L'eau et la terre propose des récits croisés. Un soldat Khmer, une jeune fille orpheline, des citadins déplacés, des paysans. Tous jetés sur les routes sur l'autel de la "plus pure" des révolutions. Des récits qui se croisent, qui semblent parfois avancer en parallèle, et qui comptent, par le détails, la folie khmère, les massacres et le désespoir. Les lunettes comme signature au bas d'un arrêt de mort. Et la survivance comme malédiction. Car tous ces personnages disent "je ne suis pas mort". Quand tous leurs proches ont disparus, eux restent là, errant, incertains.
Séra propose ici un récit très intéressant, à la fois lucide et pudique, qui sait dire l'horreur sans vulgarité, mais avec une certaine poésie. Ce qui m'a attirée, c'est le dessin. Fouillant parmi les BD de la médiathèque, je suis tombée tout à fait par hasard sur cette oeuvre, et le dessin si beau m'a tout de suite plu. C'est un dessin sublime, dans des tons de sépias ou de verts, qui réussi a être tout ensemble flou, précis, fantômatique, poétique aussi. Je regrette cependant que les personnages m'aient été si peu reconnaissables. De plus, on passe d'un récit à un autre sans transition, et je me suis un peu perdue parfois. Si bien qu'au bout d'un moment, j'ai cessé de chercher qui était qui.
J'ai trouvé très intéressant le procédé d'insérer des cartes illustrant les mouvements de population ainsi que des pages où sont inscrits des proverbes ou slogans Khmers.
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