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Critiques de Amélie Cordonnier (397)
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Pas ce soir

Il arrive un temps où le désir s'amenuise, où le quotidien fait son œuvre et les caresses autrefois si savoureuses n'ont plus la même saveur, pire éloignent et dégoûtent. Notre personnage principal ne comprend pas pourquoi du jour au lendemain sa femme migre dans la chambre de leur fille, partie de la maison.



Un monologue masculin à la fois subtil et parfois lourd, qui expose toute la perte de repère de cet homme qui ne saisit plus le comportement soudain de sa femme. Plus de vie sexuelle du jour au lendemain, à l'orée de la cinquantaine, sans colère ni rupture. Il se pose des questions, tergiverse, tente des choses, louvoie et devient vite obsédé par le sexe. Un homme qu'on comprend, qu'on pourrait connaître ou reconnaître, un homme comme tant d'autres et c'est ce qui fait la force de ce texte.



Amélie Cordonnier qui avait dans Trancher traité du thème de la violence conjugale, revient ici avec un sujet tout aussi saisissant. Elle ne nous condamne pas à subir les tergiversations de son personnage sans aucunes avancées, elle nous embarque dans la spirale infernale de l'amour sans plus pouvoir l'assouvir. L'amour qui devient contrarié mais qui est toujours présent. Le mal être absolu d'un couple qui ne se comprend plus. Jusqu'aux dernières pages où le voile se fait jour...


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Pas ce soir

Ce roman raconte l'histoire d'un couple à la dérive du fait de la perte complète de libido pour elle et de la souffrance de plus en plus insupportable du manque de sexe pour lui.

La romancière raconte l'histoire en se mettant du point de vue du conjoint !



Il se trouve que ce qu'elle raconte, c'est exactement ce que je vis depuis plusieurs mois dans mon couple, et mon ressenti, ma frustration (d'homme) sont exactement ceux qu'elle décrit. A tel point que je me suis demandé si son nom n'était pas le pseudo d'un homme dans cette situation, précisément !



Ma femme n'est pas allée jusqu'à faire chambre à part et nous sommes toujours "bien" à nous blottir l'un contre l'autre dans le lit, mais elle dort depuis longtemps lors que je vais me coucher, et elle n'émet plus jamais de signal montrant qu'elle a envie de sexe.



A ce stade je ne cherche pas à la tromper, comme dans le roman, mais si une occasion s'offre à moi, j'y réfléchirai sérieusement tellement je me sens frustré !



Dans l'histoire l'homme avoue son "écart" à sa femme qui le prend très mal, ce qui pour moi fait montre d'égoïsme, mais je pense que c'est un réflexe conditionné chez les femmes et la mienne réagirait surement pareil !



J'ai beaucoup aimé ce livre, mais malheureusement il n'a pas eu d'effet bénéfique, ni apaisant, ni réconfortant sur moi, mais m'a fait réaliser que cette situation doit être "universelle" car dans un couple il n'y a aucune raison que la perte d'envie de sexe intervienne simultanément chez les 2 partenaires ...



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Pas ce soir

C’est donc l’histoire d’un couple, marié depuis 23 ans, qui, assez « brutalement » n’a plus aucune relation charnelle ni sexuelle.

L’auteure pourtant n’évoque pas spécialement l’histoire de ce couple mais nous livre ici le point de vue de l’homme, du mari, délaissé, c’est ce qui fait donc toute l’originalité du récit .

Le lecteur est donc assez rapidement immergé dans les pensées de ce mari extrêmement frustré et dans son ressenti .

Il se sent terriblement seul, dans cette chambre conjugale désertée par son épouse, et cette solitude , ce manque d’elle, du plus petit contact à leurs ébats torrides d’il y a bien longtemps, l’obsède.

Ce manque d’elle, et de sexe, est alors source d’inquiétude, de préoccupation, ça l’angoisse, ça le hante, lui occupe son temps, ses nuits, il n’y a plus que ça, ou plutôt, il n’y a tellement plus rien que ça en devient tout.

