AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Amy Liptrot (110)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


L'Instant

L'héroïne part en voyage depuis les Orcades, d'abord vers Londres, puis Berlin pour une année. L'autre héroïne, c'est la lune qui éclaire la vie et les méditations de la première.



L'instant, ce sont en fait des instants de vie de cette trentenaire qui n'a pas encore réussi à trouver ce qu'elle ne sait pas vraiment chercher. S'agit-il de l'observation de la lune, de la nature, des oiseaux, d'un amour hypothétique?



L'ensemble donne une variété de situations, souvent poétiques, s'enchaînant dans un ensemble d'analyses de sa propre personnalité confrontée à celle des autres. De ce point de vue, c'est réussi.



Internet tient également une grande place dans sa vie, trop déterminante certainement, elle en est d'ailleurs consciente, mais il n'est pas question de déconnecter, même si la tentation s'en manifeste de temps à autre.



Toutes les pages sur les oiseaux et la nature sont très belles avec des détails sur les différentes variétés qui peuplent la capitale allemande. Celles sur les sentiments contrariés m'ont paru moins convaincantes. L'amour, le véritable passe difficilement par les arcanes de la toile et s'il s'y faufile quelquefois, il peut s'en échapper très vite.



L'écriture de ce texte est plaisante, sans fioritures, mais riche en vocabulaire et en expression de sentiments, raisonnements, regards, donnant un ensemble auquel paraît toujours manquer un petit quelque chose, comme à l'héroïne, et là encore, c'est bien construit pour une lecture plutôt intéressante.



Commenter  J’apprécie          680
L'Instant

L’instant est le second roman de Amy Liptrot, un roman autobiographique sincère et sans fioritures.

Libre et sans attaches, elle décide de quitter l’Écosse et plus particulièrement Les Orcades et son île natale pour aller vivre à Berlin, ville cosmopolite.

En cours chapitres rythmés par le nom des différentes lunes, elle raconte sa nouvelle vie faite de rencontres éphémères, de petits boulots et de quête d’amour. La lune, comme un leitmotiv, la lune comme cet amoureux qu’elle cherche dans la ville.

« J’ai déménagé dans une autre ville mais la lune me suit partout…je me suis enfuie mais je retrouve la lune partout où je vais »,

Soule de solitude, elle se décide à s’inscrire sur un site de rencontre.

« Voulons-nous, deux inconnus, devenir la personne la plus importante l’une pour l’autre ? Être sur ce site, c’est se rendre vulnérable, admettre le désir et l’insatisfaction. »

Car la vie d’Amy est très connectée, tout se vit dans l’instantané, on se dévoile sans fard à travers les réseaux sociaux, les amis sont désincarnés (ils se nomment tous B.) vie réelle et vie virtuelle se mêlent pour le meilleur et aussi pour le pire, tant les traces laissées sur la toile peuvent créer l’addiction. L’addiction justement, ça la connait, Amy, qui a dû apprendre à se passer de l’alcool.

Désintoxiquée de l’alcool et de la drogue, elle célèbre chaque date du solstice qui marquent un autre trimestre de sobriété.

Sa vie d’avant n’est jamais bien loin, on la retrouve dans ce besoin de se connecter sans cesse à la nature, celle qui vit dans la ville et que personne ne voit. Ainsi les ratons laveurs qui ont envahi Berlin.

« Les ratons laveurs mangent les œufs des oiseaux sauvages et détruisent leurs nids, ils ravagent les maisons. Ils peuvent survivre dans de nombreux endroits, à la ville comme à la campagne. Fait-il les adorer ou les exterminer ? »

Ses connaissances ornithologiques, impressionnantes, lui permettent d’observer les oiseaux : autours ou corneilles mantelées et rapaces comme les autours des palombes.

L’amour tant recherché, elle finira par le rencontrer. Vraie passion ou nouvelle addiction ? Un avenir semble se dessiner pour Amy.



Le récit d’Amy Liptrot nous entraine dans la vie de ces générations hyper connectées qui vivent à travers les réseaux sociaux. Ils revendiquent une certaine liberté de l’instantané tout en étant toujours connectés aux nouvelles technologies. Son observation, pertinente et lucide, sa franchise et ses émotions, tout cela nous touche car le ton est juste, sans chercher à frimer ou à apitoyer.

L’écriture, limpide et sobre, prend parfois des accents poétiques.

Un récit profond et lumineux d’une autrice à découvrir.



Je remercie les éditions Phébus et Babelio pour cette découverte livresque.







Commenter  J’apprécie          531
L'écart

« Il serait faux de penser que les «  insulaires » vivent « coupés du monde »: confinés sur un territoire très restreint , nous sommes amenés à avoir plus de contacts avec nos voisins que dans une grande ville comme Londres.

Heureusement que nous nous entendons tous bien . »



«  En arrivant à Rose Cottage , je me suis assurée du bon fonctionnement de la Connexion Internet avant même de vérifier qu’il y avait de l’eau chaude . Je vis à mi- Chemin entre le Moyen Âge et le XXI° siècle . Je me chauffe au bois et je pétris mon pain tout en dépendant de plus en plus de mon smartphone. »



Deux Extraits significatifs de cet ardent récit envoûtant ——-un Écart ——-

Amy est née en 1986 dans les îles Orcade , situées à l’extrême Nord de l’Ecosse , isolées , constamment battues par les vents , frappées par les flots.



Fille d’agriculteurs : à 18 ans , elle quitte son île natale, pour Londres et ses lumières , une chambre d’étudiante, un nombre considérable de petits boulots , une série ininterrompue de fêtes, des rencontres se succèdent , toutes semblant présager une nouvelle histoire d’amour ,..

Las!

Amy plonge la tête la première dans l’ivresse de l’alcool: se soûlant au vin, à la bière , à la vodka .....





Pourquoi devient- elle alcoolique ? Vaincre ses inhibitions , s’affirmer ?En quête De nouvelles expériences ? Le sentiment de ne pas être chez elle ?



Cette longue chute dans le vide , une dépendance progressive , la fréquentation de divers bars et rêveries alcoolisées durera longtemps ...



Seule, épuisée, après un passage aux alcooliques anonymes et sa rupture sentimentale elle revient sur ses terres d’enfance ——-L'écart——-



Assoiffée de grand large elle observe la nature, les ciels, les étoiles , les vagues , les cycles, se passionne à la recherche du râle des genêts , oiseau en voie d’extinction : farouche et discret.



Elle décrit avec minutie ses émotions , reprend contact avec les éléments : le cycle du temps et des saisons , la trajectoire des oies sauvages, le vol des courlis , le dialecte orcadien, les sites archéologiques de Papay, l’agnelage et les moutons ,l’odeur des algues et du fumier, l’astronomie et les énergies renouvelables , les oiseaux marins capturés puis relâchés ....



