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Critiques de Anonyme (676)
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Le combat des trente: Chronique anonyme du ..

L'histoire de la Bretagne est méconnue même des Bretons. Avec l'enseignement de l'histoire de France jusqu'aux portes de l'université, cette histoire ne s'y prête sans doute pas, faute de temps... mais peut-être aussi à cause du parasitage que cela provoquerait avec le récit national. Allez savoir!

A l'époque des faits, la Bretagne ne faisait pas partie de la France. Mais leurs histoires sont intimement liées.



Alors que Philippe de Valois et Edouard III d'Angleterre commencent la guerre qui va durer Cent ans (et seize autres années), la Bretagne, après la mort de Jean III, va aussi connaître une guerre de succession. C'est une guerre civile qui va semer la désolation pendant 27 ans.

Les deux parties en présence sont Charles de Blois qui défend les droits au trône de sa femme Jeanne de Penthièvre (comme nièce du duc défunt) et le comte de Monfort (comme demi-frère du même duc).



Les rois de France et d'Angleterre embrassèrent cette querelle pour se nuire davantage, pour une cause qui n'était pourtant pas la leur.



C'est pourquoi, en mars 1351, on trouve, pour le camp des Monfort, des Anglais avec des Bretons commandés par John de Bemborough à Ploërmel (Morbihan) et des Bretons à Josselin, à deux lieues de là, partisans de Charles de Blois commandés par Jean de Beaumanoir.



Des crimes commis sur des laboureurs par des Anglais en maraude provoquent la colère du maréchal de Beaumanoir qui demande à voir Bemborough, revenu récemment de Terre Sainte en héros, pour avoir des explications entre vaillants chevaliers.



Lors de la réception, un défi est fixé le samedi 27 mars 1351 qui rassemblera 30 gentilshommes dans chaque camp, sur l'endroit du chêne de mi-voie à Ploërmel, dans le but de combattre, jusqu'à la mort, et de prouver la supériorité de l'un sur l'autre.

Ce jour-là, plus de 20 000 personnes assisteront au "spectacle" dont l'issue est très bien racontée dans cette chronique anonyme du XIV ème siècle.



Cet épisode du Moyen Age breton a aussi été glorifié par le peintre Octave-Penguilly-L'Haridon en 1857 et dont la toile impressionnante apparaît au musée des beaux-arts de Quimper.
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Les Constitutions de la France depuis 1789

Ce livre est un instrument de travail utile à tous les étudiants en Droit Constitutionnel. Il est bien fait et utile. Mais c'est un guide pratique qui n'a rien de divertissant et dont la lecture peut même être assez fastidieuse pour les non spécialistes de cette discipline.
Lien : http://araucaria20six.fr/
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La saga de Njáll le Brûlé

La Saga de Njàll le brûlé ; parfois, tu te lances dans des lectures étranges, venues de la combinaison de plusieurs facteurs. Dans le cas présent, il me fallait une lettre X pour le challenge ABC, car oui, dans ce magnifique challenge, le X peut servir aux oeuvres anonymes, ce qui est le cas ici. De plus, je m'étais promis de m'attacher à lire des livres tirés de la fameuse liste des 100 meilleurs livres, rajoutez un penchant pour les histoires viking datant de ma jeunesse et mon choix se porta sur cette saga islandaise.



Ce texte a été écrit au XIII siècle et relate des faits qui se seraient déroulés entre 930 et 1020, j'imagine que la tradition orale à fait perdurer cette histoire pour qu'un érudit du XIII se décide à la coucher sur papier. On peut supposer que les faits ont été soit édulcorés ou fantasmés aux fils des ans.

Alors quand on pense aux Vikings, on voit des batailles, des haches, des bateaux, des barbes et du froid. Bon, on est en plein dedans, sauf qu'il y a un point capital que l'on ignore et qui est central dans cette saga, c'est le système législatif de l'époque, tout ce qui se va se passer, finira ou débutera au parlement.



En contrepartie, c'est intéressant, je crois que le mot viking n'est cité qu'une seule fois dans tout le récit, et pour exemple le mot drakkar que l'on imagine associé aux bateaux, n'est jamais mentionné, non eux appelait ça des bateaux tout simplement.



