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Critiques de Ovide (178)
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Tristes Pontiques

Malheureux Ovide qui, par imprudence, est entré dans le secret des Dieux ; qui a vu quelque chose qu'il n'aurait pas dû voir ; qui s'est trop « approché des récifs dangereux ». Ovide ! l'élégant, le poète délicat, le douillet Ovide, l'écume de la civilisation latine, un sommet de brillance et de légèreté, admiré, chéri, applaudi par tout le gratin de la Rome impériale, se retrouve du jour au lendemain exilé chez les barbares, chez les « Gètes hirsutes ». A Tomes exactement ! la « dernière ville, sur la côte nord-ouest de la mer Noire, où se jette le delta du Danube, ce lointain point du monde où les eaux se mélangent ». Aux confins de la terre. A la dernière frontière avant le « grand Autre » du monde romain. A Rome, il était au centre de tout. A Tomes, il se retrouve « au bord du Styx ». Le choc est brutal.

« Tristes Pontiques », c'est un appel désespéré au secours. L'auteur des « Métamorphoses » et de « L'art d'aimer » inondera de lettres sa famille, ses amis, ses connaissances, les suppliant de ne pas l'oublier, et d'intercéder en sa faveur auprès d'Auguste. C'est une longue plainte mélancolique et douloureuse sur le paradis perdu et la fidélité des amis qui s'évaporent au fil des ans.

« ils ont été nombreux à quitter le navire

m'abandonnant avec mes voiles déchirées

mais toi tu restes encore

comme une ancre solide

ton amitié m'est si précieuse »

Ovide écrit, ne cesse d'écrire, jusqu'à arriver « à bout de mots ».

À travers le regard d'Ovide, nous voyons le monde barbare : ce « Grand Autre » de la civilisation romaine. C'est « un monde marécageux où se perd la Danube ». C'est un ciel nu, des étoiles froides, une terre sans arbres, un pays sans feuillages engourdi par l'hiver qui succède à l'hiver.

« j'ai vu l'immense mer arrêtée sous la glace

j'ai vu les eaux figées sous sa croûte glissante

on marche sur les flots sans se mouiller les pieds

les dauphins pris dessous se meurtrissent le dos

aucun remous »

Ceux qui vivent là-bas le révulsent. Il les méprise. Il les redoute.

« on peine à contenir un mouvement d'horreur

à la vue de leurs peaux de bêtes

et de ces chevelures ».

Et toujours les escarmouches, la guerre larvée, ces cavaliers hirsutes qui viennent se fracasser sur les dérisoires remparts censés protéger l'empire.

« visage cruel chevaux haletants

Ils tirent des flèches empoisonnées

Ce sont des loups qui emportent comme des brebis

Ceux qui n'ont pas pu se mettre à l'abri »

Ovide prend-il conscience que ce Grand Autre, au bout du compte, parviendra à vaincre la puissance romaine ?

Quel texte, mes amis ! Un texte deux fois millénaire qui a survécu à la poussière. Tant de poètes se sont inspirés des frayeurs d'Ovide jeté sans ménagement sur une autre planète, de ses plaintes amères, de ses lamentations prophétiques. Un texte modernisé, toiletté par la talentueuse Marie Darrieussecq pour le rendre accessible à des néophytes dans mon genre. Ce fut un voyage mouvementé, une sacrée expérience.









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L'art du baiser : Les plus beaux baisers de..

"Je chante un baiser, je chante un baiser osé

Sur mes lèvres déposé, par une inconnue que j'ai croisée..."Alain Souchon.





Plus de bise à cause du pass sanitaire?

Je chantais un baiser chaste, romantique ou coquin? Eh bien, je vais danser en attendant que la bise... soit revenue!

Bise, bisou et baisers...





Le baiser !

« Un baiser, mais à tout prendre, qu'est-ce ?

Un serment fait d'un peu plus près, une promesse

Plus précise, un aveu qui veut se confirmer". Edmond Rostand.

C'est ainsi que tout commence et que tout finit !Le baiser, c'est franchir un cap ! Un cap !?

Ah non, c'est un peu court jeune homme!

on aurait pu dire bien des choses, en somme:





On pourrait parler du baiser de Roméo et Juliette, le baiser imprévu de "La délicatesse de Foenkinos, Markus chez Foenkinos, de la femme de trente ans De Balzac ...

- Agressif ! Mademoiselle, si j'avais votre bouche à embrasser,

Je l'honorerais d'une belle langue empressée.





Britannique! Abandonnez donc ce compassé Brexit !

Venez ici, échanger avec moi, un dernier french kiss





Courageux! En vous protégeant, je serai votre Gavroche

De mon corps et de ma bouche avec une belle galoche.





Gourmet ! Laissez là les fades bécots

Venez goûter à mes baisers enflammés et dévots!





A la Cyrano ! Que ne donnerais-je pour que s'unissent nos bouches. Songez qu'avec le Covid, à la fin de l'envoi … plus aucune bouche ne vous touche !

Voilà ce qu'à peu près, vous m'auriez dit

Si vous aviez un peu de lettres et d'esprit

Eussiez-vous été ainsi, un tant soit peu rebelle

Sur le champ, je vous aurais roulé une pelle !





L'art s'est emparé du baiser, avec plus ou moins de gourmandise .

Priam embrassa Achille, en le suppliant de lui rendre le corps d'Hector.

Ulysse embrassa ses esclaves, et même son vieux chien, mais point Pénélope? On envoyait des baisers aux Dieux... Vas donc voir chez les Grecs!

