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Critiques de André Bucher (123)
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Le pays qui vient de loin

Après ma relecture enchanteresse de « Fée d’hiver », je me suis précipitée à ma médiathèque afin de continuer à faire connaissance avec ce bûcheron-poète, qui manie avec autant de talent la hache et la plume…Une musique et une poésie qui emportent , littéralement !



Ce roman débute avec la mort de Samuel, un » sacré « grand-père, paysan à la forte tête. Arrive à la ferme , Jérémie, le petit-fils qui retrouve sa grand-mère, Jeanne…pour les obsèques. Une autre personne constitutive de son histoire est là aussi : son père, pas revu depuis plus de dix années !



Un texte magnifique , Ode à la Nature, à la campagne, au travail âpre et délicat de bûcheron, aux heures magiques de l’enfance…

Le décès de ce grand-père à la forte personnalité va être le noyau de réconciliation, de mise au point bénéfique pour les membres de cette famille…



Jérémie , 18 ans, est dans une période de recherche pour son avenir ; ce qui l’a construit, lui a offert une sécurité affective, et apporté à son enfance une magie certaine ce sont les moments heureux avec Samuel, son grand-père….Jérémie se rend compte de tout cela , sent à quel point il est relié à ce grand-père , ses valeurs et son univers !



« Grand-père parsemait leur promenade de quelques bribes de paroles égrenées à l'image du grain des épis que l'on destine aux poules mais Jérémie, même s'il ne se rappelait rien de la teneur des histoires, avait conservé intactes les sensations qu'elles lui procuraient. Une sorte de féerie, un goût du merveilleux dérobé à la magie des contes : voilà l'inventaire, la biographie qu'il pouvait dresser à son sujet. »



A la ferme, se trouve Jeanne, la grand-mère …qui va reprendre à plus de soixante ans ,son métier d’infirmière… Paul, le voisin-complice, ami de toujours du grand-père, vient leur apporter son aide. Jérémie, après de longues années, retrouve aussi son père, Daniel. Ils vont affronter ce décès, ce chagrin ensemble, s’apprivoiser, faire connaissance, établir un vrai dialogue, réussir à créer une complicité précieuse. Jérémie ne veut plus poursuivre ses études de Lettres…Sa mère ne comprend pas, refuse, trouve que son fils va gâcher son avenir dans ce trou perdu…finira par accepter…



Le petit-fils ressent la terre , les montagnes de son grand-père comme son vrai-chez-lui…Les arbres, la nature, les animaux… il en a besoin pour vivre, travailler avec un vrai but : poursuivre le chemin du grand-père, avec de nouveaux projets …Daniel, lui, fait le bilan de sa vie chaotique, il ne se sent toujours pas relié à la ferme familiale, mais parvient à comprendre ce que désire et ressent son fils. Il l’aide les deux premiers mois…pour reprendre la route, sa route…

Un bel hommage de Mémoire, et une nouvelle approche du Monde que le père et le fils inventeront en commun ,un vrai sens à un nouveau départ



Tous les personnages sont attachants, riches, complexes, bienveillants avec leurs failles, leurs contradictions…Le personnage solaire, irradiant, reste ce grand-père atypique, sorte de libertaire, de libre-penseur, amoureux de » sa « forêt, « sa » Nature, tout en étant un boulimique de livres et de savoir…Une sorte de « sage » !



« - Grand-père (...) il vivait au milieu des livres (...)



Le regard de Jérémie allait d'un mur à l'autre. Des étagères de partout surchargées de bouquins.



- Pour sûr, il ne lisait pas, il dévorait. Jamais compris comment un type pareil, paysan, toujours dehors, et homme d'action, dès qu'il rentrait, se plongeait à corps perdu dans la lecture. ça me dépasse.

- C'est une mauvaise question.

- Ah bon ?

- D'abord il s'agit du seul cas de figure où l'on s'enrichit sans voler son voisin. L a véritable interrogation serait plutôt : pourquoi, toi, tu [le père de Jérémie ] ne lis pas ? »

Le décès brusque de ce grand-père aimé et respecté va être le nœud de renaissance pour chacun des personnages…Des personnages taiseux, qui réussiront toutefois à communiquer, et à tisser des liens débarrassés des « ratés » du passé !



De magnifiques descriptions pleines de poésie et de musique de cette Nature grandiose, autre Personnage à part entière, dans cette narration ! Un texte bienveillant, riche de poésie… et d’harmonie… qui fait un bien fou… apporte du MERVEILLEUX….Un auteur…venant de rallier « mon petit Panthéon » personnel !

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La vallée seule

Pour une pensée qui s'envolerait vers celui qui n'est plus...







Une vallée lointaine. Une vallée isolée...



Une vallée qui vit encore au rythme des saisons, reniant un mode de vie endiablé, se tenant éloignée des attraits qui pourraient attirer une certaine forme de tourisme calqué sur les saisons. Une vallée perchée sur son quant-à-soi, un peu rebelle mais tout en authenticité.



Une vallée dont les yeux et la bouche sont ces petites habitations disséminées dans le hameau, accrochées à la montagne, comme autant de points de suspension d'existences en sursis.



Une vallée qui vit au rythme de la nature, au son des trilles des passereaux, dans l'harmonie du vol des rapaces, dans le pépiement enjoué des messagers ailés qui annoncent le redoux.



Une vallée qui sait encore regarder, observer, un instant s'appesantir, sur la vision de ces hardes de cerfs et de biches qui se meuvent au fil des saisons, tantôt à découvert, tantôt sous la futaie, tantôt en brame, tantôt en silence pour que nul ne suppose où ils sont.



Une vallée peuplée d'être rivés à quelques terres, à quelques arbres, quand ce n'est pas à quelques souvenirs, des êtres en attente, en attente du déclin de cette vie qui se fait de plus en plus discrète, en attente du bouleversement qui fera que la vie rebondira pour s'éclairer d'étincelles d'espoirs en des lendemains plus cléments.

Ils sont nés là ou sont arrivés pour s'installer en quête de solitude et d'isolement...