Il est obnubilé par ce « plus rien ».

Et pourtant, …….. il reste cet homme qui ne pense plus qu’à ça alors que …….. la première chose à faire serait d’en parler avec elle non ? …… vous la sentez, cette petite pointe d’agacement qui monte en moi…….. Vous l’aurez deviné, je n’ai pas du tout été touchée par cet homme .



La plume de l’auteure décortique le ressenti de cet homme dans les moindres détails.

C’est tranchant , vif, cru.

Pour ma part, jusqu’à l’écœurement. Au dégoût. Parce que trop de détails tue le détail…… parce qu’en fait, savoir par exemple,que cet homme bande à tout va, ça ne me fait pas rêver, en fait . Ça ne me fait pas réfléchir non plus. Ça ne m’interpelle pas . Ça ne me touche pas .

Ses phrases sont courtes, elles traduisent le mal-être de cet homme avec ce style haché.

Elles s’amusent avec les mots , avec des chansons aussi . Ça interpelle. C’est souvent joli.



Je conclurai ainsi :

Amélie Cordonnier innove. Elle parvient , grâce à ce récit à la fois déroutant mais toutefois parsemé de quelques vérités, à faire réagir et même bondir le lecteur en l’invitant à plonger dans les pensées et le cœur d’un homme marié trop longtemps resté « sur la béquille ». Un texte qui a le mérite de déstabiliser,le temps de cette lecture, toute femme en pleine ménopause !!
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Trancher

« On s’habitue à tout. A perdre à souffrir, à manquer ».

Percutant !!!

C’est l’histoire d’une femme qui s’est battue pour son couple, pour son homme, Aurélien. Parce qu’il était le seul homme, l’unique… Cet homme fragile, perdu, qui a parfois cette tendresse désolée.

C’est l’histoire d’une combattante qui a fait de son mieux pour tenir, pour devenir celle qui compte plus que tout.

C’est l’histoire d’une femme qui a essayé d’effacer le foudroiement, l’hallucination, la sidération, la honte, le désespoir, cette litanie infinie qui sort de lui, ces insultes, cette dévalorisation, cette humiliation.

C’est l’histoire d’une « violence sourde, invisible, planquée qui s’exerce portes fermées dans la maison chauffée ».

« Ses mots sont des couteaux qui tranchent ce que tu as de plus fragile ».

Elle essaye d’anticiper ce moment où tout dérape et redoute cet instant où tout bascule.

L’écriture est incisive, prenante. Cette auteur est vraiment à suivre !!

J’ai découvert Amélie Cordonnier grâce aux 68 premières fois avec « un loup quelque part » que j’ai beaucoup aimé et me suis plongée, après l’avoir rencontrée au « Rock’n books », dans son premier roman primé en 2018.

C’est à lire !!

Éditions Flammarion
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Un loup quelque part

J ai adoré ce livre j avais beaucoup aimer 3trancher" d Amélie

Je ne saurai vous dire pourquoi mais cette auteur décrit les problèmes de société à merveille sans être pathétique

Il y a des situations dans la vie qui ne s explique pas.

Il est question d amour paternel et maternel , de flirt avec la folie , de secret de famille , d'instinct maternel et de racisme

Oui tous ces sujets dans un petit roman

Je suis un peu perturbée par cette lecture. nous ne pouvons pas rester indifférente à cette situation

bonne lecture







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Trancher

Cette femme est prisonnière d'un amour idéalisé, celui qui la lie à Aurélien, l'homme séduisant, actif, et charmant qu'elle a épousé et avec qui elle a eu deux enfants.