Avec le" Suavium" ( suavis, goût agréable donna suave en français ) chez les romains, tu acceptais de finir dans un lit.





Au Moyen- âge, les illettrés signaient les contrats d'une croix, qu'ils embrassaient devant témoins. Mais, avec les épidémies (déjà?) on renonça au baiser.

Et au XIXè siecle, embrasser c'était l'acceptation d'échange de partenaires, dans les milieux libertins...





“Le baiser est la plus sûre façon de se taire, en disant tout.”

Guy de Maupassant

J'embrasse ici aussi Queneau, Balzac, Delerm, Shakespeare ...
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Remèdes à l'amour

Tout comme l'auteur, je n'aurais jamais eu l'idée de me tourner vers la littérature pour trouver un remède à l'amour.

Je me suis laissé tenter par le petit fascicule pour extirper une vielle appréhension.

En effet, en classe 3ème en option latin, les cinq derniers de vingt chapitres du livre de latin étaient consacrés à Ovide, à l'Amour et étaient illustrés par des dessin de Cocteau; et notre classe n'a jamais dépassé le cinquième chapitre avec César et ses soldats en jupes. Et donc je me suis toujours demandé , si l'information délivrée, il y a deux mille ans , aurait pu me manquer.

Le livret est petit , mais costaud . Il est divisé en trois partie : la traduction du texte d'Ovide (36 pages), une explication du texte (5 pages), une biographie d'Ovide ( 8 pages).



Le stratagème d'Ovide est de donner pour chaque mal d'amour, un remède décrit dans une œuvre littéraire ou une pièce contemporaine d'Ovide qui me sont parfaitement inconnue. Un jeu serait d'actualiser ses remèdes ( car les causes de mal d'amour sont toujours les mêmes ), par des romans et des films d'aujourd'hui, mais là aussi , je cale. Peut être , dans les nombreux épisodes de la célèbre série "Friends", on pourrait retrouver les remèdes modernes aux problèmes antiques évoqués par Ovide.

La version latine proposée par Xavier Bordes n'a rien à voir avec la version que j'aurais pu rendre. Le style est fluide et simple. Il ne donne pas l'impression que les deux mille ans d'ancienneté "écrasent" le traducteur.

Les remèdes d'Ovide ? Ils sont toujours d'actualité.

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L'art d'aimer

"L'hymen chez les Romains, n'admet qu'une Romaine." Jean Racine.

"Si parmi vous, Romains, quelqu'un ignore "L'art d'Aimer", qu'il lise mes vers, qu'il s'intruise en les lisant et qu'il aime."





Bonjour citoyens, nous sommes ensemble pour une session de rééducation ! Une formation sur l'Art de la Séduction et comment garder l'élue de son coeur, sans passer pour un gros boeuf...

Bacchus, Mercure, Mars, Neptune ... et même Jupiter étaient là, dans l'agora.





- Arrête ton char, Ovide. Tu fus mis en quarantaine, à cause de ce livre et surnommé Ovide le Covid!

- Ah Jupiter! Votre intervention va démontrer qu'on ne peut agresser une femme, sans passer par les fourches caudines de la Loi. Je reviendrai sur vos déguisements de cheval, de taureau (à l'oeil bovin!) ou même de Satyre...

Un nuage assombrit soudain Jupiter, l'orage et les éclairs menaçants, mais il se tint coi...





- Vous le dites: "Il me suffit de traverser la rue, pour trouver une"... Messaline. Et votre théorie du premier de corde... à sauter (sur tout ce qui porte jupon, Junon?) est puérile.

Je vais vous parler de SÉDUCTION et de CONSENTEMENT, car il y a de nouvelles lois sur le harcèlement sexuel !





-Et de même, citoyen Bacchus, vos Bacchanales sont une honte! L'ivresse n'excuse pas tout, surtout quand vous invitez les femmes, à se joindre à vos orgies sur le Mont Cithéron.

Vous avez poursuivi aussi la Nymphe Aphésibée de vos ardeurs...

-Par sa beauté, j'ai été euh... grisé! Fit Bacchus, tout rouge.

-Un verre, ça va. Mais 3... amphores de vin, de nectar et d'ambroisie?





Pourtant, "Le chasseur sait où il doit tendre ses filets et le pêcheur n'ignore pas"... où séduire des Sirènes..

Il est des endroits où trouver des partenaires. Même au Colisée, si vous préférez les gladiateurs, avec... leur épée courbée !





"Si un grain de poussière volait sur le sein de ta belle, enlève le d'un doigt léger"

Messieurs, soyez délicats et charmants, aucune femme n'aime être traquée et enlevée comme une "Sabine"... Vous lirez ce passage, dans mon livret!.

Afin d'être un Amant attentif au plaisir de sa partenaire...

-Et Mr Pan, peu de femmes apprécient cette odeur de crottin...de chèvre !





Pour séduire, Prométhée, euh "promettez, promettez, cela ne coûte rien, tout le monde est riche en promesses."





-Je vous présente une séductrice, pour le livre III de ce colloque. Voici la belle Circé, à l'origine de #balancetonporc, qui vous apprendra les artifices d'une femme...

"L'antique loi des 12 tables est brisée et la matrone Romaine brise ses chaînes"...





Confus, Jupiter disparut dans une pluie d'or. Neptune suait à grosses gouttes, Bacchus se redressa et Mercure (Dieu des voleurs) se promit de ne plus utiliser sa blague éculée :

-"Ton père est un voleur, il a volé les étoiles..."
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Les Métamorphoses, tome II : Livres  VI-X

"Quand on arrive en ville

Tout l'monde change de trottoir

On est velu, avec l'air viril

Et on fait peur à voir"...

