Anne Ancelin Schützenberger : la différence entre psychodrame triadique et psychodrame analytique.
Ce ne sont pas les faits en eux-mêmes - si terribles ou horribles soient-ils - qui nous font souffrir.
La souffrance vient de ce que l'on n'a pas pu montrer ses sentiments, ni en parler, ni le hurler, ni en pleurer, ni le partager, et qu'on a tout enduré en silence.
Cette souffrance prend sa source dans le secret, tel un "cadavre dans le placard", voire un fantôme qui crie vengeance ou demande à être reconnu et pleuré.
L'une des choses que j'ai apprise avec l'age, ou plutôt qui s'est imposée à moi, est que l'on peut prendre plaisir à vivre à tout moment, dans n'importe quelle situation de bonne ou de mauvaise santé, voire de souffrance, et que ce plaisir de vivre améliore la situation quelle qu'elle soit. - 12 -
Certains traumatismes sont tus parce que trop durs, indicibles. Les parents ne les ont pas digérés, métabolisés, parlés. Un secret s'est formé, qui pèse à travers les générations sur les épaules des enfants.. Quand les choses ne sont pas dites, le corps peut parfois les exprimer: c'est la somatisation. Le corps de l'enfant devient le langage de l'ancêtre blessé.
Pardonner c'est arrêter de souffrir de la rancœur, lâcher prise de cette énergie négative que comportent le désir de revanche, l'animosité, le ressentiment ou la haine. Cet état d'esprit nous libère et rend à l'autre l'énergie négative que nous portions en nous.
Pardonner ne signifie pas oublier : on garde les apprentissages de l'expérience. Parfois, il faut savoir couper les ponts et, pour survivre et récupérer sa santé, renoncer à trouver des parents aimants à la place de parents maltraitants.
On peut pardonner et se souvenir. On est alors libéré de notre passé au lieu d'être piégé par celui-ci.
La fidélité aux ancêtres, devenue inconsciente ou invisible (la loyauté invisible) nous gouverne : il est important de la rendre visible, d'en prendre conscience, de comprendre ce qui nous oblige, ce qui nous gouverne et si éventuellement, il ne faudrait pas recadrer cette loyauté, pour redevenir libre de vivre sa vie.
Quand on ment, quand on biaise, on se trahit par l’expression du corps, par sa manière d’être, de se tenir (à distance), par un geste (absent ou forcé), par la kinésie, la mimogestualité, par la respiration, l’échange de regards ou son absence, de fuite de la rencontre, par une certaine utilisation des lieux et de l’espace : le rapprochement ou l’éloignement, la proxémie, l’orientation du corps, et/ou son accessibilité… Les spécialistes de la communication non verbale ont étudié ces problèmes, les « lapsus gestuels » et « fuite du comportement ». On sait que s’il y a dissonance entre ce qui est dit ou non-dit par les mots, et ce qui est exprimé par l’attitude ou le « langage du corps », l’interlocuteur réagit par rapport à ce qu’il ressent et non pas aux mots.
Mais nous n’avons pas toujours la sagesse ou la patience de prendre le temps d’être à l’écoute de notre petite voix intérieure.
Il vaut mieux savoir une vérité, même difficile, honteuse ou tragique, plutôt que de la cacher, parce que ce que l'on cache, les autres le subodorent ou le devinent (car nous ne sommes pas des acteurs professionnels) et ce secret, ce non-dit, devient un traumatisme plus grave à long terme.
Le secret est toujours un problème.
Rire souvent et sans restriction; s'attirer le respect des gens intelligents et l'affection des enfants; tirer profit des critiques de bonnes foi et supporter les trahisons des amis supposés; apprécier la beauté; voir chez les autres ce qu'ils ont de meilleur; laisser derrière soi quelque chose de bon, un enfant en bonne santé, un coin de jardin ou une société en progrès ; savoir qu'un être au moins respire mieux parce que vous êtes passé en ce monde ; voilà de que j'appelle réussir sa vie .
Ralph Waldo Emerson (1803-1882)
Quelque chose se passe, comme si l'on ne devait pas oublier et qu'on n'avait pas le droit de se rappeler.