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Critiques de Anonyme (675)
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Le Roman de Renart

Oyez, oyez, mes amis ! En ce beau jour, Noble le lion, roi de toutes les bêtes, a décrété une grande paix réunissant les animaux ! Que la poule ponde en paix sur son perchoir, que le lapin dorme tranquillement au fond de son terrier et que les agneaux s’ébattent dans les près, nul mal ne leur sera fait, car toutes les bêtes sont frères aux yeux de sa Seigneurie. Las, parmi les barons de la forêt, un triste sire ne semble guère enclin à respecter les ordres royaux : ce cuistre, c’est Renart le goupil, jamais à court de manigances et d’intrigues sournoises pour se remplir la panse et apporter le malheur chez autrui. Non seulement il a égorgé la malheureuse poule Copette, mais il a également tranché par ruse la queue d’Ysengrin le loup et, dans son immonde malveillance, a violenté l’épouse de celui-ci, la digne dame Hersent. Les grands seigneurs de la Cour s’en indignent et ils ont bien raison, car la longue carrière criminelle de Renart n’a que trop duré… Mais qui saura y mettre fin ? Car le goupil est perfide, son esprit est aussi agile qu’un oiseau et sa langue plus douce que le miel. Malheur à qui s’approchera de lui sans user de toute sa prudence, car il pourrait bien y laisser ses oreilles, son œil, ses griffes ou quelque autre partie encore plus embarrassante de son anatomie !



Qui n’a jamais entendu parler de Renart ? Héros du petit peuple du Moyen-Âge, ce redoutable bandit au poil roux a été l’objet d’un nombre incalculable de récits, dont beaucoup ne sont jamais parvenus jusqu’à nous. Bien avant les fameuses fables de La Fontaine, ces contes joyeusement amoraux décrivaient la société humaine par le biais d’animaux parlants et pensants : le lion Noble roi des animaux, le loup Ysengrin son connétable, l’âne Bernart son secrétaire, le bélier Belin son confesseur… Et, bien entendu, l’impayable Renart dont les aventures truculentes sont toutes prétexte à une critique en règle des grandes institutions médiévales, qu’elles soient laïques ou religieuses. Cet aspect satirique du « Roman de Renart » a un peu rouillé avec le temps, mais les vices qui y sont fustigés – l’avarice, l’orgueil imbécile, la jalousie, la paresse, la gloutonnerie, etc. – restent intemporels et, malgré les siècles écoulés, il est difficile de ne pas sourire face à tant d’humour et d’esprit corrosifs.



Renart lui-même est un curieux personnage, bien difficile à cerner. Père attentionné et mari aimant, il est également – si vous voulez bien me passer l’expression – un sacré petit salopard psychotique à fourrure ! Méchant comme une teigne, il ne semble avoir que deux grandes priorités dans la vie : se gorger de nourriture et nuire à autrui autant qu’il en est capable. Certes, ses nombreux crimes ne sont pas complétement dépourvus de circonstances atténuantes, dont la principale est la bêtise confondante de ses victimes. Non content de gober tous les mensonges du goupil, malgré la réputation de celui-ci, elles s’empressent également de lui pardonner ses actions passées dès que celui-ci fait hypocritement pénitence. Tant de naïveté mériterait bien un coup de pied au derrière, mais pas forcément d’être écorché vif ou énucléé, non ? Et dire que l’on classe généralement cela dans la littérature enfantine ! M’enfin, ça ne m’étonne guère, tout compte fait : j’ai toujours su que les gosses étaient des petits monstres sanguinaires…

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La scierie

Comme stanlopillo l'a écrit fort justement, il s'agit d'un véritable Ovni littéraire....que j'ai déniché par le plus grand des hasards... en feuilletant à ma médiathèque la liste des acquisitions...de 2013



L'anonymat et le sujet m'ont intriguée...un peu dubitative au début de ma lecture...surtout en venant de relire l'excellent récit du poète-ouvrier, Georges Navel..."Travaux"...et puis on est pris aux tripes... l'écriture est âpre, brute... à l'image de ce monde des scieurs, bûcherons dans les années 1950, où notre anti-héros, jeune bourgeois désargenté, orphelin de mère... ayant échoué à son bac, doit gagner sa vie...en attendant son appel pour le service militaire...

Ce récit couvre les deux années les plus éprouvantes mais aussi les plus denses de notre écrivain anonyme...



" Nogent-le-Rotrou, 4-2-53-

Maintenant, avec un an de recul, je vois ce que m'ont apporté ces deux ans qui m'ont paru si longs. C'est au fond la seule période de ma vie dont je sois fier jusqu'ici, car c'est la seule qui signifie quelque chose.

j'ai commencé, j'étais un gosse. J'en suis sorti, j'étais un homme.

Il m'en reste un immense respect pour le travailleur, quel qu'il soit et quoi qu'il fasse" (.p.141)



Un récit authentique sans fioriture… qui dit la violence d’un certain monde du travail, celui des scieries, des travaux de force en plein air, dans des conditions très éprouvantes, les « vacheries » que se font les ouvriers entre eux, alors que le travail est dangereux, et que les tâches nécessitent une solidarité vitale… - La scie, ce putain d’outil qui m’en fera tant baver pendant dix-huit mois. La lame, jamais fatigué, qui exige le travail de dix hommes pour la nourrir, pour la satisfaire- (…)

Cette vision de la rencontre de la lame et du bois, je ne l’oublierai jamais. Elle est d’un intérêt toujours renouvelé. Cette rencontre s’appelle –l’attaque-. Dans une scierie, tout le monde regarde l’attaque, le profane comme le vieux scieur qui, le front plissé, souffre avec sa scie, comme l’affûteur qui devine, rien qu’au bruit, si la lame coupe ou non.- (…)

Ce n’est pas pour rien qu’on appelle la scierie le bagne. Sortir de là-dedans, c’est une référence. Le gars qui a tenu le coup-là-dedans le tiendra partout, il porte la couronne des increvables. Mais cette couronne, il faut la gagner, il faut la payer, et elle se paye cher.(p.78)



Les descriptions du travail des gars à la scierie, par tous les temps, sont tellement « parlantes »et intenses… que nous, lecteurs, entendons les bruits infernaux de la scierie, des lames, des jurons des gars, souffrons avec ces hommes rudes, teigneux… mais aussi parfois tout simplement vulnérables comme des gosses. – Des fois, nous avons des accès de cafard qui se manifestent par des crises de rage ou d’abattement. Il ne reste alors, dans la pauvre cabane perdue dans la tempête et dans les bois, que deux grands gosses qui se serrent près du mauvais poêle- (p.99)



-Il m’entraîne et passe la main sur mes cheveux poissés et emmêlés. J’en pleure de plus belle. Il n’y a rien de tel que les brutes quand ils essaient d’être doux. C’est maladroit, gauche, empressé, en somme très sympathique et très marrant. (…) J’ai envie d‘être dorloté, tout simplement. Il est beau, le dur, le bûcheron ! Tout ce qui l’intéresserait, pour le moment, serait d’avoir une femme, pour se cacher la tête dans ses jupes. (p.107)



J’ai lu ce texte en une soirée, happée par la tension extrême du récit… parallèlement, les images d’un ancien film que j’adore, de Robert Enrico (1965)ne m’ont pas quittée : « Les grandes gueules », avec Bourvil, Lino Ventura…ce monde d’hommes, dans cet univers particulier des marchands de bois, des scieries, des bûcherons, ...une violence entre les hommes liée à la dureté du travail…On retrouve à des niveaux différents, une âpreté terrible, approchante…



Revenons à ce récit unique en son genre…qui a été édité initialement aux éditions de l’Age d’Homme, en 1975… et ceci grâce à l’enthousiasme et à l’intervention de l’écrivain, Pierre Gripari , dont les éditions Héros-Limite ont eu l’idée excellente de republier la préface de 1975 où Gripari explique la genèse de cette publication insolite.



