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Citations de Andrea Camilleri (1009)


Il sortit pour aller s'asseoir sous l'olivier et là, il découvrit un chien. L'animal était couché à l'endroit exact où Ulysse avait défunté et geignait doucement. Gnazio le regarda de plus près. c'était bien le chien d'Ulysse ! Il s'appelait Argos. Le pauvre chien pleurait la mort de son maître.
Gnazio en fut tout sensipoté. Il alla chercher le taillon de viande qu'il avait voulu cuire, pour le jeter à l'animal. Mais celui-ci ne le dégroba pas d'un centimètre. Alors Gnazio ramassa le morceau de viande et l'agita sous le museau d'Argos.
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Et soudain, une idée le frappa : parmi ces misérables, combien de pirsonnes capables d’enrichir le monde par leurs talents ? Combien parmi les cataferi (cadavres) qui se trouvaient à présent dans l’invisible cimetière marin, auraient pu écrire ‘ne poésie dont les paroles auraient consolé, égayé, comblé le cœur de ses lecteurs.
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L'amour entre Livia et lui avait ressemblé comme deux gouttes d'eau au vol du sphinx.
Au début, et pendant bien des années, droit, sûr, ciblé, déterminé, il avait survolé l'océan tout entier. Puis à un certain moment ce superbe vol, en ligne droite s'était poursuivi en lignes brisées.
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Michilino avait commencé à comprendre que, dans la vie, il n'était pas nécessaire de dire des bobards pour cacher la vérité, il suffisait de trouver les mots justes, qui permettaient d'arranger les faits et de les présenter comme ça vous convenait le mieux.
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- Depuis combien de temps ne t'es-tu pas confessée, Taninè?
- Depuis que je me suis mariée, mon père.
- Si longtemps que ça! Et pourquoi?
- Ma foi, j'en sais rien. Il faut croire que mon mariage m'a détournée du droit chemin.
- Qu'est-ce que tu dis là! Le mariage est un saint sacrement! Comment un sacrement peut-il détourner des autres sacrements?
- Vous avez raison, mon père. Alors, c'est peut-être parce que mon mari n'y tient pas plus que ça.
- Ton mari te dit de ne pas aller à l'église?
- Du tout, il ne dit ni quoi ni qu'est-ce. Mais une fois que je sortais de chez nous pour aller à l'église, voilà qu'il se met à rire et qu'il me fait : Viens un peu par ici que je te donne les sacrements qu'il te faut. Et on s'est retrouvés dans la chambre à coucher. Du coup, ça m'est sorti de la tête.
- Impie! Blasphémateur! Ton mari ira rôtir tout habillé dans les feux de l'enfer! Les gens ont bien raison de dire ce qu'ils disent sur ton mari!
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Puis il s’absorba dans la contemplation du vol d’une mouette.
Désormais, on en voyait peu, des mouettes ; va savoir pourquoi elles avaient déménagé à l’intérieur du village. Mais même à Montelusa, à dix kilomètres de la côte, il y en avait des centaines, c’était comme si ces oiseaux s’étaient fatigués de la mer et se tenaient loin des vagues. Pourquoi avaient-ils dégringolé au point de chercher leur nourriture dans les ordures des villes au lieu d’aller se pêcher du poisson frais ? Parce qu’ils s’étaient dégradés au point de devoir disputer aux rats une tête de poisson pourrie ? Avaient-ils vraiment voulu sombrer comme ça ou bien quelque chose avait changé dans l’ordre de la nature ?
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Il se remplit les poumons d'air, sentant que chaque expiration emportait un bout de la nuit dégueulasse.
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Je suis fille du vent et du désert. Et cette rose ne mourra jamais.
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À l’instar de Maigret, ton grand ancêtre, tu ne manifestes pas un attachement forcené aux institutions et à leurs règles, tu es beaucoup moins intéressé à conclure tes histoires en présentant un coupable à la Justice qu’à remettre un peu de justice dans le monde. Et pour cela, il peut arriver que tu maquilles des preuves ou que tu omettes de transmettre des informations à qui de droit. Car tu sais que l’État que tu sers est souvent fort avec les faibles et faible avec les forts. Et toi, tu choisis d’instinct de faire l’inverse. Tu préfères l’amitié d’un vagabond à celle de ton questeur, et si tu as du mal à tendre la main à un puissant avocat mafieux, tu prends volontiers celle d’un enfant migrant à peine débarqué d’une barcasse surpeuplée sur ton port de Vigàta.
