Olivier Le Carrer

En approchant de ce rocher redouté qui porte le nom d'un brave port de pêche hollandais, ce sont d'abord les chiffres qui font peur : huit cent naufrages dénombré en moins de deux siècles autour du cap Horn, pour un bilan humain sans doute proche, faute de statistiques rigoureuses, de vingt mille victimes. De plus près, c'est l'environnement qui glace le sang. Mer grise, falaises sombres, houle impressionnante, visibilité souvent mauvaise, avec de la pluie, beaucoup de vent, du froid. Et toujours le sentiment que les ennuis ne font que commencer ...

Une île dite "de rêve" correspond souvent à une sorte d'appellation contrôlée gérée par les professionnels du tourisme et répondant à des normes strictes : température supérieure à 25°C, mise à l'écart des indigènes inamicaux, présence d'au moins un hôtel vigoureusement climatisé - les gérants sont généralement de mèche avec le pharmacien local - et fourniture d'une coupe de champagne gratuite aux jeunes mariés.

Le vrai visage de la Bretagne, c'est une mosaïque de paysages et de tempéraments.

[...] l'Everest et la Lune ne sont plus à conquérir, mais il reste bien des territoires mystérieux à explorer et à comprendre en ce bas monde.

On a encore le droit de tenir à distance ces merveilleux jouets électroniques, et de prendre le large en la seule compagnie d'un rouleau de carte. Un joli rectangle de papier inerte mais tellement éloquent, sur lequel on aura plaisir à tracer des traits de crayon hésitants, à se tromper parfois, et à spéculer sur ce que peut cacher cet ornement mystérieux que l'on ne trouve jamais sur les écrans : la tache de café.

En matière de malédiction, c’est peu de dire que l’humanité revient de loin. Les premières pages de la Bible donnent une idée assez claire de l’ambiance déplorable qui régnait lors de la création. « Maudit soit le sol à cause de toi ! » peut-on lire dans le livre de la Genèse (3. 17), lorsque Dieu, excédé par la désobéissance d’Adam, lui signifie qu’en lieu et place du jardin d’Éden il devra pour survivre s’échiner à travailler une terre ingrate. Dans ce qui ressemble fort à une malédiction générale de tous les futurs terriens, aucun détail n’est d’ailleurs épargné à l’intéressé sur les inconvénients de son nouveau statut : « À force de peines tu en tireras subsistance tous les jours de ta vie. Il produira pour toi épines et chardons et tu mangeras l’herbe des champs. À la sueur de ton visage tu mangeras ton pain, jusqu’à ce que tu retournes au sol, puisque tu en fus tiré. »