Je laisse la parole à Pierre Gripari, tellement l’histoire de ce livre est incroyable et fort sympathique : - Ce récit n’est pas de moi (…) Il n’est pas de moi, mais je l’admire profondément. Bien plus : j’en suis jaloux, ce qui est bien la plus belle preuve d’admiration que puisse donner un écrivain. C’est pourquoi j’ai voulu et je veux qu’il soit publié, qu’il se lise, et tant pis pour ce qu’en dira l’auteur !

Car l’auteur, lui, non seulement ne veut plus écrire (alors que tant d’autres noircissent du papier, qui feraient mieux de s’abstenir !), non seulement se désintéresse de son œuvre (car c’est bien là une œuvre, dans le sens noble du mot), mais il ignore, en ce moment même, que je m’apprête à le faire publier. Si je l’avais écouté, je lui aurais rendu son manuscrit, qu’il aurait détruit, sans nul doute, depuis longtemps. Force m’est donc de le laisser dans l’anonymat le plus strict.

Un détail cependant : ce texte m’a été communiqué il y a plus de vingt-ans. A cette époque, je travaillais encore sur mon premier livre, celui qui devait s’appeler- Pierrot la lune-. Je le réécrivais pour la troisième ou quatrième fois, sans avoir trouvé le ton juste. C’est à la lecture de ces pages, écrites cependant par un garçon plus jeune que moi et qui ne songe même pas à devenir écrivain, c’est à la lecture de ces pages, dis-je, que j’ai trouvé mon propre style. – ( Présentation de Pierre Gripari, avril 1975 /p.7)



N.B : Je joins un lien pour découvrir ces éditions étonnantes Héros-Limite, dont je faisais la connaissance pour la première fois, avec cette réédition , qui ont pourtant été créées il y… 20 ans déjà…(1994), dont le catalogue est très riche et éclectique.

http://www.heros-limite.com/presentation



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Le Roman de Renart

Il n'existe pas, à proprement parler, de Roman de Renart, au sens où nous l'entendons aujourd'hui. Il n'a jamais été une oeuvre unique et cohérente avec un seul auteur mais une série de "branches" ou de contes où le goupil jouait le rôle principal.



La plus ancienne de ces branches, composée par un poète du nom de Pierre de Saint-Cloud, date du début du XII° siècle. Elle retrace la "grande guerre" qui opposa Renart à son compère, le loup Ysengrin. Elle connut un immense succès et suscita très vite de nombreuses imitations et additions. Dès la première moitié du XII°s, une quinzaine de branches s'ajoutent à celle de Pierre de Saint-Cloud. Cette vogue dura jusqu'au XIII°s où le poète Rutebeuf et d'autres moins connus composèrent de longs poèmes à la gloire du goupil.



Les auteurs des branches les plus anciennes s'étaient contentés de relater les exploits de Renart et les mésaventures d'Ysengrin sans leur donner de conclusion définitive. le récit prenait fin sur la scène où l'on voit Renart violer Hersent, la femme d'Ysengrin, sous les propres yeux de celui-ci. Les auteurs postérieurs reprirent le récit en faisant comparaître Renart devant toute l'assemblée des animaux pour y être jugé de son crime.
Lien : http://promenades-culture.fo..
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La Farce de maître Pathelin

Que dire sur "La farce de Maître Pathelin" autre que "C'est une pièce du Moyen-âge" ou "C'est une farce, genre très prisé au Moyen-âge", lorsqu'on est soi-même peu connaisseuse du théâtre médiéval (et c'est rien de le dire) ? Allez, il faut bien que je me lance, et si j'en viens à énoncer des platitudes, eh bien tant pis : vous n'aurez qu'à me donner des coups de bâton.



Je me suis tout de même un peu renseignée sur le sujet, histoire de ne pas avoir l'air complètement idiote, mais enfin, tout ça ne va pas très loin. C'est un poncif de préciser que les conditions de jeu du théâtre médiéval étaient très différentes de celles du théâtre d'aujourd'hui (première platitude, ça commence bien) ; encore que... Encore que notre théâtre de rue, qui connaît un bel essor depuis pas mal d'années, puisse nous replonger plus ou moins dans le bain. Bon, mais là n'est pas l'essentiel. Il me semble qu'on peut jouer "La farce de Maître Pathelin" aussi bien en salle comme en extérieur. Toujours est-il qu'il existe un problème de taille avec la lecture de cette farce : c'est que, justement, c'est une farce (seconde platitude, allons-y gaiement ! ) le propre des farces médiévales, c'est le jeu de scène, la gestuelle, les mimiques des acteurs: toutes choses qui sont difficilement palpables avec le texte seul pour support, d'autant que les didascalies sont rares. Toutes choses sur lesquelles reposait l'efficacité des farces, bien davantage, donc, que sur des textes ; d'ailleurs, des textes de farces médiévales, on en connaît assez peu. Celui-ci se tient cependant et se résume en une morale qui était le plus souvent celle des farces d'alors : tel est pris qui croyait prendre.



Pathelin est un avocat sans clients, désargenté, mais qui, voulant refaire sa garde-robe et celle de sa femme, trouve moyen de tromper un drapier à la foire. Il choisit du tissu, et réussit, à force d'arguments flatteurs, à l'emporter sans payer, promettant de s'acquitter de sa dette dans la journée. Lorsque le marchand vient réclamer son dû chez Pathelin, celui-ci fait alors mine d'être mourant ; pire, il affirme, avec la complicité de sa femme Guillemette, qu'il est au plus mal depuis des jours, qu'il n'a jamais mis les pieds à la foire de la journée (il est mourant, comment se serait-il rendu à a foire ??? ) Et voilà le marchand qui s'en va la queue entre les jambes, ne sachant plus qui croire ni à quel saint se vouer, se demandant si quelque diablerie n'est pas à l'oeuvre. Survient alors le berger Thibaud chez Pathelin, à qui son maître veut intenter un procès pour des raisons relativement raisonnables : le berger a tué pas mal des bêtes dont il avait la garde et les a mangées pour compenser son maigre salaire. Petite précision : le maître du berger est justement le drapier qu'a escroqué Pathelin, mais cela, Pathelin ne le sait pas. Voilà donc Pathelin au tribunal en tant que défenseur du berger, mais aussi à nouveau en présence du marchand (Pathelin s'est fait passer quelques heures plus tôt mourant, je le rappelle), auquel il tente de dissimuler son visage. le marchand le reconnaît, en perd ses moyens, s'en prend tout autant à Pathelin pour la question du tissu qu'au berger pour avoir tué des moutons, ce qui rend le procès terriblement confus et fait dire régulièrement au juge : "Revenons à nos moutons" (eh oui, l'expression vient de là !), d'autant que, sur les conseils de Pathelin, le berger ne répond que "Bêê" aux questions qu'on lui pose. le marchand en sera pour ses frais deux fois en une seule journée. Quant à Pathelin... il sera joué par le berger qui ne le paiera pas, et lui répondra invariablement "bêê".