Un peu à l'image des marionnettes que certains fabriquent au village, ils prennent vie dans un décor changeant, sous les gestes de ceux venus de loin qui ne visitent le hameau que pour en exploiter ses beautés. Ils sont intimement liés les uns aux autres comme si tous les fils qui devaient les mouvoir s'étaient emmêlés. Sans le savoir, ils avancent ensemble, vers un demain et un ailleurs qu'ils embellissent de leurs rêves sous le ciel qui leur sèment les étoiles comme autant d'éclats de possibilités de partage qu'eux seuls font exister ou resplendir.





Au coeur de ce hameau, aux coeurs de ces vies, un emblème brasille, un animal sacré veille sur eux et sur la vie qui palpite ici-bas : un vieux cerf que tous convoitent, certains pour juste l'apercevoir comme un signe d'une vie qui se ferait meilleure, autre, légitimée, et d'autres pour le trophée qu'il représente.

Comme ceux qui s'accrochent encore à ces prairies et à ces bois qui contiennent autant d'histoires qu'ils distillent de couleurs changeantes au fil de l'année, ce vieux cerf détient le trésor de la sagesse qui sait puiser dans la vie des autres et dans la rencontre, le feu qui permet à l'existence de s'embraser, l'élan qui permet aux esprits de se comprendre, le recul qui permet de voir sans juger et de s'en remettre à cette nature qui en sait bien plus long que l'homme sur ce qui devrait être...





Dans un texte qui est tout en poésie, dans une écriture presque enivrante comme la première neige qui annonce l'hiver, André Bucher, nous conte quelques saisons d'une vie qui préfère la richesse d'un regard sur la nature, qui dit les bienfaits de se laisser porter par les éléments et cette faune toujours changeante, toujours renaissante, toujours en symbiose avec ces arbres et cette rivière qui murmurent ou fredonnent ce qui pourrait apparaître comme un guide de vie, ensemble.…







Comme un hommage à cet écrivain, à sa plume qui savait faire scintiller les mots, à ces phrases qui nous guidaient le regard...

Et dorénavant, une pensée pour lui et ses pages en entendant l'orage, on se redira cette dernière citation :



"(...) l'éclair c'est un renard aux dents qui brillent et qui vole la foudre - une poule tombée de son perchoir en plein rêve."

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Tordre la douleur

André Bucher possède la rare faculté de nous parler de la société des hommes en la replaçant au milieu d'un tout dont elle semble, depuis longtemps, avoir oublié qu'elle appartenait.





Bernie est un homme brisé : son fils est mort brutalement au soir d'une journée de travail comme les autres, le chagrin qui l'a rendu taciturne et solitaire a fait fuir sa femme et se retrouvant seul, il retourne vivre sur une parcelle isolée, une terre qu'il avait toujours voulu habiter.

Sylvain, gilet jaune, perd sa mère lors d'une manifestation, un accident, comme le reflet d'une contestation perdue d'avance.

Elodie a reçu un appel téléphonique : elle doit se rendre de toute urgence à l'école pour emmener sa fille à l'hôpital.

Edith fuit dans la nuit, elle veut s'éloigner de celui qui la violente, s'éloigner d'une vie qu'elle refuse désormais.



Ils sont tous en chagrin, tous perdus, seuls, sans rien ni personne, à quoi s'accrocher, la vie file, ils restent sur le côté, abandonnées, inadaptés.

Ils vont se croiser, se rencontrer , se parler, s'écouter et réapprendre à vivre doucement. Ils deviennent autant de consolants l'un pour l'autre, autant de raisons d'espérer que la vie peut continuer, alors que tout, hommes et idées, semble voué à une seule chose : la misère. La nature, la faune sauvage, les oiseaux, le rythme des jours, la lune et les étoiles comme autant de bergers vers un monde plus doux, qui pourrait être acceptable. Sans oublier cette belle image du chien surgi de nulle part et qui ne quitte plus celui qu'il a choisi de consoler, de guider, désormais...





C'est un récit d'une grande tristesse, tout en pudeur, qui parle du mal que sont capables de se faire les hommes quand il ne faudrait que vouloir s'entraider pour continuer à vivre ensemble, quand il faudrait ajouter le mot "Amour" tout simplement, comme le début d’un renouveau, à nos langages de vie...

Qui évoque l'incompréhension de l'homme devant son environnement, de celle qui est en train de détruire ce qui devrait être préservé.





La poésie des mots est toujours présente chez André Bucher, les images qui en naissent fabuleuses, le fond musical également : le Blues n'est jamais loin...





On dirait simplement que les ténèbres envahissent un peu plus ses récits au fil des livres comme nos vies...

Sommes-nous capables de nous en rendre compte et de réagir ? Il est encore temps de changer nos modes de vie humains et notre rapport à la nature. Mais sommes-nous assez en nombre pour le vouloir ?



Je remercie Babélio et les éditions Le Mot et le Reste pour avoir permis cette si belle lecture.



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Un court instant de grâce

Ce que j'adore avec André Bucher, c'est que même si il écrit des romans, il se débrouille toujours pour y placer des éléments d'actualité et qui plus, qui lui sont chers et dans lesquels il est partie prenante et complètement engagé. C'est ici le personnage d'Emilie qui le représente le plus. Vivant seule depuis le décès de son mari, cette dernière a tenu en conservé sa ferme et vit dans un endroit reculé, en pleine montagne, dans ses chères montagnes devrais-je plutôt dire. Pour elle, les arbres, ses animaux, sont plus chers à ses yeux que toute autre présence humaine. Aussi;, lorsqu'on lui annonce qu'un projet de construction d'une centrale à biomasse devrait voir le jour, Emilie est loin d'avoir dit on dernier mot. Faire de l'électricité avec du bois, ce sera sans elle. De surcroît, depuis le départ de son fils Serge de la maison et la disparition précipitée de son cher Edmond, elle n'a d'autre choix que de faire appel à un entrepreneur de la région pour l'aider pour ses plantation. En voyant le nom d'un certain Victor apparaître, Emilie voit tous ses souvenirs d'enfance resurgir. Se pourrait-il que ce même Victor ne soit autre que son amoureux à l'époque où elle n'avait guère plus qu'une dizaine d'années ? Et si c'était bel et bien le cas et malgré que de l'eau ait coulé sous les ponts depuis (autant pour l'un que pour l'autre), serait-il possible d'envisager un avenir commun, et d'autant plus, peut-on se permettre de tomber à nouveau amoureuse lorsqu'on a désormais plus de 60 ans, une ferme à tenir , un fils qui va prochainement se marier et une lutte à mener ? Et pourquoi pas après tout ? Même si l'on ne vit qu'une fois, lorsque cette dernière nous accorde une seconde chance, ne se doit-on pas de la saisir à tout prix ?



