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Critiques de Anonyme (676)
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Les mille et une nuits - Intégrale : 9 tomes

Un sacré périple oriental!



Des Mille et une nuits, je connaissais peu de choses : des histoires racontées chaque nuit, quelques contes, ou tout du moins le nom. J'ai donc entrepris la lecture de cette compilation titanesque.



A bien des égards, j'ai été surprise. Ce voyage a été l'occasion pour moi de découvrir, par le biais de contes certes, une partie de civilisation que je connaissais et que je continue à connaître mal.



Ces contes sont racontés par Shéhérazade qui, nuit après nuit, a besoin de cet expédient pour rester en vie le jour d'après et laisse en conséquence son récit inachevé, à un moment crucial. Le sultan est donc contraint de la laisser en vie. Ce qui en fait un récit original (ces nuits qui alternent) m'a rapidement pesé dans la lecture. Toutes les 6-8 pages on a le même début, la même fin, le tout dans un récit en suspens. Aussi, ai-je rapidement triché et passé lesdits paragraphes. Encore que, il ne m'a pas fallu attendre longtemps. J'ai une édition numérique intégrale gratuite. A ce titre, on s'attend à quelques imperfections. Dès la fin du tome 1, les contes sont en bloc et non plus suivant les nuits. Peut-être est-ce normal, j'ai cru comprendre que l'apparition des manuscrits a été un long travail. Peut-être le séquençage par nuit s'est-il perdu ou peut-être est-ce mon édition qui a pris cette liberté. Dans tous les cas, je ne m'en plains pas, ça a eu le mérite d'arrêter d'interrompre ma lecture et ainsi j'ai avancé plus vite dans les histoires de cette douce femme dont la vie est en suspens.



Pourquoi doit-elle mourir me direz-vous? Eh bien parce que Shariar a eu une femme infidèle et que depuis il se marie chaque jour à une jeune fille qu'il assassine le jour d'après. On voit tout de suite que l'on n'est pas dans des contes de fées. Mais après tout, les contes des frères Grimm n'en sont pas non plus. La violence fait partie du lot. Si elle m'a surprise au début, elle reste tout de même occasionnelle et très loin derrière d'autres thèmes tels que la religion et la moralité, où l'on retrouve tout l'intérêt du conte, ou même de l'amour.

En ce qui concerne la moralité, effectivement nos personnages se doivent d'être vertueux. A ce titre, j'ai été bien déçue par les Aventures de Sinbad le Marin, un conte que j'attendais avec impatience. Hormis sa libéralité à chacun de ses retours, ce n'est pas un protagoniste que j'ai trouvé très vertueux. Il en va de même d'Aladdin ( 2e déception, conte très éloigné de mon dessin animé préféré) qui, en définitive, n'a pas la personnalité la plus sympathique et la plus irréprochable : égoïste et fainéant, il n'a que peu de mérites, il faut bien le dire.

C'est en revanche les histoires avec une romance annoncée qui m'ont le plus plu. Cela a d'autant plus été plaisant que c'était pour moi des contes inédits dont je n'avais jamais entendu parler. Je pense par exemple à l'Histoire de Camaralzaman et de Badoure ( bien que l'histoire sur ses fils m'ait déplu) ou encore celle sur le royaume de Samandal ou enfin celle du Prince Ahmed et de sa femme fée.

Jalousie, séduction, passion, amour inconditionnelle et mariage heureux en conclusion sont bien des éléments inhérents à ces contes, à commencer par la pauvre Shéhérazade, volontaire et belle, cherchant à charmer le sultan et à lui prouver qu'en amour on est heureux, que toutes les femmes ne sont pas infidèles.



Shéhérazade, voyant ce triste destin, se porte volontaire en tant que fille de vizir. Ainsi, telle une Iphigénie orientale, elle essaye d'endiguer le processus par son sacrifice et son éloquence. A ce titre, j'ai trouvé que certains contes puisaient dans des leitmotiv de la mythologie grecque. Je me trompe peut-être mais la lecture de certains m'a rappelé des mythes tels que la pomme de discorde, Circé ou encore Ulysse.

Ce sont aussi des contes en miroir et également en "cascade" si je puis dire. Certains contes ont d'autres contes intégrés à leur histoire, le but étant toujours le même : charmer par son éloquence et l'originalité de son aventure pour rester en vie. Ainsi, les contes se ressemblent les uns les autres, tout comme les contes occidentaux. On retrouve cependant certaines longueurs vis-à-vis desquelles il faut lutter. Avec une telle pavasse, inutile de dire qu'il faut du temps pour en venir à bout. Un mois n'a pas été de trop avec des pauses régulières entre les récits.



Ce qui m'a le plus étonnée c'est, qu'étant écrits dans des sociétés patriarcales, on découvre tout de même de beaux personnages féminins. Non pas juste des femmes belles et parées de toutes leurs vertus. Mais également des femmes entreprenantes, héroïne de leur histoire, comme Badoure, Morgiane dans Ali Baba ( honnêtement sans elle, il ne peut rien faire) ou encore la princesse Périzade.

Ces contes étant de surcroît oraux à l'origine avant d'être compilés, on sent la polyphonie de ces histoires. C'est d'autant plus visible avec le personnage d'Haroun Alraschid, un des personnages récurrents de ces contes, qui a une personnalité très variable selon les contes. Il peut être conciliant à l'excès tout comme très obtus.



