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Citations de Bibliothèque nationale de France (39)


Ce fut au temps où les arbres fleurissent,
Où les bocages se couvrent de feuilles, où les prés verdissent,
Et où les oiseaux dans leur latin
Doucement chantent au matin,
Et où toute chose de joie s'enflamme,
Que le fils de la dame veuve
De la forêt désolée et solitaire
Se leva ; et c'est avec entrain
Qu'il mit sa selle
A son cheval de chasse et qu'il prit
Trois javelots ; et c'est de la sorte
Qu'hors du manoir de sa mère il sortit.

Chrétien de Troyes : Perceval
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Un jour de séminaire, au square Rapp, Barthes, l'éveilleur d'esprit, avait lancé cette formule à la fois énigmatique et d'une clarté déconcertante : "La littérature, c'est la rature." Barthes faisait confiance au symbolisme fortuit des mots. Or, c'est un fait : la rature est littéralement rivée à la chose littéraire ("litté-rature") et la langue française ne permet à aucun moment d'oublier qu'en matière de littérature, le grand art ne consiste pas pour l'écrivain à brûler les étapes de la rédaction, à avancer tête baissée vers un achèvement prématuré du texte, mais au contraire à retarder l'irréversible, à saisir chemin faisant toutes les opportunités d'un retour sur soi de l'écriture. L’œuvre à l'état naissant ne prend vraiment connaissance de ce qu'elle cherche à devenir que dans l'espace du doute et de la reformulation, à travers ses propres repentirs. Replacée dans le champ des curiosités homophoniques, cette relation native entre rature et littérature peut d'ailleurs se lire comme une sorte d'injonction - "Lis tes ratures" - qui constitue en effet l'un des impératifs catégoriques majeurs du métier d'écrivain : une vigilance comptable des métamorphoses infligées aux formes et aux significations par laquelle l'écrivain élucide le sens de son projet pour pouvoir le mener à bien, avant que d'autres - les généticiens du texte - n'aillent y rechercher, après coup, les indices de son itinéraire créatif.
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Redonner à toute démarche créatrice sa dimension propre d'aventure spirituelle, c'est à quoi dans le registre de la mystique de Perse, s'était attaché Henry Corbin. Et c'est à ce dernier que je dois d'avoir approché de plus près l'oeuvre de Marcel Brion.
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On a l'impression que Marcel Brion se promène à travers les siècles avec une aisance extraordinaire, comme un elfe: qui prend ceci aux Grecs, qui passe au Moyen-Age, qui passe à la renaissance. C'est un homme de tous les siècles.

Michel Déon
Marcel Brion : un irlandais ami de Joyce, l'Irlande dans son oeuvre
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ELLE EST COUVERTE D'ARDOISES. Sous-entendu : Les crapauds ne montent pas dessus. Se dit d'une femme trop belle ou trop bégueule pour qu'il n'y ait pas folie à vouloir la grimper comme une simple drôlesse.
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Fantômes, sorcières, maléfices, nains des marais, apparitions soudaines de gens étranges qui au milieu de la campagne vous récitent tout d'un coup une ballade de leur invention, tout cela se retrouve dans les écrits de Marcel Brion, dans ses nouvelles.
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1912-1913 : Année de philosophie au lycée Thiers à Marseille, non sans réticence au début, jusqu'à sa rencontre avec Marcel Pagnol : les deux jeunes gens, si différents apparemment -- mais tous les deux aiment la boxe, le cinéma et la poésie- se lient d'une amitié profonde que l'éloignement de leurs existences ne ternira pas.

Biographie de Marcel Brion
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Chez Marcel Brion, le seul survivant c'est le conteur, qui est là pour témoigner de la vérité de l'histoire, fable ou fiction, réel ou imaginaire; poésie certainement. Car l'errance n'est pas autre chose que l'image de la vie (...), où notre double se promène, un double inquiétant, une grimace du destin.

Méditerranée des dieux et des hommes
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Père du doux repos, Sommeil, père du songe,
Maintenant que la nuit, d’une grande ombre obscure,
Fait à cet air serein humide couverture,
Viens, Sommeil désiré & dans mes yeux te plonge.

Ton absence, Sommeil, languissamment allonge,
Et me fait plus sentir la peine que j’endure.
Viens, Sommeil, l’assoupir & la rendre moins dure,
Viens abuser mon mal de quelque doux mensonge.

