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Citations de Albert Londres (381)


p.18/Nous allâmes prendre le train pour Hanoi. C'était cent dix kilomètres à couvrir à travers le delta.Si vous désirez savoir ce que l'on voit par la portière, durant ces trois heures de trajet, vous enverrez un autre de vos collaborateurs refaire le voyage. Quant à moi, je m'effondrai dans un coin, les yeux fermés, la bouche ouverte. Par instants, à travers l'interstice de mes paupières, j'apercevais bien des rizières et de grands fauteuils de pierre qui étaient des tombeaux. Mais, loin du Tonkin, je rêvais à la Finlande. Je revoyais le temps heureux où, vêtu de peaux de bête domestique, je claquais des dents et pigeais des rhumes sur la mer Blanche. Ô Laponie ! Laponie ! murmurais-je...
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p.69/Grand drame, en vérité, que celui de l'Inde. Et nous n'en sommes qu'au prologue. C'est dans les yeux des hommes qu'il faut chercher le temps qu'il fera dans leur âme. Or les yeux des condottieri hindous sont chargés comme un ciel d'ouragan sous les tropiques.
Excelsior, 15 novembre 1922
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L’œuvre des condamnés militaires n’est pas un mythe, elle est écrite sur la terre dure. L’une des bases de l’institution est le relèvement par le travail. Le travail est un fait ; quant au relèvement, il se pratique, de préférence, à coups de botte.
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Les actes cruels qui marquent la carrière de beaucoup de sergents surveillants sont moins le résultat d’une décision de l’esprit que la conséquence naturelle d’une brutalité qui se croit des droits et se donne des devoirs.
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Pour enquêter dans les pénitenciers, il faut comprendre "toujours" quand on vous dit "jamais".
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Il fait haineux dans les pénitenciers comme il fait chaud dans une serre. S’il ne fait pas chaud dans une serre, à quoi bon y mettre des plantes ? Si ce n’est pour leur injecter de la haine, à quoi bon avoir des détenus ?
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p.76/Il fallut refaire beaucoup de kilomètres dans l'eau, la nuit et l'émotion. Les chiffres qui sont marqués sur les bornes des routes ne représentent plus pour nous des chiffres, ce sont des tableaux des circonstances, des rencontres. Nous n'avons pas à marcher, de tel poteau à tel poteau, mais à fouler l'endroit où mourait ce petit Belge en ne disant rien, ni de sa mère, ni de sa ville, ni de son secret. Ceci n'est pas un croisement de chemins, c'est cette ambulance dont nous avons vu crouler le toit avec le major. Ces vingt maisons ne sont pas vingt maisons. C'est ce débat d'âme d'un général découvert par les obus, se demandant s'il doit sauver la manoeuvre en se retirant ou laisser supposer à ses troupes présentes qu'un chef ne tient pas sous la mitraille.
Ainsi la route nous est une présence. Nous l'entretenons de nos souvenirs, butant parfois sur un cheval gonflé. Mais ce soir, nous ne pourrons converser longuement ensemble. Elle n'est pas à nous seuls. Elle est aux compagnies qui vont vers Dixmude.
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J’ai vu construire des chemins de fer ; on rencontrait du matériel sur les chantiers. Ici, que du nègre ! Le nègre remplaçait la machine, le camion, la grue ; pourquoi pas l’explosif aussi ?
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Je n’ignorais pas non plus que, pour se retrouver, il faut commencer par se perdre.
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Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie.
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p.167/Nous marchions dans Marszalskowska, direction du Bacchus, qui est un fameux restaurant de Varsovie. Ben acheta un journal yiddisch et le parcourut.
- En quelle année croyez-vous être ? me demanda-t-il.
- En 1929.
- Nous sommes en 5690.
Et il me montra le chiffre sur la manchette.
- Pour les lecteurs de ce journal, le monde commence avec Adam. C'est juste, mais je vous prie de prêter attention à la chose. C'est peut-être l'éclair déchirant tant d'obscurité. Aux Marmaroches, en Bessarabie, en Bukovine, en Galicie, dans Nalewki, hier à Goura-Kalvarya, nous étions en l'année 5690. Et dans quinze jours, quand vous débarquerez en Palestine, vous serez en l'an X du sionisme. Ne perdez pas de vue ces deux points.