Beaucoup d’explications sont données au lecteur: autobiographique, le combat contre l’alcoolisme est décrit sans fioritures avec sincérité .

Il sonne vrai.

Le regard d’Amy frappe juste , sincère , toujours en mouvement , entre fraîcheur du sel marin , vagues et cycles, vie sauvage , retour vivifiant à la nature, guérison , reconstruction, EVEIL à soi -même !



Un beau récit profond, intense et touchant, VRAI .

Une langue à la fois explicative , poétique, rocailleuse , lumineuse et combative.



A suivre , c’est un premier ouvrage !





Commenter  J’apprécie          462
L'écart

Échouée au bord de la vie dans les rues de Londres, après s'être noyée dans l'alcool, Amy tente de se reconstruire sur son île natale de l'archipel des Orcades.



Ce n'est pas seulement un roman sur une personne à la dérive, avec des mots qui sonnent juste et fort, c'est aussi un roman sur ces îles magnifiques tout au nord de l'Écosse, sur la faune, la flore, la culture.



Amy est comme une île déchiquetée par une vague qui agonise, par un vent déchirant ne tolérant aucun arbre. Seule l'herbe rase résiste. Il faut vivre avec ces rafales, ces déferlantes, avec ces gris, ce sel rongeur, car là-dessous resplendissent les couleurs des crépuscules et des aurores, des nuages auréolés de soleil. Sur l'herbe rase, il y a les racines, la volonté de vivre. Il y a le genêt, petit oiseau farouche, qui râle mais résiste.



Tout est beau dans ce récit. Un récit de voyage, un récit de vie.

Je remercie les Éditions Pocket et la masse critique de Babelio pour ce roman à l'écriture ciselée et enrichissante. L'Écart vaut tous les détours. Je rêve de visiter les îles de cet archipel.

Commenter  J’apprécie          420
L'écart

Ce que j’ai ressenti:



▪️Intempéries intérieures.



Je ne connais pas l’ivresse. À peine le goût de l’alcool. Mais avec ce livre, je me suis saoulée jusqu’à plus soif des mots et des sensations d’une alcoolique. Ce n’était pas agréable, loin de là. Ce n’était ni festif, ni cool, et le dérapage paraît si facile. Les tempêtes de ce personnage féminin sont vertigineuses, son manque désarmant, sa détresse étourdissante et elle nous l’envoie avec un « je » rempli d’émotions. En étant comme cela, au plus près de ses tourments, on se prend une claque monumentale. On se rend compte avec cette lecture sensible, que l’on peut perdre comme ça, 10 ans de vie. 10 ans d’errances à se noyer dans un verre, au fin fond des bouteilles à divers degrés. Mais on constate surtout que L’Alcool peut virer à l’obsession: être là, partout, tout le temps, même dans son absence. Amy Liptrot trouve le ton juste pour parler de ce fléau, entre intimité et réalisme, et c’est déstabilisant.



« Que vais-je faire de moi-même, maintenant que je ne bois plus? »



▪️Les Orcades: îles aux merveilles.



En prenant l’initiative de se soigner, elle revient vers son passé, vers plus de conscience et vers la beauté de son île natale. L’Ecosse offre mille merveilles à voir, à ressentir, à faire valoir. On en prend plein les yeux avec les magnifiques descriptions de la faune et la flore des Orcades, à chercher comme ça, l’oiseau rare, la vague fracassante, l’aurore boréale ou encore, le trésor du ciel « tullimentan », dont ses îles regorgent… Et l’héroïne pousse toujours plus loin cette curiosité, elle s’investit dans les mouvements et cycles des saisons, ce qui nous donne des moments magiques où le spectacle de la nature nous éblouit à travers les pages, où l’on sent presque le froid dans nos propres corps, et l’instant suspendu qu’elle veut nous faire partager. Et c’est incroyable. Que de merveilles, que de beautés! À lire, c’est doux et enrichissant. Après le néant et la solitude qu’elle a pu vivre à cause de l’alcool, on assiste à sa résilience et son regard apaisant sur le paysage qui l’entoure. Magnifique.



"J’ai pris une profonde inspiration pour emplir mes poumons d’air-et compris qu’il me manquait une partie du ciel."



▪️J’aimerai faire un Écart…



J’aimerai maintenant me faire une promesse, faire un écart dans mon quotidien. J’ai une envie nouvelle de voyage pour découvrir : Les Orcades. La vie des insulaires m’a toujours fascinée, mais là, il y a eu comme un coup de foudre avec ses terres froides et sauvages et un désir soudain d’aller voir par moi-même toute cette splendeur que Amy Liptrot a fait rejaillir de ce roman magnifique. Elle m’a convaincue que l’Ecosse pouvait être une destination extraordinaire et j’ai savouré chaque élément authentique qu’elle m’a donné à lire dans une poésie exceptionnelle. Je rêve de voir de mes yeux, des nuages « noctulescents » et les mirages supérieurs. Je veux tout voir de ce qu’elle a vu, je veux tout voir des vertiges qu’elle m’a décrit, je veux les secousses et la sérénité, je veux voir les secrets des Orcades et ce qu’elle a compris dans les silences, puis le ressentir…



Je me promets L’écart dans l’archipel des Orcades…Merci Amy Liptrot, pour l’ivresse de ce beau roman.







"N’est-il pas merveilleux de vivre constamment au bord du monde?"



Ma note Plaisir de Lecture 9/10
Lien : https://fairystelphique.word..
Commenter  J’apprécie          388
L'écart

Comment se construire ? Comment choisir sa vie ? Pour Amy petite filles des Orcades, un archipel Écossais battu par les vents, c’est vraiment difficile. Une enfance grandie au rythme de la maladie mentale de son père bipolaire et dans l’affection d’une mère dépassée, elle n’a qu’une envie quitter la ferme et partir découvrir le monde. Et le monde c’est Londres la grande ville qui brille tant qu’elle aveugle.



Amy part en vrille, fêtes, alcools, drogues, solitude, dépression, Londres la ville qui abîme. Durant dix années Amy va se perdre jusqu’à finir dans un centre de désintoxication. Abstinente elle quitte Londres, la ville toxique, pour retrouver Mainland et la ferme paternelle fouettée par les embruns de la mer du Nord. Pour quelques semaines le croit-elle mais à l’écart du monde une nouvelle vie l’attend.



« La dépendance alcoolique est une pratique qui se présente comme la solution au problème qu’elle pose »



Etes-vous prêt pour un voyage dans des iles du nord de l’Écosse loin très loin des circuits touristiques. Très minutieusement Amy Liptrop, nous conte sa résurrection au contact de la faune, de la flore et même des constellations de cet archipel subarctique.



