Citations de Amanda Sthers (629)
Alfred, d'ailleurs, n'avait pas l'air d'un homme qui va mourir du tout. Il était là, comme le sable, comme la pierre et le soleil de plomb. Il faisait partie de cet Afghanistan maudit, de cette ville, sans âge elle aussi, Kaboul, entre épuisement et naissance à laquelle il ressemblait tant.
Pardon mon fils.
Mes silences, David, faisaient le bruit de l'amour.
Quand on chuchote les souvenirs de l'intérieur, on se fait du chagrin.
Grave. Sombre. Epaisse. Sensuelle. Une voix du matin qui sentait le café chaud.
Monsieur Rosenmerck,
Soit vous me prenez pour un imbécile, soit vous l'êtes. Il se peut que ce soit les deux et même que vous ignoriez l'un des deux faits. Vous me suivez ?
Madeleine n’a pas l’habitude de ce genre de situation. Comme tous les gens aimés pour la première fois, elle est méchante avec Rémi. Elle découvre la joie et le dégoût que cela provoque. Elle ne respecte pas Rémi Kerguikou. Un type qui l’aime ne peut pas être un homme valable. Il ne comprend pas, et comme c’est la première fois qu’il aime, il l’aime encore plus.
Elle vit seule mais elle ne s'est jamais assise au milieu du canapé. Toujours laisser une place à l'espoir du cul d'un homme près du sien
Voyez-vous docteur, la musique est une forme de silence. C’est un langage qui se tait… On ne parle pas de musique avec les mots, on la ressent. Comme les orgasmes, comme l’amour. Il faudrait mille mots pour dire aimer. Car aime-t-on jamais deux personnes de la même façon? Ce serait insultant pour celui que l’on quitte, humiliant pour ceux que l’on découvre. L’amour, comme la musique, il ne faudrait jamais en parler.
Il fallait leur dire ça pour qu'ils gagnent du temps. Que les princes tôt ou tard se barrent sur leurs chevaux blancs dans des contrées lointaines. Que les promesses sont tachées dès qu'elles sont formulées. Si on promet, c'est qu'on choisit. Et finalement on veut toujours le parfum dans le cornet du copain. Tu es sûr? Bien sûr? C'est moi que tu aimes? Mais oui. Pourquoi tu poses cette question? Parce qu'il y a pas mal d'options dans le reste de l'humanité. C'est toi que je veux. J'aurais dû leur dire qu'un jour on se hait. Et que, ça encore, ça ressemble à une histoire. J'aurais dû leur dire qu'un jour on se méprise, on s'indiffère.
Mon père s'est essuyé avec sa petite serviette, délicatement, comme à chaque fois, il s'est levé, il m'a pris dans ses bras. Je pense que c'était la première fois.
"Elle s'en sortira" il m'a dit.
Et puis du sang a commencé à tacher le fonds de ma culotte.
Comme si l'étreinte de mon père le faisait sortir enfin.
Moi je l'ai serré aussi.
J'ai serré fort.
Jérôme, il s'appelle Jérôme mon papa.
Avec lui, on est allés dans la chambre et on découvert les miroirs, et je me suis vue, enfin, et là, je me suis reconnue.
Je suis prisonnière du vieil homme que je suis. Que j'ai toujours été. Tu vois Julien, je suis née vieux. Je suis prisonnière du jour d'après, qui empêche le maintenant, le tout de suite.
Elle s'en va en pleurant. Avec mon père, ils se prennent dans les bras, et se disent « elle s'en sortira ». J'ai longtemps cru qu'ils parlaient de la France mais j'ai des soupçons. J'ai l'impression, j'ai la nette impression qu'ils parlent de moi, Joseph Rosenblath, comme d'une fille, de leur fille de vingt ans. C'est vrai, dans le miroir, les apparences sont trompeuses. Mais moi je n'ai pas de miroirs, je les ai tous cachés. Et puis dans les yeux des gens, quand même ! On ne peut pas confondre un type de 77 ans élevé à la carpe farcie, déniaisé par une pute de la rue Tournefort en 1946 avec une gamine qui surfe sur internet.
Monsieur le rabbin, j'ai suivi toutes vos indications depuis que je suis arrivé en Israël afin d'y élever des porcs. Je les ai installés sur pilotis comme des Hawaïens au-dessus de la mer. Jamais une de leurs pattes n'a frôlé la Terre sainte. Sauf bien sûr quand vous acceptez qu'on s'en empare pour pourchasser des terroristes
Ça fait vingt ans que j'appelle mon père papa parce que je ne me souviens plus de son prénom.
Forcément mon vrai père s'appelait Moshé, et celui-là fête les rameaux alors il doit plutôt s'appeler Jean quelque chose ou Pierre quelqu'un...
Je ne pense pas qu'il se doute que je ne connais pas son nom, ça lui ferait de la peine.
J'ai bien pensé à me marier, pour qu'on décline son état civil, et celui de ma mère, et le mien à haute voix, que je sache enfin... La vérité...
Mais me marier avec qui?
Quand on est un vieil homme on a du mal à embrasser un jeune con. Alors l'épouser, vous pensez bien...
Ma mère s'obstine.
Elle me dit " Sophie".
Je sais, on sait, j'ai sûrement de vieux amis dans la salle qui le savent, je m'appelle Joseph Rosenblath! Mais elle m'appelle Sophie...
" Sophie" elle me dit "Ne sois pas juif, juste ce soir, ne soit pas ce vieux juif. Tes grands-parents sont là. Ça va finir par mal tourner."
Je crois qu'elle fait çà pour me protéger.
Je crois qu'elle n'a plus toute sa tête.
" Les allemands sont partis" je lui dis "on n'est plus obligés de faire semblant."
Elle s'en va, en pleurant.
Avec mon père, ils se prennent dans les bras, et ils se disent "elle s'en sortira".
J'ai longtemps cru qu'ils parlaient de la France mais j'ai des soupçons. J'ai l'impression, j'ai la nette impression qu'ils parlent de moi, Joseph Rosenblath, comme d'une fille, de leur fille de vingt ans."