Pardon Mr Balavoine.





Les sangliers envahissent les villes, et font peur aux citadins. Franceinfo, 10/03/2020... Comment éviter les cochonneries transmises à nos porcs? Je parle des mammifères à 4 pattes...

Le poète Ovide parlait déjà de l'invasion d'un sanglier dans la ville de Calydon.





Artémis, ayant été oubliée lors d'offrandes (Ah, les femmes!)

"Aucun encens ne fuma sur ses autels abandonnés." Artémis s'énerva et sentit la fumée sortir de ses oreilles...





La déesse envoya un immense sanglier ravager les cultures et attaquer les habitants. "Ses yeux étincellent d'un feu rouge et sanglant (la mixomatose?) de ses larges flancs découle une sueur sanglante" (Ah, la peste porcine!) Son haleine brûle les feuilles, dessèche le gazon" (Il a la rage!)





Le héros Méléagre réunit des guerriers : Idas, Jason, "Thèsée et Pirithoüs qu'unit la plus tendre amitié"...

(Ah, les hommes! Pauvre Ariane, prise en sandwich grec, entre ces 2 hommes! Désolé c'est "pita-yable" comme plaisanterie, mais Thésée lui joua un tour de... cochon, en abandonnant la jeune naïve, sur une île)...

Il y avait aussi "la belle Atalante, une chasseuse". Cochon qui s'en dédit!





Aucun javelot ne touche la Bête, protégée par la déesse Artémis. le brave Ancée périt, seule, Atalante blesse l'animal!





On saigne le sanglier, comme un porc!🐖 Quand Méléagre réussit l'impossible, le partage du gibier engendre des disputes.

Déjà, les chasseurs arrivaient à s'entretuer pendant l'Antiquité...





Car 2 guerriers, Toxée et Plexippe refusent à Atalante, et la gloire et le prix de son habilité! (La queue du cochon? Mais non, la tête et la hure.)

Ce sont 2 frères, n'allez pas imaginer des choses, hein! Ce ne sont que des machos, copains comme cochons...





Ou alors, c'est parce que Méléagre lorgnait sur la jupette d'Atalante ? Il y a toujours un cochon qui sommeille en l'homme...

#balancetonporc.





Méléagre va tuer les 2 hommes et... L'histoire finira en eau de boudin, car il y aura une terrible vengeance... Il y aura un feu et une fumée funèbre !

A propos, Ovide était surnommé "Naso", à cause de son nez proéminent comme une hure de sanglier... A-hur-issant!



" Avec ma gueule de Méléagre

Et ma tête de pâtre grec

J'allais aux 4 vents..." Georges Moustaki.
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Les métamorphoses

Les Métamorphoses d'Ovide sont une oeuvre capitale de L'Antiquité, un poème qui par son ampleur et son type de vers, l'hexamètre dactylique, relève de l'épopée, mais une épopée singulière, une épopée mythologique qui confronte les hommes et les dieux à travers des récits souvent dramatiques.

Ce joli volume illustré, édité à l'occasion du centenaire de la Société d'édition Les Belles Lettres, reprend une traduction des Métamorphoses par Olivier Sers parue il y a dizaine d'années dans la collection Classiques en poche, traduction qui n'est pas une mince performance : elle redonne à l'oeuvre d'Ovide toute sa dimension poétique, car elle est écrite en alexandrins !

Olivier Sers n'en était d'ailleurs pas à son coup d'essai, puisqu'il avait également traduit plusieurs autres grands classiques de la littérature latine, citons notamment L'Ane d'or ou Les Métamorphoses d'Apulée ou les Satires de Juvénal.

Il faut aussi rendre hommage à un éditeur, Les Belles Lettres, qui depuis un siècle (!) édite les grandes oeuvres de l'Antiquité grecque et latine, et qui depuis quelques années les rend plus accessibles, souvent avec des traductions rénovées, dans sa collection bilingue Classiques en poche.

C'est donc avec un plaisir renouvelé que j'ai lu ou relu ces histoires merveilleuses, dont certaines sont évidemment très connues (Phaéton conduisant le char du soleil, Actéon dévoré par ses chiens, Pygmalion et sa statue, Orphée descendant aux Enfers…), mais j'en ai découvert beaucoup d'autres qui valent le détour.

L'amateur de langue latine pourra se procurer cette remarquable traduction accompagnée du texte original dans la collection mentionnée plus haut, Classiques en poche.

Merci à Babelio et aux Editions Les Belles Lettres pour cette très belle lecture.



P.-S. : on évitera de lire ce très beau recueil en une seule fois, du début jusqu'à la fin, mais on « butinera » deci delà pour apprécier tout le charme.
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L'art d'aimer

Quand on se penche sur la littérature antique, on peut légitimement éprouver quelque frilosité à l'idée de se plonger dans des textes si anciens qu'on les taxerait un peu facilement de "poussiéreux".



Or, s'il est un texte antique qui ne ressemble à aucun autre, c'est bien "L'art d'aimer" d'Ovide. Ce traité frappe par sa modernité et parfois même son humour. Nonobstant une misogynie qui s'explique parfaitement par le contexte historique et culturel, les conseils et préconisations d'Ovide sur l'art de séduire, d'aimer puis d'être heureux dans son foyer et son couple révèlent une philosophie que nombre de mes contemporains voudraient faire leur.



