AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de André Gorz (249)


Tu n’avais aucune place à toi dans le monde des adultes. Tu étais condamnée à être forte parce que tout ton univers était précaire. J’ai toujours senti ta force en même temps que ta fragilité sous-jacente. J’aimais ta fragilité surmontée, j’admirais ta force fragile. Nous étions l’un et l’autre des enfants de la précarité et du conflit. Nous étions faits pour nous protéger mutuellement contre l’une et l’autre. Nous avions besoin de créer ensemble, l’un par l’autre, la place dans le monde qui nous a été originellement déniée. Mais, pour cela, il fallait que notre amour soit aussi un pacte pour la vie.
Commenter  J’apprécie          380
Avec toi j'étais ailleurs, en un lieu étranger; étranger à moi-même. Tu m'offrais l'accès à une dimension d'altérité supplémentaire, -à moi qui ai toujours rejeté toute identité et ajouté les unes aux autres des identités dont aucune n'était la mienne.
Commenter  J’apprécie          320
"Tu as tout donné de toi pour m'aider à devenir moi-même."
Commenter  J’apprécie          300
Nous avions beau être profondément dissemblables, je n'en sentais pas moins que quelque chose de fondamental nous était commun, une sorte de blessure originaire - tout à l'heure je parlais d'"expérience fondatrice" : l'expérience de l'insécurité. La nature de celle-ci n'était pas la même chez toi et chez moi. Peu importe : pour toi comme pour moi elle signifiait que nous n'avions pas dans le monde une place assurée. Nous n'aurons que celle que nous nous ferions. Nous avions à assumer notre autonomie et je découvrirai par la suite que tu y étais mieux préparée que moi.
Commenter  J’apprécie          290
André Gorz
Nous sortons de la civilisation du travail, mais nous en sortons à reculons dans une civilisation du temps libéré, incapables de la voir et de la vouloir, incapables donc de civiliser le temps libéré qui nous échoit, et de fonder une culture du temps disponible et une culture des activités choisies.
Commenter  J’apprécie          284
"J'ai compris avec toi que le plaisir n'est pas quelque chose qu'on prend ou qu'on donne. Il est manière de se donner et d'appeler le don de soi de l'autre. Nous nous sommes donnés l'un à l'autre entièrement."