Résultat de recherche d'images pour "ile des orcades ecosse"



Fou de Bassan, macareux moine, sterne arctique, fulmar et autres petits pingouins, l’observation du peuple ornithologique, le rythme apaisant et la fraternité des iliens, la magie des aurores boréales, les bains de mer hebdomadaires dans la mer glacée, la mythologie gaélique et une introspection existentielle, le récit de renaissance de Amy Liptrop fait un bien fou, comme une ballade revigorante sur un sentier de granit au bord d’une mer fracassante., allez chaussez vos bottes et enfilez votre ciré.



Ce très chouette bouquin nous donne de suite envie de pluie et de froidure. et grâce ce formidable roman, on connait bien la faune et la flore des Orcades.....



Ce n’est surtout pas un récit manichéen qui oppose la vilaine ville et les gentilles îles. Amy Liptrot est tout à fait consciente des défaut et des qualités des deux, d’ailleurs elle sait qu’elle a besoin de l’une et des autres.....



L’écriture est très simple, mais jamais mièvre, du très bon travail.;en fait, nous sommes dans le journal d’une femme de trente ans victime d’une maladie qui trouve de la ressource dans un lieu...



Nous faisons le pari qu’en poche ce livre devrait bien marcher, entre ceux qui aiment le style journal intime et ceux qui ont une préférence pour le récit de voyage.....


Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          350
L'Instant

Autant L’écart, le premier livre de Amy Liptrot m’avait accrochée, par le dépaysement insulaire et la reconstruction personnelle dans le cadre de la nature.

Autant cette quête citadine improbable m’a laissée abandonnée.



Berlin, grande ville aux contacts humains éphémères d’une population cosmopolite sans attaches.

Le quotidien d’une jeune femme à la solitude imposée, au tempérament limite dépressif, est décrit par des petits chapitres courts relatant les recherches de petits boulots ou d’hébergements, les rencontres sans avenir, et l’observation de la vie animale dans le contexte minéral.



J’ai vite décroché… avec pour seul intérêt la pertinente réflexion sur nos sociétés hyperconnectées, la dépendance à nos réseaux sociaux qui créent des relations humaines virtuelles en accentuant la solitude des êtres.



Grand écart entre le fond et la forme car l’écriture est belle et limpide.

Une rencontre littéraire ratée pour ma part…

Commenter  J’apprécie          281
L'écart

Une jeune femme, native de l’archipel des Orcades, tente de se reconstruire après une vie londonienne débridée, et une sévère addiction à l’alcool qui a provoqué une rupture sentimentale.

Après une cure de désintoxication, le retour sur les terres d’enfance est difficile mais jour après jour la vie quotidienne devient plus sereine, aidée en cela par l’observation de la nature, des ciels, des oiseaux, des étoiles et par la simplicité des contacts humains beaucoup plus essentiels que la vie urbaine.



Il m’a été plaisant de découvrir les îles des Orcades et j’ai passé du temps sur Internet pour en découvrir la géographie et les paysages. A travers le parcours du personnage, c'est un vrai voyage, on en découvre la flore, la faune et l’historique démographique et social.



Les explications et observations sont la plupart du temps passionnantes, même si on peut parfois les trouver didactiques. Le récit est vivant et dynamique, empli d’anecdotes. C’est une belle manière de s’immerger dans le quotidien d’insulaires écossais qui tissent des liens numériques avec le reste du monde, tout en étant ancrés dans leurs racines.



La deuxième facette du livre est le combat contre l’alcoolisme , une constante qui s'invite au fil du récit, tous sens en alerte pour contrôler les envies irrésistibles et imprévisibles. L’abstinence est souvent cruelle et l’addiction dissimule un mal être plus profond. Les mécanismes de la maladie sont pertinents, l’introspection de l’auteur nous les rend très prégnants, et les stratégies pour résister montrent l’extrême difficulté du sevrage.



Un récit autobiographie impressionnant de justesse et de sensibilité (Quelle drôle d’idée de l’avoir désigné «roman »)

Commenter  J’apprécie          282
L'écart

C'est l’histoire d'une guérison.

Vers 20 ans, elle a quitté les Orcades, l'une des nombreuses îles d'Écosse, pour rejoindre Londres, découvrir la vraie vie, faire des fêtes et s'enivrer.

Elle ne peut plus se passer d'alcool et sombre.

Pour se soigner, elle va rejoindre son île natale, son père bi-polaire, sa mère aimante et une nature magnifique.

Nous allons la suivre sur ce chemin de rédemption, sentir l'odeur de la mer, admirer les aurore boréales, être fouettée par le vent, observer les oiseaux, nager dans l'eau glaciale et se griser de solitude.

D'une écriture poétique, Amy Liptrot panse ses blessures, ne cache rien et nous emmène délicatement dans son combat.

Un roman émouvant et envoutant
Commenter  J’apprécie          260
L'écart

Un drôle d’ objet littéraire, assez déroutant dans un premier temps puis de plus en plus envoûtant au fil des pages

Récit ,roman ,autobiographie , peu importe .

Il y a d’abord une histoire classique d’ alcoolisme , de dépendance de vie incohérente et asociale , de dérapages incontrôlés

L’ histoire de cette fille paumée qui vient d’ une petite île des Orcades , tout au Nord de l’Ecosse , pour s’ épanouir puis se perdre à Londres , n’a rien de bien originale

Elle se sait fragile à vie, décide de retrouver l’ ambiance des îles de son enfance , en choisissant l’ endroit le plus isolé, balayé par les vents, donc idéal pour se construire une vie nouvelle.

A partir de là, je me suis senti happé par ce livre et surtout par le ton juste trouvé par Amy Liptrot. Ici, pas de vision idyllique ou rédemptrice de ces îles où , par magie, chacun pourrait trouver sa vérité. Pas de cheminement linéaire des bas fonds citadins vers un idéal fantasmé fait de solitude et de paix intérieure.

Le récit est décousu ,diront certains, sans ligne directrice bien nette. C’est ce qui fait sa force et qui fait que j’y ai cru. Oui , la nature est belle mais dure. Oui, la dépendance est omniprésente.

Non, il ne suffit pas de partir pour , par magie, retrouver une personnalité stable

On peut tout à la fois s’ émerveiller devant un ciel étoilé ou un vol de fous de bassan, avoir envie de surfer sur le Net et avoir envie d’un fond de vodka

Pas facile d’ être cohérent d’ où cette écriture qui peut paraître hachée mais qui n’ est simplement que le reflet des états d’ âme contradictoires de la narratrice

Ce livre est beau et simple , mais aussi plus subtil qu’il n’y parait, ne serait-ce que par son titre ambigu ( vous comprendrez à la lecture)

Une découverte réaliste ,plaisante et poétique des Orcades , certes, mais une belle histoire humaine loin des sentiers battus , dans tous les sens du terme

Pour moi, une belle découverte

Commenter  J’apprécie          261
L'écart

Pour ceux qui ont le béguin pour la vie sauvage sous toutes ses formes, ce sera un ticket pour un voyage ébouriffant et vivifiant : les îles Orcade, entre l'Ecosse et les Shetlands, sont peuplées de nombreuses âmes, majoritairement à plumes et à poils, les citoyens officiels étant largement sous-représentés, ce qui n'est pas forcément dommage.

