Citations de Albert Jacquard (452)
Mon objectif, ce n'est pas de construire la société de demain, c'est de montrer qu'elle ne doit pas ressembler à celle d'aujourd'hui.
On peut apprendre à un ordinateur à dire : "Je t'aime", mais on ne peut pas lui apprendre à aimer.
Petite Philosophie à l'usage des non-philosophes
La vraie générosité doit être sincère et refuser les faux-semblants. Elle consiste à se mettre à l'écoute de l'autre en ne lui cachant pas la diversité des réactions qu'il provoque en nous. C'est à dire en lui accordant une part de ce qui est souvent le plus précieux : le temps dont nous disposons et qui si vite s'enfuit [..]. La générosité est le nom que l'on donne à l'attitude qui est au fondement de la construction de chacun : l'ouverture à ce que nous apporte l'autre, même lorsque cet apport nous paraît inquiétant, voire dangereux. Toute rencontre comporte un risque. Être généreux, c'est affronter ce risque.
Exprimer une idée est une activité difficile à laquelle il faut s'exercer ; la télé supprime cet exercice ; nous risquons de devenir un peuple de muets, frustrés de leur parole, et qui se défouleront par la violence.
"Réussir" est devenu l'obsession générale dans notre société, et cette réussite est mesurée par notre capacité à l'emporter dans des compétitions permanentes. Il est pourtant clair que la principale performance de chacun est sa capacité à participer à l'intelligence collective, à mettre en sourdine son "je" et à s'insérer dans le "nous", celui-ci étant plus riche que la somme des "je" dans laquelle l'attitude compétitive enferme chacun ; le drame de l'école est d'être contaminée par une attitude de lutte permanente, qui est à l'opposé de sa finalité.
L'oisiveté est, dit-on, la mère de tous les vices, mais l'excès de travail est le père de toutes les soumissions.
" Il faut que la terre entière devienne un refuge."
Ceux qui prétendent détenir la vérité sont ceux qui ont abandonné la poursuite du chemin vers elle. La vérité ne se possède pas, elle se cherche.
En réalité l'éternité, c'est ici et maintenant.
Etrangement, je découvre par hasard une parole de sagesse proposée par les philosophes soufis: "Vis pour ce monde comme si tu devais y vivre éternellement et pour l'au-delà comme si tu devais mourir demain." (Page 133)
"C'est quoi ton arbre préféré?"
Manifester son bonheur est un devoir ; être ouvertement heureux donne aux autres la preuve que le bonheur est possible.
L'un des spectacles les plus désolants et les plus révélateurs de la structure mentale qui sous-tend les Jeux olympiques est celui des athlètes arrivés quatrièmes.
La mine défaite, ils pleurent toutes les larmes de leur corps ; il n'y a que trois places sur le podium, ils n'y ont donc pas droit. Ils se comportent comme s'ils étaient des vaincus alors qu'ils viennent le plus souvent de réaliser une performance magnifique. Ils ont parfois, profitant de la présence de meilleurs qu'eux à leur côté, dépassé leur record personnel. C'est là une véritable victoire ; mais elle ne les console pas de se voir refuser l'accès au regard des caméras, de ne pas faire partie de ceux que l'on voit sur les photos et sur les écrans. Ils sont les meilleurs parmi les privés de gloire et cette place de premier d'une sous-catégorie a un goût détestable. Ils n'ont qu'un sentiment, celui de l'échec.
Tolérer, c'est accepter du bout des lèvres, c'est bien vouloir, c'est, de façon négative, ne pas interdire. Celui qui tolère, se sent bon de tolérer, celui qui est toléré se sent doublement méprisé pour le contenu de ce qu'il représente ou de ce qu'il professe et pour son incapacité à l'imposer. L'intolérance, auto défense du faible ou de l'imbécile, est certes une marque d'infantilisme, mais la tolérance, concession accordée par le puissant sur de lui, n'est que le premier pas vers la reconnaissance de l'autre ; d'autres pas sont nécessaires qui aboutissent à "l'amour des différences".
Tel que relevé pour "Les fils de la pensée" https://filsdelapensee.ch/
Ceux qui prétendent détenir la vérité sont ceux qui ont abandonné la poursuite du chemin vers elle. La vérité ne se possède pas, elle se cherche.
Selon les rédacteurs du nouveau catéchisme, l'homme a été créé immortel ; il est devenu mortel par le péché ; par celui-ci "la mort a fait son entrée dans l'histoire de l'humanité". De telles phrases ramènent la réflexion sur la condition humaine à un niveau pré-infantile.
La disparition corporelle est la conséquence nécessaire de la procréation initiale. Cela est vrai pour toutes les espèces ; prétendre que la nôtre pouvait échapper à cette fatalité, c'est se réfugier dans la douce illusion que la négation de la mort suffit à l'écarter.
Il faut comprendre au contraire que l'immortalité serait insupportable et qu'elle nous priverait de la force qu'apporte l'évidence de cette fin. La spécificité de notre espèce n'est vraiment pas d'avoir délibérément, par le péché, opté pour la mort ; elle est d'avoir osé porter notre regard sur l'avenir et d'en avoir constaté l'inévitable aboutissement.
Exister, c'est ne pas se confondre avec le milieu environnant, c'est être hétérogène, c'est être différent. Chaque couleur n'est elle-même que par le contraste avec la couleur qui lui fait face. Elle n'a de valeur que dans l'opposition.
L’important n’est pas que mon discours soit vrai, mais qu’il soit sincère.
... J'ai peur d'une société qui est tellement axée sur la compétition, la concurrence... Une société qui ose nous dire : "Vous devez être des gagnants". Mais qu'est-ce qu'un gagnant sinon un fabricant de perdants. Je n'ai pas le droit de fabriquer des perdants...
"Si je diffère de toi, loin de te léser, je t'augmente", saint-Exupéry, "Lettre à un otage".
Cette évidence, tous nos réflexes la nient. Notre besoin superficiel de confort intellectuel nous pousse à tout ramener à des types et à juger selon la conformité aux types ; mais la richesse est dans la différence.
Le système ne choisit pas les meilleurs, il choisit les plus conformes, c'est dangereux.