Cette saga est axée en grande partie autour de Njàll, bien que ce dernier n'en soit pas l'unique personnage important. Njàll n'est pas le Viking hache à la main qui règle les conflits dans le sang, c'est un homme de loi, réputé pour sa sagesse et ses conseils. Je le disais plus haut, ce qui interroge le plus dans cette saga, c'est le système judiciaire de cette époque. Une fois par an sont réglés les problèmes de toute nature au lieu nommé le Parlement. Les accusations sont prononcées au rocher de la loi selon des formes précises. Il faut des éléments soutenus par des témoins, puis le soutien de tels ou tels homme de bonne réputation pour soutenir le plaignant ou l'accusé. Njàll pourrait être par moments considéré tour à tour comme un avocat, un procureur et parfois Juge.

Toujours dans la tradition orale de cette époque les textes de lois n'existe pas, ils sont connus par certains et ces sachant font office de parole de vérité.



Alors attention ça va jouer de la hache, de la lance et de la hallebarde dans cette saga, ça va trancher, percer, et même plus ! Bien que plein d'affaire passeront en procès au parlement, souvent le verdict est de verser une compensation pour la vie d'un homme tombé par les armes. Mais la rancune et tous les mauvais sentiments de l'homme ont déjà cours à cette époque, si bien que malgré les jugements et les verdicts, les tueries prendront de l'ampleur, l'honneur ne pouvant être bafoué et la valeur d'un homme à cette époque est jugé par ses biens, mais aussi sa valeur au combat et son absence de couardise.



L'écrit en lui-même est très laconique, les dialogues minimalistes et le style est désuet au possible. La lecture est parfois difficile et les noms de protagonistes n'y aident pas non plus. Je crois que le plus douloureux dans cette saga, c'est l'arrivé d'un nouveau personnage, il est nommé puis sa filiation, sa généalogie sont déroulées des fois sur une demi-page ! Ce qui est utile, ce sont les surnoms des protagonistes, parce que certains porteront les mêmes noms.



Au final, on apprend pas mal de choses sur les us et coutumes de cette époque, et je pense que c'est là l'intérêt du livre. Par exemple outre le système judiciaire, on apprend (par déduction) qu'une femme se voit affublée du suffixe « dottìr » à la fin de son nom, un fils adoptif le suffixe « sson » comme Njàll qui aura plusieurs fils adoptifs nommé X Njàlsson. Les découpages administratifs de l'époque, l'économie et plusieurs petits détails à raison d'être curieux. L'histoire en elle-même est intéressante avec des rebondissements, mais ce n'est pas un roman, un simple récit sans fioritures.

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Códice de autos viejos

Recueil d’autos anciens



Avant l’épanouissement au Siècle d’or de l’auto sacramental, ce théâtre religieux spécifique à l’Espagne, un théâtre religieux très fourni fait son apparition dès la seconde moitié du XVIe siècle, sans doute moins abouti et divers, mais surtout moins bien connu, à cause de la disparition des textes. La source la plus importante pour connaître ce théâtre est un recueil de pièces anonymes en un acte, Le recueil d’autos anciens. Il s’agit d’un ensemble de 96 pièces, composées vraisemblablement entre 1550 et 1590.



Ces pièces étaient représentées en plein air, à l’initiative des municipalités, pour rehausser des fêtes religieuses, en premier lieu celle de la Fête-Dieu. Ces représentations étaient massives, sans équivalent à cette époque en Europe. La scénographie en était rudimentaire : le plateau de scène était constitué par deux chariots mobiles reliés par une plate-forme, des décors sommaires, une machinerie élémentaire. C’était forcément très statique, peu de possibilité de jeu véritable, de mouvements, de l’action. D’où le recours à l’allégorie, utilisation de récits.



