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Citations de Anna Akhmatova (316)


La création

(…) Mais voilà que soudain on distingue des mots,
Et le déclic sonore des rimes légères.
Alors je commence à comprendre,
Et les vers qu’on me dicte viennent se déposer
Sur la neige blanche du papier.
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Le souvenir du soleil en moi s'estompe

Le souvenir du soleil en moi s'estompe,
L'herbe a jauni,
Le vent où tournent les premiers flocons
Souffle sans vie.

Entre les berges des canaux étroits
L'eau s'est figée.
Ici, plus rien jamais n'arrivera,
Non, plus jamais !

Dans le ciel désert un saule déploie
Son éventail.
Peut-être vaut-il mieux que je ne sois
Pas votre femme.

Le souvenir du soleil en moi s'estompe.
Déjà la nuit ?
Peut-être !.. Et avec elle c'est l'hiver
Qui m'est promis.

30 janvier 1911
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Par une nuit blanche


Je n’avais pas fermé ma porte,
Allumé les bougies,
Je n’avais même plus la force
D’aller me mettre au lit.

Regarder les lueurs du soir
Que les sapins éteignent,
M’enivrer aux sons d’une voix
Si semblable à la tienne…

Et savoir que tout est perdu,
Que l’enfer de vivre est le pire.
Ô, cependant j’étais si sûre
De te voir revenir !


/Traduction Henri Abril
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Terrain poussiéreux à droite des morts…


1

Terrain poussiéreux à droite des morts,
Et au loin bleuissaient les eaux.
« Va-t’en au couvent, me dis-tu alors,
Ou bien va épouser un sot… »

C’est là d’un prince le banal refrain
Mais je n’oublie pas ces paroles –
Qu’elles ruissellent cent siècles au moins,
Cape d’hermine à mes épaules.


2

Et comme sans vouloir le dire,
Je lui dis : « Tu… »
Sur ses traits l’ombre d’un sourire
Est apparue.

À ces lapsus, l’œil le moins tendre
S’enflamme presque.
Oui, je t’aime comme quarante
Sœurs de tendresse !


/Traduction Henri Abril
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Les uns échangent des caresses de regards…



Les uns échangent des caresses de regards,
Les autres boivent jusqu'aux premières lueurs,
Mais moi, toute la nuit, je négocie
Avec ma conscience indomptable.


Je dis : "Je porte ton fardeau,
Et il est lourd, tu sais depuis combien d'années."
Mais pour elle le temps n'existe pas,
Et pour elle il n'est pas d'espace dans le monde.


Voici revenu le sombre soir du carnaval,
Le parc maléfique, la course lente du cheval,
Le vent chargé de bonheur et de gaieté,
Qui s'abat sur moi des pentes de ciel.


Au-dessus de moi, un témoin tranquille
Montre sa double corne...Oh, m'en aller,
Par la vieille allée du Pavillon chinois,
Là, où l'on voit des cygnes et de l'eau morte.

1936.
Léningrad.


//Traduit du russe par Jean-Louis Backès
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[...]

Ils ne blesseront plus ton oreille,
Mes discours forcenés !
Plus personne pour brûler
La chandelle jusqu'à l'aube.

La paix, nous l'avons, maintenant,
Et des journées immaculées...
Tu pleures - ne gaspille pas
Tes larmes.

27 août 1921
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Ah, tu croyais que j'étais de celles
Qu'on peut oublier,
Que j'irais me jeter, pleurant, priant,
Sous les sabots de ton cheval blanc.

Que j'irais demander aux sorcières
Une racine trempée d'eau magique,
Et t'offrirais en cadeau maléfique
Mon précieux mouchoir parfumé.

Sois maudit. Pas un regard, pas une plainte,
Je ne toucherai pas à ton âme exécrée,
Mais je te jure par le jardin des anges,
Sur l'icône des miracles je le jure,
Et sur l'ardente ivresse de nos nuits -
Jamais vers toi je ne reviendrai.

juillet 1921
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Comme un cadeau s'offrira la rupture,
L'oubli comme un bienfait.
Mais dis-moi, ce chemin de croix,
Oseras-tu l'imposer à une autre ?

août 1921
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à B.Anrep

Comme une pierre blanche au fond d'un puits
Sommeille en moi un souvenir.
Je ne peux, je ne veux pas lutter :
Il est fête, il est douleur.