En définitive, bien que cette lecture n'ait pas été facile, je reste contente d'avoir découvert cette partie culturelle qui m'intriguait depuis de nombreuses années.
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Mystère du siège d'Orléans

Le texte de cette œuvre est conservé grâce à un unique manuscrit qui se trouve actuellement à Rome, dans la bibliothèque vaticane. Il date du début du XVIe siècle. Il raconte le siège d'Orléans qui a eu lieu en 1428-1429, jusqu'à sa levée grâce à l'intervention de Jeanne D'Arc, épisode clé de la guerre de Cent ans.



Il semble qu'il trouve son origine dans les festivités donnés à Orléans pour célébrer la levée du siège : une procession solennelle a lieu le 8 mai 1429, pour fêter le départ de l'armée ennemie. Une fête civique s'instaure chaque année à la même date, aux célébrations religieuses, semble s'adjoindre un spectacle, on en trouve trace dans les registres du budget d'Orléans, il semble s'agir de jouer l'évacuation du fort des Tourelles, un des épisodes du siège. Il y a des traces de ces représentations dès avant 1440, le terme de "mistaire" est même employé en 1435.Il est difficile de déterminer à quel moment ces spectacles ont pu prendre l'ampleur du texte tel que le manuscrit nous le restitue, et même si l'ensemble était joué. Il est probable que le texte à notre disposition est le fruit de nombreux remaniements et amplifications successifs, voire d'une évolution progressive vers un théâtre à lire, plus qu'à jouer. Au-delà du jeu, il s'agit de garder trace des événements qui ont eu lieu, à partir de témoignages des gens qui les ont vécus, en se servants aussi de chroniques et témoignages écrits.



Le texte est très long : plus de 500 pages dans mon édition, et il y a quelques coupures. Il décrit minutieusement les événements, en partant de la décision de partir faire la guerre prise par Salisbury en Angleterre. Nous assistons au voyage de l'armée, aux délibérations, puis au siège, les combats, les divers incidents avec beaucoup de détails. En parallèle, il y a le roi de France, à qui la ville envoie des émissaires pour être secourue. Devant la mauvaise tournure des événements pour le camp français, les saints patrons de la ville défendent sa cause devant Dieu, qui décide de se servir de Jeanne pour délivrer la cité. Elle n'intervient véritablement qu'à la moitié du texte environ, et les autres personnages continuent à prendre beaucoup de place, en particulier le camp anglais. Suivent les victoires françaises, l'entrée de l'armée à Orléans, la décision de faire sacrer Charles à Reims, et l'exhortation de Jeanne à commémorer la délivrance de la ville.



Ce résumé est vraiment très succinct, car les événements sont dépeints dans tous les détails, avec des nombreuses répétitions, les personnages se comptent par dizaines, entre le camps français, anglais, et les personnages divins. Au-delà du siège à proprement parlé, la situation est restituée dans son contexte historique, au-delà du destin d'une ville sont posés les enjeux plus larges, ceux de la guerre dans son ensemble. C'est donc une œuvre d'une grande ampleur et ambition.



J'avoue une certaine surprise à la lecture de cette œuvre, car j'imaginais que les Mystères étaient des pièces religieuses, tirées de l'Ecriture essentiellement, ou de la vie des saints. Or là nous sommes plutôt dans une pièce historique, qui en partie, décrit les événements tels qu'ils se sont passés (escarmouches, combats, morts de tel ou tel personnages etc). Il y a bien une intervention divine, puisque Dieu décide d'utiliser Jeanne pour délivrer la ville et faire triompher le camp français. Cela intervient parce que les Anglais ont menti, ils avaient promis à Charles d'Orléans d'épargner la ville, et ils ont dévasté une église. Les événements décrits prennent sens s'ils sont lus du point de vue de la Providence divine, c'est le message que délivre Jeanne. Charles Mazouer range la pièce dans les mystères hagiographiques (censés célébrer la vie des saints) ce qui pose tout de même un problème : Jeanne d'Arc ne sera une sainte pour l'Eglise catholique qu'en 1920. Et elle ne devient le centre de la pièce qu'à la moitié du texte. C'est plutôt la Providence divine encore une fois qui me semble le moteur, et que l'on célèbre.



Un étrange objet théâtral, littéraire, culturel, qui démontre une fois de plus à quel point la littérature du moyen-âge est riche et méconnue.
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La Chanson d'Aiquin

Ce texte est l'un des plus anciens documents de la littérature bretonne.

Il aurait été trouvé en 1693 sous les ruines du monastère des Récollets de l'île de Cézambre près du fort de la Conchée à trois lieues de Saint-Malo.

Ultérieurement acheté par la bibliothèque Colbertine, il entra à la Bibliothèque Nationale dans les premières années du XVIIIème siècle.

Longtemps, les médiévistes lui ont dénié toute valeur littéraire et historique.

Joseph Bédier le définit, dans sa thèse sur l'origine des épopées françaises, comme une oeuvre polémique écrite en faveur de l'archevêché de Dol.

Gaston Paris le qualifiait de détestable copie.

La plupart des spécialistes considèrent que "la chanson d'Aiquin" a été composée vers la fin du XIIème siècle.

Elle fut jadis chantée sur les places et dans les châteaux.

C'est le plus ancien poème de langue française qui ait été composé au delà du Couësnon, en terre bretonne.