Un roman engagé mais avec des personnages très attachants. Un peu trop de descriptions à mon goût mais une fois qu'on est rentré dans le vif de l'action, il est difficile de s'arrêter ! A découvrir !
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Le cabaret des oiseaux

Emprunté à la médiathèque- mi-avril 2023



Encore un moment unique en compagnie de notre écrivain-paysan; son style inimitable, ciselé à souhait...A la fois l'âpreté et la tendresse....



Le protagoniste central est Tristan...considéré par certains comme un simplet, alors que sa différence, son décalage avec ce qui l'entoure fait plus songer à une sorte d'autisme !



Tristan que l'on découvre au début, impacté par une terrible tragédie : à six ans, il voit sa mère se faire tuer par deux repris de justices , évadés !



Le père taiseux et sauvage...est dépassé pour s'occuper de son petit garçon...Il se met à boire, complètement détruit par la mort de sa femme, Blanche...



Heureusement, un jour, il va se décider, partir à Paris; il revient avec une femme plus jeune, Maryse...Cette dernière va redonner de la vie et de la gaieté dans une nouvelle maison qu'ils transforment en auberge...



Et puis un nouveau drame...un concours de circonstances remettra sur le chemin de Tristan ,les coupables du meurtre de la Mère et Tristan se défendra, tuera un des deux hommes et devra faire une année de prison; il est taquiné par ses camarades de cellule...de par sa différence, son côté " Pierrot lunaire"..cependant, ils le prennent en affection !



Il aura une permission de trois jours pour l'enterrement de son père...Cette fragile cellule familiale est à nouveau bouleversée ; Tristan apprendra,lors de ce très bref laps de temps,à mieux connaître sa jeune belle-mère, Maryse; d'origine russe, , la vie l' a aussi passablement malmenée ...Lorsque le Père la rencontre à Paris, elle se trouvait dans une situation désespérée ; leur mariage les sauvera l'un et l'autre , pour des douleurs

et des menaces différentes !



Tristan a une passion pour les oiseaux...a tendance d'en remplir la surface de la terre, les mettant en place des Humains ! Tristan, pour ne pas désespérer de la vie, a choisi de nouveaux " compagnons" : les oiseaux et l'amour des mots...sans oublier l'affection simple, spontanée de Maryse...



Personnages attachants, sensibles, aimant la vie, les êtres, les animaux, en dépit des épreuves traversées...



La fin , toutefois, m'a frustrée.. laissée dans une sensation "d'inachèvement "!!



Le grand plaisir de la magnifique prose de cet écrivain continue , malgré cette déception mineure, à me séduire !

Ma première rencontre avec ce poète date de plusieurs années, un jour où j'ai poussé la porte d'une très sympathique librairie " La Cité du vent", à Saint-Flour...où j'ai déniché et emporté une certaine " Fée d'hiver"...qui m'avait enchantée !



J'aime très fort l'univers atypique de cet artiste des champs et des montagnes...qui nous quittés malheureusement à l'automne 2022....

Un univers tour à tour âpre,sensible, poétique, avec des êtres vulnérables, cabossés, qui font comme ils peuvent, avec le " dur métier de vivre "



"Quand ma mère est morte, en 1988, j'ai pensé que le monde- malgré le ciel et les étoiles- celui qui l'avait fait, il l'avait loupé, il s'y était mal pris.Puis j'ai appris avec les années que chacun de nous avait sa pelote de laine et de mots pour faire, défaire ou tricoter une maille de l'univers et donc, moi aussi, je devais essayer. Pour pouvoir le supporter tel qu'il est. C'est ce que je ressens , bien que je n'y sois pas encore parvenu. "



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Déneiger le ciel

Ce livre m'a particulièrement touchée car parlant non seulement des hommes qui, comme chacun le sait, savent parfois se montrer cruels, il parle avant tout de la montagne qui, elle aussi, sait être impitoyable et pardonne rarement.



En effet, le personnage principal, Daniel, la soixantaine, veuf, habitant dans la vallée du Jabron, est confronté depuis dix ans déjà au moment de l'histoire à une disparition inexpliquée et qui continue à le hanter, celle de Martine, la fille de sa compagne. Pourquoi celle ci le hante à ce point là ? Tout simplement parce que Martine avait quelques années de moins que sa propre fille, Noémie et que, tant que cette disparition ne sera pas expliquée, lui et Muriel, son actuelle compagne (la mère de Martine), ne pourront tout simplement pas envisager un avenir ensemble. Cela, il le sait et le comprend même s'il voudrait pouvoir apporter des réponses.



Pourquoi je vous disais que cette histoire m'avait particulièrement touchée ? Eh bien, pour la bonne raison que mon grand oncle est porté lui aussi disparu en montagne depuis le mois de juillet 2013, du côté de Seyne dans les Alpes-de-Haute-Provence (département dans lequel se déroule l'histoire d'André Bucher).

Et dans ce cas-là, il n'y a rien d'autre à faire qu'attendre. Même s'il est vrai que l'on ne le retrouvera sûrement pas vivant, ma famille et moi attendons des réponses, des explications...nous voulons savoir ce qui s'est passé, tout simplement !



Bon, excusez-moi pour ce petit écart et revenons à l'histoire qui vous intéresse. Dans cet ouvrage, même si cette absence, celle de Martine, est très présente, il y a aussi des personnages qui, eux, sont bel et bien là. Citons notamment Antoine, le fils que David aurait voulu avoir, Noémie dont j'ai brièvement fait allusion et ses deux petits-enfants qui, à eux tous réunis, représentent la Vie tou simplement.



Un hymne à la nature, à la vie et à l'amour dans un décor qui m'est familier puisque cela se passe tout près de chez moi. Un livre très bien écrit, sans longueur dans les phrases cette fois-ci mais avec des tournures un peu particulières. Mais, bon, une fois lancé, le lecteur s'y accoutume vite ! A découvrir !
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Fée d'hiver

Un roman aussi noir que flamboyant…Le flamboyant, à notre grand soulagement, sera vainqueur !...



