Zerocalcare

R. a un mari en prison et deux enfants à la maison. Je la représente sous les traits d'un hérisson parce que je lui ai demandé et qu'elle a répondu "Je veux être un hérisson" (Écoutez, je suis dessinateur, pas psy)
(Dans les séries, le stéréotype qui est souvent véhiculé c'est que toute la vie d'une femme de détenu tourne autour de la peine de son conjoint.)
- Hélas, ô pauvre de moi ! Telle Pénélope, je tisse en attendant le retour de mon mari, pierre angulaire de mon identité et de mon existence ! Avec ces putains de prétendants qui ne me lâchent pas. Je sais même pas tisser, en vrai ça fait trois ans que je joue à Candy Crush. (p. 15)

Je suis fondamentalement convaincu que quand on parle d'une problématique, c'est toujours bon d'entendre les personnes concernées. Par exemple, si je me mets à pontifier sur la souffrance des surprises Kinder, c'est probable que je dise des conneries.
- Il est fort injuste que personne ne se souvienne des Crazy Crocos. Je vous en parlerai donc. Moi qui sais ce qui est bon pour eux. Ils étaient très mignons car peints à la main. Des babioles de grand goût.
Il est juste que ce soit un Crazy Croco, qui connait la question de par son expérience directe, qui en parle.
- On s'en fout de comment on est peints. On est bien plus que ça. Nous avons été hélas pris entre deux régimes sanguinaires. Les Tiny Tortues et les Grenouilles Mini Splash. (p. 76)

Putain, mais comment j'ai atterri ici, moi ?

On pense que dans la vie il faut parfois sauter dans le vide pour voir ce qui va se passer. Comme si la vie et le saut étaient deux choses différentes.
Mais ça ne marche pas comme ça. La vie c'est ce saut, cette matière inconnue, qui s'échappe dès que tu la traverses. C'est ce truc où tu flippes ta race.
C'est cette chute. La vie.
C'est tous les autres moments, ceux où tu ne sautes pas qui devraient s'appeler autrement.

Tu vois quand on te dit que tu as un insecte sur toi, et que tu sens ses petites pattes partout ? Voilà. Ben moi pareil, mais avec Daech. Je les sens tout autour qui grouillent.

Je ne sais toujours pas comment je m'en suis sorti vivant. Chaque matin, c'était comme une descente aux enfers. Et chaque après-midi, j'émergeais juste à temps pour le goûter et le club Dorothée.

Ce qu'ils font ici en ce moment, c'est un phare pour toute l'humanité, je trouve. Ca mérite d'être aidé, défendu, soutenu. S'ils perdent, on a tous perdu. Mais ils ne disent pas "Ao, venez tous vivre ici, on a trouvé le paradis sur terre !". Ils ont une méthode. L'exigence de toujours mieux faire, qu'il faudrait appliquer sur soi-même et là où on est.

On ne veut pas fonder notre économie sur la vente du pétrole. Notre révolution se base sur l’écologie, sur une relation respectueuse avec la nature. Nos commissions essayent de penser à l’avenir. Aux conséquences pour la terre. Et pour les peuples.

Questions. Trop de questions. La Turquie n’est pas un pays à questions.

Quelle quantité de douleur provoquent nos actions ? Combien de gens continuent à payer pour ce qu’on a fait ?

Pour ne pas rapporter de contenus électoraux, les éructations de slogans sont ici remplacées par un monologue de Jabba le Hutt

- Pendant que tu montes, je dépose une fleur pour tous les historiens, géopoliticiens et les amateurs de nuance qui sont morts en lisant ton résumé.
- Oh, ça va, merde, j'aurais voulu vous y voir en deux pages!

On est musulmanes. On ne se laissera pas donner des leçons d'Islam. C'est ceux de Daech qui ne sont pas musulmans. Nous, on respecte tout le monde. On enterre les morts, même les leurs. Eux, ils coupent des têtes, des mains, des pieds. Ils tuent des enfants. Ce sont des monstres sans conscience. C'est quoi la religion de gens comme ça?

Au centre de toutes les contradictions et des conflits du monde globalisé. Où les américains bombardent-mais-pas-trop, où la Turquie est-dans-l'Otan-mais-en-fait-aide-Daesch-contre-les-kurdes, où une société musulmane a fait de la-libération-des-femmes sa bannière et se bat seule contre une autre-société-musulmane-qui-a-fait-de-l'opression-de-genre-et-de-religion la sienne.

Désolé tu n'es pas mon genre. T'es trop parfaite. j'aime les femmes dont on voit les pixels.

Vas-y énerves toi si tu veux, comme une holothurie en chaleur.

On devient zombie par contagion, bordel, pas par l’opération du Saint-Esprit une
fois enterré !

Il paraît que la douleur rend plus fort, que ça blinde, il paraît. Que ça fait de vous un homme. Il paraît. Ces dernières années, j’ai traversé pas mal de deuils, des morceaux de cœur, perdus en chemin. Chacun d’entre eux est un bout de cette cuirasse, ça fait comme une armure. Personne ne te dit jamais que cette armure est lourde. Qu’elle te ralentit, t’isole. Te paralyse. Petit à petit la douleur te transforme en une sorte de bloc en béton armé. Mais au fond de ce bunker, il y a toi.

Le périphérique produit souffrance et exclusion sociale.

Les aventures de 4 personnages improbables et geek dans une Rome aux mains des zombies.