"Voici le récit d'une conquête du royaume de Bretagne Armorique, faite par le preux Charlemagne, roi de France, environ dix à douze ans avant son couronnement comme empereur, contre un roi sarrazin nommé Aiquin, qui avait possédé ce royaume pendant trente ans, Dol, Rennes et Vannes exceptées...."

La couverture de l'ouvrage est de celles qu'on doit parler puisqu'elle est la reproduction d'un bois gravé de Xavier de Langlais, peintre, graveur, poète, écrivain de langue française et bretonne à qui l'on doit notamment le premier livre de SF* écrit initialement en breton.



* "L'île sous cloche"
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Les Poèmes d'un Poète Anonyme

Sombres



Quand on a trop mal,

On maudit les nantis,

On maudit les méchants,

On maudit aussi les pauvres gens.



Notre cœur saigne à torrents,

Rien ne retient cette avalanche de sentiments,

Ce mal être, cet étouffement.

Ca crie en dedans,

Ca hurle à tous vents,

Ca déchire à pleine dents.



Faites que cela cesse.



Qui n'a connue telle détresse,

Ne peut dire, j'ai souffert.

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Le Roman de Renart

Renart est un goupil bien malicieux !! Dans ce recueil d'histoires, il est au centre de toutes les aventures, qu'elles soient heureuses ou pas. Toujours à la recherche d'une bonne poulette à manger, il contourne toutes les règles pour arriver à ses fins.

Lu avec mon fils dans le cadre de sa lecture de classe, nous avons eu beaucoup de mal à nous prendre au jeu de ce goupil peu respectueux... L'écriture est difficile et les personnages manquent cruellement de profondeur.

Pas le meilleur moment d'échanges littéraires !!!
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Mademoiselle S.: Lettres d'amour 1928-1930

Mademoiselle S comme Sexe, sûrement, autant que Simone, prénom de la narratrice et auteure de ces lettres souvent très osées et torrides, parfois, et de plus en plus, tendres voires déchirantes...



Cet enchaînement de lettres d'amour nous en apprend de belles...non pas forcément sur la place de la sexualité et l'état des pratiques dans ce domaine dans les années 1928-30 (les deux tourtereaux étaient sûrement bien plus libérés que la moyenne de l'époque), mais quand même, il est probable que les gens y pensaient et n'étaient pas manchots, si je puis dire, lorsque l'envie se faisait pressante.



Simone et Charles, qui est marié, vivent une liaison brûlante depuis plusieurs mois. Simone nous livre ses lettres d'amour à son chéri adoré, sans jamais nous restituer le contenu des réponses de l'Apollon...Elle nous plonge dès le début dans une succession de compte-rendus enfiévrés, avec force détails de ses fantasmes et de leurs ébats sexuels. Simone a le feu aux fesses et partout ailleurs, et va se révéler au fil des pages de plus en plus amoureuse, avec alternance grandissante entre ces pages torrides et des lettres d'amour tendre, non dénuées de lyrisme.



Sur le plan sexuel, c'est un peu la course à l'innovation, car Simone amoureuse et jalouse craint de plus en plus la lassitude de son partenaire qui ne peut lui consacrer tout son temps. Insécurisée, elle veut surprendre Charles, et titiller son côté féminin...C'est elle qui prend toujours plus l'initiative et inverse avec fougue et passion les rôles sexuels traditionnels pour maintenir l'excitation à son comble, au moyen d'ustensiles bien répandus de nos jours et déjà manifestement connus et utilisés à l'époque.



Les mots claquent, le vocabulaire sexuel est cru et riche, sans pudeur, mais curieusement toujours avec une forme d'élégance qui ravit le lecteur.



Ce livre est intéressant car il y a une vraie progression perceptible des sentiments de Simone, et c'est à travers elle qu'on doit comprendre comment Charles, ambivalent et de plus en plus distant, évolue.



Cependant, je n'apprécie déjà pas trop habituellement la forme épistolaire, même lorsqu'il s'agit d'un véritable échange réciproque, mais là, c'est vraiment très très lassant...Beaucoup trop long, répétitif...ben oui, il n'y a quand même pas dix mille positions adoptables à l'horizontale, ni trente-six sens et portes d'entrée, on sature donc vite.



Merci cependant à Babelio qui nous gâte bien, avec cette fois-ci un masse critique à l'esprit coquin !







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Mademoiselle S.: Lettres d'amour 1928-1930

En vidant l'appartement d'une amie, le diplomate Jean-Yves Berthaud a découvert dans la cave une lourde sacoche en cuir contenant 185 lettres, toutes signées d’une certaine Simone. Des lettres oubliés depuis des décennies, écrites entre 1928 et 1930, adressées à un homme prénommé Charles et racontant une relation torride dont la montée en puissance permanente atteignit des sommets de luxure difficilement imaginables. La grande majorité de ces lettres n’étant pas datées, Mr Berthaud passa près d’un an à en reconstituer la chronologie. Pour écarter tout canular, il les fit authentifier par un cabinet parisien spécialisé dans les autographes et documents historiques (le certificat de l’expert est reproduit au début du recueil). Un tiers environ des lettres sont présentes dans l’ouvrage et soulignent le caractère incroyablement moderne d’une femme de l’entre-deux-guerres libérée et qui s’assume pleinement.





