L.S. Ange

S'il y a quelqu'un à tuer, de l'argent à récupérer, des comptes à régler, c'est moi qu'on appelle. Tout le monde ici sait que je ne plaisante pas, mes preuves ne sont plus à faire. Grand nombre de cadavres pourrissent au fond de l'East River. Il suffit d'apercevoir les traits tatoués sur mon avant-bras droit pour comprendre que la liste est longue. Des remords? Aucun! Toutes ces vermines ne manqueront à personne!

Je n'ai pas toujours fait les bons choix dans ma vie, mais tout ce que j'ai fait, c'était par amour. Aujourd'hui ne fait pas exception.

Pourquoi le temps file-t-il si vite quand on aimerait qu'il ralentisse pour pouvoir profiter de chaque seconde de ce bonheur inattendu

"Je déteste m'attacher aux gens, ils finissent toujours par disparaître d'une manière ou d'une autre."P.29

-Vous devez vraiment vous sentir seule et désespérée pour être aussi méchante avec les autres ! rétorque-t-il en me transperçant de son regard devenu noir de colère.

-Vous êtes apparemment tout aussi seul que moi, réponds-je d’une voix étranglée.

Les larmes au bord des yeux, je le pousse précipitamment pour m’enfuir. Je sens que je ne vais pas pouvoir les retenir bien longtemps. Je m’isole sur une petite terrasse, à l’arrière du manoir. Dans l’obscurité, je ne vois pas grand chose, mais l’air frais me fait le plus grand bien. Je m’adosse au mur et ferme les yeux quelques instants pour évacuer la tristesse qui me serre la gorge. Oui, je suis seule, je le sais, mais je refuse de le faire voir aux autres. Qu’Audric ait lu en moi aussi facilement me blesse et me vexe. Je ne veux pas de sa pitié.

Cette image restera gravée à tout jamais dans ma tête et dans mon cœur. Le bonheur absolu, voilà ce qu'est ma vie depuis notre mariage…

– Alex… Je… Je ne veux pas que vous pensiez que… Que je suis ce genre de fille facile. Je ne me comporte jamais comme ça… C'est la première fois que ça m'arrive un… Un truc pareil…

Elle n'a pas encore découvert toute l'histoire mais elle s'en rapproche. Et comme le bonheur ne dure jamais bien longtemps, mon sang se glace en découvrant Carméllia dans la chambre d'Adélice un matin.

– Dis-moi, a-t-elle commencé à faire des cauchemars ?
Voyant que je me fiche pour la dévisager, elle comprend que la réponse est : oui. Alors elle me lance
par-dessus son épaule avant de partir :
– bonne chance à l'Alastor, ce n'est que le début…

– Je n'aurais jamais pu leur faire de mal, je les aimais trop ! Affirmé-je en essayant de m'en convaincre
moi-même.

J'ai passé les plus beaux jours de ma vie dans ses bras. Ces quelques instants de bonheur valent bien une éternité de solitude

Rien ne va plus, ma vie n’est qu’une accumulation de souffrances, de mensonges et de malheurs. Je ne sais pas si je vais pouvoir en supporter bien plus. Je suis au bord du gouffre, à la limite de me demander si je ne devrais pas mettre fin à ma vie, si on peut appeler ça une vie…

Je dois oublier L’autre et faire ma vie avec cet homme qui se tient là, devant moi, les yeux débordants d’amour. C’est la seule solution envisageable… je ne veux pas être le jouet d’un homme qui se débarrassera de moi comme il l’a déjà fait, et puis commencer une relation sur un ultimatum c’est juste impossible.

C’est trop dur.

J’ai ce pré sentiment que quelque chose va se passer. C’est trop beau pour être vrai…

J’attends la chute tragique de notre histoire…

Assise dans le sable, je fixe la mer sans vraiment la voir. Je me repasse les derniers mots de Dylan en boucle dans ma tête, ne voyant aucun avenir pour notre relation, si relation il y a... Je ne comprends pas son comportement, pourquoi se rapprocher de moi pour me repousser après... N’aurai-je donc jamais de relation simple avec un homme normal ?

Je pense à Dylan et ma gorge se noue, sa présence me manque, je me sens tellement plus en sécurité avec lui... Je me demande ce qu’il fait et s’il va mieux ? Je ne sais pas quand il va revenir ni comment il va se comporter avec moi...
Je me prépare un plateau-repas et me laisse tomber sur le canapé, devant la télé, en montant le son pour combler ce silence qui me pèse.
C’est drôle comme on peut changer, il n’y a pas si longtemps, le silence était une source de réconfort, car je savais qu’il était signe de l’absence de Matt et que je ne risquais rien dans ma prison improvisée

Je sors, le laissant planté au milieu de la cuisine, seul, un sourire m’échappe, je suis fière de l’avoir remis à sa place, après tout c’est lui qui m’a dit vouloir garder ses distances ! Contente d’avoir eu le dernier mot, je passe le reste de la soirée devant la télé avec un sandwich au jambon. Il est certain que j’aurais préféré manger un peu du repas que j’ai préparé pour Dylan, mais bon ce sandwich, c’est du luxe à côté de ce que que j’ai pu manger dans le passé ! Merde... Pourquoi le passé ne cesse-t-il de me revenir en pleine figure... Je veux oublier, je vais oublier !

Je suis anéanti, une douleur insupportable me submerge et me brûle de l’intérieur. Est-ce le prix à payer pour avoir voulu connaître le bonheur quelques jours ?
Ne supportant plus de la voir souffrir, je l'ai ramenée dans sa maison et depuis plusieurs jours je l'observe dépérir. Elle ne me parle plus, je n'existe plus, elle reste des heures, assise dans l'herbe à côté de la tombe de ses filles, le regard vide. Plus rien n'a d'importance à ses yeux... Même moi je ne fais pas le poids face à son chagrin.

Je m'endors, très perturbée et quand je me retrouve debout au pied de mon lit dans une marre de sang, je ne comprends pas tout de suite ce qui se passe. Je cesse de respirer et regarde mes mains dégoulinantes, je me rends compte que dans l'une d'elles se trouve un long couteau. Je le lâche en hurlant de terreur et sors précipitamment de la chambre. J'avance pieds nus dans ce long couloir aux murs éclaboussés de sang.
Je glisse à plusieurs reprises, je suis prise de tremblements, en arrivant en haut de l'escalier. Mes yeux sont braqués sur la corde qui se balance au-dessus de ma tête. Je pleure, crie comme une démente.
Je me réveille en sursaut, complètement déconnectée de la réalité, j'allume la lampe de chevet et du regard, je fais le tour de la chambre.
Plus rien...
Plus aucune trace...

Au bout d'une poignée de minutes, je soulève les paupières et je plonge dans les yeux les plus beaux que j'aie jamais vus. Il est là à l'autre bout du comptoir, il me dévore des yeux. Il est d'une beauté à couper le souffle, des épaules larges, une mâchoire carrée, des pommettes saillantes, un nez droit et des yeux... Des yeux d'un bleu profond dans lesquels je me noierais bien pour l'éternité!

Le temps est suspendu, l'air s'est comme solidifié entre nous deux, je n'arrive plus à détacher mes yeux de son visage. Mon coeur s'est arrêté de battre et mes mains se mettent à trembler.