Citations de Alain de Botton (137)
La maison semble prendre plaisir à sa solitude temporaire. Elle se rajuste après la nuit, désengorgeant ses conduits et faisant craquer ses articulations. Cette digne et mûre créature, avec ses veines de cuivre et ses pieds de bois enfouis dans un lit d'argile, a beaucoup enduré: ballons rebondissant sur ses flancs, portes furieusement claquées, enfants essayant de faire le poirier dans ses couloirs, le poids et les soupirs des appareils ménagers et les mains de plombiers inexpérimentés dans ses entrailles.
Mon identité s’était depuis si longtemps concentrée autour d'un "nous" que le retour à un "je" impliquait une réinvention presque totale de mon moi.Il me fallut beaucoup de temps avant de voir s'estomper les centaines d'associations accumulées entre nous deux.
C'est dans un dialogue avec la souffrance que beaucoup de belles choses acquièrent leur valeur. Une certaine expérience du chagrin s'avère être une des conditions les plus insolites de l'appréciation de l'architecture. Nous pouvons, en dehors de tout autre condition requise, avoir besoin d'être un peu tristes pour que des bâtiments nous touchent vraiment.
Peu de choses peuvent à la fois être réconfortantes et terrifiantes que la constatation de l'amour qu'on inspire à quelqu'un d'autre car,à partir du moment où l'on n'est pas soi-même totalement convaincu de son aptitude à être aimé,les marques d'affection vous donnent à penser que l'on vous fait un grand honneur sans que l'on discerne très bien pourquoi.
Sur toute histoire d'amour plane la pensée,aussi horrible qu’impénétrable,de la façon dont elle se terminera.
Le problème avec le bonheur,c'est qu'en raison de sa rareté même il apparaît comme immensément terrifiant et angoissant d'en accepter l'offrande.
L'un des pires inconvénients de l'amour est que,un certain temps du moins,il risque de nous rendre heureux.
Un bel édifice peut renforcer notre volonté d'être meilleur.
Qualifier de "belle" une œuvre architecturale ou de design, c'est reconnaître en elle une expression de valeurs essentielles à notre épanouissement, une incarnation de nos idéaux personnels dans un support matériel.
L'amour avait beau être voué à la douleur et manquer à coup sûr de sagesse,on ne pouvait en faire fi.Il était aussi inévitable qu'irrationnel,mais son irrationalité ne suffisait malheureusement pas à vous en protéger.
Pour acquérir des connaissances, il faut peut-être se résigner à, et s’accommoder de, sa propre ignorance, attitude qui nécessite de comprendre que cette ignorance n’est pas forcément permanente et, d’ailleurs, ne doit pas être considérée comme un échec personnel, comme un reflet de ses propres capacités fondamentales.
Le boudeur est une créature compliquée émettant des signaux d'une profonde ambivalence, implorant l'aide et l'attention d'autrui tout en se préparant à les rejeter si on les lui offre et qui souhaite être comprise sans avoir besoin de recourir à la parole.
Aimer quelqu'un revient à s’intéresser beaucoup à lui et, en conséquence, à l'amener à saisir le sens de ce qu'il fait et de ce qu'il dit.
Pourquoi , si les choses ne peuvent nous apporter le bonheur, sommes-nous si puissamment attirés par elles? Parce que les objets matériels peuvent nous apparaitre susceptibles de satisfaire des besoins que nous comprenons mal. Ces objets figurent sur le plan matériel ce qu'il nous faut sur le plan psychologique. Nous avons besoin de corriger notre façon de voir, et de vivre, mais nous sommes séduits par de nouveaux objets.
On lève les yeux vers les nuages et leur grâce et leur beauté nous émeuvent. Ils semblent miraculeusement détachés de l'agitation quotidienne. Leur contemplation délivre un instant des préoccupations et les replace dans un contexte plus vaste, qui assourdit les plaintes continuelles de nos ego.
Le début du travail est la fin de la liberté, mais aussi du doute, de l'anxiété et des désirs rebelles.
La beauté donne t-elle naissance à l'amour ou est-ce l'amour qui donne naissance à la beauté ?
Je n'aimais pas Chloé pour son corps, j'aimais son corps pour la promesse de ce qu'elle était vraiment. Et cette promesse était exaltante.
J'hésite à décrire ce qui me semblait chez elle tellement dévastateur. Étaient-ce ces yeux verts, sa chevelure sombre, sa bouche, ses lèvres charnues?. J’hésite à répondre parce qu'il est toujours malaisé de traduire en mots les raisons qui vous attirent vers une personne plutôt que telle autre. Je pourrais également citer ses taches de rousseur sur son nez ou la courbe de sa nuque, mais en quoi cela pourrait il convaincre quelqu'un qui ne la trouverait pas séduisante.
La beauté, après tout, n'est pas quelque chose dont on puisse convaincre un tiers.
Nous aimons certains édifices pour leur aptitude à rééquilibrer ce qu'il y a de bancal en nous et à encourager des émotions que nos engagements prédominants nous contraignent à sacrifier.