Dans les îles les plus isolées, labbes et goélands vous font même rapidement comprendre qu'il serait plus judicieux de faire demi-tour dans les meilleurs délais.

Un paradis malgré tout pour les amateurs d'oiseaux marins : fous de Bassan, huitriers-pie, tourne-pierre et autres délicieux volatiles.



Mais le début du récit est pour tout dire bien moins venté et se passe même essentiellement dans des lieux confinés, bars en tous genres ,troquets londoniens obscurs, ou fond du lit, selon les circonstances, la constante étant pour l’auteur d’avoir une bouteille à portée de main.



L'attrait obsessionnel pour l'alcool et le désir tout aussi fort de s'en délier dansent un sabbat cruel et répétitif; j'ai d'abord trouvé un peu lassante cette répétition littéraire avant de ressentir sa nécessité, mimétique de l'addiction qu'elle décrit. Un serpent de mer qui réapparaît sans cesse à l'intérieur de soi et qui ne s'éloigne que pour revenir avec plus de virulence.

Quelque chose a pris possession de soi.



J'ai retenu mon souffle avec l'auteur en cochant avec elle les heures, les jours, puis les semaines où elle parvient à se déprendre, à s'extraire petit à petit du boa constrictor qui tient sa vie.

On ne compte plus les fois où elle fait miroiter devant ses neurones frétillants l'idée d'une bonne bière bien fraîche, la décapsulant lestement dans sa tête, pour assouvir cette envie qui l'étreint.

Mais non, elle tient. Elle préfère endurer le calvaire de la frustration que celui du dégoût de soi.

Bienheureux celui qui n'a jamais connu ce conflit intérieur entre les mystérieuses parties de soi qui se disputent le bout de gras!

C'est bien rendu à travers ce texte sans fard, on y est.



Très intéressant aussi le lien insolite qu'elle fait entre la maladie bipolaire de son père, le fanatisme religieux de sa mère et son alcoolisme à elle: elle y voit un point commun: la traversée d'une zone de turbulence intime qui les fait vivre avec une intensité surexposée, une euphorie brutale, un surplus de vie. Par opposition à une vie équilibrée, mais plane, plate, morne. Ce ne serait pas la mort l'antithèse de la vie, mais l'ennui.



Faire un prix de gros avec une pathologie mentale(la bipolarité), la religion et les addictions, certains trouveront que ça frise le poussage de mémé caractérisé. L'emprise d'une pathologie mentale sur la personne paraît appartenir à un autre fonctionnement (bien plus lourd encore) que celui de l'addiction. Il y a une part de choix au début de l'addiction, qui ne paraît pas au programme dans la pathologie mentale. Mais on voit bien que pour l'auteur ça correspond au besoin de faire du lien entre ses parents et elle, donner du sens à toutes ces turbulences qu'ils ont traversées.

Etonnant, ce rapprochement compressif entre des choses que l'on verrait plutôt étanches les unes aux autres. Une vision de l'être humain comme un être fondamentalement borderline et qui va cramer sa vie par les 2 bouts pour écraser l'insupportable banalité et insipidité des journées ordinaires avec le mammouth bondissant de la frénésie, de la jubilation, de l'euphorie.



Alcool, drogue, sexe, sports extrêmes, passion amoureuse, obsessions diverses, religion, folie :le besoin puissant de se décapsuler, quitte à partir en vrille , tout plutôt que d'endurer la rengaine, le quotidien au petit-pied, la vie au rabais. Faire valser la soupe à la carotte pour un bol de speed.

L'addition est malheureusement salée, pour son père comme pour elle, puisqu'au versant lumineux succèdent gueule de bois et face dépressive. Il semblerait que l'homme ne puisse jouer longtemps à Dyonisos sans se prendre les pieds dans le tapis. (Sans parler des souffrances pour l'entourage).



L'éprouvant défi que l'auteur se lance à elle même, c'est de trouver dans la vie sans alcool un substitut à cette drogue. Elle y parvient, en s'isolant au bout du monde, les Orcades. Se couper de la vie citadine, c'est s'immerger dans des forces puissantes, terre, vent, soleil, mer, c'est être malaxé par la nature, comme les bains de mer glacés (maxi 13°, eh, même en Bretagne on a large mieux!) qui lui deviennent bientôt indispensables. Quelques rencontres humaines bienheureuses, le sentiment d'être en symbiose avec la nature, vivre au rythme du soleil, des étoiles et des marées, le tour de force s'accomplit: l'auteur déploit ses ressources intérieures en accord avec celles que la mer et la terre lui offrent et se remet debout.

Un beau voyage aux côtés de l’auteur.

Commenter  J’apprécie          232
L'Instant

🌒Chronique🌘



Dans quel monde vais-je choisir d’entrer?



Un monde fait de cycles. De cycles lunaires. De cycles virtuels. De cycles d’humeurs. De cycles saisonniers. De cycles d’amours. De cycles solitaires. De bicyclettes et de cercles vicieux. Choisir d’entrer dans L’instant. L’instantané. L’éphémère. L’intangible. L’Internet. Se perdre. S’y abandonner.

J’ai choisi d’entrer dans le monde de A. Elle part pour Berlin, en solitaire, explorant les limites d’elle-même, de la nuit citadine, de la faune urbaine. Berlin l’enchante, la déstabilise, l’ignore, la façonne, la brise, l’émerveille. Cette année rythmée à la lune, elle se fait l’observatrice poétique de cette ville de tous les excès et de ses sentiments saisis en plein vol…



Parle-moi des climats d’Internet.



Internet fascine, fragilise ou détruit. Il est fait de tempêtes et d’aurores. On peut avoir la lune dans sa poche, mais un ouragan dans les doigts. En un clic, il peut déclencher un instant de grâce mais aussi un tonnerre d’insta-gram-pic-épique-et-colère-grammes…Sur tous les méridiens, les écrans s’allument, le chaud et le froid se rencontrent, les histoires commencent et s’éteignent…Qui saura se réchauffer aux lumières virtuelles et trouver son bonheur sur cette toile infinie?



Je suis prête pour les encombres.