Dans le volume de la Pléiade consacré au théâtre espagnol du XVIe siècle, la traduction de trois de ces autos est proposée :

- l’auto du sacrifice d’Abraham

- l’auto du martyre de Sainte Barbe

- l’auto du procès de l’Homme



Ces pièces sont écrites à partir de canevas très connus, encore plus à l’époque évidemment. C’est tout particulièrement le cas de l’auto du sacrifice d’Abraham, qui reprend le récit de la Genèse. Le texte se décompose en deux parties : d’abord des réjouissances pour le sevrage d’Isaac, et c’est à ce moment joyeux qu’Abraham apprend que Dieu lui demande de sacrifier son fils. Personne ne conteste l’ordre divin, tout le monde est prêt à jouer son rôle, jusqu’à l’heureux dénouement. Le lien allégorique entre le sacrifice, au final pas consommé d’Isaac, et celui du Christ, est présent sans laisser aucun doute.



L’auto du martyre de Sainte Barbe reprend un récit égyptien, popularisé par la Légende dorée. Barbe est enfermée par son père dans une tour qu’il a fait bâtir, pour la garder intacte jusqu’au mariage. Mais dans ce qui est en réalité une prison, elle se convertit au christianisme. Elle refuse donc le mariage avec le prétendant que son père veut lui faire épouser le moment venu. Le père la fait condamner par le préfet romain à mort, qu’il tient à infliger lui-même à sa fille. Une fois l’exécution accomplie, le père expire aussi en guise de punition divine, alors que deux anges emportent Barbe au Paradis.



L’auto du procès de l’Homme a une dimension allégorique et didactique affirmée, et ne s’appuie sur aucun support historique ou légendaire. La Conscience de l’Homme porte accusation contre lui devant La Justice, assistée par la Miséricorde. Son ange gardien ne veut pas l’abandonner, et le soutient pendant le procès. La Conscience explose ses nombreux griefs, Lucifer, le Monde, la Chair viennent avec délices accabler l’accusé. Un peu goguenard au début, l’Homme finit par réaliser sa mauvaise posture et se déclare prêt à s’amender, soutenu par la Miséricorde.



C’est textes paraissent assez étranges maintenant, et il semble difficile d’imaginer comment cela était représenté. Nous sommes vraiment dans un autre monde.
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Aucassin et Nicolette

"Ils étaient deux enfants qui s'aimaient tant. Aucassin, le fils du vieux comte Garin de Beaucaire, est tombé amoureux de la belle Nicolette. Cette jeune esclave sarrasine d'origine obscure a été achetée à des païens et élevée par le vicomte de la ville. Amoureux fou, Aucassin veut épouser Nicolette à tout prix mais son père s'y oppose, refusant une honteuse mésalliance. On tente alors de séparer les deux jeunes gens en les enfermant, mais Nicolette réussit à s'évader et se réfugie dans une forêt, attendant que son ami vienne la rejoindre."

"Aucassin et Nicolette" est une chantefable du XIIIème siècle écrite par un auteur inconnu. Ce texte anonyme et poétique fait partie des plus belles œuvres de la littérature médiévale française. Il s'agit de la seule chantefable du Moyen-Age disponible en version écrite.



Cette édition est bilingue et alterne entre français ancien et actuel en petits chapitres courts, mi-chantés, mi-racontés. Le texte serait importé du sud-ouest et diffusé par la parole des voyageurs, des troubadours, ou des conteurs qui sillonnaient régulièrement les routes à l'époque.



A travers l'histoire de l'amour impossible de deux jeunes gens, dans un monde féodal, on y parle d'amour, de rang, d'origine et de liberté.



C'est doux, poétique, musical et féérique.

Une excellente lecture.


Lien : http://labibliothequedemarjo..
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Aventures merveilleuses de Huon de Bordeaux

Merci à BazaR pour la découverte.

Il est vraiment louable d'avoir voulu donner une tournure plus actuelle à la "langue" de cette geste "française", qui permet une lecture plutôt agréable.



Du coup, si on replace cette saga dans son contexte, on se dit que ça devait être un excellent moment passé au coin du feu à écouter le barde dérouler ce récit.



Les rebondissements et retournements de situations sont nombreux, c'est du "page-turner" médiéval, les images d'une assistance suspendue aux lèvres du récitant me sont souvent venues lors de ma lecture.



Il faut garder impérativement ce contexte à l'esprit. Alors, l'ultra-religiosité du toutim passe beaucoup mieux, parce qu'il faut quand même admettre que tout ce qui sous-tend le récit est relativement indigeste pour la révoltée permanente que je suis au sujet des exactions liées à la religion (toutes les religions...), pour des raisons diverses. Sorti de son contexte, ça pourrait me donner des allergies massives, voire un oedème de Quincke, mdr... Vu que le récit ici vise clairement à donner envie à des "bébés" chevaliers d'aller guerroyer en "Païennie"...