Pas fûtée pour un sou…suis-je ?!!! Je vais m'expliquer… j'ai découvert cet écrivain-paysan-poète… par hasard dans une librairie au nom, allant de pair avec l'univers d'André Bucher : Il s'agissait de « La Cité du vent » [Saint-Flour / Cantal ], où j'étais de passage chez des amis, à l'automne 2016… Voilà, dans un premier temps, le contexte de cette première acquisition…



Une première lecture… trop rapide, trop superficielle, de cet écrivain même si l'enchantement a opéré, avec une langue musicale, poétique à souhait… Il aura juste fallu, un échange très récent, enthousiaste, complice avec une camarade (qui se reconnaîtra sûrement !…) appréciant également très fort cet écrivain singulier… pour me souvenir de cette « Fée d'hiver »… que j'ai été aussitôt extraire de mes rayonnages…

Cette fois , quelque peu coupable de ma lecture première , négligente, j' ai fait une relecture, plus attentionnée…Car, « gourde que je suis »…. Je n'avais pas même percuté au jeu de mots… du titre, phonétiquement à double sens donné à cette narration passant du drame, de l'horreur à l'Enchantement recréé….dans des existences pourtant fort mal parties !...



En effet, ce récit débute par un drame : le destin de deux gamins, deux frères , Richard et Daniel, dont l'enfance a été brisée par un « fait divers »… : leur père a tué leur mère, épouse « infidèle » pour se suicider ensuite. Ces deux enfants seront mis en famille d'accueil. A partir de ce drame, Daniel, le cadet , en perdra la parole… et communiquera par l'écriture… le grand frère, Richard, lui se console avec la musique… Les deux frères sont très attachés l'un à l'autre et se protègent, se trouvant assez isolés et en marge…



L'amant, le fermier voisin, et père de trois enfants ; Robert, Pierre et la petite Alice… Les Monnier [sans oublier le cousin, Louis, qui deviendra un temps le mari de la Belle Alice] seront des « Ennemis jurés »…Les enfants restant enferrés dans les rêts de la tragédie et de la haine de leurs parents…,hormis Alice…Figure solaire du récit



Des êtres cabossés, en dehors d'Alice, figure féminine rayonnante, qui tente de garder la tête hors de l'eau , dans cet environnement glauque et malsain… Dans cette sorte de huis clos entre gens du pays, arrive L'Etranger, Vladimir,serbo-croate, bûcheron au grand coeur, ayant fui la guerre de son pays…sa famille, massacrée ! En exil, il se loue pour des petits boulots… Et se retrouve un jour devant la porte de la scierie familiale d'Alice et de ses horribles frères…



Heureusement, Richard, le voisin détesté des patrons de Vladimir, viendra lui offrir son amitié . Vladimir, très seul après ses journées de travail est logé très chichement par « ses patrons »dans une piètre caravane… le « bûcheron en exil »trouvera enfin accueil et chaleur humaine auprès des deux frères , orphelins…



Je n'en dis pas plus long… Ces êtres « cabossés », abîmés…. se reconstruiront grâce à leur bienveillance réciproque ainsi qu'à la venue dans ce cercle intime de la "Fée d'hiver", Alice… Un petit noyau amical, amoureux va se coudre, se créer, réparer les blessures profondes de leurs passés…



De magnifiques descriptions de la forêt, des montagnes, de Dame Nature, tour à tour merveilleuse, réconfortante ou cruelle !



Du « Fait divers » atroce, monstrueux… la narration fort lyrique d'André Bucher nous emportera de l'autre côté de la rive, infiniment plus ensoleillée, celle de la « Fée d'hiver « …

Des Renaissances, des Reconstructions de vies ,mises à mal prématurément. Ces vies en lambeaux, que l'on accompagne dans une première partie, nous demandant si une éclaircie va se décider à se montrer ?! Eh bien, Oui…Les chemins seront durs… mais les personnages très attachants… parviendront à se construire, à trouver un équilibre, un sens, une chaleur humaine fiable, dont ils ont manqué tous les quatre…Daniel, Richard, Vladimir et Alice…



Les frères d'Alice, trop abîmés, embourbés ou pas assez intelligents pour redresser la fatalité les ayant frappés dans leur enfance, resteront dans leur microcosme étriqué et stérilisant…



Un très beau roman… magique, nous offrant un moment de grâce : l'Espoir , la Joie de suivre des personnages attachants, que l'on voit grandir, changer le cours de leur vie, avec une détermination farouche…Même si rien n'est jamais acquis … définitivement !



« Vladimir se frotte les yeux, il pense que les fées d'instinct savent que pour enchanter le monde, il y a forcément , dans l'attente du jour, une petite marge d'erreur. « (p. 152)



Désirant poursuivre cette sensation d'enchantement... j'ai réservé à ma médiathèque deux autres textes de ce "paysan-poète", qui vont être dans mes toutes prochaînes lectures: - "Le Pays qui vient de loin" et "Le cabaret des oiseaux"...



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Voir lien : https://lemotetlereste.com/litteratures/alecart/





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La vallée seule

Lu dans le cadre du club-lecture organisé par la médiathèque de ma ville ayant pour thème ce mois-ci, un auteur bien de chez moi, André Bucher (qui, de prime va je crois nous faire la surprise d'être là ce soir pour cette occasion), je crois que cet ouvrage, que je viens juste de terminer (ouf, il était temps car si je veux bien connaître mon sujet lors de la rencontre de ce soir, j'ai intérêt à savoir de quoi je parle) est celui que j'ai préféré.