Si la scène I, scène d'exposition, démarre un peu poussivement, avec un dialogue entre Pathelin et sa femme qui manque d'entrain, on est vite amusé par le discours flatteur de l'avocat, qui se joue facilement d'un marchand naïf. Mais les deux moments vraiment drôles à la lecture sont le passage où Pathelin joue les mourants (la ruse est bonne, mais sacrément gonflée !) et celui où, au tribunal, les deux affaires s'emmêlent de telle façon que le juge n'y comprend plus rien du tout. Donc, oui, c'est relativement amusant à la lecture, c'est bien ficelé, les personnages sont parfaitement réussis chacun dans leur genre, mais on sent bien que ça doit être dix fois moins drôle que sur scène - pour peu qu'on ne soit pas trop bégueule et qu'on apprécie un théâtre qui joue sur des ressorts simples et un comique bon enfant (et cependant sans aucune blague scabreuse, ce qui est tout de même à noter pour l'époque). Se contenter de lire la pièce en fait presque un objet de curiosité littéraire - et ce d'autant que plusieurs expressions courantes et proverbiales de la langue française en sont issues ; la pièce perd donc beaucoup de sa force à ce stade, et ce serait dommage d'en rester là, car je suis persuadée qu'il conviendrait bien au répertoire de certaines troupes de théâtre de rue et que son potentiel comique reste d'actualité. Me reste à pouvoir vérifier ça de mes yeux et de mes oreilles. Un jour, qui sait ?





Challenge Théâtre 2017-2018
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Tristan et Iseult

Catapultés au milieu du récit mythique de Tristan et Iseut, nous ne devrons pas nous attendre à ce que Béroul nous livre une histoire intégrale, depuis son début jusqu’à sa fin. C’est là l’une des premières déconvenues que peut découvrir le lecteur novice, non initié aux subtilités de la littérature médiévale ; les récits, oraux avant d’être manuscrits, font partie d’une tradition qui ne doit rien au copyright et dont chacun peut se faire l’auteur dans le sens médiéval du terme : c’est-à-dire « qui augmentent (en latin, le verbe augere, « augmenter », est apparenté au mot auctor), élaborent et enrichissent un canevas légendaire hérité » (préface de Philippe Walter).





Heureusement, la préface, justement, retrace les grandes lignes de la légende et, en nous rappelant les évènements qui précèdent ceux que nous rapporte Béroul, on peut se faire une idée de ce que nous loupons. On découvre donc Tristan et Iseut dans une mise en scène des plus rusées qui n’est pas sans rappeler les plus audacieuses marivauderies, à savoir : Tristan et Iseut, amoureux fous l’un de l’autre mais d’un amour impossible puisque Madame est épouse du Roi et Monsieur en est le neveu, ont été prévenu qu’un félon avait révélé leur liaison illicite au roi. Pour donner tort à cette mauvaise langue bien informée, Tristan et Iseut décident de mettre en scène une entrevue, faisant en sorte que le roi en soit informé. Ne se doutant pas que celui-ci viendra les espionner pour confirmer ses soupçons, ils simulent une scène de déconvenue qui rassurera le roi quant aux sentiments que lui voue son épouse. Et ainsi de suite, l’histoire se poursuit sur une trame qui ne déviera guère de celle-ci. Un félon prévient le roi de quelque entrevue amoureuse volée aux lèvres de Tristan ou d’Iseut, le roi décide d’avoir le cœur net, Tristan et Iseut se dépatouillent comme de possible, parfois avec succès, mais rencontrant aussi l’échec, brodant autour de cette liaison amoureuse un va-et-vient qui s’étend du soupçon à la confiance, de la satisfaction à la frustration, de la punition au pardon. La vie entière autour de ces trois personnages principaux semble consacrée exclusivement à suivre les dénouements d’une relation triangulaire plus alambiquée que n’aurait pu l’imaginer n’importe quel petit roman de la collection Harlequin…





Là où Tristan et Iseut se distingue (heureusement !) de la collection de livres à l’eau-de-rose, c’est dans l’origine surprenante de cet amour indéfectible qui lie les deux amants. Avec une pointe d’accent britannique –l’histoire se passe après tout aux Cornouailles- on désignera comme coupable : a lovedrink, philtre d’amour dont les effets sont toutefois limités à trois ans pour Béroul, mais dont ceux-ci seront éternels pour d’autres contributeurs médiévaux de la légende comme Thomas d’Angleterre. Tristan et Iseut en sont bien conscients et se lamentent parfois des malheurs qu’ils subissent à cause de ce simple philtre d’amour, avalé à leur insu.





« Seigneur, par le Dieu tout-puissant, il ne m’aime et je ne l’aime qu’à cause d’un breuvage que j’ai bu et qu’il a bu. Voilà notre péché ! »





On découvre également d’autres éléments burlesques que jamais aucun roman de la collection Harlequin n’oserait faire paraître : des scènes de meurtre si cruelles qu’elles en deviennent tordantes, une violence qui se déchaîne subitement puis se calme aussitôt, une franchise qui dépasse toute hiérarchie et un érotisme grivois bien caché derrière tout cela.





« La flèche part si vite que Godoïne ne peut l’éviter. Elle se plante en plein dans son œil, traverse son crâne et sa cervelle. L’émerillon et l’hirondelle n’atteignent pas la moitié de cette vitesse. La flèche n’aurait pas traversé plus vite une pomme blette. L’homme tombe, heurte un pilier et ne remue plus ni les bras ni les jambes. »





Et puis le récit de Béroul s’interrompt aussi brusquement qu’il avait commencé. Petites notes en fin de texte pour nous évoquer rapidement les suites rapportées par d’autres auteurs, afin de nous mettre l’eau à la bouche et de nous donner envie d’en savoir plus…







Que dire de Tristan et Iseut sinon que la lecture entière de cette légende nécessite de procéder à l’accumulation de plusieurs volumes d’auteurs différents, sous peine de n’en avoir qu’une connaissance lacunaire. Pour en apprécier la lecture, sans doute faut-il se mettre à la place d’un lettré médiéval qui dégusterait le texte moins pour son intrigue saugrenue que pour ce que ses différents auteurs et ce que sa symbolique peuvent révéler sur une époque et une région. Tout un public d’auditeurs qui se réunit autour de quelques auteurs dans le périmètre défini d’une région –n’est-ce pas l’image d’une cohésion au Moyen Âge aussi spectaculaire que celle qui permet aujourd’hui de réunir plus d’un million de spectateurs autour d’un prime-time de la Star Académie ? A bon entendeur…
Lien : http://colimasson.over-blog...
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Un monde paralèlle

La rebellion, la colère, le désarroi de l'adolescence, se manifestent de bien des manières.



