Citations de Amy Stewart (44)
Si votre route vous conduit au Québec, profitez de l'occasion pour rencontrer les cousines infernales. Marie-Constance Harvey et Brenda Archibald.
Lorsque je m'autorisais à réfléchir sur la brièveté du temps qu'il me restait à vivre et à l'inanité qu'il y avait à le consacrer à la cuisine, au bricolage et au jardinage, cela me faisait si peur que j'en avais le souffle coupé.
Un miroir accroché en face de moi me renvoya mon image et je sursautai en me reconnaissant : avec mon chapeau de feutre gris à voilette et mon tailleur de voyage bleu marine, je ressemblais à une dame patronnesse assistant à un après-midi musical.
Lorsqu'il m'embrassait, il fermait les yeux comme un homme en prière.
Nos ennuis commencèrent à l'été 1914, l'année de mes trente-cinq ans. L'archiduc d'Autriche venait tout juste d'être assassiné, les Mexicains se révoltaient et, chez nous, à la ferme, il ne se passait absolument rien, ce qui explique pourquoi nous étions trois à nous rendre à Paterson pour aller faire des courses dénuées d'intérêt. Jamais on n'avait réuni plus large comité pour prendre une décision sur l'achat de poudre de moutarde et sur le remplacement d'un marteau à panne fendue dont le manche s'était scindé en deux pour cause de vétusté ou de mauvaise utilisation.
En temps normal, j'eusse considérer que nous faire renverser par une automobile était la pire catastrophe qui pût nous arriver à toutes les trois. Toutefois, cette année là n'allait pas être une année comme les autres...
Je me suis armée d'un revolver pour nous protéger, raconte Miss Constance Kopp, et très vite, j'ai eu l'occasion de m'en servir.
Conformément au souhait de son propriétaire, les prix étaient inscrits sur des étiquettes fixées sur la marchandise, afin que les clients y aient accès eux-mêmes. « Si tout le monde est égal devant Dieu, avait coutume de répéter Mr. Wanamaker à ses chefs de rayon, tout le monde doit être égal devant les prix ».
Malheureusement pour lui et pour ses principes chrétiens, l’accès libre au magasin et à ses marchandises incitait au vol à l’étalage.
Mais oui, imaginez la foule de spectateurs que pourrait attirer une fille lancée à la poursuite d'un cambrioleur de banque, et qui finirait par lui mettre la main au collet ! Ce serait la cascade la plus excitante jamais vue dans un spectacle ! Bien sûr, pour en faire un film qui marche, il faudrait que la fille se marie ensuite avec le voleur. Quoique... Elle pourrait aussi épouser le chef de la police, ou le shérif, enfin, celui qui lui aura confié le poste au départ.. Ça pourra aller aussi... Non, non, je préfère qu'elle se marie avec l'escroc. Vous n'y avez jamais songé, Miss Kopp ? Vous n'avez jamais eu envie d'en épouser un ? Une fois qu'ils se sont rangés, bien entendu !
-Je sens la folie qui commence à monter en moi, lança Géraldine. Et nous ne sommes là que depuis une demi-heure... Vingt ou trente ans ! C'est impensable...
Le jour où l’on m’a envoyée chercher Anna Kayser pour la conduire à l’asile psychiatrique, j’ai d’abord été contrainte de capturer un voleur.
Je dis « contrainte » comme s’il s’agissait là d’une corvée, mais, à la vérité, une bonne course-poursuite m’est très agréable. Un homme fuyant une scène de crime offre à un agent assermenté le rare cadeau d’une victoire facile. Rien n’est plus encourageant qu’une solide arrestation, effectuée au terme d’un effort physique gratifiant, surtout quand le voleur est pris sur le fait, sans que puissent surgir par la suite des questions ennuyeuses sur l’absence de preuves ou le manque de fiabilité d’un témoin.
- Francis et Bessie nous ont invitées à déjeuner, déclara-t-elle, les bras croisés. J'ais dit que tu préparerais les petits pois.
- Mais personne n'aime mes petits pois ! me récriais-je.
- Peu importe ! Ce qu'on aime, c'est que tu les prépares ! rétorqua-t-elle.
— Désolé, madame, les femmes de policiers ne voyagent pas gratuitement.
Constance toisa de toute sa hauteur le conducteur du tramway.
— C’est un insigne de shérif, rétorqua-t-elle. Et il est à moi. Vous êtes nouveau sur cette ligne, n’est-ce pas ?
— Je connais le règlement. Les transports gratuits sont réservés aux agents assermentés, pas aux épouses, ni aux sténographes ou autres.
Constance ne se sentait pas d’humeur à argumenter. Dégageant les pans de son manteau, elle présenta son arme et ses menottes au conducteur, qui eut un mouvement de recul.
— Madame, c’est vraiment vous donner beaucoup de mal pour ne pas payer votre billet ! Vous feriez mieux de rendre tout ça à qui de droit avant qu’il n’arrive malheur à quelqu’un.
— C’est à vous qu’il va arriver malheur si vous continuez à ne pas comprendre ce qu’est un insigne d’adjointe au shérif !
— Si elle travaille pour vous, pourquoi est-ce que vous l’appelez Miss Kopp, et pas adjoint Kopp ? interrogea Reinhold tandis que nous nous dirigions à grands pas vers l’appartement.
— Parce que les adjoints suivent les ordres que leur donne leur shérif. C’est la raison d’être d’un adjoint. Les gens qui n’écoutent pas ce que dit le shérif, on les appelle plus communément…
Il s’interrompit, le temps de nous faire traverser un carrefour compliqué dans la Vingt-troisième Rue, et Reinhold en profita pour lancer une suggestion :
— Des délinquants ?
Le shérif Heath eut un petit sourire.
— Merci, Mr. Dietz. C’est exactement ça. Des délinquants.
— Les sœurs Kopp ont besoin de trouver soit un emploi soit un mari, et très rapidement, précisai-je.
— Qui a dit cela ?
— Notre compte en banque !
[...]
— Mais ne m’envoyez pas de prétendants, s’il vous plaît, lançai-je à l’intention du shérif. Je compte explorer la première piste en priorité !
Les pantalons, c’est pour les garçons,
Et pas pour les filles !
Les filles, c’est pour les garçons,
Et pas pour les pantalons !
[...]Norma nous faisait la lecture du journal tandis que nous roulions.
— « Un pantalon provoque la mort d’un homme ! »
— Ce n’est pas possible, ça ne dit pas ça ! protesta Fleurette.
[...]
— Si ! persista Norma. C’est un charretier qui avait l’habitude de suspendre son pantalon au-dessus du réchaud à gaz pendant la nuit mais, comme il était sous l’influence de l’alcool ce soir-là, il n’a pas remarqué que le tissu avait étouffé la flamme.
— Alors c’est le gaz qui l’a tué, pas le pantalon !
- La faible d'esprit se caractérise par une légèreté de ton, une grande assurance, voire de l'effronterie, et une apparence physique agréable. Elle a des désirs de femme adulte et une expérience de la vie en marge de la société.
Les adjoints le savaient, seuls les hommes sanglotaient assez bruyamment pour être entendus de toute la prison. Les femmes , elles, pratiquaient plutôt l'art de pleurer en silence jusqu'à l'endormissement.
Constance craignit se s'être montrée trop dure avec elle. Après tout, sa fille l'avait quittée. Cela lui arriverait à elle aussi sans doute, tôt ou tard. Seulement, elle le supporterait avec plus de dignité.
Du moins l'espérait-elle...