Dans le huis clos du foyer pourtant, cet homme « parfait » perd le contrôle et agresse verbalement sa compagne, comme ça, sans raison apparente, pour se passer les nerfs…Il l'agonit d'insultes et déverse sur elle des torrents d'insanités. Puis revient à la normale et semble effacer l'ardoise…

Le roman est bien écrit, dans un style très maîtrisé, chirurgical, efficace, vif, fluide. le lecteur est captivé…

Lorsqu'après avoir suivi les nombreuses hésitations, analyses, résolutions, décisions ajournées de cette femme, après avoir mesuré l'étendue des dégâts psychologiques qu'endurent cette mère et ses deux enfants, thème d'ailleurs très bien mené, qui éclaire de manière réaliste et intelligente le processus de destruction, on comprend qu'elle va devoir trancher. Trancher pour se sauver, trancher pour protéger ses enfants qu'elle adore et qui l'adorent...



Et puis on arrive au dernier chapitre.

A mon sens une facilité, constituant la faiblesse de ce roman dont finalement on n'arrive pas tirer un enseignement, qui laisse perplexe…comme si l'auteur n'avait finalement pas osé prendre une décision, comme si trancher n'était pas dans ses cordes, comme si c'était au lecteur de le faire pour elle...

Tout ça pour ça…

Ce livre, pourtant bien écrit, prometteur, a pour moi raté sa vocation et la force qu'il aurait pu avoir avec un dénouement différent.

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Un loup quelque part

J'ai beaucoup aimé ce livre. Il se dévore et je n'ai pas pu le lâcher. L'écriture d'Amélie Cordonnier est ciselée et le sujet du livre dérangeant : Il s'agit d'une femme, maman pour la seconde fois. Si elle accueille avec bienveillance ce "bébé-surprise", tout bascule le jour où elle lui découvre une tâche foncée sur la peau. Il y a un loup quelque part...

Et c'est le début du désamour. Amélie Cordonnier décrit avec finesse et précision la descente aux enfers de cette mère, qui n'arrive plus à aimer son fils et n'assume pas son absence "d'instinct maternel". Au fil des pages de ce texte brut, choc, sur un sujet tabou, on craint pour cette mère et son sentiment de dégoût vis-à-vis de son enfant, mais aussi d'elle-même. Un livre qui ne laisse pas indifférent.

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Un loup quelque part

Amélie Cordonnier m’avait déjà happée avec son précédent roman Trancher. J’avais l’impression d’avoir été en quelque sorte sonnée par des uppercuts assénés sans relâche.

Encore une fois, l’auteure m’a percutée violemment. Sa plume est incisive pour décrire la situation la plus difficile qui soit pour une mère.



Amélie Cordonnier aborde un sujet délicat, celui de la maternité et celui des origines. Acceptation de soi, acceptation de la différence aussi. La résilience est au bout d’un long chemin.



L’auteure nous plonge dans la tête, les tourments de son personnage principal, cette femme, maman pour la seconde femme. Elle ne parvient pas à aimer son enfant. Elle devient bourreau.



Vers la folie ?



Amélie Cordonnier décrit fort bien les tourments, les idées mortifères qui la hantent, la honte qui la submerge aussi. Elle semble sombrer peu à peu dans la folie mais parvient encore tant bien que mal à masquer son mal-être, son désarroi à son époux et à sa fille aînée. Enfin presque car la gamine pose des questions bien senties et elles piquent là où vibre cette douleur incommensurable pour sa mère.



Le rejet pour son enfant grandit de jour en jour et le lecteur plonge dans l’horreur. Sa folie la conduit vers la maltraitance. Amélie Cordonnier ose. Elle ose aborder dans ce roman un sujet tabou. Elle ose disséquer et montrer un lien maternel inexistant. Elle ose créer un personnage qui est mère mais ne se sent pas mère. Je ne dévoile rien mais son histoire personnelle compliquée et un lourd secret expliquent bien des comportements, sans les justifier évidemment.



La plume est un véritable scalpel. Les phrases sont courtes, tranchantes. Un loup quelque part m’a percutée de plein fouet mais j’ai vraiment aimé cette lecture même si le sujet est ô combien délicat et difficile.


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Un loup quelque part

"L'amour maternel est infiniment complexe et imparfait. Loin d'être un instinct, il faut plutôt un petit miracle pour que cet amour soit tel qu’on nous le décrit." - Élisabeth Badinter, "XY, de l’identité masculine"



"À défaut de pouvoir l’échanger, elle voudrait recommencer son bébé."