Mais qui était Simone ? A l’évidence une jeune femme de bonne famille, lettrée, dont la prose élégante se pare sans crier gare d’une folle obscénité, faisant voler en éclat toute forme de bienséance. Charles, son amant, semble moins âgé qu’elle. Adepte de la brutalité et des jeux pervers, il n’est apparemment pas célibataire, n’habite pas Paris et leurs rencontres, aussi incandescentes que clandestines, sont tout sauf régulières. Pour le reste, difficile d’être plus précis faute d'informations supplémentaires.





Quoi qu’il en soit, au-delà des passages sauvagement pornographiques et d’une totale transgression, ces lettres de l’aimée à « son adoré » soulignent les doutes, les craintes et la douleur ressentis par Simone. Peur de la lassitude, de ne plus être à la hauteur, de voir le désir de Charles « s’éteindre comme une flamme sous le souffle brusque du vent ». C’est ici que la confession prend une autre dimension. Car au fil du temps, on sent poindre la tragédie à venir, on voit affleurer quelques fêlures, on passe de l’extase au désespoir et l'on découvre une dernière lettre absolument bouleversante (« j’attends ta décision et je l’accepterai sans faiblir si ton cœur a cessé de battre à l’unisson du mien »). Fabuleux portrait d’une amante à la fragilité touchante et à l’audace sans équivalent. Témoignage inédit d’une femme prête aux sacrifices et aux abandons les plus extrêmes par amour, et pas seulement l’amour de la chair. Impossible d’oublier les lettres de mademoiselle S., elles m’ont marqué au fer rouge. Un recueil unique, à mettre entre les mains de tout amateur de littérature érotique. Franchement, c'est du très, très grand art !




Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Tristan et Iseult

Jusqu'à présent, je n'avais pas vraiment eu envie de découvrir cette mythique histoire d'amour. J'en avais entendu quelques brides, forcément, mais personnellement, ce n'est pas le genre de lecture qui me fait vibrer... Mais bon, comme il faisait parti des baby-challenges Romance et Classique de Livraddict et que j'aime bien découvrir des choses que je connais mal, je me suis lancée dans cette lecture. Ah, et puis, par coïncidence, je peux l'intégrer à mes lectures de la session titre féminin du challenge Jacques a dit de Metaphorebookaddict.



Personnellement, je me suis sentie un peu perdue au début de ma lecture : on rentre directement par l'action du coup, on ne sait pas très bien ce qu'il se passe, qui sont les différents personnages (d'un autre côté c'était peut-être mentionner dans la préface que je n'ai pas lu... *sifflote*)... En fait, il me semble que dans cette édition, l'histoire commence au début de la fin : on ne découvre par l'épisode des filtres d'amour (mais on y fait allusion), on ne découvre pas la naissance de cet amour.

Je dois dire que j'ai été un peu déçue par cet aspect de l'histoire : la découvrant tout juste, je suis un peu restée sur ma faim. D'un autre côté, comme je le disais plus tôt, si j'avais lu la préface, peut-être qu'il en aurait été différent (mais de toute façon, ça n'aurait pas été romancé, du coup, ça ne change pas grand chose...).



Iseut, Tristan et Marc m'ont beaucoup plu. J'ai notamment beaucoup apprécié la force du destin entre Iseut et Tristan : elle est vraiment horrible cette histoire de filtre d'amour puisque si ils ne l'avaient pas bu, tout aurait été différent et ils n'auraient surement pas été aussi malheureux...

Marc en soit, n'est pas spécialement sympathique, mais il m'a touché à de nombreuses reprises. Notamment dans l'épisode de la forêt, quand il retrouve le couple et qu'il décide de les laisser en paix pour cette fois-ci. En soit, sa décision est assez perverse mais j'ai été soulagée qu'il choisisse celle-ci et pas une autre plus funèbre.



J'ai trouvé l'écriture de Béroul très agréable et assez facile à lire. Même si le vocabulaire n'est pas forcément le plus utilisé de nos jours, on sent la fable orale qui se cache derrière : le langage se révèle plutôt simple et l'histoire est assez facile à lire.

Une histoire à découvrir.
Lien : http://lunazione.over-blog.c..
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Tristan et Iseult

Historien, philologue et archéologue, René Louis signe là un très beau texte, qui comme il le dit lui-même "n'est pas une oeuvre d'érudition ni une entreprise proprement scientifique". C'est une reconstitution en français moderne, du roman médiéval de Tristan et Iseult qu'il a voulu accessible au grand public. D'autres textes existent, beaucoup plus connus je crois. Pour ma part je n'ai lu que celui-ci, et j'ai été sous le charme de cette histoire d'amour intemporelle et de la plume de René Louis.



A lire et relire pour la force et le tragique de ce récit d'amour, la beauté de la langue ou pour connaître tout simplement cette légende qui appartient à notre patrimoine culturel et littéraire.
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Les mille et une nuits

Lorsqu'Antoine Galland entreprend la traduction d'une compilation de contes arabes du VIIe siècle, elle-même adaptée d'une source persane perlée d'influences indiennes, il se doutais sûrement de l'effet qu'il produirait sur les lecteurs de son temps, mais certainement pas qu'il allait poser des mots sur l'idée ancienne, tenace et mystérieuse que se fait l'Occident de l'Orient, soit cet océan vague, à la fois barbaresque et raffiné, qui accule l'îlot européen contre l'Atlantique.