Parfois, ils se cristallisent autour de structures existantes, telles que les bandes, ou les mouvements de jeunesse accompagnant les divers styles musicaux, culturels, vestimentaires.



Si certains de ces mouvements "tribaux", venus d'outre- atlantique ou d'outre-manche , sont considérés avec une relative bienveillance: Punks, Gothiques, Métalleux, quelques-uns, sont craints ou détestés presque unanimement.

C'est le cas des Skinheads.



Le mouvement Skinhead, né en Angleterre à la fin des années soixante, ne s'est implanté en France qu'au début des années 80, alors, qu'il avait connu des changements notables (musicaux et idéologiques) depuis ses débuts.



L'auteur anonyme de ce livre, revient sur l'histoire de la mouvance Skinhead en France au travers de leurs médias, c'est à dire les fanzines.



Les années 80 et 90, marquèrent pour le mouvement Skin hexagonal, une sorte d'apogée.

Les grands médias n'en donnèrent qu'une image sensationnelle, et tronquée, s'attachant à ne montrer qu'un aspect du mouvement ; ses accointances avec les divers courants de l'extrême droite, ignorant d'autres tendances, comme le courant apolitique, ou antiraciste qui accompagna le revival Ska de la fin des années 80.



"Un monde parallèle", revient de manière quasi exhaustive sur les fanzines Skins, et en donnant la parole à différents rédacteurs de ces publications démontre la complexité et les contradictions d'un mouvement qui rassemblait des jeunes partagés entre révolte, provocation, recherche identitaire.





Cette publication, au tirage et à la diffusion confidentiels (tout comme les fanzines qu'il présente), est une mine d'informations sur un mouvement véritablement underground, loin des clichés.

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Mademoiselle S.: Lettres d'amour 1928-1930

J'imagine aisément le plaisir troublant qui a dû étreindre l'ambassadeur Jean-Yves Berthault lorsqu'il a, par hasard, découvert les lettres enflammées d'une certaine Simone à son amant. J'imagine fort bien l'émoi qu'il a dû ressentir en s’immisçant ainsi dans l'intimité de la passion qui a uni ce couple d'amants.



Ecrites dans une langue superbe, ces lettres témoignent d'une passion charnelle des plus intenses. Et derrière la crudité des mots et des situations dépeintes, se dessine l'histoire d'un amour tout aussi intense. On lit dans les mots de Simone tout l'amour, toute l'adoration qu'elle portait à Charles.

Peu à peu, ces lettres dessinent le portrait d'une femme, magnifique, intense, vibrante. On est touché par la force de ses sentiments mais aussi par sa détresse. Par amour, Simone ose toutes les transgressions, s'affranchit de toutes réserves, brise tous les tabous (de l'homosexualité au blasphème). Et pourtant, Simone ne fut jamais libre, entièrement prisonnière de cet amour si intense qui lui étreignait le cœur, torturée par la jalousie, meurtrie par la peur de ne pas être aimée en retour. Elle n'a eu de cesse de supplier Charles de lui dire encore et encore qu'il l'aime, la désire, que c'est dans ses bras qu'il est le mieux.

Cette détresse donne à cette correspondance une teinte désespérée intemporelle, universelle. Quiconque a déjà souffert par amour ne peut rester insensible à l'amour absolu de Simone et à la peine qu'il lui a fait endurer.



Malgré tout, je n'ai pas été totalement emportée. Déconnectés de toute trame narrative, inévitable avec ce type d'ouvrage, le récit de ces ébats torrides, fantasmés ou réels, a un côté répétitif, redondant. J'avoue m'être parfois un peu ennuyée.



En dépit de cette réserve, j'ai passé un bon moment de lecture avec "Mademoiselle S". Je remercie chaleureusement Babelio et les éditions Gallimard pour cette belle rencontre avec Simone, une femme passionnée dont la plume sublime raconte joliment l'histoire de son amour éperdu.



Challenge Petits plaisirs 28
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La Farce de maître Pathelin



Voilà une farce bien grasse, peut-être un peu lourde à digérer, mais finalement , elle se laisse consommer avec un certain plaisir...



Typique de ces intermèdes comiques du Moyen-Âge entrecoupant les mystères, pièces religieuses assez ennuyeuses, elle présente des personnages classiques du genre: Maître Pathelin, avocat peu honnête, sa femme Guillemette, prête à "assister "son mari dans ses scènes de duperie, le naïf trompé, ici Guillaume, marchand de drap et un berger " L'Agnelet", pas si simplet que ça...



Entourloupe, trompeurs trompés, faux fou, vrai rusé, tribunal farfelu,les ficelles sont un peu faciles et banales, mais il faut reconnaître que les élèves s'amusent, notamment avec le comique de répétition , les fameux" Bêê!!!" de L'Agnelet...



Cette courte pièce ne laisse pas un grand souvenir, un mets vite avalé mais quand même épicé et goûteux...
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Everyman

Malgré mes réticences pour lire du théâtre médiéval, je me suis courageusement attelée à une Moralité : Everyman, sous-titré notamment dans l'édition de la Pléiade du Théâtre élisabéthain "L'Homme face à la Mort". Ah, mais qu'est-ce qu'une Moralité ? Apprenez, pour ceux qui ne sont pas encore au courant, que ce n'est ni un Mystère, ni une Passion, ni encore un Miracle, mais pas non plus un Jeu, une Farce ou une Sotie. Mais qu'est-ce donc là ? C'est une forme de théâtre qui n'est pas à proprement parler religieux, comme les trois premiers genres qui allaient chercher du côté des Écritures (on va mettre plein de majuscules partout aujourd'hui, c'est joli et original) ; ça ne faisait pas partie des spectacles commandés pour des fêtes liturgiques, pour être plus précise . Mais ça n'est pas non plus complètement du théâtre profane, comme les joyeuses Farces et Soties, parce que même si c'est parfois drôle (à condition d'avoir un sens de l'humour assez généreux), c'est fait pour dire aux gens qu'il faut vivre dans le respect de Dieu. Bon, en gros, c'est du théâtre didactique, qui entre dans l'ars moriendi, à savoir l'art de se préparer lors de sa vie à bien mourir. Les épisodes de peste, notamment, avaient provoqué cet élan pour l'ars moriendi, et on a de nombreux exemples d'œuvres littéraires ou plastiques qui s'y rattachent, particulièrement aux XVème et XVIème siècles (Everyman datant très probablement des années 1490). Nous reparlerons des arts plastiques plus loin. Autre spécificité des Moralités : elles sont en très grande majorité allégoriques.