Après un 1er roman aussi réussi que "Trancher" (Flammarion, 2018) qui braquait sa lumière crue sur la violence au sein du couple, j’attendais le 2e avec l’impatience de la lectrice qui devine qu’Amélie Cordonnier n'est pas de celles qui rechignent à s’emparer d’un sujet fort.

Et mon attente n'a pas été déçue.

Le sujet d'"Un loup quelque part" est d’autant plus dérangeant qu’il est tabou. Une mère peut-elle ne pas aimer son enfant ? Comment faire le deuil de l’enfant fantasmé quand l’enfant paraît ? En tournant les pages de ce roman terrible s’est mise à danser devant mes yeux la phrase qui ouvre le 2e roman de Gabrielle Tuloup, "Sauf que c’étaient des enfants", paru en ce début d'année aux Éditions Philippe Rey et embarqué lui aussi dans cette aventure des #68premieresfois :



"Le réel ne prend pas de gants."



Le réel n’a pas pris de gants, en effet, avec cette femme que l’autrice ne nommera jamais tout au long des 272 pages de ce roman écrit à la 3e personne, bien qu’il adopte le point de vue de cette professeure de français de 35 ans.

Heureuse, mariée à Vincent, mère d’une adorable Esther, 8 ans, elle a mis au monde un petit garçon en parfaite santé, Alban.



"Ce bébé n’a peut-être pas été voulu, mais il a été attendu."



À l’occasion d’une visite de routine chez le pédiatre dont la salle d'attente est noire de monde, elle va déceler une tache infime, presque rien ou si peu, au cou de son fils.



"Les gigotements d’Alban l’empêchent de boutonner le polo rapidement. Elle rajuste le col et c’est alors qu’elle la remarque. Une tache. Noire. Toute ronde. De la taille d’un petit pois. Extrafin, le petit pois. C’est la première fois qu’elle la voit."



Un grain de beauté, peut-être ?

Alban a à peine 5 mois et le pédiatre ne paraît pas convaincu par cette hypothèse sur un enfant aussi jeune. Par contre, il se pourrait bien que…



Le choc et avec lui l'effondrement qui précède la chute, vertigineuse.

Alban ! Quelle ironie, ce prénom, quand on y pense !

Très vite la situation devient kafkaïenne – les références à Gregor Samsa envahissent le texte comme les taches noires le petit corps de l’innocent Alban. Elle bascule, n'en finit plus de tomber



"L'amour ne lui vient pas. C'est comme si elle l'avait perdu. On peut perdre l'appétit et même ses esprits. Alors pourquoi pas l'amour ? Elle a perdu la tendresse, toutes les caresses."



et devient bourreau à son corps défendant qui se met à refuser toute nourriture et tout repos :



"Elle n’en peut plus de se forcer. Se forcer à s’occuper de lui, se forcer à aller le chercher quand il crie. N’en peut plus de devoir prendre sur elle pour le nourrir, l’habiller, le baigner. S’en veut de réprimer un mouvement de recul chaque fois que les doigts d’Alban agrippent son pull. Culpabilise de ne jamais le bercer. De ne pas savoir le consoler. A honte de ne pas aimer le regarder, le toucher. De ne pas l’aimer tout court."



Pour le "petit miracle" dont parle Élisabeth Badinter, on repassera !



Pour ne plus le voir, pour que les autres ne voient pas l’objet de sa honte, elle ensevelit le gamin sous des couches de vêtements insensées où il étouffe, le laisse macérer dans sa couche des journées entières, oublie de le nourrir, de le laver, le laisse pleurer et, pour enfin le faire taire, l’assomme de médicaments dosés à la va-vite.

La maltraitance est là ; la folie guette cette femme à la dérive qui évite de peu le geste irréparable.



"Elle récupère le petit, attrape la serviette, l’y enveloppe, se penche pour retirer la bonde et c’est à ce moment que l’envie lui vient de jeter le bébé avec l’eau du bain."