Ce que Galland et les nombreux traducteurs qui le suivront fabriquent, c'est l'image dorée d'un Orient fantasmé par les européens depuis les conquêtes d'Alexandre le Grand, que les arabes nommaient Alexandre Bicorne, celui qui règne sur les deux cornes du Levant et du Couchant.

Jusqu'au siècle de Galland, les européens insulaires ont admiré l'Egypte, embrassé la foi d'Israël, spéculé sur le prêtre Jean, écouté les devisements de Marco Polo, jalousé le califat de Cordoue et mené quelques croisades. Depuis longtemps déjà, l'Orient est gravé dans leur patrimoine génétique.

Jusqu'au XIIe siècle, ils dessinent des cartes pointées sur l'est, où se trouve le jardin d'Eden, habitude tardive qui nous lèguera un verbe: s'orienter.

En 1492 les espagnols achèvent leur Reconquista, tandis qu'un navigateur vénitien accostait aux Amériques, croyant trouver une route moins sinueuse vers les Indes, vers l'Orient. L'Eden, ironiquement, se déporte à l'ouest.

Les premiers contes archaïques qui se multiplieraient mille et une fois par la suite durent préférer la bonne vieille route de la soie, plus longue et plus accidentée (quoi que), mais plus fertile, car le lent voyage de ce livre collectif et anonyme lui aura certainement valu l'étonnante variété de ses sujets et de ses façons de conter.



Au corpus qu'il traduit de manière quelque peu partiale, Galland ajoute d'autres contes inspirés de sources orales différentes, qui aboutiront aux histoires de Sinbad le marin, d'Aladin et d'Ali Baba pour les plus éminentes.

Il est piquant de constater l'inaltérable renommée de ces trois-là, inlassablement cités dans la multitude des adaptations plus ou moins bien inspirées des Mille et Une Nuits; il faut dire qu'elles comptent parmi les plus mémorables, et qu'elles teintent l'éprouvante lecture des nuits de Shéhérazade d'une note de cape et d'épée rafraîchissante. Mais c'est une remarque influencée par quelques bons films, et quoi qu'il en soit, en manipulant ses sources Galland ne fait rien moins que recomposer un livre qui n'existait pas, et sauve en passant quelques pépites de l'oubli.



Une lecture éprouvante voir répétitive, ce n'est pas tout à fait exact puisque comme le suggère son titre, elle est infinie.

Il y aura toujours une histoire à raconter après la toute dernière nuit, toujours une seconde après l'éternité. Lire un de ces contes c'est suspendre un moment, qui a la forme d'une nuit et la voix d'une femme, et qui ouvre une porte vers d'autres histoires enchâssées dans le temps. Si on veut bien admettre cela, lire les Mille et Une Nuits dans l'ordre de ses pages n'apparaît pas comme une nécessité mais comme une contrainte. Autant ménager la même attente subjuguée qui étreint le Sultan cocufié, qui le convainc de rompre son serment meurtrier lorsque mille histoires et une auront fini de laver sa virilité humiliée.

Shéhérazade dilate la durée de chaque nuit en subjuguant son auditeur dans les écheveaux de la fiction; et aussi de sa voix, que l'on entend au début de chaque conte et qui ne devait laisser aucune échappatoire au sultan, à la fois statufié par l'érotisme de cette routine et rendu à son enfance.



On ne lira peut être jamais la totalité des Mille et Une Nuits, mais c'est sans importance, l'essentiel est que nous connaissons déjà ce livre artificieux, et qu'il est plaisant de le savoir à portée de main, comme une Iliade ou une Bible sous l'oreiller, comme une Divine Comédie scellée à la table de chevet, ou comme la chanson de l'Ingénieux Idalgo, locataire sans solde des rayonnages de la bibliothèque.

Des livres qui exercent une attraction persistante, et qui apparaissent comme les sommes encyclopédiques et intimidantes de ce que l'humanité à produit de pensées, de paroles et d'actes dans une région du monde où convergent les routes commerciales venues de l'est.



Le livre des Mille et Une Nuits mériterait une édition à la hauteur de son objet: Un unique tome, avec une fine mèche de cheveux noirs pour marque-page, d'un format suffisant pour qu'on ne puisse pas le glisser dans la première poche venue mais pour qu'on puisse y glisser quelques miniatures un peu olé olé, avec de belles grandes pages que l'on tourne d'un geste beaucoup trop sophistiqué.

Las, nous nous contenterons de diverses éditions de poche plus ou moins fragiles, plus ou moins complètes, presque toujours basées sur la première traduction d'Antoine Galland; mais ce n'est pas très important.

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Tristan et Iseult

Une très agréable surprise que cette lecture de la célèbre légende de Tristan et Iseult, dont j'ai lu la traduction en français moderne de René Louis.

Tout le monde connaît cette légende dans ses grandes lignes : celle de deux amants, soumis à l'amour éperdu qu'ils se portent. J'ai beaucoup aimé découvrir ici l'ensemble du récit, notamment la figure de Tristan, comme valeureux chevalier, ne reculant devant aucun danger pour accomplir son devoir ou sauver l'honneur des gens qu'il estime. Mais aussi la rencontre de Tristan et Iseult, les ruses auxquelles ils échappent, les tourments que leur inflige leur amour, sans qu'ils puissent renoncer l'un à l'autre.