Mais je ne voudrais pas fabriquer un Montalbano à ma convenance, te gauchiser outre mesure (même si, quand tu te laisses aller à ironiser sur la politique du moment, tu te fais traiter de communiste par Fazio). Peut-être es-tu en fait profondément conservateur. Dans le sens où, ce que tu voudrais conserver, c’est un monde d’oliviers sarrasins que n’ont pas encore attaqués les tronçonneuses des promoteurs immobiliers, un monde de plages propres et dépeuplées et de cannoli parfumés, consommés en silence avec ton irascible ami, le Dr Pasquano, tandis que vous tournez le dos un moment à l’horreur d’une époque étalée sur la table de dissection.
Cette laideur et cette méchanceté, à la fois éternelles et tellement contemporaines, tu les fuis par moments à la nage, quelle que soit la température, à en perdre le souffle. Tu lui résistes avec l’aide de ton petit monde à toi, celui du pêcheur du matin qui t’offre un poulpe au regard malfaisant, le monde de l’ineffable Catarella, Fernandel informaticien qui te regarde comme un chien amoureux de son maître, d’Ingrid la Suédoise, dont l’absence de toute idée de péché sexuel ne peut que fasciner le post-catholique que tu es, d’Adelina, dont le dialecte quasi catarellien sait exprimer aussi bien son admiration pour ton anatomie intime que sa haine sans limites pour Livia, ton éternelle fiancée génoise. Ah, Livia ! Son principal mérite, outre sa plastique impeccable malgré le passage des ans, semble être de t’offrir d’indispensables disputes vespérales. Que d’envies elle a pourtant suscitées chez tant de lectrices, dont Adelina pourrait bien être la porte-parole ! Ton créateur m’a raconté qu’un jour une dame l’a reconnu dans la rue et l’a apostrophé en lui disant que, décidément, cette Livia, même pas sicilienne, il fallait que ça cesse, sa relation avec Montalbano. Et ce n’est pas le moindre mérite de tes histoires que de nous ramener à une robuste division sexuée des rôles, dans la mesure où nous autres, lecteurs mâles, ne pouvons avoir qu’une fidèle tendresse pour la Génoise, dont l’éloignement est si pratique à la fois pour maintenir l’ardeur de la flamme et autoriser toutes les tentations (et y céder parfois).
CaroSalvo, cela me fait penser que l’attachement profond que j’ai pour toi tient peut-être surtout à tes faiblesses, dont l’énumération ne saurait être exhaustive : ton art de ne pas dire la vérité sans mentir tout à fait, ton goût pour les coups de fil en déguisant ta voix, ton côté légèrement pédant dès qu’il s’agit de tableaux italiens des années 20 et 30, ta peur de vieillir si envahissante (et un peu lassante, il faut l’avouer, c’est quelqu’un qui a passé cette soixantaine si redoutée de toi qui te le dit), ton fanatisme pour les rougets de roche et la pasta ‘ncasciataqui t’entraîne à des conduites retorses moralement condamnables : à quelles profondeurs d’hypocrisie es-tu capable de sombrer pour échapper aux fâcheux et surtout aux fâcheuses, et te retrouver attablé in santa pacechez Enzo, si possible avec une femme qui ne parle pas en mangeant ! Sans compter ton goût parfois immodéré pour le whisky ou ce second Montalbano en toi, dont le pénible moralisme ne semble là que pour se faire envoyer promener par le premier…
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Dans l'homme aux abois, balbutiant, hésitant, effaré, éberlué, éperdu, mais aux yeux toujours possédés, que les caméras de Retelibera cadraient impitoyablement en gros plan, Montalbano, se reconnut difficilement, sous l'avalanche de questions de ces pédés de fils de putes de journalistes. La partie des explications sur la tabisca, celle où il s'en était le mieux sorti, ne fut pas diffusée. Peut-être ne cadrait-elle pas parfaitement avec le sujet principal, la capture de Tano.
Les aubergines au parmesan que la bonne lui avait laissées dans le four lui parurent tout à coup insipides, mais c'était impossible, ce n'était pas vrai, il s'agissait d'un effet psychologique, c'était de se voir avec une telle tête de con à la télé.