A. s’attendait à l’amour. Elle voulait trouver un amoureux. Elle a ouvert un site de rencontre et toutes les vannes. Elle ouvert internet et son cœur. Elle était prête, certes, mais fragile...Elle a subi le ravage du Love Bombing. Ce phénomène est arrivé comme une vague, débordant qu’il était, et même en bonne nageuse, elle l’a emporté dans une dérive dévastatrice, jusqu’au naufrage. En s’accrochant à cette bouée d’amour, l’autre, le B. s’est infiltré dans les failles. La dépendance affective est une addiction comme une autre, et il n’existe pas de cure de désintoxication, alors qu’est-ce qu’il va rester de cette année berlinoise et de cette quête d’amant-raton-laveur effrénée?

L’instant, un roman hybride entre carnet de voyage, étude ornithologique, réflexion avisée sur nos ultra-connexions digitales, introspection poétique, analyse méditative avec la lune…



Tout ce que je veux, c’est ce moment où les pupilles s’élargissent et où le cœur s’épanche.



Tout ce que je voulais, c’était retrouver la plume d’Amy Liptrot. Je voulais sa sincérité, sa poésie, son acuité. Je savais sa fragilité, sa douceur, son intelligence émotionnelle. Avec L’écart, elle m’avait enchantée tandis qu’avec L’instant, mon cœur s’épanche un peu plus. Tout cet amour du vivant, de la faune, de l’eau, je l’ai récolté précieusement... Même dans Berlin, elle m’a fait voir la beauté: la beauté de l’éphémère, la beauté d’une rencontre fortuite, la beauté de L’instant. Je sais maintenant, la nuit rapace, le nom des lunes et les nouvelles armes numériques. Dorénavant, j’éviterai les ornières…Merci pour le voyage, Amy. Merci d’avoir laissé des traces de ce fléau du Love Bombing. Merci d’avoir survécu. Et merci pour L’instant.
Lien : https://fairystelphique.word..
Commenter  J’apprécie          172
L'Instant

Nous suivons une femme sans attaches qui voyage sous la protection et la guidance de la lune (je pense qu'avec le nombre de répétition de ce mot, vous le comprendrez vite). Ce roman dépeint une multitude d'instants de vie d'une trentenaire parfois un peu perdue entre la réalité et le virtuel, due à l'utilisation accrue de son téléphone.



Cette femme se compare souvent, rêve beaucoup, et a énormément de questionnements. Ses sentiments sont exposés de manière abondante. Nous suivons son parcours de (re)construction au fil des rencontres, du travail, et des errances.



L'amour occupe une place plutôt centrale, entre l'excitation des débuts et la dévastation de son être par la suite. La dépendance affective est un sujet abordé au fil de ses réflexions, tout comme la beauté du moment présent souvent oubliée.



Le récit est profond dans ses réflexions, mais j'ai trouvé certains passages ennuyeux. Il manque quelque chose, même si l'écriture en elle-même est poétique, sincère et assez fluide. Pour moi, le thème n'a pas été pleinement exploité, malgré de belles citations.



"Partout il y a des cris des oiseaux, que nous pouvons décrypter et auxquels nous pouvons être attentifs, au moins un petit peu. Dans la rue, il y a les regards et le langage corporel des hommes, et les messages composites sur l'environnement que transmettent la pression de l'air, la température et les autres marqueurs saisonniers. Il y a de très basses fréquences, qui se situent au-delà du spectre de notre audition. Pendant ce temps, des millions de messages sont envoyés autour de nous, transmis au travers de câbles par des impulsions de lumière. Il reste tant de choses à apprendre. Il y a plein de manières différentes de vivre... "
Commenter  J’apprécie          150
L'Instant

« Mon projet est de trouver un raton laveur et un amant. »

L’instant… Et une succession d’instants dans une société hyper connectée.

Solitude, nomadisme, relations humaines et génération ultra-connectée.



« La quatrième dimension qu’est internet fait partie de ma conscience et souvent mes rêves sont entièrement numériques ».



Une histoire narrée de manière totalement désinhibée par une jeune femme trentenaire. Célibataire, électron libre, précédemment en proie à des addictions, elle quitte l’Ecosse – les Iles Orcades – pour Berlin, à la recherche du bonheur.

« Internet est mon domicile le plus stable ».



Les chapitres sont courts et rythmés. Néanmoins j’ai eu l’impression d’un récit fragmenté, saccadé en une énumération de phrases où j’ai ressenti du désœuvrement et de la solitude chez Amy en quête d’amour et d’accomplissement.

Au gré des changements de lunes et des saisons, on découvre sa déambulation dans Berlin, et elle nous livre ses confidences. Elle nous parle aussi d’oiseaux, de faune et de vie urbaine.

Elle écrit « j’ai l’impression d’être omnisciente et dispersée, d’avoir l’esprit augmenté mais aussi fêlé par la technologie. »

Dispersée…voilà ce que j’ai ressenti parfois durant ma lecture, voguant dans le cloud...



C’est pertinent sur le monde hyper connecté même si j’ai eu une sensation de décousu, d’éphémère – comme la brièveté de l’instant.

La trace de l’instant est numérique dans un environnement toujours connecté et la solitude est très prégnante.

Des instants composant des tranches de vies telles des strates dans un archivage numérique, une archéologie high tech. Des réalités virtuelles et une solitude désespérément réelle.



J’ai pu apprécier l’analyse proposée par l’autrice sur les quotidiens hyper connectés, amenant une réflexion sur la confusion entre la personne et la technologie, l’individu et son profil numérique sur les réseaux.

J’ai moins accroché avec le style de l’autrice.

S’agissant d’un roman autobiographique, je salue sa sincérité pour ces mémoires intimes. Ce deuxième roman fait suite au premier « L’écart » que je n’ai pas lu, et où l’on doit faire connaissance avec Amy.

Il me semble également que mon avis mitigé est lié à une question générationnelle.



Je remercie Babelio et les éditions Phébus pour la découverte de ce roman actuel, résolument contemporain.



Commenter  J’apprécie          143
L'écart

Ce roman est une grande déception pour moi. Les avis élogieux avaient suscité l'envie et les lignes dérobées discrètement à la librairie m'avaient laissé croire que j'allais aimer. Malheureusement, j'ai rapidement déchanté et senti que ce style factuel m'était moins attractif que prévu. Après les 100 premières pages, le contenu devenant pour moi du remplissage (je me rend compte que c'est un peu fort mais c'est mon ressenti), j'ai terminé chaque page en diagonale, en lecture rapide, ou plutôt expresse, bref en mode « n'en jetez plus, qu'on en finisse ».