Lorsque je lis de la littérature médiévale, je débute toujours la lecture avec appréhension, ayant peur de ne pas réussir à m'imprégner de l'histoire. A chaque fois pourtant, j'ai fini ces textes en les ayant beaucoup apprécié. C'est également le cas ici, d'autant plus que la traduction de René Louis est très fluide : dès le premier chapitre, j'étais entièrement plongée dans cette histoire et les pages ont défilé jusqu'au dénouement.

Je suis donc ravie d'avoir pris le temps de découvrir Tristan et Iseult. A noter également que l'édition Livre de poche est accompagnée de Notes et commentaires à la fin de l'ouvrage qui approfondissent l'histoire de cette légende.
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Ali Baba et les quarante voleurs

Quand je pense à Ali Baba, la première image qui me vient à l'esprit, c'est Fernandel, et la célèbre formule magique "Sésame, ouvre-toi !". J'avais envie de découvrir le texte.



Ali Baba est un pauvre bûcheron qui voit un jour une horde de bandits entrer dans une grotte qui s'ouvre par une formule magique : la curiosité le pousse à y aller : la grotte regorge de richesses, d'or et de pierres précieuses. Comment résister ?



La morale de ce conte merveilleux est que la droiture et l'honnêteté sont des valeurs à ne pas négliger, la cupidité et l'opulence ne font pas nécessairement le bonheur.

Un jolie petite lecture plaisante.

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La quête du Graal

Le Graal, qui apparaît pour la première fois dans l’œuvre de Chrétien de Troyes, devint ensuite un symbole chrétien, tout en restant associé au monde arthurien. La Quête du Graal est donc bien une œuvre mystique qui illustre un combat entre l’Ennemi et des chevaliers élus dont Galaad, le seul qui pût, en raison de sa puissance mais aussi de sa virginité, s’asseoir sur le Siège Périlleux, à la droite d’Arthur, sans être englouti, ou bien encore brandir certaines épées et achever la quête du Graal dont dépend la survie d’un Royaume en voie de désintégration.
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Le coran

Quand on n'est pas né musulman, ni tombé tout enfant "dans la marmite" coranique, la lecture de ce livre est difficile. Plus difficile encore pour ceux qui ont une teinture de Bible et d'études bibliques, car rien ne diffère plus de ce maître-livre de la tradition judéo-chrétienne que le Coran. Enfin, une bonne lecture est presque impossible si l'on a de solides préjugés anti-religieux, qui empêchent de comprendre ce qu'on lit. Heureusement pour moi, j'en suis dépourvu.

J'ai rencontré, pour ma part, les difficultés du lecteur judéo-chrétien habitué à la Bible, dans ma lecture du Coran. Elles viennent de l'habitude que l'on prend de voir récits, paraboles et lois mêlés ensemble dans la Bible. Le Coran ne procède pas ainsi, mais sous la forme de prêches déconnectés de toute situation concrète, ce qui rend presque impossible la compréhension juridique de ses lois au lecteur profane. On a l'impression de lire une liste de commandements assortis de menaces contre ceux qui ne les respectent pas.

D'autre part, ayant appris à lire la Bible en hébreu, j'ai vite compris que son texte ne se lisait pas, mais s'étudiait dans sa langue et dans ses formulations propres, quitte à recourir à des traductions ensuite. Ne sachant pas l'arabe et n'ayant pas le temps de lui consacrer une étude, j'ai toujours soupçonné que l'essentiel des pages du Coran français m'échappait à cause de mon ignorance du texte original et de ses commentaires. Seul, un Coran annoté, bilingue et commenté, trouvé un jour dans une grande bibliothèque, m'a donné quelques éclairages. Mais le livre est introuvable et donc, il est impossible de faire une vraie lecture approfondie : un texte du VIII°s ne se lit pas comme le journal du jour ! Donc j'ai répugné à tomber dans des lectures simplistes et sottes, dues au manque de commentaires et de guides.

Telles sont les difficultés auxquelles je me suis heurté.
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Le Golem de Prague : Les récits juifs du Ghetto

Ce petit opuscule qui regroupe 14 récits mi-légendaires mi-historiques de la tradition juive du ghetto de Prague est un régal à lire. Si le drame y côtoie souvent l'humour, la poésie et la sagesse de ces textes nous emportent dans un monde très particulier, fait de réalisme, de mystique et toujours pétri d'humanité. Il est accompagné de magnifiques illustrations qui rappellent les gravures anciennes et ajoutent au léger sentiment de nostalgie donné par l'ensemble des récits. Le sens de la communauté y est très fort ainsi que le sentiment de solidarité qui lient les membres entre eux. On retrouve bien sûr l'histoire du fameux Golem, création d'argile du célèbre Rabbin Loeuw.

Un beau livre, quelquefois joyeux, quelquefois poignant, mais toujours rempli d'espérance.
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Le Roman de Renart

Qui n'a pas entendu parler du Roman de Renart ?

Un classique, regroupement de plusieurs textes pour la plupart d'auteurs anonymes, qui dateraient du XII ème siècle pour les plus anciens.

Les animaux sont les héros de ces textes, en particulier Renart et Ysengrin.