Le texte est disponible en ligne en suivant le lien ci-dessous. Je ne saurais trop encourager les curieux et les amants de tout temps à y jeter un oeil ; certes, ils ne se le rinceront pas mais ils pourraient bien s'en trouver plus larges de vue !





Challenge AUTOUR DU MONDE
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Les Amours

Lassé des chiffres du COVID, je décidai de lire la poésie d'Ovide. Pour rêver les amours en 23 avant JC, et rêver ce qu'il adviendra du sexe, quand demain Castex, en donnera le mode d'emploi. Sexe sans contact, sans french kiss, sexe platonique : à la Barbarella, mais sans se toucher la paume. Corinne et Ovide, eux, s'embrassent et Ovide tremble beaucoup. Corinne est en mer, il tremble qu'elle coule; Corinne a un mari, il tremble qu'elle l'aime ; Corinne en embrasse d'autres, il tremble qu'elle ne l'aime pas. Il surveille, s'inquiète. Si des chiens aboient dans le silence de la nuit, c'est que des servantes portent des billets doux, et rapportent des réponses épicées. Ovide dispense des conseils pleins d'ironie. Aux maris jaloux : « surveillez vos femmes afin de me les faire désirer davantage ». A la femme mariée : « laisse-moi couché sur le seuil de ta porte, endurer le froid et les frimas : voilà ce qui me plaît. Un amour trop facile me fait mal, comme à l'estomac un mets trop sucré. ». C'est bon quand ça pique. L'enchantement de la conquête le dispute néanmoins au ravissement d'être cocu. « Pourquoi sous mes yeux, tant de billets envoyés et reçus, pourquoi le devant et le fond du lit sont-ils foulés, pourquoi ta chevelure me montre-t-elle un désordre que ne réussirait pas à produire le sommeil et ton cou les marques de dents ? Il ne manque plus qu'une chose : c'est que tout se passe sous mes yeux. » Ovide se torture et se régale : « Alors je t'aime, alors je te hais. Alors je voudrais être mort, mais avec toi. » Quelle idée de s'amouracher d'une cocotte, d'une hétaïre, vraiment ces poètes aiment souffrir. « D'ailleurs je ne ferai aucune enquête ; ce que tu voudras me cacher, je n'y insisterai pas ; et je serai trop heureux d'être trompé». La béatitude est atteinte quand il comprend que celle qu'il aime pourra, enquête ou pas, le tromper en rêve : il n'a plus qu'à imaginer ce à quoi elle songe. le poète a atteint une source inépuisable de tourments délicieux: lui-même. Et au sommet de son excitation... "quelles postures n'avais-je pas imaginées et préparées"... Patatras! Ce n'est pas parce qu'il a un grand nez, qu'Ovide n'a pas de pannes. « Elle a eu beau passer autour de mon cou ses bras d'ivoire plus blancs que la neige de Sithonie (...) glisser sa cuisse lascive sous la mienne, me dire mille douceurs, m'appeler son vainqueur (...) je suis demeuré comme un tronc sans vigueur. (...) Mais voyant que, oubliant ses anciens exploits, il restait là inerte, elle s'écria : "(...) ou bien l'empoisonneuse d'Ea t'a ensorcelé, au moyen de tablettes transpercées, ou tu t'es épuisé à en aimer une autre avant de venir ici." Aussitôt elle saute à bas du lit, couverte simplement de sa tunique flottante, et, pour que ses femmes ne puissent savoir qu'elle sortait intacte du combat, elle dissimula cet affront en se lavant. » Mais déjà, m'arrachant à ma rêverie, les enfants me rappellent qu'il faut remplir le frigo. Les oreilles écartées par les élastiques du masque, les lunettes embuées par mes expirations, je saisis le ticket que la caissière me tend. Elle sourit derrière son plexi et j'entends Ovide : « sa langue toute entière entre mes lèvres, et ma langue entre les siennes » . J'essaye de lui rendre son sourire avec les yeux, mais la buée envahit mes lunettes. En marchant sur le parking je me dis que, décidément, les Amours en 2020 sont une lecture plus mélancolique que jamais.
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L'art d'aimer

Abondamment illustré d'exemples issus de la nature et de la mythologie, un ensemble de trucs et ficelles pour arriver à la séduire, comme par exemple s'attirer d'abord les faveurs de la suivante ou devenir l'ami du mari, comme l'art de la flatterie, de la galanterie.



Oh surprise, c'est ensuite aux femmes qu'il s'adresse, comment mettre leurs charmes en valeur, comment aiguiser le désir de l'amant par un peu de jalousie et une feinte hésitation.



J'ai découvert avec Ovide, contemporain du Christ et de César, combien est universel ce côté artificiel et manipulateur.

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L'art d'aimer

Après mon commentaire du Banquet, il me semblait naturel d'enchainer sur L'Art d'Aimer d'Ovide. Passant de la Grèce à Rome - et du rapport entre hommes au rapport hommes-femmes- et contemporain du Christ, il s'agit d'un oeuvre en vers, courte, et l'on retrouvera dans la traduction un agréable phrasé, réminiscence du poème élégiaque original.



Lui aussi parle de l'Amour , depuis la parade amoureuse jusqu'à la sauvegarde du couple "durable". Incroyablement moderne, Ovide parle de "l'art" amoureux sans artifices, parfois crûment, sur ton libertaire et souvent satyrique. On pourra trouver certains aspects désuets, et l'enseignement "technique" un peu ridicule et prétentieux -l'amour ne se créant pas avec des recettes de cuisine- ; et bien sûr, on pourra regretter que la femme y soit plus longuement présentée comme objet du désir des hommes que comme sujet, mais elle n'est pas oubliée pour autant, et, parmi ses recommandations, Ovide place bien souvent l'homme dans une forme de soumission amoureuse... elle est clairement la maîtresse absolue du jeu amoureux, le traité s'adressant aux hommes, à qui il faut par contre tout expliquer... quelle belle lucidité !