Ici, nous avons donc un Dieu courroucé estimant que les hommes ne vivent plus dans la foi et qui demande à Mort d'aller voir L'Homme pour lui signifier de se préparer... à mourir. Tous les personnages sont donc des allégories : L'Homme n'est pas un homme parmi d'autres mais représente l'humanité. Nous avons également Mort, évidemment, mais aussi Compagnie (pour les potes de beuverie), Parenté (la famille), Cousin (les amis proches), mais aussi Biens (pour les richesses), Bonnes-Œuvres (à l'agonie), Conscience, Vigueur, Cinq-Sens et j'en passe. Il s'agira pour L'Homme, à la demande de Mort, d'effectuer un pèlerinage pour prendre le temps de "faire ses comptes" afin de bien se préparer à mourir. L'Homme est peu enclin à mourir, là, tout de suite, tente de négocier, voire d'acheter Mort, avec qui de tels procédés ne fonctionnent évidemment pas. L'Homme ira donc chercher quelqu'un qui voudra bien l'accompagner sur ce chemin difficile, le voyage le terrifiant (ah ben oui, il a pas commis grand-chose de bien dans sa vie, du coup son livre de comptes est pas joli-joli, mais bon, fallait y penser avant, hein).





Commencent les déconvenues avec l'accueil joyeux de Compagnie, puis de Parenté et Cousin, prêts à tout pour L'Homme en paroles, mais qui le lâchent aussitôt qu'ils apprennent pour quelle mission il est venu quémander leur aide. Il se tourne alors vers Biens, à qui il tient plus que tout (ce qui en dit long sur lui), et qui lui révèle ce qu'il n'avait jamais compris : la richesse, l'attachement excessif aux biens matériels de ce monde n'est que corruption, et quand L'homme sera mort, ses biens iront à des tas de types qui connaîtront la même corruption (c'est gai). Ca, c'est la partie comique - tout dépend de la façon dont on prend la chose ; disons que c'est écrit pour pouvoir être joué de façon comique, mais qu'au fond ça ne l'est pas tant que ça. Il ne reste donc à L'Homme qu'à se tourner alors vers Bonne-Œuvres (c'est pas trop tôt !), sauf que Bonnes-Œuvres est à moitié crevée par terre, ne pouvant même plus bouger. Heureusement, Conscience (avec d'autres) est là, et peu à peu L'Homme trouvera le chemin, dans le respect de Dieu et l'apaisement, vers la tombe.





Bon, je vais pas mentir, c'est ma première Moralité et ça n'est pas tout à fait le genre de trucs que j'ai envie de lire à tour de bras. Celle-ci n'est pas très longue (Dieu merci, il ne s'agit pas d'un de ces Mystères qui n'en finissent plus), donc on n'y passe pas des heures... sauf si on a tendance à somnoler à moitié de temps à autre, chose qui, oui, m'est arrivée, et a rendu ma lecture plus longue que prévue. C'est pas que j'ai baillé d'ennui à chaque page, mais enfin, j'ai pas non plus crié au génie après avoir fini la pièce. Elle n'est pas bien difficile à comprendre : L'Homme doit se détacher des biens de ce monde et même de ses attaches envers les autres pour pouvoir se préparer à sa fin et mourir dans la dignité et la foi. C'est d'une pédagogie carrément frontale, on peut difficilement échapper au message. On notera quand même en passant que L'Homme met pas mal de temps à se décider à donner ses richesses aux pauvres, et encore ne leur en donne-t-il que la moitié (l'autre moitié allant "à qui elle revient", donc je suppose qu'il s'agit de l'Église, censée en faire bon usage, ce qui reste encore à voir - pensons aux trafics de reliques, au Purgatoire et autres inventions destinées à enrichir le clergé, et qui n'aidaient pas beaucoup les plus démunis). Surtout, L'Homme me file la vilaine impression qu'il donne ses biens parce que bon, il a pas bien le choix et qu'il est grand temps... du coup, j'ai trouvé que c'était peu facile pour lui, malgré ses pleurnicheries, de trouver l'apaisement et de rétablir ses comptes, alors que c'est censé être un chemin de croix (ben oui, forcément). Cela dit, j'imagine qu'au Moyen-âge, on voyait ça d'un autre oeil que le mien et que le public était plus sensible que moi au tragique du pèlerinage de L'Homme.





Je ne vais pas discuter de l'intérêt en soi de la pièce, vu que je suis une nullité en théâtre médiéval et en Moralités (ainsi qu'en Mystères, Miracles, Jeux, etc.) Ce que j'y vois essentiellement, c'est l'influence d'une telle pièce sur Shakespeare (le dépouillement de Richard II, qui abandonne son royaume, les fanfreluches royales, etc.) ou sur Marlowe avec Faust. Mais comme je suis une passionnée d'arts plastiques, c'est encore plus à tous les memento mori qui fleurissent dans l'histoire de l'art que j'ai pensé en lisant la pièce : Transis dans l'Est de la France et l'Ouest de l'Allemagne aux XVème-XVIème siècles (dont l'exemple le plus connu en France est le Transi de René de Chalon par Ligier Richier), qui consistent en des sculptures représentant un défunt sous forme de squelette plus ou moins recouvert de peau, souvent avec des morceaux de peau en lambeaux, avec parfois des vers qui lui sortent des entrailles (comme c'est le cas pour la sculpture représentant Jeanne de Bourbon au Louvre), et assorti éventuellement d'un texte sur la mort qui surviendra et sur la pourriture de la chair. C'est tout le contraire des Gisants, qu'on voulait représenter comme s'ils étaient en vie. Everyman ou L'Homme face à la Mort se rattache donc à la même volonté de diffuser l'ars moriendi. Ce qui se retrouvera bien évidemment dans les memento mori du XVIIème néerlandais, avec leurs vanités sous formes de diverses natures mortes : fruits et légumes avec ou sans crâne et bouquets de fleurs avec pétales se fanant et mouches avertissant de la pourriture qui est à l'oeuvre.





Pour en terminer et révéler le fond de ma pensée, si je n'ai pas passé un mauvais moment avec Everyman, je préfère passer du temps devant un bon vieux Transi. Et puis c'est pas souvent que j'ai l'occasion de parler de Transis...
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Les Mille et une nuits : Sindbad le Marin

"Les Mille et Une Nuits" est un recueil qui narre les nuits où la jeune Shéhérazade, fille de vizir, invente une multitude de contes pour distraire son mari, le sultan des Indes, et échapper à la mort.

Elle raconte, de la nuit 69 à la nuit 90, les sept voyages du marin marchand Sindbad, de Bagdad, qui part de Bassora pour un voyage en mer, car il s'ennuie. Il prend la route des Indes orientales... Le bateau coule, "Je n'eus que le temps de m'accrocher à une pièce de bois...", ensuite il échoue sur une île pas si déserte que ça... et il lui arrive des histoires fantastiques.

Et, au long de sa vie, il fait en tout sept longs voyages en bateau, et tombe sur des mauvais capitaines, ou joue de malchance, car il finit toujours accroché à une planche de bois comme le pirate Barbe-rouge d'Astérix !

Mais Dieu le protège, car il se sort toujours de situations rocambolesques : il quitte la vallée des diamants accroché à la patte d'un rock, il échappe de peu à l'engloutissement par des serpents géants, ou bien à un cyclope anthropophage...