C'est curieux d'ailleurs, les sagas islandaises, quoi que marquées par le même esprit "religieux", me sont moins insupportables, sans doute parce que cela y est plus discret. ça fait moins racolage, peut-être ? je ne sais ni...



Un mot sur le récit en lui-même : c'est une chouette histoire de "chevalier blanc" (limite naïf, lol) au milieu de plein de chevaliers noirs, une "queste" afin de recouvrer son honneur, son nom et son domaine, des trahisons multiples, des loyautés indéfectibles, aussi. Il est juste dommage que certains de ces chevaliers noirs ne soient "noirs" que parce qu'ils sont "païens". Huon est sympathique car il a des défauts, dieu merci. Et Aubéron, assez fascinant, même si relativement bizarre avec ses caprices, lol.



Le plus plus : le lexique de mots anciens à la fin. J'ai appris la différence entre palefroi et destrier, que j'ignorais, et d'autres choses encore, que je vous laisse le plaisir de découvrir à votre tour.

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La Cité d'or et autres contes

Comme les "Contes du vampires", également présentés dans cette collection, ces contes traduits du sanskrit sont extraits du "Kathâsaritsâgara", "L'Océan des rivières des contes", écrit au XIème siècle par Somadeva, un auteur du Cachemire. L'atmosphère y est parfois inquiétante : des démons ou des démones rôdent dans les cimetières, dévorant la chair des cadavres, et attentent qu'on les délivre de la malédiction qui les a frappés. Pour chaque conte, à partir d'une histoire principale, des récits s'emboitent les uns dans les autres, multipliant, afin d'édifier ou de divertir, les prodiges et les aventures, dans des lieux réels ou imaginaires, des héros affrontant aussi bien des bêtes sauvages que des tempêtes, dans un monde souvent plein de ruse et de fourberie, mais aussi de sagesse et de galanterie.
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Le coran

Comment lire le Coran? La préface est obscure. Disons ce que nous en avons compris. Dieu est un. Il ne peut donc avoir un fils. Les Chrétiens ont donc tort. Le reste du message est simple et martelé. Ceux qui embrassent la religion musulmane et se conforment sincèrement au contenu du Coran, à ses règles, et qui combattent en son nom, seront, lors du jugement, envoyés dans un paradis avec des fleuves (parce que tout cela vient du désert...). Les autres brûleront dans la géhenne. Soumet-toi à Dieu et tais-toi. Ne pose pas de question. Médite le livre de vérité. Avouons, au risque de finir en enfer, notre perplexité. Premièrement, qui parle? Dieu? L'Archange? Le Prophète? ça s'emmêle, mais ça dit toujours la même chose, sans cesse répétée, comme si la parole révélée relevait du radotage. Ensuite, où sont les signes évidents de la vérité indubitable de tout cela? En quoi sont-ils évidents? Enfin, qu'est-ce qui prouve que c'est ce prophète-là, et pas un autre, oublié, qui dit la vérité? Bref, un esprit moderne, rétif au discours autoritaire, ne peut pas adhérer à ce livre, ni à la religion qu'il institue, me semble-t-il, parce qu'il lui manque la liberté et la raison.
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La Farce de maître Pathelin

J'ai ressorti ce livre de ma bibliothèque dans le cadre du challenge ABC, je l'avais lu au collège.

C'est une curiosité, une pièce anonyme écrite à la fin du XVème siècle et qui n'a cessé d'être joué depuis. Elle a été ici adapté en français moderne afin d'être comprise plus facilement.

Découvrir une œuvre si ancienne est intéressant à plus d'un titre, elle est très vivante et toujours d'actualité dans le propos. Il est question d'arnaque, de filouterie de la part d'un beau parleur qui finira par trouver son maître.

