David Lodge nous parle de son ouvrage
La vie en sourdine publié aux éditions Rivages en 2014
Écrire des romans, c'est comme de glisser des messages dans une série de bouteilles qu'on jette à la mer au jusant, sans avoir la moindre idée du lieu où les vagues les porteront ni même savoir s'il y aura quelqu'un pour regarder dedans.
David Lodge décrit un de ses collègue professeur à Birmingham I.A.Shapiro
. C’était en fait un homme très gentil et extrêmement courtois, mais il était convaincu d'avoir toujours raison (page 377)
La plupart des romanciers sont d'abord des lecteurs devenus accrocs à la fiction en prose et à sa puissance narrative ; ensuite, en tant qu'écrivains, ils cherchent à reproduire cette dernière. Ce qui explique qu'ils imitent parfois, jusqu'à un certain degré, leurs modèles- mais ils ne les copient jamais purement et simplement. Le genre porte bien son nom: l'histoire d'un roman doit avoir quelque chose de neuf (rappelons qu'en anglais le roman se dit novel).
Le Writers' Workshop ressemblait à une institution monastique: la littérature était sa religion, les professeurs, ses moines, les étudiants, ses novices, et le salut auquel tous aspiraient, la publication d'un livre à succès.
Vers le début de ma thérapie, Alexandra m'avait prié de prendre une feuille de papier et de dresser sur deux colonnes la liste de ce qui allait bien et de ce qui n'allait pas dans ma vie. Dans la colonne de ce qui allait bien, j'avais écrit :
1/ Réussite professionnelle.
2/ Aisance financière.
3/ Bonne santé.
4/ Stabilité conjugale.
5/ Enfants lancés sans encombre dans la vie adulte.
6/ Domicile agréable.
7/ Voiture épatante.
8/ Autant de vacances que j'en ai envie.
Dans la colonne de ce qui n'allait pas, je n'avais rempli qu'une ligne :
1/ Je me sens malheureux la plupart du temps.
Quelques semaines plus tard, j'ai ajouté ceci :
2/ Douleur au genou.
Chaque génération s'instruit pour gagner assez d'argent pour instruire la génération suivante, et personne en définitive ne se sert véritablement de son éducation.
A mon âge, on veut oublier certaines choses plutôt qu’en apprendre davantage sur soi-même.
- Comment elle est (la journaliste) ? demanda Adrian tout en poursuivant sa lecture.
- Baisable mais frigide. Jolies jambes. Les nichons, je ne les ai pas vus, elle n’a pas quitté sa veste.
Adrian leva les yeux et soupira.
- Je parlais de son genre, d’un point de vue psychosociologique ?
Tous les efforts que nous faisons pour sonder le cœur d'un texte, en posséder le sens une fois pour toutes, sont vains - c'est seulement nous-mêmes que nous découvrons, et non l'œuvre elle-même.
[1969- dans un avion volant pour l'Angleterre] : "Excusez-moi"
C'est la blonde à lunettes d'à côté. Elle a un magazine ouvert sur ses genoux, l'index appuyé sur la page comme pour marquer l'endroit.
"Puis-je vous demander votre avis sur une question d'étiquette ?"
Morris sourit en lorgnant le magazine. "Ne me dites pas que Ramparts tient maintenant une rubrique consacrée à l'étiquette ?"
- Si une dame remarque qu'un homme a la braguette ouverte, doit-elle l'en avertir ?
- Absolument.
- Votre braguette est ouverte, cher monsieur", dit la fille, et elle retourne à sa lecture, relevant son numéro de Ramparts pour se cacher le visage tandis que Morris s'empresse de rectifier sa tenue.