D'un autre côté, les rois sont généreux, dans ces contrées du IXè siècle : )

Sindbad, passionné d'aventure et de voyages, est protégé par sa bonne étoile, par Dieu.

.

"7" est un chiffre magique, gare à celui qui le dépasse : )
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Les Mille et une nuits : Sindbad le Marin

Plaisant moment de culture que ce court mais trépidant extrait des Mille et une nuits auquel je n'avais jamais été confrontée, contrairement aux deux autres fameux Aladin et Ali Baba.



Il en voit de toutes les couleurs ce brave Sindbad, au cours de ses sept voyages : Balayé par les tempêtes, enlevé par des corsaires, mis à l'engraissage par des pygmées anthropophages, enterré vivant, menacé par des serpents et volatiles géants, ouf ! Mais lui s'en sort toujours, grâce à un solide bon sens, un instinct de survie à toute épreuve (quitte à ce qu'il s'exerce au détriment de ces semblables), et à la main de Dieu, de la nature et des potentats locaux qui chaque fois récompensent ses efforts de leurs prodigalités vertigineuses : diamants, bois rares et autres épices. Et chaque fois, Sindbad revient à Bagdad, et chaque fois il repart…



Récit initiatique, conte oriental propre à ravir les yeux d'enfants et déciller ceux des plus âgés : je me coucherai moins bête ce soir.

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La Vie de Lazarillo de Tormes

La lecture de Don Quichotte m'a donné envie de relire ce court récit que j'avais étudié à la fac.

De la veine des romans picaresques, celui-ci se veut être une autobiographie d'un jeune Espagnol dans l'Espagne du 16ème siècle, soit le Siècle d'or marqué par la Reconquista et la découverte de ce qui deviendra les premières colonies espagnoles sur le continent américain.

Lazare est un enfant élevé dans la misère, son père étant mort lors d'une expédition contre les Maures après avoir d'abord été emprisonné. Débrouillard, poussé sans cesse par la faim, il va de maîtres en maîtres, maltraité en général et poussé à subvenir lui-même à ses besoins vitaux.

Cette autobiographie est prétexte à la critique de la société espagnole vue par les yeux d'un miséreux: hidalgos fauchés, religieux avares ou corrompus tout comme les alguazils (ceux qui détenaient la justice).

Le livre est plaisant, notamment la première partie où on assiste aux débuts du petit Lazare et à ses déboires tout en retrouvant l'Espagne encore très influencée par la présence des Maures autant dans le vocabulaire que dans la société multiculturelle. Les derniers chapitres semblent s'essouffler un peu en cumulant les différents maîtres qui, sitôt rencontrés, sont aussitôt remplacés par le suivant.

Presque contemporain de Don Quichotte, il décrit la même Espagne mais d'un genre très différent.

Il ne me reste plus qu'à lire maintenant La vie du truand Don Pablos de Ségovie, vagabond exemplaire et modèle des filous, de Francisco de Quevedo, autre roman picaresque contemporain de Don Quichotte et qui a d'ailleurs inspiré la fabuleuse BD Les Indes Fourbes d'Alain Eyroles.
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Les derniers terriens - Une aventure spatia..

Au 40ème siècle, un engin venu de la douzième galaxie s'est posé sur la Terre.

Il est venu informer les humains de la catastrophe qui les guette : un plan de destruction imaginé par les 'Tans" qui détiennent un explosif inimaginable avec lequel ils espèrent faire sauter la Terre.

Mais c'est insensé !

Pourquoi tant de haine ?

Position 03, allumez fusée 5 ...

Une heure plus tard, le vaisseau du plus célèbre commando de l'espace décolle vers la douzième galaxie.

Son équipage est formé du fameux trio A.B.C. ... Artt, Beex et Cylia !

Vous êtes soucieux, Artt ?

Pourtant ce n'est pas la première fois que vous volez vers l'inconnu !

Car déjà dans le 988ème numéro du journal de Tintin, une première aventure vous avait vu affronter "les hommes de plomb".

Un second supplément suit toujours un premier ...

Dans le 997ème numéro de l'édition française du même journal, le commando "I" repart vers de nouvelles et sidérales aventures.

Ce supplément BD est composé de 31 mini-planches de format A5.

Il a pour titre "Les derniers terriens".

C'est, à mon sens, une pâle imitation des pionniers de l'espérance.

Le dessin rappelle un peu le style du graphisme d'Eddy Paape, mais en bâclé !

Le récit est sans aucun intérêt.

Le plan pour sauver la terre est d'une indigence et d'une naïveté à tomber par terre !

Artt veut "kidnapper" le chef "Tan" et le garder en otage jusqu'au moment où ses fidèles abandonneront l'idée de faire un feux d'artifice avec la Terre.

Sacré Artt !

D'ailleurs, il est temps de lui dire : il est venu pour rien.

Les savants de"Tana" avaient déjà réglé le problème ...

Autant vous dire qu'après un fiasco pareil, la BD n'a même pas été signée.

Et que les trois membres du commando "I", après avoir été licenciés et avoir pris une retraite bien méritée, ne sont jamais reparus nulle part dans l'univers de la BD, ni sur aucune planète de notre système solaire ...

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Le Roman de Renart

Il aura fallu que je participe au CHALLENGE ABC 2020/2021 et que j'aie des difficultés à remplir la lettre X pour que je redécouvre et que je relise le Roman de Renart qui traine dans ma classe depuis plusieurs décennies. Oeuvre classique et célèbre de la littérature médiévale, "Le roman de Renart" nous conte les aventures de Goupil le renart/d et son ennemi juré le loup Ysengrin ou Isengrin selon les versions. Beaucoup de ruses contre et de mépris pour le loup dans ce livre et une fascination pour le personnage de Goupil, qui pourtant est insupportable... Un peu surranné , un peu désuet, un écrit qui a un certain intérêt linguistique et qui peut renvoyer à d'autres textes classiques comme les fables d'Esope ou celles de Lafontaine dans lesquels les figures animalières personnifiées permettent de critiquer leurs "équivalents" humains.
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La chanson de Roland

J'ai vraiment apprécié ce texte médiéval. Je n'en connaissais pas le contenu dans le détail et c'est ma fille qui l'a abordée en classe et qui m'a donné envie de m'y plonger.

Nous l'avons donc relu ensemble dans le texte, alors que c'est une partie de l'histoire seulement qu'elle avait abordé.

L'histoire de Charlemagne, la fidélité de Roland, la trahison de Ganelon et la vengeance du roi en font une histoire passionnante et cruelle.

Les récits de bataille sont assez crus et parfois choquants de détails.

C'est en tout cas une belle manière d'aborder cette période de l'histoire, c'est plus motivant pour les enfants que d'apprendre par cœur des dates...
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Mademoiselle S.: Lettres d'amour 1928-1930

Il me reste toujours un petit peu d'embarras au moment de m'immiscer dans l'intimité des autres, même si les faits remontent à presque un siècle maintenant. Et difficile de trouver plus intime que des lettres d'amour, surtout à caractère érotique, qui ont dû beaucoup compté dans la vie de leur auteure, quand on voit le soin avec lequel elle les a conservées.