La première partie nous conte les fourberies de Renart envers les autres animaux, la plupart du temps pour arriver à se nourrir. C'est un peu redondant, sans doute dû aux différentes versions, à lire à petites doses pour ne pas frôler l'indigestion. On peut y voir les prémices de la fable de Jean de la Fontaine, "Le Corbeau et le Renard". Le goupil ne sort pas toujours gagnant mais l'on peut voir combien sa faconde peut le servir pour arriver à ses fins.

J'ai trouvé la seconde partie mieux construite et plus intéressante. Il y est question du procès de Renart, il devra répondre de ses actes devant le roi et sa cour.

La plongée dans ces textes reste très intéressante d'un point de vue historique. Les auteurs se servaient déjà d'animaux pour moquer les humains et la société de l'époque. Un passage est tout de même plus dur que les autres : .

À lire donc pour un retour aux sources de la littérature et du roman médiéval.
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La Mort du roi Arthur

Je me rends compte, en couchant ces mots sur mon écran, du paradoxe que va représenter cette critique... Oui, je mets cinq étoiles à "La Mort du Roi Arthur" et j'en mettrai le triple si je le pouvais... et pourtant, j'ai rarement autant souffert à cause d'un livre, j'ai rarement eu autant envie d'un refermer un et de l'oublier à tout jamais... Il n'y a que Le Vicomte de Bragelonne qui m'ait fait cet effet, mais ça c'est une autre histoire.

Il n'y a rien de plus triste et de plus tragique que la fin d'un monde. Rien de plus terrible que de voir un héros triste, seul et vulnérable. "La Mort du Roi Arthur", c'est tout cela et cela laisse un gout de cendre et de larmes en bouche.

Grâce au Roi et à ses chevaliers, le royaume était en paix et la concorde régnait entre les clans et les hommes. La fin'amore régnait en maîtresse, à égalité avec l'amitié et la prouesse. Le monde d'Arthur était un monde idéal pétri de grandeur. C'était sans doute le rêve des auteurs des différentes branches de la légende et Camelot devait être le reflet de leur désir...

Le roman s'ouvre alors que la quête du Graal, l'ultime quête, s'est achevée: Galaad aurait été emporté au Paradis après avoir trouvé la coupe légendaire de Joseph d'Arimathie, Perceval a trouvé la mort dans son ermitage et Bohort rentre enfin chez lui. Lancelot, le beau Lancelot est toujours déchiré entre son amour fou pour la reine Guenièvre et sa loyauté envers Arthur. Il y a bien des mécontents à la cour mais ils sont encore fidèles et attachés au roi.

Comme souvent en littérature, c'est par l'amour que le malheur fait son entrée: Lancelot ne peut résister à sa passion pour la souveraine et lui qui s'était juré de ne plus jamais la revoir renoue avec elle. Les amants ne sont pas assez discrets (mais quels amants le sont vraiment?) et leur secret est éventé... Arthur ne peut plus ignorer la trahison de sa belle épouse et de son meilleur ami. Lui qui n'était que tempérance, grandeur et grand cœur entre dans une rage folle. Guenièvre est menée au bûcher. Lancelot parviendra pourtant à la sauver...en versant le sang du jeune frère de Gauvain. Le point de non retour est atteint... Arthur entre en guerre contre son meilleur ami et quitte la cour, laissant alors la scène au plus perfide des perfides, au plus manipulateur de tous: Mordred. Mordred le serpent qui à force de complots parviendra à prendre la place du roi jusqu'au combat final...

S'il y a quelque chose de pourri au Royaume du Danemark, il y a quelque chose d'empoisonné au Royaume de Logres... L'idéal est cloué au pilori, sacrifié sur l'autel de l'ambition, de la cupidité et de l'orgueil. Les vertus chevaleresques sont jetées en pâture aux traître et à la cruauté des hommes... Tout le roman se fait le témoin de cette atmosphère délétère et de fin du monde; de ces tensions d'autant plus douloureuses qu'elles séparent des amitiés qu'on croyait éternelles. La réalité rattrape l'idéal et ça fait mal, à Arthur et aux lecteurs... Dans cette tragédie toute de sang et de mélancolie, de désespoir même, les personnages changent... Lancelot se laisse consumer par sa passion. Gauvain est un fat et Guenièvre pèche par vanité. Arthur -et c'est ce qui me brise le coeur le plus sûrement- est esseulé, vieilli, trahi... Lui qui a été si grand devient si vulnérable...

La langue est sobre dans ce roman mais elle décrit parfaitement la décadence du royaume, la fin d'un monde. Elle dénonce aussi et surtout l'éternelle brutalité des hommes, la violence dont ils ne sont pas capable de se départir et leur capacité à salir ce qu'il y a de plus beau.

Roman pessimiste et désespéré, La Mort du Roi Arthur est aussi l'un des plus beaux écrits de la matière de Bretagne, l'un des plus profonds, des plus émouvants, des plus poignants... (et après tout: "les chants les plus désespérés sont aussi les plus beaux (...) a dit le poète). A cet égard, les dernières pages touchent au sublime même si elles mettent en scène le plus insupportable.
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La chanson de Roland

Comment comprendre un texte vieux de près de mille ans sans contexte ?