La prouesse d'Amélie Cordonnier est de montrer, sans fard, la douleur d'une femme perdue si bien qu'il nous est impossible de la détester tout à fait. Bien au contraire, le lecteur souffre avec elle et avec son petit garçon, pareillement.



"Elle gravit son calvaire sur les marches de la nuit. Aucune force de rien. Deux semaines qu’elle ne dort plus, ne mange plus. Deux semaines qu’elle respire avec peine."



La métamorphose n'est pas que celle d'Alban, c’est la sienne aussi. De mère aimante à mère maltraitante n'y a-t-il vraiment qu'un pas ?

#balancetongosse



Alban maigrit, finit par ne plus pleurer, ne plus réclamer son attention ; il sent bien, ce petit bonhomme résigné, que quelque chose ne va pas chez sa maman qui, de son côté, sait qu’elle ne renvoie pas l’image de la mère attentionnée,



"Elle se fait honte. Comment peut-elle avoir autant aimé son premier enfant et ressentir du dégoût pour le suivant ?"



sent les regards lourds posés sur elle, celui de Vincent qui s’inquiète sincèrement que son mariage ne puisse y résister, mais aussi celui de la rayonnante Esther à qui on ne la fait pas !



"Maman, t’étais méchante comme ça aussi avec moi, quand j’étais bébé ? lui a innocemment demandé Esther. Dans sa voix, il n’y avait ni reproche ni jugement. Juste de l’étonnement."



La candeur de l'enfance et ses questions sans détour !



Elle se doute que, pour lever l’obstacle qui l’empêche de renouer avec son petit garçon, elle va devoir interroger sa propre histoire, celle d’une enfant qui a perdu sa mère trop tôt et qui découvre, à 35 ans, le secret qui entoure sa naissance et que son père, faute de courage, lui a tu tout ce temps.



S’accepter elle pour l’accepter lui.



Amélie Cordonnier adopte un style nerveux. Ses phrases sont courtes, amputées ici d’un verbe, là d’une coordination, elles courent à la catastrophe et nous nous essoufflons avec elles. Leur instabilité nous désarçonne comme leur musicalité forcée. J’avais noté dans son précédent roman combien l'autrice aimait déjà à jouer avec les sonorités, les allitérations, les assonances, à créer des rimes sur lesquelles viennent mourir ses phrases dont on devine le dernier mot avant même qu’il ne soit écrit.



"Il n’y a pas de carton, mais c’est une vraie invitation que Vincent formule à son intention."

"Pour un oui ou pour un non. Un bleu ou un cheveu blond. Et toujours elle répond. Elle participe à tous les fils de discussion, se montre concernée par toutes les interrogations. Mais elle a visiblement disparu de la circulation."

"Le petit, lui, caquette, ouvre grand les mirettes pour ne pas en perdre une miette."

"Ses chagrins la font chanceler, pauvre chevalier chenu."



Une seule syllabe sépare user d'abuser. Ici, le procédé est usé jusqu'à la corde, filé sur des pages et des pages au risque de flirter avec l’artificialité et je reconnais en avoir été agacée. La petite musique est vite devenue un lancinant crincrin aussi douloureux à écouter que l’est, pour la mère, son enfant à regarder.



Heureusement, le style s’adoucit quand enfin elle prend la route avec enfants et bagages pour renouer le dialogue avec son père. Leur relation, qui a marqué le pas à cause de l’incompréhension, du ressentiment et de la frustration, est belle de mots tus. Le duo père-fille est à tordre le cœur et c’est logiquement auprès de cet homme que la vie a abimé et qui, comme elle aujourd’hui, s’est retrouvé à terre à la mort de son épouse, qu’elle va trouver l’apaisement, la force de se relever pour retisser le lien à son fils, patiemment, timidement, humblement.



"Un père pareil, ça colle la pression. Si l'instinct maternel existe, lui il l'a."