Ici, dans une vallée aride en hiver et douce en été, en pleine montagne, où hommes et bêtes se côtoient, il y fait bon vivre. Il n'y a cependant que très peu d'enfants mais les seuls présents ici, Martha et Ludovic, suffisent à eux seuls à apporter la joie suffisante car ils demeurent encore enfermés dans cette douce joie de l'innocence et emplie d'une certaine naïveté que l'on appelle l'enfance. Cependant, les adultes, eux, ne sont pour autant pas complètement lassées de la vie, s'émerveillant chaque matin devant le cadre qui les entoure et des animaux qui vivent à proximité d'eux, notamment le bel et vieux cerfs, qui fait la convoitise de tous, certains rêvant simplement de l'approcher car, en tant que mascotte de leur vallée, ils savent que ce dernier veille sur eux, d'autres de l'abattre pour le rajouter à leur trophée de chasse. Mais la question reste ouverte quant à savoir si ces derniers chassent réellement pour chasser (j'entends, laissez-moi m'expliquer) et je fais notamment référence ici à Alain, le guide de chasse mais non pas plutôt pour noyer leur chagrin en étant sans cesse à l'affût d'une proie ?



Un roman sur la solitude mais aussi sur l'entraide que s'apportent mutuellement tous les personnages de cet ouvrage, le soutien, la compassion, l'empathie et tout ce qui fait que les être humains sont dotés, quand ils s'en donnent la peine, d'actes les plus louables et méritoires qui soient !



Une lecture mélancolique, au ton doux amer parfois, je dois le reconnaître, mais qui sait aussi être extrêmement drôle par moments ou encore attendrissante. A découvrir !







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Le cabaret des oiseaux

Tristan n'a que six ans lorsqu'il voit sa mère, Blanche, se faire assassiner sous ses yeux. Ce n'était probablement pas un crime prémédite puisqu'elle a été tuée par deux évadés de la prison de Gap qui pensaient sans doute trouver de quoi se nourrir et un peu d'argent dans cette ferme en plein milieu de la montagne. Concours de circonstances, donc ? Peut-être, puisque les deux malfrats, en apercevant Tristan, ce jeune môme de six ans ont pris peur d'être plus tard identifiés et l'on menacé d'une arme. Blanche, par instinct maternel les a à son tour menacés du fusil de son mari mais c'est elle qui a tout pris. Tristan, le protagoniste et le narrateur de l'histoire (il est toujours utile pour vous, chers lecteurs, de le préciser) s'est alors retrouvé seul avec un père alcoolique du nom d'Alex et ayant pour seul ami un vieil homme du nom de Germain.

Ce n'est que deux ans plus tard qu'Alex présentera à Tristan, celle qui deviendra sa future belle-mère, Maryse, une ancienne prostituée russe mais qui parle couramment le français. C'est elle qui a l'idée, d'ouvrir une auberge dans la ferme qu'occupent Tristan et son père car, ne pouvant pas les aider aux champs car ce serait un travail trop pénible (Alex est en effet agriculteur et Tristan garde des brebis), elle a bien décidé de changer de vie et de devenir une femme respectable. C'est ainsi que naît Le cabaret des oiseaux, l'auberge que tient la petite famille. L'on pourrait alors croire que va pour le mieux mais il n'en est rien car le passé, parfois, finit par rattraper ceux qui avaient décider de le barricader et de faire une croix dessus...



Je ne vous en dis pas plus en ce qui concerne l'intrigue mais sachez qu'André Bucher, ici, nous emmène encore une fois dans une histoire où la vie est réellement cruelle -particulièrement en montagne- , écrite dans un style simple et agréable à lire ! La seule chose que je pourrais reprocher à cet ouvrage est qu'il parle, une fois de plus, d'un enfant privé de mère puis qui se retrouve par la suite complètement orphelin et je trouve que c'est un thème qui revient un peu trop régulièrement dans les livres d'André Bucher (bien que je n'en ai lu que trois jusqu'à présent..peut-être vais-je être agréablement surprise par les autres. A découvrir !
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La cascade aux miroirs

L'intrigue est intéressante, les personnages fouillés évoluant dans un monde volontairement énigmatique qui m'est resté hélas étranger, hermétique. La Nature que je m’attendais à trouver dans l’ouvrage d’André Bucher est effectivement bien présente, mais j'ai trouvé le style un peu confus, difficile à suivre, la ponctuation incertaine. J'ai du m'y prendre à plusieurs reprises pour tenter de comprendre, et sans succès, certaine phrases.



Néanmoins, la poésie n'est jamais très loin.

Il y a donc des sentences exquises et surprenantes mais leur agencement restera à jamais un mystère pour moi.



J’ai beaucoup aimé le dialogue qui s’installe entre Sam, personnage principal, voleur d’identité, et cet homme mort, Pascal, dont il a usurpé opportunément l’état-civil.



La folie règne un peu partout, à des degrés divers, dans chacun des personnages.



Peut-être devrais-je tenter un autre ouvrage de cet auteur atypique qui m’interpelle par ce qu’il fut et par son style fluctuant et original…

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Un court instant de grâce

«  Les arbres ne nous répondent jamais , mais ils nous regardent » .



«  Nous sommes sur un projet de méga centrale électrique se substituant pour partie à celle actuelle utilisant le charbon. L’idée consiste à créer une chaîne de production à partir de la biomasse … »

«  Émilie songeait : Continue ma belle , parle sans t’émouvoir » ..



Quelques passages de cette belle histoire d’amour et de résistance bienvenue face au rouleau compresseur du pouvoir et de l’argent ..



C’est l’histoire d’Emilie , solitaire, le cœur en berne , elle s’occupe à plein temps d’une terre qui se mérite : gardienne des lieux depuis la mort de son mari et le départ de son fils Serge , sur le mont Palle ,là où se trouve la ferme familiale …

Elle n’a pas le temps de s’apitoyer , voire de réfléchir au prétendu travail de deuil .

«  La montagne empiétait sur l’horizon , sa masse inerte accaparait le paysage . Une entité dure mais également fragile , avec la forêt pour territoire . Un endroit improbable ayant lié pacte avec le temps , des monts scellés à l’infini de la terre jusqu’au ciel ? » .



Tenace , elle s’opposera de toutes ses forces au projet de «  nourrir » une centrale électrique face à des entrepreneurs bien déterminés à décimer la forêt environnante pour réaliser leur funeste réalisation : gigantesque , gargantuesque projet de centrale à biomasse.



Chacun et chacune jouera son rôle et donnera au récit sa force , à l’image de cette indomptable montagne de Palle qui domine les lieux et tire son ineffable beauté de ses contrastes .