Peu de personnages, 10 scènes, cette œuvre a traversé l'histoire, elle continue son chemin, découvrez là à votre tour.
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Le Roman de Renart

De petit maladroit moqué par les poules, Renard deviendra animal aguerri. Il devra en passer par quelques malheurs et un long apprentissage, au cours duquel il aura l'occasion de rouler dans la farine animaux bien plus impressionnant que lui. La queue de l'ours Brun et celle de Tybert le chat sauvage s'en souviendront. Mais le clou du spectacle est sans conteste la manière dont il se sortira du combat l'opposant à Isengrin le loup, dans la troisième et dernière partie du Roman.



Enfin, j'ai lu le fameux Roman de Renart. Il semblerait que ce volume, trouvé dans le grenier de ma grand-mère, soit la version revisitée par Maurice Genevoix de cette série d'histoires du Moyen-Âge.

Le ton est à la fois terrible et léger et, en fin de compte, on sourit souvent des aventures de ces drôles de personnages.



Challenge ABC 2018/2019
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Le Roman de Renart

Ne nous y trompons pas, à la lecture du titre moderne : ce récit composé de 80 000 vers par des dizaines d'auteurs différents en vue d'être récité par les saltimbanques du XIIème siècle n'a rien d'un roman. Il est roman par sa langue, romane vulgaire, et non latine. Il ne s'agit pas d'un gentil conte pour enfants, mais d'une critique sociale, à qui l'imagerie animalière autorise un langage cru et réaliste, avec une liberté de ton qui peut étonner nos contemporains. Enfin, on y découvre que les aventures de Renart furent à ce point célèbres qu'il éradiqua le goupil comme nom commun désignant l'animal.

L'introduction de Maurice Genevoix, lui-même conteur de talent, est d'un grand intérêt pour comprendre le contexte historique, et la présence du vieux françois est plutôt enrichissante. Sans nécessiter de lecture exhaustive, elle permet de s'imprégner du langage du temps.

Outre l'intérêt historique, je conserve de cette lecture de jeunesse (ado, pas enfant) la marque d'une satyre sociale sans concession, brute et sans filtre, dont on retrouve l'esprit de manière plus visuelle dans les bd Jhen de Jacques Martin et Jean Pleyers. le moyen-âge , c'est aussi ça, et sous des apparences plus policées, c'est aussi une image de notre société moderne et, finalement des travers assez intemporels de l'être humain... si souvent animalisé à raison.

On peut aussi en faire une lecture plus psychanalytique : se rappelant que, s'agissant d'un spectacle de ménestrels, ces récits avaient aussi une fonction -tout comme le fou du Roy et les carnavals- de catharsis face au poids de la religion et des hiérarchies féodales, pour exprimer les pulsions, de mort et de sexe notamment... Renart est un sale type, mais, avec humour, et parfois poésie, il offre à nos plus bas instincts un exutoire, au même titre (en plus féminin) qu'un Christian Grey, un psycho call of duty, ou qu'une série comme black mirror.

Bref, ça secoue la morale, chrétienne et générale, ça sort de la naïveté manichéenne,...et ça fait du bien ; encore aujourd'hui.

Je recommande donc. On peut le lire assez vite, en profitant simplement des farces rocambolesques et ricanantes du goupil. Toutefois, un deuxième niveau de lecture est possible. Dfficile de pleinement profiter de l'écriture en vers, et ça nécessite un effort de lecture certain. Pour ma part, j'ai renoncé pour l'instant à attaquer le volume 2.

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La scierie

Un récit tout à fait étonnant de la part d’un jeune homme d’une vingtaine d’années.

« J’écris parce que j’ai quelque chose à dire. »

C’est la première phrase de ce livre.



Le narrateur est un jeune homme qui raconte deux années de sa vie, de 18 à 20 ans, en 1950, entre son échec au bac et son départ pour l’armée.



Cet incipit annonce un récit fait dans un langage simple mais correct, sur un ton plutôt neutre, au moins quand il s’agit de lui-même.





Ce jeune homme n’est cependant pas dénué de sentiments ou d’émotions, il les exprime souvent dans un registre plus grossier, au moins plus familier, donnant l’impression de s’adresser à nous plus particulièrement, en aparté, au cours d’un récit qui serait fait à une assemblée.

Ce style m’a semblé favoriser l’empathie avec lui.



