est par nous-mêmes, car c'est notre jugement de valeur de penser que l'autre qui provoque profère une insulte.
Nos jugements de valeur sont nuisibles, car se faire insulter est l'affaire de celui qui profère, et là, je suis entièrement d'accord : )

La plupart des jugements de valeur condamnent en Bien ou mal, mais il faut nuancer, quantifier et non qualifier. Car qu'est ce que le vrai ? le faux ? L'auteur fustige à plusieurs reprises l'évaluation, qu'il qualifie de jugement de valeur. Sur cette question, il a, à mon avis une sensibilité différente des autres philosophes.
Bon, l'évaluation est un jugement inutile, un commérage : cependant, je pense qu'il en faut un minimum pour recruter quelqu'un.

Enfin, Epictète termine par une éloge de Socrate et une nécessité d'appliquer la philosophie sur le terrain, au lieu de blablater sur la philosophie, un peu comme font Cattin et Jaffro sur son Manuel, d'ailleurs !

Je pense que la philosophie, comme la religion, vise la paix de l'âme. Mais la religion fait du prosélytisme forcené et souvent intrusif ou évaluateur : qui sont les prêtres pour condamner "l'hérétisme" d'un individu ? Au contraire, la philosophie, adepte la liberté de penser, ne force surtout pas les gens....pas assez, à mon avis, car apprendre aux jeunes à penser est formateur.

NB : un exemple d'ataraxie.
Quand Epictète était esclave, son maître "s'amusait" à lui faire mal, à lui tordre la jambe. le philosophe le prévint : "Tu vas la casser".
Ce qu'il fit.
"Je t'avais prévenu."
Epictète boita toute sa vie.
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