Une lecture rafraîchissante, description tout en finesse quoique lente , d’une existence rude, âpre, forgée au fil des saisons à l’ombre d’une montagne .



On suit Émilie , forte , face à une nature majestueuse et féroce , un combat écologique au tempo lent , le portrait touchant , lumineux de cette femme .

.

Rythme et musicalité de la langue animent ce beau récit , c’est aussi l’histoire de retrouvailles entre deux enfants que la vie a séparé dans leurs toutes jeunes années , ils mettront beaucoup de temps à se re- apprivoiser : Émilie et Victor ….

La poésie imprègne chaque ligne ou presque de ce roman ,,l’auteur décrit magnifiquement la faune et la flore , les éléments du climat , l’âpre beauté des saisons , les contraintes, les contrastes , les couleurs changeantes , les nuages menaçants , «  la lune dans son landau » le ciel et ses changements , les paysages sont magnifiés , la nature est décrite comme si elle vivait en nous, pareille à un tableau de maître pointilliste !



La langue est soyeuse, belle, on pourrait citer nombre de phrases éloquentes , et je pense aussi aux nombreux oiseaux , les corbeaux……

Le lecteur retient son souffle lors des passages poétiques enchanteurs !

Je ne connais pas l’auteur , je salue son talent de poète !
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Le cabaret des oiseaux

Le cabaret des oiseaux, c’est le nom d’une auberge, c’est aussi l’histoire de Tristan, qui nous conte du fond de sa cellule, le traumatisme qu’il a subi. Tour à tour, le ton de l’enfance, puis celui du jeune adulte qui tente de refaire le parcours pour éclairer ces ombres qui le poursuivent.

J’aime beaucoup le style poétique, tout en finesse , cette relation avec les mots, il en fait part dans le récit également, ce gamin qui aime lire, les mots. On le lit et on le ressent ce lien entre l’écrivain, le personnage et l’écriture. C’est une fusion.

C’est tendre, bouleversant par moment, on espère jusqu’au bout un happy end, mais quand on a la poise on l’a jusqu’au bout. Un récit touchant d’un gamin qui a souffert, le portrait d’un père tout aussi meurtri par ce drame, et puis Maryse qui vient offrir une seconde chance cette famille. Y parviendra t elle ?

Portrait de personnages cabossés, qui tentent de poursuivre leur chemin parmi les hommes. Heureusement la nature environnante va offrir un peu de douceur, les oiseaux, et puis les livres. S’évader et oublier.

C'est spécial mais tellement bien à lire.

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Fée d'hiver

Il y a des auteurs comme ça, vous ne savez pas pourquoi, ni comment, qui vous ensorcellent, qui vous exaltent, qui vous transcendent. Il y a Eri de Luca, Jon Kalmann Stefansson, pour ne citer que ceux là, mais également, André Bucher.



J’avais lu, il y a déjà quelque temps, Déneiger le ciel. Je le porte en moi, me le remémore souvent. Je savais qu’André Bucher avait écrit d’autres livres et m’étais promis de me les procurer.



Mais comme les autres auteurs cités plus haut, j’attendais avant d’en prendre possession. Ah ! le bonheur de l’attente. Je veux, je convoite l’objet tant désirer, mais j’attends… Quelque chose d’irrésistible en moi me retient… J’attends le moment, j’apprivoise, je force ma timidité, car oui, il s’agit bien de timidité. Jusqu’au jour où je me décide enfin.



Mais mon attente sera-t-elle à la hauteur de mes espoirs ? Retrouverais-je le même sentiment que j’ai ressenti à la lecture de Déneiger le Ciel ? Ne serais-je pas déçue ?



Et bien non, pas du tout ! Je retrouve dans ce livre, la même poésie, le même sentiment indescriptible que dans le précédent. La lecture de Fée d’hiver est tellement poignante.



Une histoire simple, mais une écriture enchanteresse et poétique pour décrire les peines, les guerres, la bêtise, la méchanceté mais aussi et surtout l’amour et la beauté sauvage de la nature.



Merci Monsieur Bucher pour votre humanisme et votre générosité à nous faire partager votre monde que vous savez si bien mettre en mots.

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Le pays qui vient de loin

On pourrait presque croire que ce livre a été écrit pour moi puisque, tout comme le narrateur, mon père s'appelle Daniel, ma grand-mère Jeanne, mes grands-parents étaient fermiers et cela se passe dans les Alpes-de-Haute-Provence (mon lieu de naissance et de résidence actuel).

Bon voyons les divergences maintenant : le protagoniste, ici s'appelle Jérémie et il vient de fêter ses dix-huit ans. L'histoire se déroule en pleine campagne dans la vallée du Jabron, près de Sisteron. Jérémie, le jour de sa majorité, décide de fuguer de chez lui, dans une modeste maison qu'il habite avec sa mère et son beau-père (ses parents son en effet séparés et il n'a pas revu son père depuis quatorze ans) afin de rejoindre ses grands-parents. Cependant, à son arrivée, il apprend que son grand-père, Samuel, vient de mourir (une dédicace toute particulière ici à ma grand-mère, Jeanne donc, qui, elle, est décédée récemment, le 25 juillet 2013). Il est évidemment très peiné et également très surpris car, en perdant un grand-père, il va également retrouver son père, Daniel, qui n'a pas revu depuis qui'il avait quatre ans.

Parmi tous ces personnages, il ne faut pas oublier de nommer Paul, l'ami de toujours du grand-père et avec lequel Jérémie et son père vont faire des découvertes extraordinaires, celle de la terre, des oiseaux, de l'art de la pêche et celle de la nature en général. Vous vous demandez sans doute pourquoi je parle d'expériences extraordinaires ? Tout simplement parce qu'elle le sont pour Jérémie, qui a toujours vécu à la ville et dont le rêve est de suivre les traces de son grand-père.



Une histoire touchante (d'autant plus pour moi à cause des raisons dont je vous ai parlé au début de cette critique), avec une écriture raffinée et qui coule de source ! Une histoire à la fois triste et remplie d'espoir...A découvrit !
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Fée d'hiver

D'un fait divers tragique, André Bucher nous en fait un "Fée d'hiver" !



Deux frères vont se forger une armure (arme - mur) face à leur destin d'exilés de la perte (mots de l'auteur).