L'idée semblait pourtant intéressante : Raconter l'histoire d'une fille née dans les grands espaces d'une île anglaise mais rêvant de la vie trépidante londonienne ; qui commence à boire adolescente pour trouver dans l'ivresse la désinhibition qui pimente les soirées insulaires, puis boit un peu plus pour paraître branchée dans les rave party de ses amis londoniens, puis boit pour s'occuper dans une ville où la foule donne l'illusion trompeuse que tu n'es pas seule, puis boit par habitude parce qu'elle se sait plus quoi faire d'autre, puis boit davantage encore pour oublier ses hontes de la veille, puis… Puis bref, avant de s'en rendre compte, elle se retrouve alcoolique, perd son travail, ses amis, son appart, et son petit ami. Mais avec lucidité et courage, elle reconnaît son problème et décide de le combattre.





La démarche de vouloir comprendre le basculement vers l'alcoolisme, et l'analyse de ce mouvement par une narratrice qui possède le recul de celle qui s'en est sorti, puis la volonté de trouver les raisons de parcourir le chemin en sens inverse, était intéressante.





Même si je trouvais le style trop factuel et rapide dans la période intéressante du basculement, et l'auteur un peu brouillonne dans sa façon de raconter, ça pouvait créer du mouvement, nous conforter dans l'idée que cette descente aux enfer venait de loin mais s'était accélérée dans un certain contexte…

Mais la narratrice prend alors conscience de son problème et décide un retour aux sources sur son île. C'est là que pour moi, la narration est passée de trop rapide à inintéressante : Parce que d'un coup d'un seul, on se retrouve à guetter des oiseaux rares, tout apprendre sur les nuages, la faune et la flore du coin, les caractéristiques des îles alentour, les étoiles, et j'en passe... D'un coup de baguette, on quitte le roman pour plonger dans un documentaire animalier, ou dans un portrait de la chaine de télévision Arte sur un particulier devenu explorateur, bref, j'en rajoute un peu mais vraiment : je n'ai pas été touchée, ni par la narratrice, ni par le paysage, ni l'ambiance, ni par ce qui se passe dans sa tête - ou le peu qui s'y passe, car il n'y en a plus que pour les phoques et les baleines à partir de là.

Alors oui bien sûr, l'auteure tente parfois de se raccrocher à son récit d'origine en nous rappelant qu'elle pense quand même à boire de temps en temps. Elle nous plante une anecdote sortie de nulle part censée faire le lien avec sa vie d'avant, et peut-être celle d'après.





Mais j'ai trouvé tout cela bien maladroit, très artificiel, avec bien trop peu de liant pour en faire un tout cohérent, bien trop peu d'humain pour le rendre attachant, le propos bien trop dissout dans la nature pour conserver mon intérêt. J'aime la nature. Mais nous instruire à tout va sur les îles nous fait perdre le lien avec la narratrice au lieu de nous la rendre plus proche. Car c'est elle le thème du roman, et pas les ballades sur l'île - même si elles ont contribué à sa reconstruction et ont pu en être la clé.

La plume dégage une certaine douceur, mais ça ne m'a pas impliquée dans la quête d'une vie meilleure de la narratrice. Contrairement à beaucoup d'entre vous qui ont senti « le vécu » dans le récit, il m'a précisément cruellement manqué : tout manquait de relief, de profondeur (sauf les vagues dans lesquelles se noie le propos de l'auteur).



Comme s'il avait été plus facile pour l'auteur de décrire le paysage que de se plonger dans la tête et le coeur de sa narratrice.





J'ai pourtant aimé d'autres romans sur le thème de l'alcoolisme, dont l'Assommoir de Zola, notamment. Mais ici, je n'ai trouvé que quelques observations pertinentes et quelques sentiments compréhensibles dans un océan de données documentaires qui m'ont été laissées en pâture assez brusquement. Je suis pourtant sûre que la douceur de cette plume peut rendre beaucoup mieux que ça. Mais cette fois, ça n'a pas marché avec moi, je suis passée totalement à côté de ce roman, que le plus grand nombre trouve magnifique.





Du coup, je file déposer ça dans la boîte à lire (oui - à moins d'un kilomètre de chez moi, confinement oblige !!) pour, je l'espère, faire un ou une heureuse !
Commenter  J’apprécie          144
L'écart

A dix-huit ans, Amy quitte son île natale dans les Orcades, à l’extrême nord de l’Écosse, pour Londres, pour une kyrielle de petits boulots, une série de rencontres et une suite ininterrompue de soirées de fête. Mais la vie d’adulte en devenir qui la séduisait tant lorsqu’elle l’imaginait, devient un cauchemar lorsqu’elle ne peut plus se passer de quantités de plus en plus grandes d’alcool. Un jour, faisant le compte de tout ce qu’elle a perdu, elle commence une cure de désintoxication à Londres puis choisit revenir ensuite dans les Orcades. Elle a dorénavant trente ans et tout à reprendre à zéro. Amy n’a pas de passé douloureux ou de problème familiaux insurmontables à affronter en revenant sur ses terres natales, juste à refaire surface du mieux qu’elle peut.



Ceci pour la première partie, pas trop longue, de ce récit autobiographique, et j’aimerais surtout que cela ne vous arrête pas, ne vous empêche pas de découvrir ce très beau texte, formidablement bien écrit, qui donne autant envie d’aller vivre sur une île quasiment inhabitée, que de passer du temps à observer les oiseaux, les vagues ou les nuages ! Qui aurait cru qu’un récit autobiographique réussirait à rendre passionnants à la fois l’ornithologie, l’astronomie et la météorologie, à rendre indispensable la connaissance du râle des genêts, des nuages noctiluques ou de la Fata Morgana ? Avec honnêteté, Amy ne prétend pas que la nature est la panacée et soigne sans difficultés ses maux, mais force est de reconnaître que l’éloignement de Londres lui est des plus utiles.



Au-delà du simple témoignage, Amy Liptrot et sa traductrice ont réalisé une véritable œuvre de littérature, où on sent la force de la nature combattre la puissance du manque à chaque page, où la jeune femme échouée comme un navire en perdition sur une côte battue par les vents reprend des forces et peut accomplir chaque jour de petits exploits comme aller nager dans des eaux glaciales ou marcher dans la tempête.

Complètement subjuguée par l’objet livre et sa superbe couverture, rien n’est venu gâcher ma lecture, et les mots continuent de résonner depuis que je l’ai terminé. Là où d’autres livres s’effacent très vite, celui-ci grandit et s’affirme, et la majeure partie, celle qui se déroule dans les Orcades, est absolument inoubliable !
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
Commenter  J’apprécie          140
L'Instant

Amy quitte son île, ses îles des Orcades en Écosse pour découvrir Berlin pendant un an.

Nomade et sans attaches, elle vit de l'air du temps, de ses réunions des AA, de petits boulots et de longues heures d'observation des oiseaux et de la nature.