Je ne dirais pas que ce texte est érotique ; il n'est ni le kamasutra, ni le satyricon ; mais, avec une fraîcheur incroyable, il "enseigne", sur un ton d'histrion, techniques d'approche et conseils vieux comme le christianisme, pour conserver le plus possible passion , puis tendresse. Ainsi, ce dialogue avec cet ancien nommé Ovide apparaît O combien plus pertinent que l'approche grossière et fuyante des paltoquets du XXIème siècle ! Jeunes -et moins jeunes- gens qui désirez trouver l'Amour, relisez Ovide ! Pour ma part je rougis d'avoir si mal mis en pratique ces dernières années la partie relative aux conseils pour le conserver... ; ))



A lire donc au second degré, mais bien plus instructif que nos revues modernes pour désespérés de l'Amour...

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Lettres d'amour

Les Héroïdes d'Ovide ont été si célèbres, si admirées, si imitées -par exemple, les fameuses Lettres de la religieuse portugaise, et même, dans un registre bien moins élégiaque, les Liaisons dangereuses- qu'elles ont donné leur nom à une tradition littéraire: l'héroïde.



Les Héroïdes s'apparentent à deux genres littéraires: le genre épistolaire et la poésie: elles sont écrites en distiques élégiaques.



L'héroïde est donc une lettre d'amour, plaintive- élégie veut dire "plainte" - , adressée à l'être aimé par la créature que celui-ci a abandonnée ou dont il est séparé.



Le plus souvent le scripteur est une femme, et le destinataire, un homme.



Cherchez l'erreur...



Chez Ovide seules les trois dernières "héroïdes" -dont deux, exception notoire, sont à l'initiative d'hommes- reçoivent une réponse de l'amour lointain.



Quelques instants de douceurs dans un monde de brutes...



Il faut découvrir la lettre de Didon à ce faux-cul d'Enée, parti en douce fonder sa ville avec la flotte que la belle reine de Carthage lui a équipée et l'abandonnant au désespoir et au suicide...ou celle de cette malheureuse Médée, la sorcière-virago-monstre-infanticide qui n'est encore rien de cela à ce jgvrghzjzjtzz de Jason...( lui, alors, quel jgvrghzjzjtzz !)



Aujourd'hui, l'héroïde bat de l'aile: elle nourrit les romans à l'eau-de-rose ou les titres de la presse people: "Inconsolable, elle lui écrit : Reviens!" ..



Ou elle fournit la quintessence des sms brutaux d' amoureux éconduits: "Si tu reviens, j'annule tout!" ...



Triste époque...



Il nous manque un Ovide pour relever le niveau de nos modernes héroïdes!
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Les métamorphoses

Beaucoup de violence mais aussi beaucoup de magie. Ovide nous offre une multitude d'explications sur la Nature et le monde avec ce qu'il sait le mieux manier : la poésie. Les versions poches n'offrent qu'une version en prose qui oblige les traducteurs à mettre de côté certains aspect de la poésie et qui modifie quelque peu le propos. La version en vers libres du Thesaurus d'Actes Sud est beaucoup plus fluide et compréhensible.

Cela n'enlève rien à la richesse du texte tant sur le plan mythologique, que sociologique ou que physique et métaphysique.
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Les métamorphoses

Metamorphosis


Traduction : Georges Lafaye





"Les Métamorphoses" est évidemment écrit en vers latins et les quinze livres qu'il recèle constituent en fait un long poème dont certains d'entre nous ont évidemment étudié des passages au collège et au lycée.


La traduction le transforme en prose mais attention, pas n'importe quelle prose ! Bien sûr, il y a toujours matière à discuter sur les traductions - surtout latines, ajouterai-je. Mais celle de Georges Lafaye pour Folio Classique me convient quant à moi tout à fait.


L'argument du livre-poème tient dans son titre : les métamorphoses que, pour les punir ou les sauver, les déesses et dieux de l'Olympe font subir à certains mortels. Derrière, se profilent la création du monde et les siècles qu'il a traversés jusqu'à Octave-Auguste, fils adoptif de César dont il vengea d'ailleurs la mort. C'est aussi une ode aux grands mythes grecs et, par la filiation avec Enée, à la fondation de Rome.


"Oh ! Que ce doit être barbant à lire !" diront certains, pas encore dégagés sans doute de leur passé scolaire plus ou moins douloureux.


Eh ! bien ! non, "Les Métamorphoses", c'est un ouvrage si passionnant que, du coup, le lecteur se voit tenté de se replonger dans la geste homérique et de renouer avec ce pan si vaste de la culture occidentale que trop de personnes veulent, de nos jours, oublier et ramener dans l'ombre.


