Alexiane de Lys

—Ce qui arrive peut sembler être une tragédie, prinsinn minn, mais comme le disent les hommes, il faut parfois les cendres d'un incendie pour rendre au sol sa fertilité.

Il sourit alors que son coeur de glace fondait.

- Je sais, mais toi tu es spéciale. Tu es une petite princesse, un petit ange...

- Non.

Elle avait nié avec une telle fermeté qu'il se tut d'emblée, interloqué.

- Comment ça ?

- Je ne suis pas un ange. Moi aussi j'aimerais leur faire du mal, sauf que je ne peux pas, c'est tout. Quand on est méchant avec moi, j'ai des pensées... des mauvaises pensées.

Je pense que beaucoup de gens en viendraient à se demander s'ils ne sont pas victimes d'une sorte de malédiction.
Mais moi non, parce que je sais d'où cela vient : je suis victime d'un manque de bol intergalactique. Je suis juste horriblement poisseuse. Je ne vois pas d'autres explications.

- Bon allez, c'est pas tout, mais faut qu'on bosse ! On réglera tes problèmes épidermiques plus tard. Passe-moi mes palmes.
Je n'ai pas réagi, choquée.
- Tatie... tu plaisantes, j'espère ! Regarde mes mains, bon sang ! On dirait que je me décompose ! Je ne vais pas bien, là ! Et toi tu veux aller nager ? T'es folle ? Emmène-moi aux urgences avant que je perde mes membres.
- Arrête de chouiner, Calimero ! Je m'y connais en problèmes de peau, et je peux t'assurer que t'es pas sur le point de devenir manchote. Alors fais confiance à ta vieille tante et aide-moi. Ce soir, on verra ce qu'on peut faire pour toi.

- Parce-qu’elle me fait penser à moi. Zeus, le dieu qui est censé avoir donné un nom aux étoiles, n’a pas nommé cette constellation en l’honneur de cette femme, mais plutôt pour qu’on se rappelle tous les jours, ou plutôt toutes les nuits, qu’il n’est pas bon d’être imbu de sa personne. Je crois que c’est un conseil qui m’aurait été fort utile, si je lui avais prêté un peu plus d’attention.
[...]
- Tout ce que je peux te dire, c’est qu’un jour il va bien falloir que tu te pardonnes. On est tous imparfaits et il nous arrive à tous de faire des erreurs. L’important est de s’en rendre compte et de ne pas les reproduire.

- On t'a déjà dit que tu avais les yeux les plus extraordinaires du monde ? me demande-t-il soudain.
J'esquisse un sourire gêné.
- Tu vas me jeter dehors si c'est le cas ?
Il prend un air faussement courroucé.
- Non, par contre, je vais aller dans ton monde et retrouver l'insolent qui a eu l'audace de te le dire avant moi.

- Ça, ma vielle, c'est HORS DE QUESTION. Tu ne nous convaincras pas de te laisser partir toute seule.
- Et puis, Cuba c'est quand même super ringard comme ville, quand on y pense.
- Et c'est quoi cette idée de partir toute seule !? S'insurge Tom. On est tes amis, comment tu peux penser aller chez les Narques et t'éclater sans nous ? C'est hyper égoïste comme réaction !
J’hallucine complément.
- Mais vous êtes tous une bande de tarés bipolaire ! Il y a cinq secondes à peine, vous me hurliez dessus parce que vous ne vouliez pas aller chez les Narques !
Isha me menace de son doigt.
- Ça, c'était avant que tu nous cherches en jouant l'héroïne qui se sacrifie pour sauver ses potes. Pour qui tu te prends ? Mulan ?

Il me lance un dernier regard d'avertissement avant de me serrer brièvement la main avec chaleur.
Puis il me fait un clin d’œil :
"Dis-lui de me laisser tranquille et de se détendre. Je sais parfaitement ce que je fais."
Je lève la tête, un sourcil haussé avec dédain :
- Il a dit : "Va te faire foutre, et pète un coup, ça te fera du bien. Et tant qu'on y est, enlève le balai que t'as dans le derrière, tu te sentiras beaucoup mieux."

J’inspire à grands coups et me redresse, un grand sourire optimiste sur le visage, gonflée à bloc et décidée à prendre le taureau par les cornes. Un vague plan se dessine dans ma tête et je m’y accroche désespérément, convaincue que c’est mon ticket de sortie :

1) Je retrouve Gabriel.

2) Je tue Gabriel et jure de ne plus jamais lui pardonner.

3) Je pardonne à Gabriel.

4) Je trouve mon père, nous avons une petite conversation père-fille tournant autour du thème « Qu’est-ce que tu as derrière la tête et que me veux-tu exactement ? »

5) Je dis bye-bye aux Myrmes, Narques, Kamkals et toute la clique et vais m’installer dans un endroit désertique du genre désert de Gobie ou Antarctique avec Gabriel, en priant bien sûr pour que celui-ci soit d’accord et que les pingouins et/ou chameaux soient des voisins agréables.

6) Nous eûmes beaucoup d’enfants et vécûmes heureux pour toujours.

-Gab?
Un grand sourire s'allonge sur son visage.
-Je savais bien que tu pouvais pas oublier ma belle gueule.

— Qu'est-ce que tu veux ?
Il me regarde, et je me surprend à réduire encore plus l'espace qui nous sépare.
Il m'imite et se penche pour murmurer:
— Toi.

—Tu pars pour le champ de bataille, prinsinn minn ?
—Hildr ne t'a pas dit ?
Tara s'esclaffa de bon cœur.
—Tu connais ta sœur ! Elle est avare en explications et moi je suis trop polie pour lui tirer les vers du nez.
—Mais moi, en revanche, tu ne te gênes pas pour m'interroger, si je comprends bien ? reprit-il, faussement offensé.
—Oh ! disons que tu ne m'adresses aucun coup d'œil foudroyant quand je me montre indiscrète, alors j'ai pris de mauvaises habitudes...

Elle ne sait pas ?

Je tombais de Charybde en Scylla. Il s'est arrêté quelques secondes pour me dévisager d'un air presque désolé.

- Ma puce, si ta mère le savait, elle nous aurait tous les deux enfermés à double tour dans nos chambres respectives et elle aurait installé un dragon au pied de l'escalier. Tu veux bien m'aider, s'il te plait ? On n'a pas beaucoup de temps.

J'avais toujours été révulsée par l'égoïsme de l'être humain, mais jamais au point de me dire qu'il n'aurait jamais dû exister

De nos jours, le monde de la mode fait croire à toutes les filles qu’il faut ressembler à un squelette pour être belle. Mais ce n’est pas vrai du tout !
- mere de Tom

"Il m'arrive de temps en temps de retrouver une certaine lucidité. Comme quand j'entends quelqu'un prononcer son prénom. Dans ces moments-là, j'ai l'impression que je me vide de mon sang. Que je me vide de mon âme."

Pour vivre heureux, il faut vivre caché

Sous les étoiles, alors que nous nagions l’un en face de l’autre, je me suis autorisée à rêver d’un monde où je l’aimais et où il décidait de m’aimer en retour.

Pour moi, voler, c'est le vide, l'attraction terrestre et de la compote humaine.

—Mais tu peux naviguer au large ?
—Je peux, oui, j’ai les autorisations.
—C’est pas dangereux ?
—Tu comptes me faire passer un entretien d’embauche ou on peut y aller ? Dépêche-toi, je veux pas rater la tête de Poil-de-Carotte quand il comprendra qu’on est de la partie.