La montagne sera le refuge des âmes tourmentées.



Tout va s'animer la nature, les oiseaux, aux frontières de l'imaginaire juste entre la sensiblerie et la sensibilité.



- Effleurer la confidence, développer les mythes, incarner ce qui vous dépasse -



Alice, sera un trait d'union entre deux familles qui se vouent une haine féroce depuis des décennies.



Hommage à une vallée perdue !



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André Bucher se dit paysan - écrivain, il s'auto suffit et nourrit son prochain.

Il vit dans les pré Alpes du Sud de l'agriculture bio.

"Se sent plus cerf que chasseur",

La montagne et la forêt sont sa vie.

Toutes ses paroles dites lors d'un passage à "La Grande Librairie" de Busnel le 6 mai 2016.

"Ne soit pas montagnard, soit une montagne".

mais également,

" Seule une montagne peut comprendre le hurlement du loup".



Planté là, sur le plateau de cette émission, ce taiseux barbu, chevelu au regard bleu perçant, tel celui d'un aigle, un sourire d'enfant et de grandes et belles mains qui s'ouvrent à l'intelligence du coeur.



Décalé sur ce plateau de télévision dans sa grande simplicité où Busnel parle, parle, parle .... et lui essaie avec ses mots, de faire passer, tant bien que mal, son immensité poétique montagnarde.

Sa présence semble incongrue, et pourtant, on se surprend à être suspendu à ses lèvres et à retrouver dans ses silences, sa plume ; à revivre ses écrits, où la poésie, et sa littérature un peu onirique nous ont propulsé dans un monde rempli de merveilleux.



Monsieur André Bucher, vous m'avez conquise,

vous êtes un magicien des mots,

vous les faites danser, resplendir, scintiller.



A découvrir !



(André Bucher né en 1946, dcd en 2022)
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Fée d'hiver

Comme quoi, le hasard fait souvent bien les choses...car si je n'étais pas rentrée dans cette librairie le jour où André Bucher dédicaçait son dernier roman, je n'aurais peut-être jamais entendu de cet auteur que je trouve vraiment remarquable...à tel point que j'ai emprunté tous les ouvrages de lui que possédait la médiathèque de ma ville. Mais, celui-ci, "Fée d'hiver", il est à moi...et dédicacé s'il vous plaît !



Bref, excusez-moi pour cette petite introduction en entrons dans le vif du sujet. En prologue de ce livre se trouve retranscrit un fait divers advenu le 31 août 1948 dans le Sud de la Drôme où il est question d'un mari jaloux qui abat sa femme à coup de fusil de chasse avant de se donner la mort, laissant ainsi deux jeunes enfants orphelins.



Tout commence donc ainsi et c'est à partir de là que le lecteur suit ce qui va être la vie de Daniel, à l'époque âgé de quatre ans et de son frère aîné de deux ans, Richard. Peut-on réellement se remettre d'un tel drame et mener une vie normale par la suite ? Même s'ils ont tous deux été placés dans une famille d'accueil aimante, Daniel ne prononcera plus jamais un mot et Richard en gardera des séquelles, même si ces dernières ne sont pas forcément visibles.



Non loin de la ferme où ils ont grandi, vivent les frères Monnier, Robert et Pierre avec leur sœur Alice et leur cousin Louis. Très vite, entre ces deux camps d'agriculteurs naît une antipathie qui ne sera que grandissante au cours du roman.

Pour que nos personnages soient au complet, il faut également rajouter l'immigré croate Vladimir qui lui aussi est orphelin et a vécu dans la terreur de la guerre jusqu'à son arrivée en France. La même question se pose alors pour lui que pour les frères Lacour (Daniel et Richard), à savoir peut-on encore croire en la vie lorsque l'on a vu les pires horreurs que l'homme est capable d'accomplir ?



Un roman où des destins se croisent, s'entremêlent et où quantité de sujets sont abordés, celui de la guerre et de son opposé, l'amour, celui de la montagne et du réconfort qu'elle peut parfois nous apporter mais également l'exil ou l'exode et bien d'autres encore.

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Un ouvrage qui porte bien son nom car il s'agit ici d'un véritable conte de fées, malgré des débuts dramatiques pour la majorité des personnages, très bien écrit même si je regrette un peu d'avoir rencontré un peu trop souvent des phrases beaucoup trop longues à mon goût ! Mais bon, c'est aussi cela qui fait son charme...A découvrir !
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La montagne de la dernière chance

"La rivière en se déversant prenait la consistance d'une flamme vive, son grain sa chaleur ondoyant puis se repliant avant de fondre sur l'onde. Le flux des rayons se déplaçait en une sorte de valse lente. Les contreforts, les pics, les arêtes rocheuses, même les plis les plus secrets du canyon réagissaient à cette alternance d'éclats lumineux puis d'ombres. Les sommets paraissaient pivoter dans l'attente, l'espoir que le cours d'eau douce s'inverse. En vain". Page 12.





André Bucher entraîné par sa fougue militante d'agriculteur des montagnes enchaîne deux pages de descriptions fantasmatiques où l'on voit peu à peu se dessiner les personnages d'un théâtre gigantesque d'ombres et de lumières. Porté par une musique fluviale ou orageuse, le film qui se déroule alors sous vos yeux n'est plus cette carte postale ou tout semble figé pour une éternité bienheureuse, mais juste un sol ou le dos caché d'un dévers, rythmant une valse à deux temps.





La Montagne de la dernière Chance, évoque Colline de Giono, loin des Bronzés font du ski. Pour le marcheur que je suis, ces descriptions de la montagne sont comme ces temps de repos. Des poses que l'on déguste, avec l'appétit d'un explorateur, à l'affût de tous les bruits, de tous les bruissements et de toutes les sautes d'humeur de la montagne.



L'histoire est simple et décrit avec un brin d'ironie les efforts titanesques de ce nouvel entrepreneur, Georges au faîte de sa renommée fort de sa connaissance des travaux publics et de la forêt. Il a presque réalisé son rêve avec le rachat aux enchères de la ferme de Louis et de sa femme Pauline. Rincés par leur fils Elly, en prison pour escroquerie, ils sont près à tout et héberge Geffray un ami d' Elly.