L’amour que lui voue son père, immense et inconditionnel, lui montre la voie et la fin est bouleversante.



"Pendant un instant elle ne voit plus le contraste de sa peau foncée sur ses seins blancs. C’est un équinoxe de douceur. La torpeur de ce moment gomme les couleurs. Efface toutes les douleurs. Alban a les yeux fermés. Pourtant il ne somnole pas. Elle le sait car de sa bouche s’échappe un bruit régulier, très léger. […] Ce n’est pas un ronflement. Ni un ronronnement. Plutôt un roucoulement. Comme pour signifier que la vilaine tourterelle est pardonnée."



Élisabeth Badinter, toujours elle, a écrit que "l’amour maternel n’est qu’un sentiment humain. Et comme tout sentiment, il est incertain, fragile et imparfait" et c’est cela qui est questionné ici. Amélie Cordonnier appuie là où ça fait mal, sonde cet amour qui ne va pas forcément de soi au travers de cette histoire de résilience dont on sent qu’elle aurait pu tout aussi bien basculer dans l’horreur absolue.

Et moi, lectrice malmenée et inquiète, j’accueille cette fin, heureuse, comme une délivrance.



"Il n’est aucune beauté qui n’ait sa tache noire. Même le coquelicot. Au cœur porte la sienne, que chacun peut voir." - Dicton marocain
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Un loup quelque part

⭐️Wahou une claque⭐️

Que dire de ce roman, sans trop vous en dévoiler ?!

Une allure de thriller, une tension palpable tout au long du récit.

C’est dur, on tremble, on retient son souffle, on a peur !

La plume d’Amélie est toujours aussi tranchante et dérangeante.

Ce roman m’a fait penser à #chansondouce de @leilaslimanette

C’est une vraie réussite, à lire absolument !!!
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Trancher

[lecture coup de poing]

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Amélie Cordonnier met en scène une femme dans la tourmente et nous livre le roman d’un amour ravagé par les mots.

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Un livre puissant, dérangeant, marquant, intense qui ne laisse pas indifférent. Un roman sur la violence psychologique, tranchante, destructrice et l’amour avec ses doutes et ses compléxités.

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[partir ou rester : pas d’autres possibilités. C’est entre ces deux murs qu’il faut choisira: TRANCHER ]

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«  jamais il ne lève la main , jamais il ne la touche , mais les mots qu’ils lui jettent au visage sont aussi meurtriers »

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Un premier roman réussi, fort et puissant .
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Trancher

C’est revenu, comme ça sans prévenir, la violence d’Aurélien. Sept ans de répit et du jour au lendemain les insultes ont repris en ce week-end de septembre en famille. Uppercut. Cataclysme. Sous le choc. « Elle » pensait que la part d’ombre d’Aurélien ne referait plus surface. « Grosse pute », «Cachalot » , « Pouffiasse », « Connasse » et tous les autres noms qui riment en « asse ». Ces mots qu’elle se prend en pleine face, elle les note, en fait une liste. Elle aime ça faire des listes. Coucher ces mots sur le papier pour «  qu’ils aillent s’inscruster ailleurs qu’en elle ».

Mais cette fois-ci c’est différent. Elle ne sombrera pas comme il y a sept ans. Elle doit prendre une décision. Pour elle, pour ses enfants Vadim et Romane. Elle doit trancher! Partir ou rester? Dans quelques mois, le 3 janvier elle aura 40 ans. Date limite de consommation de son ancienne vie. C’est décidé, le 3 janvier, Aurélien saura sa décision....



Un premier roman à l’écriture sincère et malheureusement très réaliste. Elle, cette femme sans nom, parlant à la deuxième personne du singulier. Une approche au premier abord déroutante mais qui donne toute sa force à ce récit poignant. Le « tu » pour se donner de la force, du courage. Elle nous parle et se parle à elle-même. D’ailleurs tout au long de ma lecture je me suis demandée , tout en espérant que non, s’il y avait une part autobiographique tellement les mots sont justes et criant de vérité.