En outre, il y a des passages proprement superbes comme - un parmi d'autres - le discours qu'Orphée adresse aux dieux des Enfers afin de les convaincre de lui rendre Eurydice :


" [...] ... O divinités de ce monde souterrain où retombent toutes les créatures mortelles de notre espèce, s'il est possible, si vous permettez que, laissant là les détours d'un langage artificieux, je dise la vérité, je ne suis pas descendu en ces lieux pour voir le ténébreux Tartare, ni pour enchaîner, par ses trois gorges hérissées de serpents, le monstre qu'enfanta Méduse ; je suis venu chercher ici mon épouse ; une vipère, qu'elle avait foulée du pied, lui a injecté son venin et l'a fait périr à la fleur de l'âge. J'ai voulu pouvoir supporter mon malheur et je l'ai tenté, je ne le nierai pas ; l'Amour a triomphé. C'est un dieu bien connu dans les régions supérieures ; l'est-il de même ici ? Je ne sais ; pourtant je suppose qu'ici aussi, il a sa place et, si l'antique enlèvement dont on parle n'est pas une fable, vous aussi (Hadès et Perséphone), vous avez été unis par l'Amour. Par ces lieux pleins d'épouvante, par cet immense Chaos, par ce vaste et silencieux royaume, je vous en conjure, défaites la trame, trop tôt terminée du Destin d'Eurydice. Il n'est rien qui ne vous soit dû ; après une courte halte, un peu plus tôt, un peu plus tard, nous nous hâtons vers le même séjour. C'est ici que nous tendons tous ; ici est notre dernière demeure ; c'est vous qui régnez le plus longtemps sur le genre humain. Elle aussi quand, mûre pour la tombe, elle aura accompli une existence d'une juste mesure, elle sera soumise à vos lois ; je ne demande pas un don, mais un usufruit. Si les destins me refusent cette faveur pour mon épouse, je suis résolu à ne point revenir sur mes pas ; réjouissez-vous de nous voir succomber tous les deux. ... [...]"


Voici deux sites sur Ovide et son oeuvre :


http://www.ac-creteil.fr/lettres/tice/ovide/


et :


http://www.ac-strasbourg.fr/pedago/lettres/Victor%20Hugo/Notes/Ovide.htm


Comme le mentionne sa biographie, le poète fut exilé par celui-là même qu'il avait célébré : Auguste, qui n'était pourtant pas irréprochable question moeurs, s'offusqua de "L'Art d'Aimer." Mais en dépit de tout, Ovide et ses vers ont survécu dans le coeur des hommes. Le poète romain l'avait-il pressenti quand il écrivait, pour le final de ses "Métamorphoses" :


"Et maintenant, j'ai achevé un ouvrage que ne pourront détruire ni la colère de Jupiter, ni la flamme, ni le fer, ni le temps vorace. Que le jour fatal qui n'a de droits que sur mon corps mette, quand il voudra, un terme au cours incertain de ma vie : la plus noble partie de moi-même s'élancera, immortelle, au dessus de la haute région des astres et mon nom sera impérissable. Aussi loin que la puissance romaine s'étend sur la terre domptée, les peuples me liront et, désormais fameux, pendant toute la durée des siècles, s'il y a quelque vérité dans les pressentiments des poètes, je vivrai." ;o)
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L'art d'aimer

Voulant pour un challenge, allier lecture dite érotique et littérature classique, me voilà plongée dans ce petit traité antique sur l'art d'aimer.



Exposé empreint d'humour et non sans quelques détours philosophiques. Evidemment, l'homme viril est mis à l'honneur mais la troisième partie est consacrée aux femmes et surtout, le plaisir de la femme n'est pas négligé. Ceci dit, cela n'a rien de véritablement érotique. Ce n'est pas le kamasutra des lettres latines.



Une belle petite découverte, très satisfaisante donc, que je n'aurais pas faite sans la nécessité dudit challenge.
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L'art d'aimer

Voici un livre que je souhaitais lire depuis longtemps; le challenge «Pioche dans ma PAL de mars 2016» m'en a donné l'occasion.

Il s'agit d'un petit format, 96 pages dans la collection Librio. Cependant l'écriture est dense et de nombreuses réflexions philosophiques y sont menées. Il s'agit d'une oeuvre de jeunesse du poète latin Ovide, né (pour l'anecdote) à Sulmona, ville italienne dont la spécialité est la dragée.



Je qualifierai ce livre de traité car il est très organisé: d'abord en trois livres puis en chapitres avec des titres très précis. Dès le préambule, Ovide se pose comme le maître dans l'art d'aimer: «C'est l'expérience qui me dicte cet ouvrage: écoutez un poète instruit par la pratique» (p.10)

Il précise qu'il ne parlera que des liaisons permises.



Comment trouver l'objet de son amour, comment séduire la jeune fille puis comment faire durer son amour… le texte est parsemé d'exemples empruntés aux mythes antiques, chaque mythe étant rappelé à bon escient pour illustrer son propos. J'ai beaucoup aimé les revisiter ainsi comme par exemple l'enlèvement des Sabines, Ariane, Pasiphaé, le taureau d'airain à Agrigente…

Et pourtant, ce texte me paraît tellement moderne dans la description de certains sentiments.

J'ai également apprécié les très nombreux exemples liés aux chasseurs, aux animaux, à la nature en général, qui permettent à l'auteur d'illustrer régulièrement et surtout concrètement son discours et apporter une meilleure compréhension.

Le livre III est dédié aux femmes et multiplie les conseils sur la toilette, le soin à la personne, la posture à prendre, la voix...ect…



Je suis surprise de trouver ce texte encore actuel finalement. le style est très littéraire et soigné (c'est un poète qui s'exprime) et c'est un véritable plaisir que de le parcourir.



Une lecture appréciée et que je place dans les incontournables!



Pioche dans ma PAL mars 2016

Challenge Multi-défis 2016 (item : un livre dont le titre contient un verbe à l'infinitif)
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Les métamorphoses

Les Métamorphoses est un poème en 15 chants, qui part de la création du monde pour finir à l'époque d'Auguste, en s'appuyant sur 250 métamorphoses environ et en retraçant les grands mythes fondateurs, comme le déluge qui est un thème commun à plusieurs cultures.