Son temps, rythmé par la lune, est un long questionnement sur la vie, la jeunesse, la quête de l'amour, celui qui saura la satisfaire pleinement, contrairement à ces rencontres d'une soir qui laissent un goût de pas grand chose.



L'amour, elle le trouve, le vit, le perd.

La ville et les allemands, elle les découvre, les apprivoise, s'en lasse et les quitte.



Je ne sais pas dire si j'ai aimé ou pas.

Et pourtant je n'ai pas eu envie de poser ce livre.

Les descriptions de la lune, de la nature, des oiseaux ou des ratons laveurs y sont pour quelque chose sans doute.

Les interrogations, les doutes, les attentes, les peines et les échecs, la résilience d'Amy aussi j'imagine.

Enfin, une mention particulière à la façon dont elle traite l'attachement des jeunes, et des moins jeunes, aux réseau sociaux et la façon dont ils ont changé notre perception du monde et des autres, nos attentes et nos déceptions, nos espoirs et nos joies.



https://domiclire.wordpress.com/2024/01/22/linstant-amy-liptrot/
Lien : https://domiclire.wordpress...
Commenter  J’apprécie          130
L'écart

Voici un livre assez déroutant, que j'ai emprunté avant le confinement à la médiathèque de la ville, très attirée par sa jolie couverture.

Je n'avais jamais rien lu de cet auteur, normal c'est son premier roman, un roman largement autobiographique qui a obtenu déjà deux prix dans lequel elle raconte son retour dans les Îles Orcades, où elle est née, après dix années d'errance à Londres.

Je vais vous en dire un peu plus, bien entendu, sans trop dévoiler de son histoire.

Il y a deux sortes de tempêtes celles qui sévissent sans prévenir sur les côtes des îles Orcades, dévastant tout sur leur passage, pouvant faire tomber ou même s'envoler les très jeunes enfants ou se fracasser les bateaux sur les rochers, et puis celles que vivent les jeunes adultes épris de liberté, au fin fond des boites de nuit et des bars de Londres...

Mais pour la narratrice, il y a surtout les tempêtes intérieures, de celles qui peuvent détruire une vie, si on n'accepte pas de tendre la main pour être aidé, de se regarder en face, et d'arrêter de combler le vide de sa vie en s'adonnant à l'alcool ou à la drogue pour faire face au manque.

Ce sont celles qu'il faut combattre coûte que coûte, comme elle a du le faire elle-même...



Amy n'a pas toujours eu une vie facile dans la ferme de son enfance. Dans cet archipel des Orcades, encore sauvage et éloigné de la ville, elle a souffert de solitude. De plus, son père était bipolaire et très souvent absent parce que soit hospitalisé, soit sous l'emprise des médicaments. Sa mère très croyante n'a rien fait non plus pour l'aider et lui a fait voir une vie très étriquée et éloignée de toute réalité extérieure.

Quand elle arrive à Londres alors qu'elle n'a que 18 ans, pour tout d'abord s'inscrire à l'université, elle se croit invincible et pense que la belle vie est enfin arrivée.

Elle a son appartement et son indépendance, se fait des amis, sort et s'amuse beaucoup, tombe amoureuse...mais elle va peu à peu se perdre dans l'alcool dont elle abuse de plus en plus, compromettant ses études, puis plus tard son travail, sa vie sociale et aussi sa vie amoureuse.

Durant dix longues années, de tentatives en rechutes, elle va chercher à trouver une solution à ses problèmes jusqu'au jour où des symptômes inquiétants lui montrent que sa santé est sérieusement atteinte. Elle accepte alors d'entrer en cure de désintoxication. Elle en sortira grandie et sûre d'une seule chose : elle doit retourner chez elle dans les Orcades.

Là, au milieu de ces îles rudes et sauvages, elle va tenter de se reconstruire. D'abord auprès de son père qui a besoin d'elle pour réparer des murs en pierre sèche, et s'occuper de l'agnelage. Puis auprès de sa mère. Ses parents se sont séparés, la ferme a été vendue mais, reste toujours en bord de mer, cet espace de prairie le plus éloigné de la ferme que se partagent les animaux domestiques et sauvages, que l'on appelle dans les Orcades, l'écart.

Alors qu'elle vit avec la peur au ventre de retomber dans l'alcool et l'angoisse de la solitude, Amy va accepter de travailler pour la Société de Protection des Oiseaux, et d'aller recenser, sur une des îles des Orcades où ne vivent que soixante-dix autres âmes, l'île de Papay, une espèce d'oiseau très rare, le Roi caille ...

Au cours d'un long été, cette mission va lui permettre de renouer avec la nature, d'explorer toutes ces îles qui finalement lui étaient inconnues et de se passionner pour la vie... tout simplement.



Si la lente chute d'Amy dans le fin fond des bars londoniens est dramatique et m'a paru par moment bien trop longue, j'ai davantage aimé la suite où elle nous parle de sa reconstruction et de ses découvertes attentionnées de la nature qui l'entoure et de ses beautés.

Tandis que peu à peu elle comprend les méandres de son propre fonctionnement, et pourquoi elle en est arrivée là, elle entraîne le lecteur dans son sillage à la découverte des ces îles merveilleusement sauvages, habitées par une grande diversité d'animaux qu'elle croise au hasard de ses marches quotidiennes ou de ses veillées nocturnes. Ces îles sont aussi le siège de manifestations naturelles fascinantes comme les nuages noctulescents, les pluies d'étoiles filantes ou les aurores boréales.

Amy comprend que chaque être humain a en lui une grande faculté de vivre et d'être heureux, et qu'à chaque instant, il a le choix !



Malgré donc les longueurs du début, c'est un livre témoignage qui sonne toujours juste et c'est aussi un merveilleux documentaire sur les Orcades.

Il n'est pas forcément toujours facile à lire, malgré l'intérêt que j'ai eu à le découvrir. Souvent le lecteur ne se sent pas concerné directement ou bien il se sent désolé de qui arrive à la narratrice, voire dégoûté par moment.

J'ai stoppé ma lecture plusieurs fois, puis je l'ai reprise mais je n'ai pas pour autant réussi à éprouver de l'empathie pour la narratrice lorsqu'elle raconte sa vie dépravée à Londres. D'un autre côté, je voulais continuer à lire son histoire pour savoir comment elle allait s'en sortir. Du coup, ayant lu ce livre en pointillé, je n'ai pas été gênée par les répétitions qui comme dans un journal intime, sont finalement assez fréquentes.



Ce que j'ai aimé c'est justement que l'auteur ne cherche pas à se faire plaindre. Le ton est juste, sincère, sans aucun apitoiement. Elle expose les faits, tels qu'ils sont, nous décrit ses frasques et leurs conséquences sur sa vie, sans aucune pudeur, juste en nous montrant qu'aujourd'hui elle éprouve toujours un peu de gêne en public, ayant l'appréhension d'avoir gaffé à nouveau, ou d'avoir eu un geste déplacé alors qu'elle est depuis longtemps à présent, complètement sobre.