Ces lettres racontent l'histoire d'amour entre Simone et son amant Charles. Cet amour est malheureusement est asymétrique : Charles est marié, plus jeune, et tout semble indiquer que leur relation, si elle ne tenait qu'à lui, ne durerait pas bien longtemps. Pour Simone, au contraire, Charles est l'amour de sa vie, l'homme pour qui elle abandonnera toute pudeur et les convenances de son rang. Elle semble bien consciente de la fragilité de leur relation, et tente d'obtenir des serments de fidélité qui n'arrivent jamais (ou qui ne la convainquent pas complètement).



Pour conserver son amant, Simone décide de réaliser tous ses fantasmes, qu'elle lui détaille dans ses lettres dans les termes les plus crus (les lecteurs persuadés que leur génération a inventé la sexualité risquent d'ailleurs d'avoir une drôle de surprise). Ses déclarations passionnées (« Tu n'oseras jamais demander de pareilles choses à d'autres femmes que moi », « Nous ne pourrons jamais nous quitter après avoir connu tant de plaisir ensemble », …) sonnent toutefois comme des interrogations angoissées. Car cette stratégie ne fonctionne qu'à moitié : si à chaque dispute, Simone fait miroiter à Charles un fantasme un peu plus audacieux que le précédent, ce dernier, une fois ses sens assouvis, prend toujours plus fermement ses distances. Par dégoût ou par peur de ses fantasmes homosexuels (sodomie passive, inversion des rôles, …) ? L'époque n'aide sans doute pas à les assumer, l'impératif de virilité non plus.



On pourra reprocher à Charles sa lâcheté, ou à Simone son amour obsessionnel, à en devenir étouffant. On pourra également grimacer devant les fantasmes des deux amants, qui ne sont toujours pas devenus courants à l'heure actuelle. Quant à moi, je retiendrai surtout cette passion entière, sans compromis, qui n'existe qu'une seule fois dans une vie. Les lettres ont tendance à se répéter, surtout vers la fin où on s'intéresse plutôt au dénouement final de cette histoire, mais Simone méritait bien de passer à la postérité.
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Mademoiselle S.: Lettres d'amour 1928-1930

J'ai reçu ce livre dans le cadre de masse critique et je remercie Babelio et les éditions Gallimard/Versilio de m'avoir envoyé ce livre.

Mademoiselle S, Simone, femme amoureuse d'un homme marié, Charles. Elle écrit à son amant des lettres d'une passion brûlante, d'un érotisme plus qu'osé, pornographique. Tantôt, elle résume leur rencontre précédente, tantôt, elle prépare la suivante. Simone veut tout donner à son amant, animée de la peur de le lasser. Elle l'aime dans sa chair, son corps, son cœur, prête à se meurtrir pour lui. Elle va au-delà des fantasmes de Charles. Hélas, peu à peu, peut-être par lâcheté face à cette passion dévorante, Charles, lentement, s'éloigne. Simone lui écrit sa peur de le perdre, imagine des scènes d'un érotisme violent pour combler encore et encore son amant. Jusqu'aux dernières lettres, devenues déchirantes, ...

C'est un recueil de lettres d'amour enflammé, découvert par un diplomate lors du déménagement d'une amie. La plume trahit la condition de Simone. On sent la femme éduquée de façon bourgeoise. Pour son amant, elle se pervertit plus que de raison, dans le but de l'ancrer dans son amour.

Les lettres sont écrites dans un style superbe. Parfois, je me suis dit que j'aurais aimé qu'une femme me livre de telles missives, passionnées et brûlantes et ensuite, je pense que cette passion dévorante, déraisonnée m'aurait effrayé au point de vouloir quitter Simone, peur de l'étouffement.

Pour masse critique, j'ai lu cette correspondance qui est née d'une passion qui dura deux années en une traite. C'est peut-être là que j'ai un grief à donner. Recevoir ces lettres et les lire au fur et à mesure qu'elles sont déposées dans une boîte aux lettres comme l'a sans doute fait Charles devait les rendre digérables. Les lire d'une traite, l'une derrière l'autre rend ce livre écœurant de trop d'amour et d'érotisme. Je pense que pour apprécier ce livre, il faudrait le lire, l'abandonner puis le reprendre, en tentant de lui donner le rythme d'une correspondance qui glisse presque au quotidien dans votre boîte aux lettres. Je crois que je vais le reprendre de cette façon, le déguster lettre par lettre, une par jour, voir une par semaine, en me mettant dans la peau de Charles qui se prépare à leur prochaine rencontre tout en appréciant encore les relents de leur relation précédente.

Bref, oui, à lire mais en y trouvant le bon rythme de peur de s'étouffer de l'amour et de la passion de Simone.

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La scierie

Le voilà le fameux libraire qui me fait acheter des livres sur ses alléchants billets de couvertures! Identifié, il m'a fait lire l' Homme qui savait la langue des serpents, Petits animaux, l'Art de la joie, adore Les Saisons, j' en passe, aveuglement je pense que je peux lire tout ce qu'il proposera dorénavant. Il me sort ainsi deux-trois titres remarquables selon lui, (dont un, invendable mais quand même on en lit pas souvent des comme lui - je me le garde pour plus tard).

Je termine La Scierie.

Auteur anonyme. Un gars désintéressé par l'écriture, file l' histoire à son copain qui trouve ça bon mais n'en fait rien, et quand même, il peut pas garder ça pour lui, et va finir par l'éditer 20 ans plus tard, en 1975.

C'est une vraie transmission ce livre, il se passe de main en main, on sait pas trop comment il arrive entre les notre. Comme le narrateur du reste, 18 ans, qui se retrouve non préparé à bosser dans un monde inconnu qui pourrait bien l'engloutir : le travail du bois à la scierie. Il a deux ans avant d'être engagé dans l'armée, faut qu'il fasse vivre le reste de sa petite famille, et il a pas peur de se servir de ses mains.



Rentrer dans ce bouquin, c'est étouffant de fatigue musculaire, d'épuisement physique, de désenchantement, d'odeur et de bruit assourdissant, de conditions météo dévastatrices, et surtout de mauvaise gens! Il s'attendait pas à ça notre gars, et nous pas à ce point.

140 pages d'une autre époque.

Obligé de bosser en équipe avec des mesquineries du diable, c'est à qui fera le plus chier l'autre, le mettre en danger, lui en ferra voir. Qui s'est le bonhomme bon dieu! J'ai 55 ans je vais te montrer qui est le plus fort blanc bec, jusqu'à j'ai 20 ans tu vas voir que je vais t'enterrer sale con. Pas vraiment une ambiance amicale et bienveillante dans l'épreuve. Côté féminin c'est pas un tableau tellement plus réjouissant.