« Je vais essayer de travailler avec ma force, mais que faire ? Dans le pays que j’habite sur les bords de la Loire, aucun débouché à n’importe quel échelon, sinon la culture. Les paysans me font chier avec leurs plaintes et leurs gros sous qu’ils cachent comme des salauds. »





Il va choisir de travailler dans des scieries.

Il en fait un tableau peu attrayant, allant entre autres à l’encontre de la solidarité souvent supposée dans les milieux ouvriers.



« Je devais me rendre compte que Pressurot était fauché, que les ouvriers se bouffaient mutuellement, et que Bibi était le roi des salauds. Le roi, c’est le mot, je n’ai encore pas vu un type réunissant à la fois sa vacherie, sa bêtise, sa grande gueule et son hypocrisie. »





Les métiers du bois sont des métiers durs, très durs.

Course au rendement, compétition avec les autres pour montrer qu’on est le plus fort, dépassement de soi, négation de sa souffrance pour prouver sa valeur, valeur virile s’il en est.

Traitez un homme comme un salaud, il deviendra un salaud…



« Jamais je n’aurais été capable d’une telle méchanceté il y a un an, mais le miracle s’est fait tout seul ; je suis d’une dureté qui m’étonne : pas le moindre remords, pas la moindre réflexion. Cette dureté ne fera que s’accentuer par la suite. Maintenant, il me semble que je tuerais sans hésitation un type qui m’a fait assez chier pour mériter ça. »





Il est donc beaucoup question d’hommes, de vrais, de virilité, de force.

Et pourtant, tout homme est faillible. Et pourtant, tous hommes qu’ils sont, ils finissent par craquer, les uns après les autres au plus dur du travail. Alors le narrateur le raconte, avec quelques railleries pudiques à son propre égard…



« J’ai envie d’être dorloté, tout simplement. Il est beau, le dur, le bucheron ! Tout ce qui l’intéresserait, pour le moment, serait d’avoir une femme, pour se cacher la tête dans ses jupes. »





Ce récit est savoureux dans son vocabulaire. Tout ce vocabulaire spécifique au métier, des mots que l’on comprend dans le contexte des phrases mais que l’on ne maîtrise pas tout à fait.

On n’est pas en terrain connu. Alors on est un peu chez les autres. En visite.



En vrac :

« Plots, planches, traverses, madriers, bastings, grumes, billes, tranches, piles, ruban, pic, tourne-bille, tablier, sciure, cloueurs, copeaux, pointe, circulaire, bancs de scie, oscillantes, dégauchisseuse, toupie, raboter, griffer, cognée, passe-partout, débardeurs, haches, déligneuses, esquilles, croûtes, liteaux, tronçonneurs. »





Enfin le narrateur lui-même verra dans ces deux années un parcours initiatique, dont il gardera finalement au moins une valeur positive.



« J’ai commencé, j’étais un gosse. J’en suis sorti, j’étais un homme.

Il m’en reste un immense respect pour le travailleur, quel qu’il soit et quoiqu’il fasse. »





Avec cette dernière phrase, d’une telle netteté, c’est le réalisme qui prévaut.



« Bien sûr, le contact brutal avec des réalités et des difficultés que je ne soupçonnais même pas m’ont durci le caractère, et bien plus que je ne l’aurais voulu. Tant pis : il est trop tard. »







Beaucoup de citations pour ce livre, parce que finalement, moi, je n’ai pas grand-chose à dire.

Il est bon parfois d’écouter les autres.

Et en tous les cas, je ne saurais mieux dire.



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Les Mille et Une Nuits, tome 1 : Dames insi..

Comment critiquer les Mille et une Nuits ? J'ai mis un peu moins de deux mois pour lire ce premier tome qui regroupe les 327eme premières nuits. Je devrais donc mettre un peu moins des trois ans annoncés pour lire les deux autres à moins que je ne laisse d'autres gros pavés de ma PAL s'intercaller... en ce monde rien n'est jamais impossible !

Enfin, il est bien difficile de fournir un avis sur ce recueil d'histoires, car celles-ci sont très variées, probablement d'auteurs et d'époques très divers, orales, écrites après coup, islamisées pour cadrer avec la doxa de l'époque (mais pas trop), jointées plus ou moins habilement.