Jà le muet silence un escadron conduit,
De fantômes ballants dessous l’aveugle nuit,
Tu me dédaignes seul qui te suis tant dévot !

Viens, Sommeil désiré, m’environner la tête,
Car, d’un vœu non menteur, un bouquet je t’apprête
De ta chère morelle, & de ton cher pavot.

Pontus de Tyard
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Les ouvrages de Marcel Brion consacrés aux grands créateurs que furent Léonard de Vinci, Michel-Ange et Rembrandt témoignent d'une fervente admiration pour le génie humain en son universalité.(...)
Si l'esprit a un sens, c'est grâce à ces génies créateurs , grâce à ceux que Victor Hugo dans William Shakespeare nomme "les génies", et que Baudelaire dans Les Fleurs du mal célèbre comme "les phares". L'idéal universel de l'humanité s'exprime chez Marcel Brion dans l'ardente analyse de ces individualités puissantes et inventives que furent Léonard, Michel-Ange et rembrandt. Il n'a pas écrit de pures biographies, comme il est possible de le faire, en cherchant le détail historique, la suite des événements, pour chacun de ces génies. Il a écrit, d'une façon adaptée à chaque cas, leur biographie spirituelle, et, si j'ose dire, l'histoire de leur sujet créateur en son développement propre. Le Michel-Ange est plus proche de la biographie psychologique, tant la personnalité mélancolique du divin maître a été agitée et perturbée par les événements quotidiens, et par les humeurs papales. Le Léonard de Vinci respire au contraire une plus grande sérénité tant la polyvalence du génie y est présente. Et le Rembrandt décrit en profondeur tous les tourments de l'âme d'un artiste qui se cherche sans cesse; le texte de Marcel brion me semble ici un pur chef-d'oeuvre de psychologie de l'art. L'"événement de l'âme", événement purement spirituel qui détermine pour l'âme son pélerinage intérieur, autrement dit l'accomplissement de sa vocation en une destinée personnelle, tel est ce qui prend ici le dessus, dans une mangnifique biographie spirituelle.
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Marcel Brion se plaçait sur la crête de l'esprit, dont les deux versants absorbent l'un la lumière, l'autre l'ombre. S'il a admirablement pratiqué la clarté des idées, il a été fasciné, fait si rare en France jusqu'au Surréalisme, par les ténèbres de l'âme profonde et il a cherché les racines et la sève de la sensibilité dans l'inconscient: il y a voué sa carrière de romancier, depuis Les Escales de la haute nuit, Château d'ombres, Le Théâtre des esprits, Le Pré du grand songe, Les Miroirs et les Gouffres, aux titres hautement significatifs, jusqu'à cette Villa des hasards, dont l'apparition aura précédé de si peu de jours son propre départ.
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Redonner à toute démarche créatrice sa dimension propre d'aventure spirituelle, c'est à quoi, dans le registre de la mystique de Perse, s'était attaché Henry Corbin. Et c'est à ce dernier que je dois d'avoir approché de plus près l'oeuvre de Marcel Brion . Je lisais En Islam iranien et trouvai, à la fin du second volume consacré à Sohrawardî, une mise en relation de deux thèmes essentiels, le miroir et le labyrinthe : "C'est dans l'aventure humaine éprouvée dans son ensemble comme une "expérience initiatique" que s'opère la conjonction entre le sens ésotérique de la tombe comme labyrinthe et le phénomène du miroir. Il s'agit même d'une conjonction si essentielle que c'est ce symbole du miroir que nous retrouvons au "centre initiatique" du sens de la vie, lorsque la vie est elle-même configurée dans le symbole du labyrinthe aux sinuosités et péripéties aberrantes ."1 Et Henri Corbin, par l'un de ces rapprochements qui mettent en évidence ce que j'appellerais, en mon langage plus hégélien, l'universalité de l'Esprit, signalait que Léonard de Vinci avait construit son propre labyrinthe comme le long cheminement qui permet d'accéder au sanctuaire central, celui que les églises chrétiennes désignent comme la Jérusalme céleste, et qu'il représente comme une chambre octogonale, une chambre de miroirs à huit côtés.

Note 1. En Islam iranien, t. II, Paris, Gallimard, 1971 (réédité en collection Tel, pp. 326-327. De même qu'Henri Corbin renvoie au Léonard de Vinci de Brion, ce dernier renvoie au tome II d'En Islam iranien, sous le titre qui est en fait le titre du Livre, à savoir Sohrawardî et les platoniciens de Perse, dans l'Allemagne romantique, Le Voyage initiatique I, pp. 250-252. C'est l'idée du moi réel comme jumeau céleste qui a retenu Marcel Brion commentant Hermann Hesse et son initiatique Voyage en Orient.

