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Citations de Alexandre Vialatte (328)


Alexandre Vialatte
La ponctuation, ce n’est pas de l’orthographe, c’est de la pensée.
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Alexandre Vialatte
-L'homme n'est que poussière, c'est dire l'importance du plumeau.
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Alexandre Vialatte
Je veux seulement faire voir qu'il existe plusieurs sortes d'actualités: celle du grand temps, des journaux et de l'histoire, qui vocifère à travers la planète et couvre la voix des humains. Et celle d'une espèce de petit temps, qui est le tissu même de nos journées. Il y a le grand temps qui fait des tourbillons; et le petit qui parle à voix basse et marche sur la pointe des pieds; qui est toujours rempli des mêmes choses, habillé d'une étoffe usée. On le prendrait pour une miette du temps qui serait tombée d'une autre époque. Ce qu'on appelle l'inactuel, c'est l'actuel de toujours. Il semble à l'homme que ces deux temps n'aient ni le même grain, ni la même qualité, la même matière, la même couleur, la même époque. Et que le petit temps soit inactuel parce qu'il est l'actuel de la veille. Mais il sera l'actualité de demain.

"Chroniques de la Montagne n°552, 01/10/63"
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CHAT
Les chats sont de sales bestioles qui lacèrent les fauteuils et font pipi au milieu des salons, après quoi ils vont s'établir sur les genoux d'une dame respectable, une présidente de confrérie, une grand-mère de parents d'élèves, une lauréate de jeux floraux infiniment maigre et savante.
Tel est l'avis de plusieurs personnes autorisées. Ce sont des choses qu'on ne permettrait pas à un vieux général en retraite tout couvert de décorations, ou au premier vicaire d'une paroisse distinguée. a un igame, à un banquier utile, à un diplomate en fonction.
Et que font les dames ? Elles disent : "minou, minou, minou."
On voit par là combien le mal est profond.
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Alexandre Vialatte
La ponctuation, c'est la respiration du texte. C'est sa vie même.
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Alexandre Vialatte
L'Auvergne...C'est un secret plus qu'une province.
Elle vous tourmente toujours d'un tendre songe.
C'est quand on l'a trouvée qu'on la cherche le plus.
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Alexandre Vialatte
La mort est une ville de province peuplée d'habitants silencieux ; une petite sous-préfecture sans gare, oubliée des trains et des cars, dont les habitants nous attendent. D'autres fois je les vois dans la nuit d'un noir faubourg, mal éclairé, moucheté de lumières jaunes et tremblantes. Vieux pays, vieux jardins à la porte rouillée qu'ouvre seule la clef du souvenir.

Chroniques de La Montagne, 20.10.68
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Le train du soir.

" Vingt fois j’ai voulu dire adieu à ma jeunesse. Vingt fois j’ai craint de me montrer ridicule. C’était trop tôt. La fois suivante, elle était partie. On ne saurait dire adieu trop vite à sa jeunesse. Elle s’en va sur la pointe des pieds.

L’homme entre dans le soir de sa vie comme dans un pays étranger. Les gares sont plus petites et plus rares. Les voyageurs deviennent moins nombreux. Ils ont changé de costume. On ne voit plus de bérets basques. Les quais sont de plus en plus déserts. Les affiches, dans les salles d‘attente, ne parlent plus des mêmes montagnes. Et sou­dain, au bout d’un tunnel, l’horizon lui-même a changé. Quels sont ces longs pays bleuâtres ? Des plaines s’éten­dent, qu‘on n‘avait jamais vues ; transfigurées par on ne sait quel reflet. Plus loin, au loin (mais à quelle distance exactement ? les distances trompent), plus loin, c‘est la terre de la mort.

Si l’on descend dans quelque ville, elle est paisible, provinciale, et pour ainsi dire tourangelle. On en aime la lenteur et la sérénité, le ciel vert (je ne sais comment dire), les parterres du jardin public. On ne savait pas qu‘on n’aimait plus que les fleurs.