Etant aussi lecteur de Victor Bérard et de son Introduction à l'Odyssée, je ne peut m'empêcher de faire le lien avec ce qu'il décrit dans les différentes aventures collées ensembles pour former un tout plus ou moins cohérent.

Ici, il semble que la même analyse puisse s'appliquer, et à une plus grande échelle encore !

Les contes assez courts s'enchâssent dans de plus vastes, qui eux même se recoupent parfois entre eux ; de petites historiettes d'animaux offrent une respiration agréable et de long voyages succèdent aux histoires plus citadines.

Le tout offre un panorama vivant, saisissant de la civilisation arabo-musulmane de la grande époque, avec de nombreuses insertions poétiques qui doivent être un régal en arabe, mais le sont aussi traduites...

Sans aucun doute un chef d'œuvre littéraire dont j'ai hâte de parcourir la suite !
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Sur les murs de Pompéi

Croustillant:



123 inscriptions lapidaires et pariétales de Pompéi constituent ce petit recueil illustré de quelques gravures. Un bel objet, ce qui ne gâte rien.

Quelle fraîcheur dans ces graffitis car ce sont des graffitis.

Je ne sais pas vous, mais mon étude scolaire de la Rome antique m’avait laissé le souvenir d’une civilisation érudite, appréciant les arts et les lettres, appréciant la guerre, les conquêtes et les esclaves. Bref, du sérieux.

Et là nous nous trouvons plongé dans la vie de tout un chacun, la vie du petit peuple : gai, paillard, arrogant, querelleur, énervé, amoureux, rigolard, j’oserais même Gaulois.



En voici deux pour le plaisir :



Arphocras hic cum Drauca bene futuit denario.

Ici, Harpocras a bien baisé avec Drauca pour un denier.



Quisque me ad cenam uocarit, ualeat.

Quiconque m’invitera à diner, qu’il se porte bien !

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Journal d'un bourgeois de Paris, de 1405 à 1449

Le Bourgeois de Paris ne fait pas œuvre de diariste sans se situer politiquement : jusqu'en 1436, il épouse ouvertement la cause du duc de Bourgogne, et toutes les élites de la ville, qu'elles soient civiles, militaires ou religieuses, font de même ; il y a eu le traité de Troyes en 1420, et il est prévu que le roi d'Angleterre, Henry V de Lancastre, qui a épousé Catherine, fille d'Isabeau de Bavière et de Charles VI , devienne roi de France à la mort de ce dernier. Le scénario ne change guère quand meurt Henry V, et c'est le frère de celui-ci, Jean de Bedford, qui assure la régence pour le compte du jeune Henry VI. Toutes les autorités parisiennes ont alors choisi leur camp, et la plupart ont rallié, comme l'a fait le Bourgeois de Paris, le parti de la double monarchie. Le Dauphin Charles a encore des partisans dans la capitale, mais longtemps ces derniers ont rasé les murs. Fin 1430, on juge et exécute Pierrone, admiratrice de Jeanne la Pucelle, et le Bourgeois relate bien sûr cet épisode dans son Journal. Et lorsque le représentant de Philippe le Bon, duc de Bourgogne, Jean de Villiers de l'Isle-Adam assure, à la demandes de Bedford, la défense de la capitale en septembre 1429, face à Jeanne la Pucelle, qui échoue à faire combler les fossés, non loin de la porte Saint-Honoré, l'épisode est évidemment relaté par le Bourgeois de Paris.

Changement d'attitude de nombreux Parisiens sept ans plus tard : le duc de Bourgogne a fait signer à Arras un traité qui ramène la paix avec le Dauphin, devenu le roi Charles VII ; cette fois, les Anglais, lâchés par les Bourguignons, sont en première ligne. Et c'est Jean de Villiers de L'Isle-Adam qui aide le connétable Arthur de Richemont à reprendre la capitale pour le compte du roi de France.

On suit les aléas de cette politique un peu sinueuse conduite dans Paris, d'abord ralliée au duc de Bourgogne et à Bedford puis revenue à la fidélité au roi Valois, et l'honnêteté du Bourgeois de Paris n'est pas à mettre en cause : il est dans le camp anglo-bourguignon tant que la ville a intérêt à faire concorder ses intérêts et ceux du duc et du régent, mais il demeure à Paris et n'est pas inquiété quand le vent tourne. Beaucoup de personnes ont conservé leurs fonctions et leurs charges après le tournant de 1435-1436, et le Bourgeois de Paris, qui a suivi le mouvement, fait ce que font la plupart des habitants de la capitale : il s'adapte à la nouvelle donne.