La vision du narrateur est donc très old school, mais nous apparait si authentique et si réelle qu'on se rappelle que c'était comme ça dans le temps, tendance macho sur les bords, rapports à la force, orgueil d'être fort, de pas pleurer, d'être dans le dur, ambiance générale qui exacerbe la virilité. C'était comme ça de mon temps, j'en ai vu d'autre de mon temps. Ce livre est puissant parce qu'on le lit, on lit et on comprend, on se rappelle encore, et on lit tout et on dit punaise mais lis ce livre, j'te jure tu vas voir ce que tu vas voir. C'est pas pour les tendres et tu vas t'y référer longtemps!

(le monde a quand même su changer. on souffle)





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La Légende de Saigyô

Saigyô monogatari, la légende de Saigyô, est le récit d'un homme, tout juste devenu père de famille, qui quitte la capitale pour mener durant cinquante ans la vie d'ermite et d'ascète itinérant à travers l'archipel japonais, partant à la rencontre des autres et de lui-même. Tenu pour cela pour un saint, il est aussi reconnu pour avoir composé des milliers de waka, les poèmes traditionnels nippons, en faisant alors le plus grand poète du pays si l'on en juge par leur reprise dans de multiples anthologies publiées dans les siècles qui suivirent.



Saigyô (de son nom laïc Fujiwara no Norikiyo) vécut au XIIème siècle, et le présent récit de ses pérégrinations, sorte de biographie romancée, a connu de multiples versions, anonymes. La présente, traduite par le grand René Sieffert, lui est apparue la plus fiable. Elle date d'une cinquantaine d'années après la mort de Saigyô.



Le livre alterne le récit en prose de son voyage incessant parsemé de haltes et de rencontres, dans un style très élégant, et les poèmes de Saigyô. Il est très richement illustré, en dégradés de gris, de scènes du manuscrit Saigyô hôshi jô, réalisé vers 1661-1673, et conservé à la Bibliothèque nationale de France. Sur le plan formel, ce petit format des éditions Allia apparaît très précieux, avec son joli papier beige et de bon grammage et sa superbe couverture qui rappelle le sépia.



L'histoire, elle, c'est la décision de cet artiste, au départ laïque, Norikiyo, qui ayant reçu tous les honneurs du couple impérial, prend conscience qu'il pourrait trop s'attacher à la vie, cela n'est pas conforme à l'esprit bouddhiste. En conséquence, il décide de laisser là sa femme et sa toute jeune fille pour partir en retraite du monde…Il va ainsi parcourir la campagne, du nord du Honshu à l'île de Shikoku, livrant ses poèmes, inspirés par la nature. Car cette nature, les plantes, les animaux, l'eau, le ciel, la terre et les saisons sont une source d'inspiration permanente. Ainsi cet hommage à l'automne qui vient :



Même de celui

Qui des choses d'ordinaire

Point ne se soucie

Il touche et remue le coeur

Le premier vent d'automne



Mon coeur qui aspire

Plus que tout à s'éloigner

De ce triste monde

Un instant encore retiens-le

O lune des nuits d'automne



A l'heure où songeur

Longuement je la contemple

L'aspect de la lune

Ne fait qu'ajouter encore

A ma mélancolie.



Son voyage est aussi marqué par les rencontres. Souvent hébergé pour une nuit chez l'habitant, il côtoie le malheur des autres (que de manches de kimonos mouillées !), leur apportant un peu de réconfort. On sent parfois que toute cette misère du monde, et peut-être la solitude, par moments, lui pèse :



Quelque part au loin

Dans l'étroit creux du rocher

Tout seul je voudrais

Sans souci des yeux d'autrui

Méditer tout à mon aise



Me prenant en pitié

Pourquoi n'est-il donc personne

Pour me venir voir

En ce logis où pensif

J'entends le vent des roseaux



Sans briser de branches

Au plus profond des montagnes

Je veux pénétrer

A la recherche d'un endroit

Où nul ne parle de malheur



Au terme de cette si longue absence, celui qu'on appelle désormais Saigyô va retrouver sa fille et son épouse, elles-mêmes devenues nonnes, puis s'éteindre quelques temps après, donnant l'image d'une famille à jamais unie, qui vivra une renaissance dans la Voie Bouddhiste.



Ce texte a fortement inspiré Bashô, qui vécut un type de pèlerinage assez similaire, bien que plus laïc et parsemé cette fois de haïkus, relaté dans son superbe La Sente des contrées secrètes (Oku no Hosomichi, critiqué ici même dans sa belle édition Olizane).



Ce petit ouvrage, qui avait initialement été publié en 1996 aux publications orientalistes de France (POF), méritait bien une nouvelle publication pour une diffusion moins confidentielle, et dans une forme à la fois pratique et qualitative.

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Tristan, tome 1 : Le philtre

Je dois dire que j'ai adoré la façon d'écrire cette histoire.

Nous débutons l'histoire dès l'arrivée de Joseph d'Arimathie en Grande Bretagne. Dans l'Evangile ce dernier était un disciple de Jésus et avait réussi à obtenir le corps de Jésus et de le déposer dans un tombeau plutôt que de le laisser en croix.

Au fil de cette histoire, nous avons plusieurs descendances qui se suivent et on nous conte les récits chevaleresques de certains protagonistes que nous abandonnons petit à petit pour arriver à Tristan, Arthur et Lancelot du lac.

Ce premier tome est particulièrement axé sur Tristan. Il est né dans la tristesse car il a perdu ses deux parents dès son plus jeune âge et pourtant il sera le plus valeureux et le plus redouté de tous les chevaliers. Avant d'être adoubé, il va devoir faire ses preuves et nombre de chevaliers commencent à le craindre de part sa renommée.

Au cours de ses différents voyage, il va rencontrer la belle Iseult la blonde en Irlande. Il va être ébloui par sa beauté.

Cependant le roi Marc de Cornouaille la veut pour épouse et chargé Tristan de la lui ramener, pensant ainsi le mener à sa perte. Mais Tristan est un valeureux chevalier et arrive à obtenir Iseult. Cependant, sur le trajet du retour, ils boivent le Philtre d'amour concocté par la mère d'Iseult pour sa fille et le roi Marc. Tristan et Iseult deviennent donc définitivement amoureux l'un de l'autre.

Tristan doit rendre Iseult au roi Marc et cela ne l'enchante guère. Ils vont vivre de nombreuses péripéties avant de se présenter en Cornouaille.

Il est à préciser que le peuple de Cornouaille était très couard et que sans Tristan ils n'auraient jamais obtenu leur liberté sur le tribut à payer.

De nombreux chevaliers sont relatés au cours de l'histoire, notamment Lancelot du lac qui est régulièrement évoqué tout comme Arthur sans rentrer dans leur propre histoire et qui le seront certainement dans les autres tomes.



J'ai aussi beaucoup apprécié le petit clin d'oeil à la légende d'Oedipe en attribuant des noms différents aux personnages mais on reconnaît bien l'histoire.



Je trouve que la couverture du livre reflète totalement son contenu et on ne s'attend pas à moins.

Je me suis totalement sentie emportée dans ce temps chevaleresque et un peu magique et je recommande vivement ce premier tome.



Je tiens à remercier Babelio et les éditions Anacharsis pour l'envoi de ce livre que j'ai littéralement adoré.
Lien : https://fantasydaniella.word..
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