Il y a deux ans, je découvrais le bel univers poétique nocturne de Pog et Léon, le temps d’une nuit avec la charmante veilleuse Zhinü qui combattait déjà les monstres. Les voilà de retour pour nous faire frissonner derrière les rideaux de l’Opéra.
J’avais eu un coup de coeur pour Zhinü, c’en est un également pour Les Fantômes de l’Opéra que les auteurs ont pris le temps d’écrire afin de nous livrer un travail beau et poétique dans l’Opéra Garnier du début du XXe siècle. Un dessin tout en rondeur magnifique avec une utilisation de la lumière lumineuse et magique, une imagination folle et un décor soigné, voici les ingrédients de cette réussite. Les auteurs m’avaient charmée la première fois, ils récidivent ici.
J’ai fait cette lecture avec en-tête tout du long la chanson de Vanessa Paradis et M sur Paris et La Seine, tellement j’étais émerveillée par ce que je découvrais sous mes yeux. Après la peur des monstres lorsqu’on s’endort, Pog & Leon nous mettent dans les pas d’une petite fille, Jeanne, qui elle n’en a pas peur et ne craint pas une seconde les histoires de fantômes dans l’Opéra où elle vit. C’est donc à ses côtés que l’on s’y rend et découvre ce lieu de tous les fantasmes. Les auteurs mettent en scène avec énergie la vie dans le Paris des années 20 et ce qui se passe dans un grand Opéra comme celui de Jeanne. L’occasion de mettre le nez dans les coulisses, les répétitions des petits rats, le temps de suivre le chat fort en bêtises de Jeanne. C’est mignon, c’est truculent et ludique en même temps.
Les auteurs ont vraiment une belle science de la narration pour nous faire voyager dans ce lieu fascinant, d’abord en nous mettant avec humour dans les pattes d’un chat, puis comme le titre l’indique en faisant surgir d’un vieux gramophone des fantômes des plus grands succès de l’opéra que furent Carmen, la Flûte enchantée ou encore La Bohème et l’Anneau du Nibelung. Entre poésie et découverte, ce sera l’occasion pour le lecteur de s’amuser à suivre ces derniers faire peur à tout le monde, ou presque, dans l’Opéra mais également de découvrir ses pièces et ses personnages et peut-être donner envie de les écouter.
Les dessins de Stéphanie Leon sont d’une poésie incroyable. Les créatures auxquelles elle donne vie sont charmantes et virevoltent d’une page à l’autre, à l’image de cette double page dépliante incroyable quand les fantômes sont lâchés où elle nous offre l’opéra en découpe. C’est extrêmement beau, avec un incroyable jeu sur les ombres et lumières dans ce décor d’un autre temps. Mais les décors sont aussi très bien détaillés le reste du temps et jusque dans les tenues des personnages croisés, je pense notamment aux petits rats et aux fantômes. Les quelques paysages qu’on a de Paris où cela respire la bonhommie, en mode village de Belle au début de La Belle et la Bête, a aussi eu son petit effet sur moi. Vous l’aurez compris, je suis très très fan des dessins de la demoiselle.
L’histoire aussi a un charme certain car Olivier Pog, cette fois, s’empare d’un mythe : les fantômes, pour faire un jeu de mots avec une oeuvre littéraire connue : Les fantômes de l’Opéra, et faire basculer ce lieu dans un fantastique doux et charmant, un peu comme avec les fantômes de Poudlard, qui sont juste gentiment effrayants mais pas trop. Et l’utilisation de la musique comme vecteur est une fort jolie trouvaille à la fois pour le lieu et l’époque. A nouveau une franche réussite pour moi !
Pas la peine de se le cacher, cet album est pour l’instant mon petit coup de coeur de la rentrée littéraire jeunesse. J’ai tout adoré des dessins clairs-obscurs à la touche gentiment fantastique de l’aventure, jusqu’au décor historique si joliment rendu et ce duo d’enfants attachants. Si à chaque fois qu’ils partent à la chasse de nos peurs nocturnes, ce duo d’auteurs fait de l’aussi bon travail, il va vite devenir une référence pour moi !
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