Doit-on accorder moins d’importance aux violences verbales ? Les blessures ne sont certes pas visibles mais pas moins préjudiciables. Sont-elles d’avantage pardonnables que les coups ? « Tu n’es qu’une merde » est-ce moins violent qu’un coup au visage ?





Pardonner, rester, partir, ne plus céder, tout recommencer. Un engrenage dans lequel les victimes n’arrivent pas s’extirper.

Il s’excusera, trouvera ou non des circonstances atténuantes. Beau parleur, des mots d’amour après des mots de haine et beau tout court « tu es revenue à cause d’un jean qui épousait parfaitement son cul »





Trancher est donc roman qui ne vous laissera pas indifférent. Sans tomber dans le pathos, l’auteure a su aborder avec justesse la violence conjugale.

Je comprends mieux maintenant tous les avis positifs que j’ai vu passer l’année dernière !



Je remercie Babelio et J’ai lu pour cette masse critique.
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Trancher

Trancher, c'est le roman qui raconte les violences d'un homme sur sa femme, sur la mère de ses enfants.



Elle pensait que ça en était fini de tout ça et que ces excès de violence étaient derrière eux. Quand un matin, il se tourne vers elle et lui balance une injure qui lui fait l'effet d'un coup de couteau en plein coeur sous le regard médusé de leurs enfants.

Elle reste stoïque. Elle attend une amélioration qui ne viendra jamais. Dès lors, elle a un choix à faire, et son échéance sonnera le jour de son 40e anniversaire.



Paru chez Flammarion lors de la rentrée littéraire 2018, Trancher d'Amélie Cordonnier se voit noyer parmi toutes les autres sorties.

Pourtant, son sujet est actuel : féminisme, violence conjugales, tout y est, jusqu'à l'écriture acérée de l'auteure. En effet, Amélie Cordonnier aborde la violence psychologique avec brio. Sa plume directe est aussi "tranchée" que le titre de son roman. On retrouve des phrases courtes, directes, incisives et vraies. On se juxtapose à la vie de cette femme, on veut l'aider et la secouer, on veut gifler ce mari violent. Je pense que dès qu'un roman nous touche à ce point, c'est qu'il a remplit une partie sinon l'intégralité de son contrat : toucher son lecteur.



COUP DE COEUR.
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Trancher

Des violences conjugales vécues, décrites par l'auteur à la 2e personne du singulier. Un style qui annonce le naufrage intime d'une famille et signe le désastre d'une histoire d'amour qui finit dans un paradoxe insoutenable.

Cinglantes violences verbales, destructions sous l'éructation de mots lancés, tels des couteaux, flèches... mots projectiles qui enserrent sa proie... combat sidérant en listes silencieuses pour seul bouclier.
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Trancher

Récit raconté à la troisième personne, comme pour se détacher du contexte violent et extrême. Roman ou "biographie", ce peut être l'histoire de millions de femmes dans le monde : harcèlement psychologique, brimades quotidiennes, insultes, colères sans raison apparente, dépendance amoureuse, dépression, pensées suicidaires et conséquences sur les enfants parfois désastreuses ... sont les nombreux thèmes soulevés par ce livre qui dérange !

Premier livre.
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Trancher

Tous les fumeurs vous le diront : le plus difficile n’est pas d’arrêter.

Non, le plus dur, ce qui coûte vraiment, ce qui nécessite une volonté sans faille, une lutte acharnée contre soi-même, des ruses de sioux pour contourner ses propres pièges, ses petits arrangements avec sa conscience, sa faiblesse en un mot (car il faut bien un mot…), le plus dur, c’est de ne pas y retourner, de ne pas replonger, de ne pas se laisser happer pour « rien qu’une », « juste ce soir », juste parce qu’on en a très envie et que l’on se rappelle combien c’était bon. Le plus dur, c’est de trancher. D’arrêter pour de bon cette si mauvaise habitude qui nous fait tant de bien, ce plaisir qui nous détruit, ce geste anodin et élégant en surface qui de manière sournoise et souterraine prépare notre mort et finira par nous exploser au visage dans toute la laideur soudain révélée d’un cancer quelconque.