La nuit tombe et, sur les étoiles, on voit se détacher un bicorne. Il coiffe quelque amiral de marbre ou quelque académicien de bronze. On cherche le nom : c’est le petit D., qui ne savait pas la géographie, ou le petit L…, qu‘on battait en grammaire. L‘amiral avait peur de l’eau, l’académicien solennel était sergent au 3° zoua­ves. Le premier de la classe est devenu comptable, le timide fut martyr dans l’Oubangui, le dernier a son por­trait dans tous les magazines : on cite ses traits, on admire ses pièces. Le sportif s’est fait pharmacien, l’Au­vergnat dirige trois brasseries. Les autres sont morts. Une large rue mal éclairée, où l’on distingue dans une vitrine des hommes blafards habillés en chasseurs, porte le nom d’un grand graveur dont on fréquentait la maison ; on garde encore dans un tiroir sa pipe, sa rosette, son monocle. On se rappelle des fêtes sur la Marne, des charmilles, des drapeaux, des barques, des enfants. C’est à pleurer. Plus loin, une inscription gravée rappelle le nom d’un écolier qui se fit tuer dans la Résistance. On le revoit, à l’étude du soir, par une fenêtre du collège, devant un gros dictionnaire latin.

D’où sortent toutes ces choses ? D’un film ? De la mémoire ? On erre dans son présent comme dans un vieux musée. On s‘égare. Sur une petite place où clignote la lumière d’un restaurant jaunâtre, une statue (encore !) s’élève sous les tilleuls, qu’on discerne mal dans cette ombre. On l’éclaire avec une lampe torche. On retrouve le visage de son meilleur ami. Déjà…

Ils sont tous descendus pendant que le train était en marche. D’autres peuplent de longs cimetières. Un chat y passe, dans une allée, l‘après-midi.

Il faut reprendre le train du soir. Le pays est de plus en plus désert, les gares de plus en plus distantes. Et, un matin, les rails ayant changé de versant, on revoit, mais de si haut et de si loin, un bref instant, le pays de la vie, comme autrefois."
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Alexandre Vialatte
L'artiste est celui qui crée son monde, un univers à lui qui ne date que de son oeuvre. Il y a un monde signé Charlot, un monde qui est signé Proust, un monde de Simenon. Avant eux ce n'était pas pareil. Ils imposent leur vision. le monde lui ressemble ensuite.
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Alexandre Vialatte
Je profite de cette occasion, étant toujours instructif jusqu'aux dents, pour supplier mes aimables lecteurs de ne jamais employer "convoler" quand il s'agit d'un premier mariage.
On passe pour des gens quelconques qui n'ont jamais été notaires.
Un citoyen ne peut convoler qu'en secondes ou en troisièmes noces. Du moins aux yeux du dictionnaire. Et qu'est-ce qu'une vie sans dictionnaire ? Une aventure privée de tout ornement.
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Alexandre Vialatte
La confiture n'est bonne que s'il faut monter sur une chaise pour attraper le pot dans le placard.
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Alexandre Vialatte
L'escargot est naturellement héroïque: l'escargot ne recule jamais.
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CHRONIQUE DU MOT RARE

Les gens qui écrivent seraient bien gentils de ne pas employer tant de mots qu'on ne comprend pas. J'ai encore rencontré ce matin le mot omphalopsyque dans un texte anodin. Qui a jamais su ce que signifiait omphalopsyque ? Si ça a des pattes ou des ailes, si ça mange, si ça boit, si c'est européen. Il a fallu que je cherche dans le Larousse (en deux volumes), et j'ai vu : « hésichiaste »... L'omphalopsyque est tout bonnement un hésichiaste. Alors pourquoi ne pas le dire tout de suite ? Heureusement, il y a les dictionnaires !