Un pied sur Adam, un autre sur lord Balfour, quel écart ! Je sentis immédiatement le besoin de reprendre équilibre. Nous arrivions fort bien à la porte du Bacchus. Les deux hommes qui avaient perdu leur millésime la poussèrent. Peut-être y retrouveraient-ils l'année 1929 au fond d'une bouteille - ou, s'il le fallait, d'un tonneau !
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"L'Américain, voilà l'ennemi! Qu'a-t-il fait au Japonais? Il s'est mêlé de ses affaires. Et à deux titres, une fois comme Américain, une autre comme protestant." (p. 57)
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"Le Japon n'est pas Montmartre. Et la geisha n'est qu'une geisha. [...] Elle fait profondément partie du domaine national tout comme le cerisier, le samouraï et le hara-kiri. [..] C'est une danseuse d'attitudes, elle joue du samisen, mais cela n'est que son état. Et c'est par son rôle qu'elle existe et ce rôle est impondérable. [...] La geisha est à un Japonais ce qu'un centre d'attraction est à un corps céleste." (p. 49)
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"Qu'est donc ce peuple? C'est un peuple heureux qui n'attend le bonheur de vivre d'aucun autre, car il le possède." (p. 19)
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p.134-135/Ce matin-là, je louvoyais dans un quartier d'asile, en compagnie d'un interne.
- Les fous, me disait-il, ne sont pas ce que l'on suppose. Le public les voit mal...Ce ne sont pas toujours des forces déchaînées. Tenez, regardez ceux-ci, réunis dans cette salle.
Ils étaient une dizaine. Ils parlaient un peu haut, mais cela arrive aux personnages les plus sensés.
- Vous pouvez entrer, me dit l'interne.
J'entre. Les têtes étonnées se tournent de mon côté. Je reconnais le médecin-chef au milieu du groupe.
L'interne me saisit par le bras.
- Quoi ?
- Erreur ! fait-il en se mordant la lèvre, ce ne sont pas des fous mais des aliénistes. C'est la Ligue de l'hygiène mentale qui tient séance !
Il avait suffi de l'épaisseur d'un carreau !
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Ils se croient français, anglais. L'esprit les a quittés. Ils ont rompu l'alliance. Ils ont tout perdu. Pour nous, ils ne sont plus Juifs et, pour les Occidentaux, ils en sont cependant toujours.
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- Vous êtes comme votre collègue de Houndé qui demande un dompteur à la place d'un gouverneur. Fait-vous aussi flotter sur votre résidence le drapeau noir à tête de mort ?
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Des noirs des deux sexes travaillaient sur la route. Pliés en deux comme s'ils attendaient le partenaire pour jouer à saute-mouton, ils la tapaient avec une latte. Cette compagnie faisait deux rangées, une d'hommes, une de femmes, les femmes vieilles et laides, la peau ratatinée sur le squelette. Evidemment, elles ne pouvaient plus servir... qu'à la route.
Sur le bord de la chaussée, un orchestre : trois tambourins et un flûtiau. Pour donner la cadence aux cantonniers, les musiciens scandaient un air qui montait et descendait en quatre temps, sur quatre sons, du lever du jour à son coucher. Un chien pacifique en serait devenu enragé !
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- Le nègre ? Que l'administration commence. Pour elle, le nègre n'est jamais fatigué. Il traversera le pays à pied, il maigrira sur les routes, il crèvera à la "machine". Pour nous, tout juste si elle ne nous demande pas de le transporter dans un hamac ! Elle le spolie à coups de réquisition. Vous le savez bien... L'administration dépouille l'indigène ; mais comme l'indigène dit avoir de l'argent pour payer ses mpôts, elle nous permet de lui acheter ce qu'elle ne prend pas.
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De son sac, il sort une fiole : - Ça, c'est de la cocaïne pour les yeux, ça c'est du chloroforme pour les gencives ... - Ça, dit Ville, vidant aussi sa musette, c'est de la pommade pour me chauffer les genoux. - Et des pilules ? Voulez-vous voir des pilules ? Tenez, voilà des pilules. Ils en sortent trois boîtes chacun. - Bref ! dit Francis, nous marchons à la "dynamite". Henri reprend : - Vous ne nous avez pas encore vus au bain à l'arrivée. Payez-vous cette séance. La boue ôtée, nous sommes blancs comme des suaires, la diarrhée nous vide, on tourne de l'œil dans l'eau. Le soir, à notre chambre, on danse la gigue, comme Saint Guy, au lieu de dormir.
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