Commenter  J’apprécie          230
N'importe quel sujet est le bon pourvu qu'il permette d'écrire.
Commenter  J’apprécie          200
André Gorz
On ne serait mieux dire que l’instrument de travail est ainsi devenu inapproprié pour le travailleur et que cette séparation du travailleur d’avec l’outil de production implique la séparation du travailleur d’avec le produit et la séparation du travailleur d’avec le travail lui-même qui, désormais existe à l’extérieur de lui comme l’exigence muette, coulée dans l’organisation matérielle, de tâches quantifiées, prédéterminées et rigoureusement programmées demandant à être remplies.
C’est sûr cette base de cette triple dépossession seulement que la production peut s’émanciper de l’arbitrage des producteurs directs, c’est-à-dire devenir indépendante du rapport entre les besoins et désirs qu’ils éprouvent, l’importance de l’effort qu’ils sont disposés à fournir pour les satisfaire, l’intensité, la durée et la qualité de cet effort.
Commenter  J’apprécie          201
Nous n'étions pas pressés. J'ai dénudé ton corps avec précaution. J'ai découvert, coïncidence du réel avec l'imaginaire, l'Aphrodite de Milos devenue chair.
Commenter  J’apprécie          204
On voit mieux maintenant ce qu'on peut et ce qu'on ne peut pas demander à la technique. On peut lui demander d'accroître l'efficacité du travail et d'en réduire la durée, la peine. Mais il faut savoir que la puissance accrue de la technique a un prix: elle coupe le travail de la vie et la culture professionnelle de la culture du quotidien [...]; elle sépare le producteur du produit au point qu'il ne connaît plus la finalité de ce qu'il fait.
Commenter  J’apprécie          200
Un amour doit pouvoir se renouveler et ressurgir sous des formes inattendues. Admettez qu'il soit dans votre existence une aventure perpétuelle ; qu'il s'expose à des risques, à des changements, à l'imprévisible. Et qu'il échappe ainsi à la routine.
Commenter  J’apprécie          180
Tu viens juste d'avoir quatre-vingt-deux ans. Tu es toujours belle, gracieuse et désirable. Cela fait cinquante-huit ans que nous vivons ensemble et je t'aime plus que jamais. Récemment je suis retombé amoureux de toi une nouvelle fois et je porte de nouveau en moi un vide dévorant que ne comble que ton corps serré contre le mien. La nuit je vois parfois la silhouette d'un homme qui, sur une route vide et dans un paysage désert, marche derrière un corbillard. Je suis cet homme. C'est toi que le corbillard emporte. Je ne veux pas assister à ta crémation ; je ne veux pas recevoir un bocal avec tes cendres. J'entends la voix de Kathleen Ferrier qui chante "Die Welt ist leer, Ich will nicht leben mehr" et je me réveille. Je guette ton souffle, ma main t'effleure. Nous aimerions chacun ne pas avoir à survivre à la mort de l'autre. Nous nous sommes souvent dit que si, par impossible, nous avions une seconde vie, nous voudrions la passer ensemble.
Commenter  J’apprécie          160
Nous pouvions presque tout mettre en commun parce que nous n’avions rien au départ. Il suffisait que je consente à vivre ce que je vivais, à aimer plus que tout ton regard, ta voix, ton odeur, tes doigts fuselés, ta façon d’habiter ton corps pour que tout l’avenir s’offre à nous.
Commenter  J’apprécie          160
Mon point de départ a été un article paru dans un hebdomadaire américain en 1954. Il expliquait que la valorisation des capacités de production américaines exigeait que la consommation croisse de 50 % au moins dans les huit années à venir, mais que les gens étaient bien incapable de définir de quoi seraient faits leurs 50 % de consommation supplémentaire. Il appartenait aux experts en publicité est en marketing de susciter des besoins, des désirs, des fantasmes nouveaux chez les consommateurs, de charger les marchandises même les plus triviales de symboles qui en augmenteraient la demande. Le capitalisme avait besoin que les gens aient de plus grand besoin.
Commenter  J’apprécie          140
Mais rien de tout cela ne peut rendre compte du lien invisible par lequel nous nous sommes sentis unis dès le début. Nous avions beau être profondément dissemblables, je n'en sentais pas moins que quelque chose de fondamental nous était commun, une sorte de blessure originaire - tout à l'heure je parlais d'"expérience fondatrice
Commenter  J’apprécie          140
La découverte avec toi de l'amour allait enfin m'amener à vouloir exister ; et comment mon engagement avec toi allait devenir le ressort d'une conversion existentielle
Commenter  J’apprécie          130
À la différence de l'aspirateur, de l'appareil de TSF ou de la bicyclette, qui gardent toute leur valeur d'usage quand tout le monde en dispose, la bagnole, comme une villa sur la Côte, n'a d'intérêt et d'avantage que dans la mesure où la masse n'en dispose pas. C'est que, par sa conception comme par sa destination originelle, la bagnole est un bien de luxe. Et le luxe, par essence, cela ne se démocratise pas.
Commenter  J’apprécie          120
À l'époque, je n'ai pas cherché la réponse à cette question dans l'expérience que j'étais en train de vivre. Je n'ai pas découvert, comme je viens de le faire ici, quel était le socle de notre amour. Et que le fait d'être obsédé, à la fois douloureusement et délicieusement, par la coïncidence toujours promises et toujours évanescente du goût que nous avons de nos corps - et quand je dis corps je n'oublie pas que "l'âme est le corps" chez Merleau-Ponty aussi bien que chez Sartre - renvoie à des expériences fondatrices plongeant leurs racines dans l'enfance : à la découverte première, originaire, des émotions qu'une voix, une odeur, une couleur de peau, une façon de se mouvoir et d'être, qui seront pour toujours la norme idéale, peuvent faire résonner en moi. C'est cela : la passion amoureuse est une manière d'entrer en résonance avec l'autre, corps et âme, et avec lui ou elle seuls. Nous sommes en deçà et au-delà de la philosophie.
Commenter  J’apprécie          120
J'avais besoin de théorie pour structurer ma pensée et t'objectais qu'une pensée non structurée menace toujours de sombrer dans l'empirisme et l'insignifiance. Tu répondais que la théorie menace toujours de devenir un carcan qui interdit de percevoir la complexité mouvante du réel. (...) Tu n'avais pas eu besoin des sciences cognitives pour savoir que sans intuitions ni affects il n'y a ni intelligence ni sens. Tes jugements revendiquaient imperturbablement le fondement de leur certitude vécue, communicante mais non démontrable. L'autorité - appelons-la éthique - de ces jugements n'a pas besoin du débat pour s'imposer. Tandis que l'autorité du jugement théorique s'effondre s'il ne peut emporter la conviction par le débat.
Commenter  J’apprécie          120
Tu te développais sans ces prothèses psychiques que sont les doctrines, les théories et systèmes de pensée.
Commenter  J’apprécie          110



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de André Gorz (900)Voir plus


{* *}