Sans crier gare, il lui vint une envie de pleurer, de se pelotonner sur le lit en s'enveloppant dans un drap comme une momie.
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Peut-être était-ce pour ça que… et tout de suite, il eut honte de la pinsée qui lui venait. A savoir que la passion de Gallo pour la vitesse en voiture était une compensation de ce qui lui avait manqué petiot. Un truc de films ‘méricains, quand ils t’expliquent qu’un type est devenu violeur passque, quand il était minot, son père avait abusé de lui.
Quand il était plus jeune, des pinsées pareilles ne lui seraient même pas passées par l’antichambre de la coucourde. Manifestement, avec la vieillesse, même la coucourde se relâchait, comme les muscles, la peau… son regard tomba sur le compteur : 170. P 126

un extrait plus élargi pour montrer le style particulier de Camilleri
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- Donne-moi une cigarette, dit Montalbano.
- Je ne fume plus.
- Le commissaire le fixa, abasourdi.
- C’est le médecin qui te l’a interdit ?
- Non. C’est moi qui l’ai décidé.
- J’ai compris. T’es passé à la coke ?
- Mais qu’est-ce que tu racontes comme conneries ?
- Une connerie, pas tant que ça. Aujourd’hui, on fait des lois très sévères et presque persécutrices contre les fumeurs, en imitant là-dessus aussi les Américains, alors qu’envers les cocaïnomanes, il y a davantage de tolérance ; de toute façon, ils en prennent tous, secrétaires d’État, hommes politiques, managers… Le fait est que si tu fumes une cigarette, celui qui est à côté de toi peut t’accuser d’être en train de l’empoisonner avec le le tabagisme passif, alors qu’il n’existe pas de cocaïne passive . Combien de lignes tu te sniffes par jour, Mimì ?
97
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- J'ai sincèrement regretté de ne pas avoir à vous faire l'autopsie, dit le second. Je suis curieux de voir comment vous êtes fait à l'intérieur.
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- S’ils se parlaient ? Bien sûr ! Sans arrêt.
- Et que se disaient-ils ?
- Ah, ça, je n’en sais rien. Ils se regardaient.
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- Tu le savais que dans cette maison, il y avait un pistolet?
- Oui.
- Et tu l'as laissé là?
- Oui.
- Tu t'es fait monter en grade tout seul, hein? demanda Livia après avoir observé un long silence. Du grade de commissaire à celui de Dieu, un dieu de quatrième ordre, mais un dieu.
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- Dis moi un truc : l'adjudant chef t'a dit comment Alba se comporte depuis qu'elle se trouve à Ragona ?
- Oui, elle a une conduite au-dessus de tout reproche.
- Et tu le lui as dit, qu'en fait, elle se prostituait occasionnellement ?
- Je ne pouvais pas faire autrement.
- Et comment a-t-il réagi ?
- Il était très étonné
- Etonné et c'est tout ?
- Il a dit qu'à partir de maintenant il la tiendrait à l'œil.
- C'est là où je voulais que tu en arrives. L'honnête fonctionnaire de police n'a pas hésité à faire savoir aux carabiniers qu'Alba avait été prostituée, omettant néanmoins de dire qu'il avait essayé d'être de ses clients. Voilà tout. Tu en es reparti honnête comme tu étais arrivé et elle au contraire est restée là avec l'étiquette de la radasse.
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Tu sais pourquoi le ghibli souffle sur toi? Parce que c'est toi, le désert.
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Son âme chrétienne était toujours disposée à prêter des sous aux gens dans le besoin et ensuite, son âme païenne se faisait rendre le double et même le triple de ce qu'il avait déboursé.
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Vous savez, en politique, ils sont tous comme des chiens. A la seconde où ils savent que tu ne peux pas te défendre , ils te bouffent.
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Mais quand l'heure est venue de la complète reconnaissance de soi-même en tant que fils, l'heure de la réconciliation , il n'a pas hésité à faire ce qu'il devait, à mettre ses pas dans ses empreintes, quand bien même ce chemin, souvent, conduisait à l'erreur. Car il a aussi consciemment ou non, exercé la même violence que don Srefano: non point physique, certes, mais tout aussi dévastatrice pour sa femme, ses fils, sa fille.
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Andrea Camilleri est né en Sicile en 1925. Il s'est mis au polar sur le tard, avec un très grand succès. C'était en :

1985
1992
1994
1998

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