Citations de Ali Smith (47)
Elle aime lire, elle passe son temps à lire, elle aime bien lire plusieurs livres en même temps, elle dit que ça lui donne une perspective et une dimension infinies.
Mais lui et moi, n’étions pas faits pour aller ensemble.
Il croyait que c’était parce qu’il était trop vieux. Certes, il était bien plus vieux que moi, et par rapport à mon âge à l’époque, c’était un ancêtre. Il avait déjà plus de soixante ans. Même si maintenant, j’ai compris qu’avoir soixante ans, c’est comme avoir n’importe quel âge, comme avoir soixante-dix. On ne cesse jamais d’être soi-même de l’Intérieur, quel que soit l’âge que les gens vous attribuent de l’extérieur. (p. 244)
Charlotte traversa la cuisine pour ouvrir le réfrigérateur.
On aurait dit le frigo de quelqu’un d’autre, un frigo de publicité, ou le frigo dans un reportage sur la vie quotidienne d’une famille. Il était rempli de nourriture dont l’éclat, la fraîcheur et l’abondance étaient choquantes.
Mon Dieu, dit Sophia. J’avais besoin de tout sauf ça. (p. 119)
L’été, c’est marcher sur une route comme celle-ci en se dirigeant à la fois vers la lumière et l’obscurité.
Un conte triste, c'est mieux pour l'hiver, alors Shakespeare injecte l'artifice de la tristesse, c'est un artifice de dramaturge: il répand l’hiver partout précisément pour avoir un véritable été et faire jaillir un conte joyeux d'un conte triste.
Oh, j’adore Kafka, dit sa mère. Un livre devrait être une hache qui sert à briser la mer gelée en nous. Je pense que c’est l’une des plus belles choses jamais écrites.
La poitrine de Sacha s’est remplie du genre de chaleur dont une fois, quand elle était très petite, elle avait demandé à sa mère d'ou ça venait tellement céait agréable, et sa mère avait dit que c’était son été intérieur.
Si l'on donnait une chance aux morts, avec leurs compétences et leur expérience, ce monde, ou bien ce purgatoire, serait, je le pense, bien meilleur.
Puis elle lui avait demandé s'il savait que des chercheurs laissaient pourrir des cadavres humains pour étudier leur décomposition à l'air libre.
Non. Il n'était pas au courant. Comme c'était intéressant.
Il avait sorti son carnet Art en Nature et pris des notes à ce sujet.
Imagine, avait-elle dit pendant qu'il écrivait, un champ rempli, cette fois, de tous les appareils qu'on n'utilise plus.
Quels appareils ? demanda-t-il en remettant son carnet dans la poche de son sac à dos.
Les vieux appareils, dit-elle. Les appareils délaissés par les humains. Les gros ordinateurs d'il y a dix ans, non, cinq ans, voire de l'année dernière, toutes ces choses obsolètes, les imprimantes que personne ne parvient plus à connecter, les écrans pas plats, ces choses maintenant dépassées.
Art ressortit son carnet pour écrire. Puis il le referma, mais le gardait près de lui, au cas où Lux dirait autre chose d'intéressant ou d'utile.
J'aime me les représenter mentalement, avait-elle dit, j'aime les imaginer dans un champ avec des scientifiques qui font le tour de ces appareils pour étudier leur décomposition.
He was the most beautiful boy I had ever seen in my life.
But he looked really like a girl.
She was the most beautiful boy I had ever seen in my life.
La fillette est quelqu’un ou quelque chose en provenance d’une légende ou d’une histoire, le genre d’histoire qui à la fois ne parle pas de la vraie vie, mais qui est en fait la seule façon de comprendre quelque chose sur la vraie vie.
Si vous passez devant un buisson ou un arbre, vous ne pourrez pas ne pas l'entendre ce bourdonnement mécanique, la nouvelle vie déjà à l’œuvre, l'usine du temps.
Et si, dit la fillette, au lieu de dire cette frontière sépare ces endroits, on disait cette frontière unit ces endroits. Cette frontière tient ensemble ces deux endroits si différents et si intéressants.
J’ai traversé le monde pour venir chercher de l’aide ici, lui a dit un dét kurde. Et vous m’enfermez dans cette cellule. Je dors chaque nuit dans des toilettes avec quelqu’un que je ne connais pas et dont je ne partage pas la religion.
Mars. Le mois de l’éclosion qui peut aussi être celle de la neige, le mois de la floraison de ces têtes de jonquilles aux airs de parchemin. Le mois des soldats, car ce nom vient de Mars, le dieu romain de la guerre ; en gaélique, ça veut dire hiver-printemps et en vieux saxon, le mois âpre à cause de l’âpreté de ses vents.
Il faut être réaliste, Charlotte. Ils viennent nous prendre nos vies, dit sa mère.
Je crois deviner ce que tu as voté, dit Iris. Dans ce soi-disant référendum. Ma sœur. La soi-disant plus intelligente des deux. Moi, j’étais l’indomptable. Soi-disant.
Mais qu’est-ce que deviendra le monde, Mrs. Cleves, si nous ne résolvons pas le problème de millions et de millions de personnes qui n’ont nulle part ou aller, dont les maisons sont devenues inhabitables, si nous nous contentons de leur dire de partir et de bâtir des clôtures et des murs? Ce n’est pas une réponse satisfaisante de déclarer que certains peuvent décider de la destinée des autres, de les inclure ou de les exclure. Les humains doivent se montrer plus ingénieux que ça, et aussi plus généreux. Nous devons trouver une meilleure réponse.
De colère, la mère d’Art serre les bras de sa chaise.
Ce soi-disant référendum, dit-elle, devait servir à empêcher notre pays de prendre en charge les soucis d’autres pays, et d’avoir à faire des lois autres que celles qui sont faites ici pour les gens d’ici.
Cela ne vaut que si tu considères qu’il y a eux et nous, dit Iris, et pas nous tous. Alors que l’ADN prouve que nous ne formons en fait qu’une seule et grande famille.
- J'ai presque eu le temps de lire un livre ici, ce matin, dit Elisabeth. Alors je me dis que ça serait une bonne idée de mettre des ouvrages à disposition des gens qui attendent afin qu'ils puissent lire s'ils le souhaitent. Avez-vous déjà songé à ouvrir ou installer une petite bibliothèque ?
- C'est drôle que vous parliez de ça, dit le type. Parce que la plupart des gens ici ne viennent pas là pour les services de la poste. La bibliothèque a fermé, alors quand il pleut ou quand le temps est trop moche, les gens se réfugient ici.
Dans les gouttières, entre les bardeaux des toits, des paillettes de poudre blanche demeuraient visibles ; quelques semaines plus tôt, c’était tombé comme de la neige sur les toits et les pelouses, sur les champs et les ruisseaux. Aucune sorcellerie, aucune guerre n’avait étouffé la renaissance de la vie dans ce monde sinistré. Les gens l’avaient fait eux-mêmes.
(p. 126-127, Partie 2).
Imaginez être hanté par le fantôme de toutes ces morts. Imaginez être hanté par le fantôme d’une fleur. Ou plutôt, imaginez être hanté (si tant est qu’être hanté, ça ait une réalité au-delà de la névrose ou de la psychose) par le fantôme (si tant est qu’existe une chose telle que les fantômes, au-delà de l’imaginaire) d’une fleur.
(p. 14, Partie 1).
Elisabeth était ahurie. Ahurie de la tête aux pieds. Comme si un ahurissement avait ouvert la gueule pour la gober à la manière d’une vieille peau caoutchouteuse.