Les grands modèles : Léonard de Vinci, Michel-Ange, Rembrandt
Jean-Louis Vieillard-Baron
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Humaniste à la manière des hommes de la Renaissance, il a exploré les chemins de la pensée et de l'art. Il a foi en la beauté, cette beauté que les platoniciens considéraient comme la valeur suprême parce qu'elle les contenait toutes, cette beauté du corps et de l'esprit telle que la concevait un Michel-Ange ou un Léonard.
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Chez Marcel brion, le seul survivant c'est le conteur, qui est là pour témoigner de la vérité de l'histoire, fable ou fiction, réel ou imaginaire; poésie certainement. Car l'errance n'est pas autre chose que l'image de la vie comme chez Borges, où notre double se promène, un double inquiétant, une grimace du destin.
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Dans l'anse marine, un rouvre vert,
Une chaîne d'or cerne son tronc
Et jour, et nuit, un chat sagace
Sur cette chaîne tourne en rond.
A droite, il déroule une histoire,
A gauche, il chante une chanson.

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Tot autresi com l'aïmanz deçoit

I

Tot autresi com l'aïmanz deçoit
L'aguillete par force de vertu,
A ma dame tot le mont retenu
Qui sa biauté conoist et aperçoit,
Et je sui cil qui sor toz la covoit ;
Et se n'i truis ne merci ne raison
Par quoi puisse venir a garison,
Bien ait l'amors qui por mal ne recroit !

II

Si com l'arbres qui encontre le froit
Se tient de flors et de sa fueille nu
Ai je mon sens oblïé et perdu
Vers ma dame, quant plus mestier m'avroit.
Ahi, biaus Deus ! s'ele bien conoissoit
La grant amor, la bone entention
Dont li sospir vienent a tel foison,
Ja fins amis a joie ne faudroit.

III

Ne voudroie joïr de rien qui soit
Se ce par li ne m'estoit avenu,
Si com la lune a son veoir perdu,
Quant la clarté del soleil ne reçoit.
He, franche riens ! s'a nul jor avenoit
Qu'eüssiez ja ne merci ne pardon
D'ami verai loial sans traïson,
Por Deu, gardez al mains que ce seroit !

IV

A semblance d'ome qui adés boit
Ne ja nul jor n'avra assez beü,
M'a fait ma dame et ydropique et mu,
Que ne li os descovrir rien qui soit.
Quant plus l'esgart et je plus la covoit,
Et quant je n'os remirer sa façon
Li ueil del cuer remirent a bandon
Et pensent ce que nus hom ne verroit.

V

Tout autresi com de l'ombre qu'on voit
Que ce n'iert ja ne senti ne tenu,
M'a ma dame sans plaie el cors feru ;
Mais je ne sai dont ce vient ne que doit,
Fors d'un regart que je vi qu'ele avoit ;
Mais or le truis si cruël et felon
K'ainçois l'avroit cent mile foiz uns hom
Resgardee, qu'ele lui n'en avroit.

VI

Chançons, di moi a mon seignor Huon :
Si vain sohait et si espoir breton
M'ont deceü ; car ce est a bon droit.
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Mais, qu'il s'agisse de croquis du début ou des essais sur verre de la fin, c'est toujours le même art simple et grand, d'une si harmonieuse poésie. Il nous a donc semblé qu'il était impossible de séparer ses dessins de ses gravures et qu'il serait extrêmement intéressant de les montrer à côté les uns des autres.
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Cet ouvrage a été publié à l’occasion de l’exposition « Corot (1795-1875), le génie du trait : estampes et dessins » organisée par la Bibliothèque Nationale à l'occasion du bicentenaire de sa naissance et présentée sur le site Richelieu, galerie Mansart, du 29 février au 19 mai 1996.
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Jamais vu une chose pareille! Ce bruit qu'il lâche, c'est d'un drôle! Comment a-t-il appris à faire ça?
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Voudrais-je être une comète ? Je le crois. Parce qu'elles ont la rapidité de l'oiseau, elles fleurissent de feu, et sont, dans leur pureté, pareilles à l'enfant.

Hölderlin génie foudroyé ...
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