Quelle justesse dans les mots d’Amélie Cordonnier, quelle précision dans son analyse, quelle rigueur dans le tempo de cette tentative désespérée de désintoxication à l’amour de son héroïne.

On la suit pas à pas dans cette relation addictive parce que si belle, parce que si grande, parce que si réussie et enviable à bien des égards. Avec elle, on prend de plein fouet la violence des paroles assénées comme autant de coups, par surprise et à un rythme variable. A ses côtés, on guette chaque enjambée gagnée sur la pente glissante qui la mènera vers le haut, vers son évasion définitive et on souffre avec elle de chaque nouvelle chute qui l’obligera à reprendre sa douloureuse progression depuis le début.

On sent, on sait pourtant, comme ses enfants, comme sa sœur, comme sa meilleure amie, que c’est un chemin qu’elle ne pourra faire que seule et que rien ni personne, pas même elle, ne pourra l’empêcher de faire demi-tour si le désir en est trop impérieux. Et on sait qu’alors, comme la vaillante petite chèvre de Monsieur Seguin qui aura combattu toute la nuit, au matin, le loup la mangera.


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Trancher

Mon dieu, quel récit ! C’est avec sincérité, émotion, pudeur, réalisme et tellement de puissance qu’Amélie Cordonnier signe ce premier roman criant de véracité.



Elle joue avec les mots, leur donne une brutalité et une émotion si forte qu’elle nous estomaque et nous assomme par la violence de leur sens. Leur ingéniosité dans leur assemblage (comme ce jeu des stations de métro page 134), la douceur qui se mélange à la brutalité et à la détresse, le quotidien banal qui explose subitement sous les coups des paroles de celui qu’elle aime sont autant de perles que d’épines. C’est beau, fort mais terriblement douloureux. ...........................................
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En garde

Ce roman sonne comme une promesse. Amélie Cordonnier a en effet promis à sa famille de raconter cet événement qui a bouleversé leur quotidien du jour au lendemain. Comment prouver à des inconnus qui vous jugent que l’on aime ses enfants ? Qu’on ne les maltraite pas ? Qu’on prend soin d’eux ? Que faire quand un homme, délégué par les services sociaux, s’installe chez vous pour imposer ses règles ? Rien. On est désarçonné. Alors Amélie, comme sa famille, prend son mal en patience, tourne sept fois sa langue dans sa bouche, mais peut compter sur les conseils de son avocate. Jamais la famille aura été si peu joyeuse, si oppressée, si étrangère dans sa propre maison, si traumatisée. « En garde » bouleverse, prend aux tripes et nous murmure : « Et si cela vous arrivait ? »
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En garde

Une lecture qui s'essoufle au fil des pages. Quel dommage !

Le thème était excellent et le début du livre est particulièrement réussi.

Mais passé le 1er tiers du livre, il ne se passe plus grand chose. Une désagréable sensation de tourner en rond.

J'ai malgré tout lu ce livre en entier car le style d'écriture de Amélie Cordonnier est léger même si je n'ai pas trop accroché à l'environnement décrit. On peut en effet le ranger tranquillement dans la catégorie livre 'bobo' parisien. Cependant, un certain questionnnement sur la culpabilité parentale (ou l'absence de culpabilité) est abordé mais pas assez approfondie à mon goût 'suis-je un bon parent quand je fais garder mes enfant par une baby-sitter'.

En résumé, une lecture facile, un thème intéressant mais malheureusement un sentiment d'inachevé.





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En garde

Un bon sujet : quel parent ne s'est pas senti parfois incompétent ? Alors, si la protection de l'enfance convoque la narratrice, même si c'est sûrement une erreur, il reste un petite crainte... Malheureusement le récit part ensuite dans un délire invraisemblable qui perd le lecteur. En tout cas, moi je n'ai plus adhéré, même si j'ai poursuivi jusqu'au bout.
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