Ici, Deucalion et Pyrrha sont les deux seuls survivants, choisis par Zeus pour remplacer la race humaine de bronze, jugée trop impie...



La mythologie explique également certains autres événements naturels, comme le désert de Libye ou la couleur de peau des Éthiopiens.



J'ai souri en lisant certains vers, qui ont certainement inspiré Lavoisier (sa maxime est la seule chose que j'ai retenue de mes cours de chimie au collège !!^^) :





”Tout change, rien ne meurt."

(page 309)



Bref, ce qui marque surtout dans cette œuvre, c'est l'omniprésence du désir amoureux, qu'il soit partagé ou pas...

Philémon et Baucis (Chant VIII) représentent l'amour conjugal (mais également l'hospitalité et la piété), Pyrame et Thisbé (chant IV) l'amour malheureux (d'ailleurs, leur mythe a sûrement inspiré Shakespeare pour Roméo et Juliette).

L'inceste est également abordé et symbolise l'amour anormal avec les mythes de Myrrha (Chant X), Nyctimène (Chant II), Byblis et Caunus (Chant IX).

Enfin, les amours impossibles rendent les filles, qui veulent rester vierges, victimes du désir impérieux des garçons (Daphné et Apollon, Chant I) ou sont condamnées d'avance par la vanité (Narcisse et Echo, Chant III)



Les métamorphoses interviennent soit par punition (Lycaon est puni pour sa cruauté, Chant I) soit par récompense ou pitié (Philémon et Baucis pour leur hospitalité, Chant VIII).



Elles sont parfois la conséquence du désir de vengeance (l'Amour inspire ce sentiment à Apollon pour Daphné dans le but de se venger des moqueries de ce dieu à son égard : "Soudain Apollon aime ; soudain Daphné fuit l'amour" page 15 ; pour se venger de la trahison d'Apollon - encore lui ! - Vénus le fait tomber éperdument amoureux de la mortelle Leucothoe) ou la conséquence de remords (Athéna changeant Arachné en araignée pour se faire pardonner, Chant VI).

Ou le moyen pour Jupiter d'échapper à la vigilance de Junon pour commettre plus commodément ses adultères !

C'est aussi parfois le seul moyen pour des mortelles ou des nymphes d'échapper aux désirs libidineux des dieux (métamorphose de Syrinx poursuivie par Pan, Chant I).



Entre les dieux et les hommes, il n'y en pas un pour rattraper l'autre : vengeance sanglante et implacable, violence, fureur, infanticide, inceste, parricide, viols, mutilation, cannibalisme... franchement, la colonne des faits divers était bien alimentée à l'époque !



La mécanique des transformations est parfois un peu répétitive : il arrive que l'on assiste aux mêmes selon un schéma identique, et les digressions nous sortent parfois de notre lecture avant que l'on n'en revienne au sujet initial, mais les passages intéressants relèvent l'intérêt du lecteur (par exemple, j'ai adoré la légende de Midas ainsi que l'histoire très touchante de Cénis, Chant VIII)



De plus, j'ai mesquinement apprécié le fait qu'Ulysse soit montré sous un jour peu favorable !





Par contre, j'ai beaucoup moins aimé le dernier chant où Ovide passe un petit coup de brosse à reluire à Auguste (bon, OK, Ovide est alors en exil et aimerait sans doute rentrer dans les grâces de son prince) :



”César, né dans Rome, est dieu dans sa patrie. Sans égal dans la guerre comme dans la paix, ce n'est pas plus à ses travaux guerriers achevés dans la victoire, au sage gouvernement de l'état, au cours rapide de ses conquêtes, qu'aux vertus de son fils, qu'il doit d'avoir été changé en comète, et de briller parmi les astres : car, dans tout ce que César a fait, sa gloire la plus éclatante est d'être père d'Auguste.

(page 324)



Mais ça fait quand même un peu too much, non ?



Pour conclure, j'ai beaucoup aimé retrouver certains mythes connus et en découvrir d'autres. Mais je dois avouer, que parfois, je me suis un peu ennuyée, j'ai en effet trouvé certaines légendes redondantes, mais il faut dire que j'ai lu ce livre en à peine deux jours. Par contre j'ai été un peu gênée par l'alternance de l'emploi de noms grecs ou romains pour désigner les mêmes dieux, et je ne sais pas si ce défaut existe déjà dans le texte original.


Lien : http://parthenia01.eklablog...
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Les remèdes à l'amour

Les écrivains de l'Antiquité ne font pas partie de mes indispensables livres de chevet, ni d'une quelconque habitude de lecture. Pourtant, je trouve cette période de l'histoire passionante, alors puisqu'il fallait bien commencer quelque part pour découvrir sa littérature, pourquoi pas avec Ovide !



Le moins que je puisse dire c'est que cette lecture fut étonante par plusieurs aspects.



Tout d'abord, c'est le langage qui surprend ! Le style très travaillé sans être ampoulé, très riches en références sur la mythologie et très imagé n'a rien d'habituel !



Si le fond semble souvent être du pur bon sens, la forme très élégante a permis de garder a curiosité en éveil tout au long de ce court récit (extraits de l'Art d'aimer).