Qui plongea dans mes yeux
Aussitôt le verra, je crois,
Et deviendra plus sombre, plus songeur
Que s'il écoute une histoire triste.

Je sais que les dieux ont changé
Des hommes en choses sans tuer leur conscience,
Pour que vivent à jamais de merveilleux chagrins.
Ta métamorphose dans ma mémoire !

5 juin 1916
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Neige de mai

Une couche transparente se pose
Sur l'herbe neuve, et fond.
Cruel printemps de glace,
Toi qui tues les bourgeons pleins de sève.
Si atroce, la vue de la mort jeune,
Je n'arrive plus à regarder le monde.
J'ai en moi la tristesse du roi David
En un geste royal offrit aux millénaires.

18 mai 1916
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[...]
Quand tu l'auras vécu, ton bonheur à quatre sous,
Avec ta chère amie,
Et qu'à ton âme repue
Tout paraîtra soudain vulgaire -
Dans ma nuit solennelle
N'entre pas. Je ne te connais pas.
Et que pourrais-je pour toi ?
Je ne guéris pas le bonheur.
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Non, ce n'est pas sous un ciel étranger,
A l'abri des ailes étrangères que j'étais,
Mais au milieu de mon peuple,
Là où, pour son malheur, mon peuple était.
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À Ossip Mandelstam

Je me penche sur eux comme sur un calice,
Il est en eux tant de signes secrets,
C'est un noir et tendre message
De notre jeunesse ensanglantée.

C'est sur le même gouffre, et c'est le même air,
Que j'ai respiré autrefois une nuit,
Cette nuit vide, cette nuit de fer,
Où c'est en vain qu'on appelle et qu'on crie.

(Les secrets du métier)
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Dès le début il m’avait semblé être
Le rêve de quelqu’un ou bien son délire
Ou encore un reflet dans le miroir d’un autre,
Sans nom, sans chair, sans raisons d’être.
Déjà je connaissais la longue liste des crimes
Que je devais commettre un jour.
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"O, qu'elle m'était douce avec toi cette terre !"

p84 ( Edition Circé)
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Confusion

3

Comme le veut la politesse
Il s'approcha. Sourit un brin.
Avec une douce paresse
Son baiser effleura ma main.
Antique et mystérieux prodigue,
Ses yeux plongèrent dans les miens...
Dix ans de cris et de vertiges,
Toutes mes insomnies, soudain
Je les ai mis dans un seul mot calme.
Mais j'aurais mieux fait de me taire.
Tu t'éloignas. Alors mon âme
Fut de nouveau un clair désert.

Février 1913

P43 (Edition Circé)
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Sur cette terre je n'ai peur de rien,
Même si, pâlissant, je suftoque.
Seules les nuits me sont terribles :
Dans mon rêve je vois tes yeux.
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Couronne de mèches qui ardent
Autour de ton front sans nuage,
Ah ! D'un joyeux et bel oiseau,
Le destin ma fait ce cadeau.
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Jai cueilli de beaux lis odorants,
Un peu repliés, comme un essaim d'innocentes vierges,
De leurs tremblants pétales humides de rosée,
J'ai bu tout l'arôme et le bonheur et la paix.

La douleur comprimait ce coeur battant,
Et les blanches fleurs balançaient leurs têtes,
Je songeais à ta liberté lointaine,
A ce pays où jétais avec toi..
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Tout au bord de la mer



2/D

L’automne fait place à un hiver pluvieux ;
Dans ma chambre blanche la fenêtre
Laisse passer l’air. Le lierre
Se balance sur le mur du jardin.
Des chiens inconnus sont venus dans la cour,
Ils ont hurlé jusqu’au matin sous ma fenêtre.
C’était pour mon cœur un moment pénible.
Je murmurais, en regardant la porte :
« Seigneur, nous saurons régner sagement,
Nous construirons près de la mer
De grandes églises et de très hauts phares.
Nous protègerons l’eau et la terre,
Et nous n’offenserons personne. »

                                                                  1914


/Traduit du russe par Jean-Louis Backès
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