Le lecteur est finalement content de la voir avancer sur un chemin long et douloureux. mais tellement plus positif...


Lien : http://www.bulledemanou.com/..
Commenter  J’apprécie          130
L'écart

Quand cette jeune et jolie femme prend conscience de ses défaites: échec amoureux, perte de son emploi, escalade dans l'alcoolisme, elle est absolument seule, et épuisée. De Londres qui a connu sa dégringolade, elle retourne aux Orcades, cet archipel isolé au Nord de l'Ecosse, là où elle a vu le jour. Amy Liptrot nous emmène alors dans un magnifique voyage au coeur d'une nature magnifique: la mer, les phoques et l'observation minutieuse des oiseaux la fascinent et l'aident à se reconstruire. Un roman autobiographique à la limite du documentaire, dans lequel le lecteur ne pourra s'empêcher de rapprocher la femme de l'oiseau, dans son immense fragilité mais aussi sa force.
Commenter  J’apprécie          130
L'écart

"Personne ne m'a touchée ou enlacée depuis un bon moment. Cette semaine, j'ai vu plus de phoques que d'humains, leurs museaux noirs dressés dans la baie. Blottis dans nos maisons nichées au détour de sentiers communaux, rassurés par les petites habitudes de la vie insulaire, nous pouvons vite être coupés du reste du monde. Adolescente, je manquais la classe plusieurs jours par mois, indisposée par de violents maux de tête. Plus tard, en me noyant dans l'alcool, j'ai trouvé de nouvelles échappatoires et d'autres consolations".



Commençons par une précision : ce livre, présenté à tort comme un roman est bien un récit. Juste, touchant, très bien écrit mais nullement fictionnel. Si l'auteure cherche à capter la réalité de ses émotions c'est, il me semble, dans un souci de vérité, de sincérité envers elle-même et ceux que son histoire pourrait inspirer. Mais là où ce récit revêt un supplément d'âme, c'est qu'il s'attache à mettre constamment en lien le volet personnel, intime, avec l'environnement de cette jeune femme, environnement sociétal, économique, familial ou naturel. Ce qui confère à ce texte une résonance toute particulière dans l'écho qu'il peut trouver en chacun de nous.

Adolescente, Amy rêvait de quitter sa terre natale, cette île de l'archipel des Orcades, au nord de l’Écosse. Un territoire limité, battu par les vents. Amy voulait voir le monde, du monde. Alors direction Londres, ses lumières, ses bruits, ses foules parmi lesquelles se trouvaient certainement des gens intéressants. Amy s'est laissé étourdir dans les fêtes, l'illusion de rencontres. Alcool, drogues. Un cercle infernal dont elle perd le contrôle. Sa soif devient inextinguible et un dernier sursaut de lucidité la propulse en cure de désintoxication. La suite ? Contre toute attente, c'est vers son île qu'elle se sent poussée par un instinct qui semble la guider. Reprendre contact avec la nature, avec les éléments. Les faire siens plutôt que de les repousser ou les mépriser. Retrouver la ferme familiale aux côtés de son père, resté seul exploitant après son divorce. Et puis décider de mettre le cap encore plus au nord dans l'archipel. Sur une petite île, Papa Westray où vivent à peine 70 habitants. Le meilleur moyen de se retrouver face à soi.



"Ici, je n'ai pas le choix : je me mêle à des gens de tous âges et de toutes origines, alors que, à Londres, je vivais dans une bulle. J'avais quitté Mainland pour rencontrer de nouvelles personnes, m'ouvrir à d'autres idées et agrandir mon cercle social, mais, quelques années après mon arrivée, je ne côtoyais déjà plus que des gens qui me ressemblaient. Au sein de notre groupe d'amis, nous façonnions nos vies à notre image, les réduisant à une palette d'émotions et d'expériences si restreintes que nous ne risquions pas de bousculer nos certitudes".



Il y a dans la démarche d'Amy une forme de dépouillement, comme une quête de l'essentiel. Une confrontation permanente aux éléments extérieurs (gérer la solitude, la rudesse de ses conditions de vie et du climat) et intérieurs (tenir à distance cette envie de boire qui se manifeste toujours). Accepter cette confrontation, c'est se donner le droit de rester vivante. Les étapes qu'elle franchit pas à pas sont autant de chemin vers une liberté qu'elle sait malgré tout fragile. Tous ceux qui ont dû un jour se battre contre une addiction ne pourront que reconnaître ces moments précis où tout peut basculer d'un côté ou de l'autre, chacun puisant dans des recoins très personnels de tout son être les ressources qui lui permettront de tenir. Pour Amy, la nature est un ressort essentiel. S'inscrire comme un infime élément de son environnement est une façon de se reconstituer.

Si les cent premières pages, très axées sur "la descente" et les errements londoniens m'ont parfois ennuyée, la suite m'a beaucoup plu et même touchée. Certainement parce que le récit, pourtant très personnel, n'est jamais autocentré. C'est en se reconnectant à son environnement, en s'intéressant aux étoiles, aux marées ou aux phénomènes climatiques qu'Amy trouve des réponses. Se trouve. Tout en étant très lucide sur son besoin de rester en lien avec la planète (vive internet et la technologie !), tout en intégrant également les besoins induits par le 21ème siècle et leurs impacts sur cette nature dont elle se sent désormais un élément à part entière.



Mais j'ai également beaucoup apprécié la balade. Les randos du tour de l'île (18 km), l'observation des oiseaux et des phoques, les baignades dans l'eau glacée, les courant d'air dans le cottage et les rafales charriant des bouquets d'embruns. Pour moi c'est un fantasme depuis longtemps et la façon dont l'auteure parvient à décrire tout ceci contribue pour beaucoup au plaisir de lecture. Pourtant, ce qui reste en tête, c'est aussi un questionnement sur la vie. Sur ce qui est essentiel à chacun. Un questionnement qui ne peut qu'être propre à chaque lecteur. C'est toute la richesse de ce livre.



"L'eau froide exerce sur nous un effet cathartique. Elle est aussi rafraîchissante qu'un verre de bière en été ; comme l'alcool et la drogue, comme la noyade, elle permet à la fois de changer et de fuir. Les assoiffés ne sont-ils pas toujours vibrants de désir ?"


Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
Commenter  J’apprécie          132




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Amy Liptrot (324)Voir plus

Quiz Voir plus

Les romans de Françoise bourdon

La nuit de l'

Ananas
Amandier
Apache
Auteur

10 questions
2 lecteurs ont répondu
Thème : Françoise BourdonCréer un quiz sur cet auteur

{* *}