Ces deux textes sélectionner pour la collection sagesses de Folio fourni une preuve, s'il en fallait une, que l'amour et ses peines sont universelles et intemporelles - et que nous avons toujours beaucoup à apprendre des anciens !
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Les métamorphoses

Petit retour aux classiques avec ce magnifique livre : Les Métamorphoses d’Ovide. Souvent découvert dans le cadre du lycée, Les Métamorphoses sont un vrai chef-d’œuvre !



Il s’agit d’une œuvre ambitieuse nous relatant l’histoire du monde, de sa création jusqu’à Jules César. Divisées en 15 livres, Les Métamorphoses nous font découvrir plusieurs figures marquantes de la mythologie gréco-romaine. Difficile d’en faire un résumé tant les histoires sont diverses et variées. Il vous faut seulement savoir qu’ici vous retrouverez tous les plus grands mythes de la Grèce et de la Rome antiques.

C’est donc l’occasion de venir découvrir (ou redécouvrir) ces récits qui ont marqué l’histoire des arts et de la littérature. Ainsi, Narcisse, Io, Adonis, Dédale ou encore Énée sont des figures bien connues. Mais d’autres personnages mythologiques, moins bien connus, font aussi leur apparition ici et c’est un vrai plaisir que de se plonger dans ces récits mythiques !



Comme le titre l’indique, l’auteur se concentre sur les métamorphoses, des dieux comme des mortels. Ces derniers apparaissent surtout comme les victimes malheureuses des jeux des immortels qui aiment influencer leur destin et n’hésitent pas pour cela à revêtir toutes sortes de formes. Zeus, pour ne citer que lui, y recourt sans modération, pour parvenir à ses fins et échapper aux foudres de son épouse plus que jalouse. Les mortels apparaissent par conséquent, la plupart du temps, comme les jouets de ces êtres aux pouvoirs immenses. Néanmoins tous ont un destin exceptionnel mais à l’issue bien souvent fatale.

Vengeance, amour, trahisons, toutes ces facettes sont exploitées pour nous donner une œuvre extrêmement riche tant sur la forme que sur le fond. Bien que chaque histoire puisse être lue indépendamment des autres, il n’en existe pas moins une certaine continuité, à la fois chronologique et géographique. Tous les livres ne se valent pas, certains sont plus courts que d’autres ou plus intéressants. Personnellement, le livre XV est celui que j’ai le moins aimé, surtout par rapport aux personnages abordés.



Pour conclure, les ouvrages datant de l’Antiquité sont nombreux et tous ne sont pas accessibles. Mais Les Métamorphoses sont une exception et représentent un incontournable de la littérature tant son influence a été grande sur notre histoire. Que ce soit dans le cadre d’une étude ou bien seulement pour le plaisir, il ne faut pas se priver de cette lecture !
Lien : http://drunkennessbooks.blog..
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Les métamorphoses

C’est en me rendant à une exposition sur le peintre Jean Raoux (1677-1734) au Musée Fabre de Montpellier que "Les Métamorphoses" d’Ovide se sont révélées comme œuvre de référence de notre culture occidentale, et peut-être même universelle si l’on juge que certains récits ont probablement pour source des contes mythologiques asiatiques et orientaux. Nombreux sont en effet les artistes qui ont illustré ces récits légendaires ayant pour thème commun, de près ou de loin (Ovide se donnant de nombreuses libertés) la métamorphose.

Qu’ils soient dieux ou demi-dieux, mais encore de simples hommes, les personnages sont sujets, volontairement ou involontairement, aux transmutations. Car les hommes sont souvent les jouets des caprices divins. Ils sont forcés à se transformer pour échapper aux sollicitations, aux avances forcées ou aux agressions des dieux. Les jeunes jouvencelles sont constamment poursuivies par des dieux lubriques, le plus fervent de tous étant leur maître suprême, Jupiter. La cruelle Junon passant alors son temps à punir les infidélités de son mari en s’acharnant sur celles qui partagèrent, malgré elles, sa couche, à l’image d’Europe métamorphosée en génisse.

Ovide suit à la fois un schéma chronologique, car il part de la genèse du monde et avance au gré de la généalogie des dieux, mais suit également un schéma géographique en suivant les pérégrinations des héros célèbres de l’antiquité méditerranéenne, que ce soit Jason, Hercule, Ulysse ou Enée.

Un immanquable de toute évidence!
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Les tristes - Les pontiques

Ovide fut condamné par l'Empereur Auguste à la relégation vers l'an 8 après Jésus-Christ pour une double faute. Il avait écrit L'art d'aimer, poésie jugée à l'époque contraire à la politique de restauration morale d'Auguste, oeuvre trop permissive, peut-être même à la limite de la pornographie. L'autre faute fut d'avoir été témoin de quelque chose qu'il n'aurait pas dû voir, mais on ne peut vraiment savoir quels furent ce regard ou cette découverte.

J'ai apprécié les lettres adressées à son épouse Fabia, sous forme élégiaque.

Il y décrit les angoisses et tourments de son exil, rappelle son amour pour Fabia, ses recommandations, les sentiments qui l'animent, il il lui demande même et surtout de verser des larmes pour lui et même de se considérer comme sa veuve. Car c’est par cette douleur et ces larmes partagées, par cette compassion que le poète se sentira moins seul et moins désespéré. Il lui confie ses regrets et ses espoirs, tout cela avec une maîtrise du style remarquable où n'est pas absente une certaine modernité. un sentiment d'immédiateté et d'universalisme.

Ovide injustement condamné, par conformisme ! Ô tempora ! Ô mores !

Notre époque contemporaine, en comparaison, devrait rougir de ses productions littéraires neuf fois sur dix décadentes et inanes !!!
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