Tous les soirs, dans un crépuscule de cendres, noyé de fumée et de poussière, nous traînions les cadavres de nos camarades hors d'un terrain trempé de sang et de chair en lambeaux, le sang et la chair déchiquetée de la journée des combats, ceux nauséeux des jours précédents, et ceux pourrissant déjà après une semaine dans la brume. Il régnait une odeur qu'aucune littérature ne saura jamais évoquer.
(Duong thu Huong, extrait de "Roman sans titre", traduit du vietnamien par Phan Huy Duong, page 35)
C'est seulement à partir du milieu du 19e siècle que Shanghai attise la convoitise des Occidentaux. À la suite de la guerre de l'Opium, les Anglais, suivis d'une véritable mosaïque de nationalités, s'installent alors dans le cadre des "concessions". On côtoie européens, américains, japonais, asiatiques des pays déjà colonisés par l'Occident (Annamites, Sikhs). Au contact de cette population étrangère et chinoise Shanghai prend l'essor qui en fait une immense métropole.
La passion ancestrale des Chinois pour les sauterelles et les grillons perdure aujourd'hui encore dans cette frénétique capitale. On peut encore les trouver au marché aux oiseaux et aux plantes, à proximité de la place du Peuple avec quelques infiltrations dans la vieille ville chinoise, rue Fang-bang.
En 1951, le régime maoïste ferme les bordels appelés "nids d'asticots". Transformé en dortoirs, ils contribuent à résoudre la crise du logement et leurs adresses se perdent avec les changements de noms des rues.
Le voyageur s’émerveillera à la vue de ces gracieuses créatures ailées qui sillonnent le ciel de Chine en fin de journée. On fait remonter l'invention du cerf-volant en Chine au 4e siècle avant JC. À l'origine il avait des fins militaires : pour porter des messages, effrayer les ennemis, ou évaluer les distances. C'est à partir des Song que le cerf-volant eut un usage divinatoire et de divertissement. Lien magique entre le ciel et la terre, il peut aider le destin où célébrer les événements heureux.
Le chinois se réfère moins à l'au-delà qu'à l'orchestration du monde. Lié à l'univers par les forces étranges et mystérieuses de la nature, il ne reconnaît pas de vérité absolue ou éternelle et parvient à l'harmonie en jonglant encore et toujours avec le yin et le yang et les souffles qui animent l'espace. Ces notions interfèrent dans toutes les sphères de la culture chinoise, qu'il s'agisse de cuisine, de médecine, de jade, de géomancie ou encore de jardin.
Dans une culture où l'accès à l'écriture passe par la connaissance de milliers de caractères et reste l'apanage des lettrés, la littérature orale jouit d'une grande popularité. Dans sa nouvelle, Un incident rue Qingteng, l'écrivain contemporain Liu Shaotang évoque le pouvoir de fascination qu'un compteur public exerce sur son auditoire.
Même si la réforme agraire de 1950 n'a pas été une partie de campagne, il règne encore en Chine une certaine innocence lorsqu'on 1953 Vercors assiste sur la place Tien’anmen à l’un de ces défilés de masse qui vont, en Occident, devenir l'image du régime maoïste.
Écris au 18e siècle par Cao Xieqin, Le Rêve dans le pavillon rouge est l'un des cinq grands classiques de la littérature chinoise (avec Histoire des Trois Royaumes, Le Voyage en Occident, Au bord de l'eau et le Jin Ping mei).
Pour jouir librement, à la fois du spectacle de la société européenne d'une part et de la société asiatique d'autre part, un observateur impartial doit s'efforcer de séparer nettement dans son esprit ces deux mondes : leur mélange ne donne rien à la réflexion que de chancelant, de précaire et de chaotique. Il vaut mieux, si l'on n'a rien d'autre à faire ici que de se promener, passer de l'un à l'autre... ...et autant que possible ne pas mêler ces deux mondes si différents : cela attriste l'âme comme tous les produits hybrides et mal équilibrés. !P. 57) Jean Tardieu