L'histoire se passe en 778 – vingt-deux ans avant que Charlemagne devienne empereur. Cela fait déjà dix ans qu'il est roi de France, et qu'il agrandit progressivement son royaume. Dernièrement, il a entrepris une campagne militaire en Espagne – assez peu réussie, d'autant plus qu'il est obligé de l'interrompre pour mâter une révolte des Saxons dans son propre pays. En traversant les Pyrénées pour revenir en France, son arrière-garde, dont son neveu Roland faisait partie, est massacrée par des montagnards chrétiens – la confession est importante, vous saurez bientôt pourquoi.

Il faut savoir que, dans La Chanson de Roland, on s'assoie sur l'histoire et on lui chie dessus.

Tout comme les lois de la physique et de la biologie.

Car c'est une chanson de geste : un récit versifié relatant des exploits guerriers appartenant au passé. Il y a beaucoup de sang, des batailles épiques, des duels acharnés, des boucliers qui volent en éclat, des boyaux qui se répandent, de cervelles qui coulent par les oreilles à force de souffler dans des cors… Bref, on s'amuse bien ! Mais pas trop quand même : le tout est saupoudré d'un enjeu religieux pour justifier les agressions. Car les Français sont venus envahir l'Espagne, mais : « À nous le bon droit, à ces canailles le tort », dixit Roland. Bon droit ? Bien sûr : c'est parce que nous, on croit au vrai Dieu. Et pas eux. Il fallait y penser.

D'où les nombreuses infidélités à l'histoire : Roland ne se fait plus agresser par des chrétiens, mais par l'armée de Marsile, le roi d'Espagne. Cette embuscade est le fruit d'une vengeance ourdie par Ganelon, le futur beau-père de Roland, qui s'est accoquiné avec les infidèles. Comment ? Un Français qui trahit son pays, est-ce possible ? Pas tout à fait. Il n'a pas vraiment voulu trahir son pays, seulement se venger d'un affront… En oubliant que l'homme en question étant le neveu du roi, cela ne pouvait qu'être un crime de haute trahison. Les ennemis sont de confession musulmane, ils sont retors, et les bons Français se battent à un contre dix.

Car voilà, l'ouvrage n'est pas très partial. Les Maures sont dépeints comme des êtres vils et sans honneur – ils fuient la bataille dès qu'ils sentent le vent tourner, les faquins ! Alors que ces braves Français, eux, se battent pour l'amour de Dieu et de Charlemagne. Ils n'ont pas peur de se jeter dans une bataille perdue d'avance – de toute façon, ils ont raison et Dieu est avec eux.

Les meilleurs des hommes, évidemment, sont les membres de la famille royale. Même leurs défauts sont des qualités : Roland et Charlemagne ont tous deux un caractère emporté qui leur jouera des tours, mais dont l'auteur parle avec complaisance. Autrement, je vous rassure, ils sont altiers, pétris d'honneur, de bonté, de droiture, du sens du devoir. La France a bien de la chance de les avoir à sa tête.

Cela ressemblerait si bien à de la propagande si Charlemagne avait été encore en vie. Mais ce texte a été écrit au 11e siècle, soit trois cents ans après son accession au titre d'empereur.

Pourtant, l'auteur n'hésite pas à en faire des caisses, et même à affirmer que Dieu envoie à Charlemagne des rêves prémonitoires, que le soleil arrête sa course pour lui permettre de rattraper les fuyards avant le crépuscule, que l'ange Gabriel lui apparaît pour le conseiller, qu'il a atteint l'âge respectable de deux cents ans, qu'il est resté sept ans en Espagne à domestiquer ces chiens de musulmans (d'ailleurs on fait pas trop la distinction entre Maures et Espagnols, parce que t'façon, au sud des Pyrénées, c'est rien que des infidèles), que sa sagesse est soulignée par la blancheur et la longueur de sa barbe (à laquelle on fait abondamment référence, au cas où le lecteur l'oublierait)… Indubitablement, Charlemagne a été choisi par Dieu pour régner sur la fille aînée de l'Église.

Au niveau du style, attendez-vous à être surpris : le style épique, contrairement au style narratif, préfère la répétition. C'est si déroutant, pour nous autres lecteurs du 21e siècle, qu'on dirait que l'auteur radote. Mais la répétition était un outil pour assurer la liaison entre deux laisses (deux strophes), souligner la progression, mettre en exergue des détails que l'auteur estime importants, faire un effet d'écho entre deux scènes, mais aussi pour donner une certaine musicalité au texte. Normal : la chanson de geste est destinée à être chantée et accompagnée musicalement.

En somme, j'ai passé un très bon moment. J'ai ri des exagérations, soupiré des caricatures et apprécié les batailles. Et surtout, je me suis sentie profondément dépaysée. La Chanson de Roland est un texte facilement accessible une fois traduit en français moderne ; et n'a pas manqué de me rappeler les shonen japonais et leurs scènes d'action démesurées. En vérité, ils n'ont rien inventé !
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La chanson de Roland

Un des plus vieux texte de la litterature francaise



Une épopée du temp de Charlemagne a placer aupres des grandes épopée de l'humanitée



Épopée de Gilgamesh irak

Odyssée grece

Énéide rome

Mahâbhârata inde

la geste de Sundjata mali

genji monogatari japon

bylines de Kiev russie

......
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Tristan et Iseult

Un roman d'amour INCONTOURNABLE !

Une magnifique histoire portée par les deux personnages principaux, Tristan et Iseult, amants cachés mais finalement retrouvés puis reniés...



Je vous conseille de regarder le film avec James Franco et Sophia Miles !



A lire !
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