François Sarindar, auteur de : Lawrence d'Arabie. Thomas Edward, cet inconnu (2010)
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La Farce de maître Pathelin

Vu a la Sorbonne, joué en version originale non sous-titrée et la diction ancienne, par d'excellents acteurs de la compagnie Oghma, lue à suivre sur la présente édition, cette farce démontre que l'on pouvait rire il y a 600 ans aux mêmes gags qu'aujourd'hui.

L'écriture en vers est savoureuse et les mots de l'époque deviennent familiers assez vite, le mime et les grimaces jouant le rôle des notes de bas de page.

Le couplage théâtre/lecture à tête reposée est une excellente idée !



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Le coran

On y dit tout et son contraire, on nous le rabâche même et moi, l'athée de culture judéo-chrétienne, je comprends qu'il y ait tant d'interprétations des paroles du "prophète".
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Tristan et Iseult

Un récit d'amour fatal qui prend sa source dans les légendes celtiques. Dès le IX ème siècle, les conteurs irlandais racontaient l'histoire du philtre d'amour qui enchaînait les amants l'un à l'autre. Tristan est le chevalier "triste" conduit par le destin. Un conteur d'origine normande, Béroul, écrit ce récit vers 1160.

L'un des romans les plus célèbres du Moyen-Age.

Une oeuvre éternelle...
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Appel et autres textes suivis d'effets

En octobre 2003, une brochure de 96 pages est imprimée clandestinement et diffusée de la main à la main à des milliers d’exemplaires, appelant à la sécession, à l’établissement d’un ensemble de foyers de désertion et à la constitution d’une force singulière, sensible et située. Julien Coupat présente ce texte devenu introuvable qui, entre activisme et militantisme, tente de trouver un chemin. Quelques autres permettent de l’éclairer et d’en mesurer l’écho jusqu’à aujourd’hui.

(...)

Cette publication salutaire des éditions Divergences démontre la pertinence et l’acuité de ce texte écrit il y a tout juste 20 ans, combien il imprègne désormais bien des discours, et trace des pistes pour échapper à notre impuissance.



Compte rendu de lecture à retrouver sur le blog de l Bibliothèque Fahrenheit 451 :
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
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La scierie

« La scierie » est un récit anonyme datant du début des années 50 et qui conserve aujourd’hui encore le mystère sur son auteur. La préface de Pierre Gripari  apporte quelques éclaircissements sur la découverte de ce texte mais nous n’aurons pas de nom.



L’auteur et narrateur raconte deux années de sa vie passées à travailler dans une scierie. Il n’est pas issu de la classe ouvrière. Ce sont les circonstances qui l’amène à trouver ce travail, entre son échec au bac et son départ au service militaire. Ses mains ne sont pas celles d’un prolétaire et c’est donc d’un œil méfiant qu’il est accueilli par le reste des ouvriers.

Avec précision, réalisme et une certaine méchanceté, il rend compte des cadences infernales, des conditions de travail, et de l’ambiance délétère qui règne entre les ouvriers.



On peut donc classer ce texte dans la littérature prolétarienne mais deux points essentiels en font un texte singulier :

D’abord les origines bourgeoises de l’auteur qui n’idéalise pas du tout cet univers. Il le présente dans toute sa crudité, sans une once d’empathie pour le sort de ses collègues. Il décrit un milieu violent, où la solidarité est absente et où la calomnie est chose courante.

Ensuite « La scierie » n’est pas du tout politique. Le concept de lutte des classes est absent. C’est plutôt la lutte du corps, avec toutes les métamorphoses physique qui résultent d’un travail harassant.



Ce livre m’a impressionnée. On pense parfois aux reportages de Jack London mais ici le ton est plus rude, plus spontané car on voit bien que l’auteur n’a que faire de ce que pensera le lecteur ; il ne devait pas être publié. Un témoignage rare, sans filtre.
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