La Montagne, 20 avril 1960.
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Pourquoi ne se suicide-t-on pas ?
Parce qu'il faut prendre le train, parce que quelqu'un appelle au téléphone, parce que la cloche sonne pour le dîner. Rousseau avait tenté vingt fois de se jeter dans l'étang de Montmorency.
"Pourquoi ne l'avez-vous pas fait ? lui demanda Diderot.
- J'ai mis la main dans l'eau... et je l'ai trouvée trop froide", lui dit Rousseau au bout d'un temps d'hésitation.
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Alexandre Vialatte
Ne traite pas le crocodile de sale gueule avant d’être complètement sorti du marigot.
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Il y a des livres où tout est gris comme une rue de faubourg. Les pages s’ajoutent aux pages comme des façades lépreuses s’ajoutent à des façades lépreuses. On va déboucher sur des orties. On s’attend à voir passer un chat.
Et tout à coup il y a des fleurs à une fenêtre, ou alors une lucarne éclairée subitement, qui découpe un rectangle d’or, ou alors les étoiles s’allument. Tout est changé.
Mais c’est bien rare. Quand un auteur est ennuyeux, c’est pour longtemps.
Généralement il faut ouvrir un autre livre pour rencontrer cette étoile, cette dorure, ce géranium inattendu, cette phrase qui vous frappe comme le soleil couchant, comme une comète qui passe avec sa queue de lumière, ou comme une aurore boréale qui s’installe dans le paysage.
Tout se modifie. Le monde en sort transformé. C’est la blancheur Persil ; un nouveau genre de blanc.
Ou alors quelque clair-obscur qui modifie le relief en redistribuant les ombres. Quelque chose d’étrange et de différent.

(Chronique du haricot refroidi – La Montagne – 9 janvier 1963)
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On vient d’enterrer Roger Nimier.
Il était jeune, il était beau, il était brillant, il était modeste et insolent, il était hussard, il était rapide, il est mort vite et d’un excès de vitesse.
C’était dans la logique des choses. Il ne pouvait finir qu’au galop. Son auto, son esprit, son cœur, allaient trop vite. Il a fini dans un écrabouillis. Jamais on ne vit pareil spectacle que celle de l’Aston-Martin dans laquelle il roulait au moment de l’accident.
Son style et son talent n’étaient pas moins rapides. Il cravachait les idées et les phrases ; si bien qu’elles donnaient l’impression non plus d’être successives, mais d’être simultanées ; on eût dit qu’il passait en foule. Jeune, il avait déjà la classe, l’autorité qui désigne les maîtres. L’âge aurait fait de lui notre plus grand écrivain.
On a tendance à croire frivoles ceux qui sont brillants, et mauvais cœurs ceux qui sont insolents. Il démontrait exactement le contraire. Il avait l’air de ne fréquenter que les bars et les salles d’entraînement, et il trouvait le moyen de diriger un journal ou d’être l’âme d’une maison d’éditions, d’avoir tout lu, d’écrire une œuvre et de consacrer à ses amis un temps qu’il prenait où ? On ne l’a jamais compris. Il avait pour eux des générosités de prince, des tendresses de nourrice, des délicatesses de maman, et sa pudeur savait aller jusqu’au cynisme.
Il avait certainement un secret. Le fond était certainement amer. Il le masquait par l’enthousiasme.
Qui était-il ? D’Artagnan, sûrement, et peut-être aussi Athos, d’une façon ou d’une autre : l’homme d’un mystère, et d’un mystère désespérant.

La Montagne – 9 octobre 1962
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Car M. Vingtrinier ne faisait rien. Il est difficile faire moins que ne faisait M. Vingtrinier, si l'on ne convient pas d'appeler faire quelque chose se réciter du Hérédia en face de son miroir à barbe, regarder sa chaussette percée, tuer des mouches par vingt-trois dans l'arche des David, ou compter les bons-primes d'une veuve gémissante. M. Vingtrinier ne faisait donc rien, mais ce rien, il le faisait à l'heure, son oisiveté ne lui laissait aucun loisir ; elle le poursuivait de devoirs impérieux, elle le harcelai sans trêves. C'était le bagnard de l'inaction, le persécuté de la paresse, le damné du désoeuvrement. Sa journée était un néant, mais il n'y eu jamais de néant si distribué, si ramifié, si réparti, et si souvent chronométré.
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L'homme accepte difficilement qu'un animal vienne contrarier des idées reçues acquises au prix de diplômes couteux.
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Il y a trois sortes de femmes, disait Apollinaire : les em...bêtantes, les embêteuses et les embêteresses ; la Grammaire est une embêteresse.
Elle distille l'ennui distingué.
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