Après avoir vu tant de barrages ici ou là dans l'ensemble de ces vallées alpines, en oubliant Fréjus on peut s'imaginer que de combler un canyon peut devenir un projet viable à long terme.



Joindre l'ensemble de ses acquisitions par un chemin unique en réalisant l’économie de va-et-vient incessants en montagne, descendre pour remonter, n'est-il pas plus simple de joindre deux à deux les mêmes niveaux. Enfantin Non ! Ayant convaincu Louis maintenant bien heureux de retrouver un job, il lui faudra contourner Tony, un agriculteur.





Car c'était peut-être sans compter sur ce vieux renard, cet agriculteur récalcitrant aux humeurs imprévisibles, aux comportements démesurés, malgré des propos utiles et bien pensés, celui-ci n'avançait que des idées de bon sens.





Avec André Bucher nous découvrons la complexité de la géographie montagnarde.

Dans ce défi un peu démentiel qui va éroder la détermination vigoureuse de Georges, le regard narquois de Tony, plane sur chaque nouvelle initiative, lui pour rien au monde ne cédera ses parcelles de terrain.





Finalement la montagne se réveillera comme elle se réveille chaque printemps, quand les neiges fondent les rivières se chargent du ruissellement des eaux, le décors ne ressemble pas à ce que l'automne a couvert, le canyon n'a plus rien à voir avec ce que l'on avait l'habitude d'observer pendant les mois d'été.



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Le pays qui vient de loin

C’est le premier roman écrit par André BUCHER, paru en 2003. Il aborde les racines profondes, entre un fils, un père et les grands-parents.



Le fils, Jérémie, part. Il quitte le foyer de sa mère et de son beau-père pour rejoindre les montagnes, et surtout ses grands-parents, Jeanne et Samuel. Ses parents ont pris le parti de vivre en ville, de quitter la paysannerie.

Le couple n’a pas tenu le coup. Ils se sont séparés. Lara fera tout pour couper les liens entre son fils Jérémie et le père, Daniel.



Daniel reçoit un coup de fil de sa mère, lui indiquant que son père, Samuel, est décédé.



Sans attaches, sans travail, Daniel quitte son logement et rejoint sa mère et par la même occasion, son fils Jérémie.



Par son écriture poétique, tout en finesse et déjà une grande pudeur dans ce récit, on suit la réconciliation entre Jérémie et son père, Daniel. Et pour faire le lien, il y a aussi Paulo, l’ami du grand-père. La description des paysages est toujours aussi magnifique.



Un beau retour aux racines et une belle réconciliation. Et pourquoi pas, le mettre sous le sapin pour ceux qui sont en mal d’inspiration. Les lecteurs ne seront pas déçus.

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À l'écart

Cet ouvrage est en quelque sorte inclassifiable tellement il pourrait revêtir d'étiquettes différentes. Je sais que l'auteur n'aime pas celle d'essai car elle pour lui, elle vise à faire entendre raison au lecteur, ne lui ouvrant qu'une seule fenêtre, alors que ses œuvres tendent au contraire vers la pluralité de réflexions, d'interrogations et aussi de rêveries. Aussi, est-ce la raison pour laquelle je ne peux absolument pas ranger cet écrit dans une catégorie particulière tant il est large et varié. Je ne suis d'ailleurs pas sûre que l'auteur apprécierait l'attribution de pamphlet mais il faut bien avouer que dans cet ouvrage, l'auteur dénonce mais en tournant cela de façon ironique. Il y parle de sa condition de paysan, de son arrivée près de la montagne de Lure afin de devenir agriculteur bio tout en expliquant les difficultés que révèle ce métier mais aussi son éblouissement jamais rassasié ! Certes, le travail de paysan est rude mais il est aussi merveilleux lorsque l'on sait regarder autour de soi et tout simplement écouter ! L'agriculture bio dans les années '75 relevait d'un défi que lui et sa compagne ont admirablement bien réussi mais qu'e est-il d'aujourd'hui ? Peut-on réellement encore en vivre alors que l'on croule sous de nouveaux impôts et que la vie devient de plus en plus chère ? André Bucher veut encore y croire ! Bien qu'étant retraité, c'est au cours des mois d'hiver qu'il se livre à ses rares moments de détente qu'il consacre à ses lectures et à l'écriture car, la terre, elle, ne laisse que peu de répit ! C'est tout cela que l'auteur nous livre ici mais il se veut cependant optimiste et c'est sur des fables qu'il termine son écrit ! Il est également beaucoup question de nature writing, citant de nombreux auteurs américains et amérindiens sans pour autant s'apparenter à aucun d'entre eux. Si eux, ont des grands espaces, lui a le sien et il nous le fait bien comprendre car, un espace n'a pas besoin d'être très grand du moment qu'il l'est dans notre imaginaire !



Un ouvrage qui m'a un peu déstabilisé contrairement aux autres écrits de l'auteur car jusqu'à présent, il n'avait rien écrit de tel ! Est-ce dû au fait qu'il s'agisse d'une commande passée par son éditeur ? Je ne saurais le dire mais toujours est-il, que même si j'ai mois accroché avec ce dernier, je ne peux néanmoins que vous le recommander !
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Le cabaret des oiseaux

Acheté depuis plusieurs années parmi la collection piment de france loisirs , je m attendais à une petite histoire amusante made in Sophie kinsella, zoé Barnes et compagnie.



J ai été bien attrapée. Passé le moment de surprise, j ai apprécié ma lecture. J ai trouvé la plume très poétique authentique, sincère. l'histoire touchante sans être larmoyante.



Le narrateur est un garçon qui n a pas eu une vie facile. En effet, Tristan assiste à l âge de 6 ans a l assassinat de sa mère Blanche par deux évadés de prison. le papa Alex qui est fermier sombre dans l alcool et frappe Tristan. Viennent quelques années plus calmes quand Alex ramène à la maison une jeune femme russe et montent une auberge " le cabaret des oiseaux">. Nom choisi par Tristan qui a un merle et une corneille comme amis. Les années passent et tout semble recommencer quand se présentent à l auberge deux hommes louches. Cette fois Tristan a grandi .

Une lecture qui m a pris aux trippes. Un gamin qui ne se perd pas malgré l horreur de ce qu' il vit.

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