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Critiques de Annette Hess (65)
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La Maison allemande

Alors que s’ouvre le « Second procès d’Auschwitz » en 1963 à Francfort-sur-le-Main en Allemagne, l’auteure explore l’état d’esprit d’une société et le refus de mémoire dans l’Allemagne d’après-guerre.



Eva, jeune femme vivant chez ses parents, est engagée comme traductrice lors du procès jugeant d’anciens dignitaires nazis qui devront répondre de leurs crimes.

Eva agit contre l’avis de ses proches, la réticence de sa famille et de son fiancé l’interpelle, elle essaie d’en savoir plus, connaître les raisons, comprendre leurs attitudes.

L’incompréhension, la confusion, l’effarement s’emparent d’elle face aux réactions laissant planer le doute sur de possibles implications et responsabilités.



Eva s’interroge sur les difficultés à se souvenir. Bon nombre semble désapprouver le fait de remuer le passé.

Pourquoi préférer laisser des souvenirs enfouis aux fins fonds de la mémoire ? Est-ce pour taire une complicité, par déni, par ignorance… Ambiguïté, prise de conscience.



Certains cherchent à occulter des choses, ne pas savoir, oublier, pour s’éviter un lien avec des crimes abominables ? Renier une culpabilité ?

D’autres, par leur courage, forcent le respect en témoignant d’atrocités, survivants du camp de la mort.



Et quand la vérité explose à la figure, quelles conséquences ?

Eva en ressortira à tout jamais changée.



Une ambiance entre réflexion sur la condition des femmes et devoir de mémoire.

*

J’ai trouvé un manque de fluidité et une certaine froideur (style d’écriture ou traduction, je ne sais pas) pour réussir à apprécier pleinement ma lecture.

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La Maison allemande

Que dire d’un tel livre si ce n’est qu’il faut le lire pour se faire une idée de l’état d’esprit de la génération allemande née pendant ou peu après la guerre, une génération dont les parents et proches avaient nécessairement vécu cette période d’une façon ou d’une autre. Pendant les quelques années où j’ai vécu en Allemagne, j’ai pu constater l’importance du travail de mémoire effectué et la sensibilité des allemands sur le sujet. Ce livre en parle très bien, de façon prenante, très simple et émouvante.
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La Maison allemande

Francfort en 1963. Eva, jeune fille d’une famille plutôt modeste, ses parents étant restaurateurs, se voit proposer un travail d’interprète pour ce qui sera le second procès d’Auschwitz. Son premier rôle d’interprète du polonais à l’allemand, sans commune mesure avec les traductions commerciales qu’elle fait d’habitude, lui fait entrevoir des faits qu’elle ignorait presque totalement. Elle en est perturbée et cela assombrit l’ambiance avec sa famille, ses parents et sa sœur aînée évitant le sujet, et avec son fiancé, petit bourgeois ambitieux mais un peu vain, qui préférerait la voir rester chez elle à préparer son mariage.



Un autre personnage intéressant du roman est l’assistant d’origine canadienne David Miller, très investi dans les recherches pour démasquer des monstres qui peuvent avoir pris des allures de bons pères de famille. Je crois n’avoir jamais lu de roman sur les procès des nazis et celui-ci, mené de manière vive, alternant les angles de vue et les commentaires des divers protagonistes dans des dialogues très réalistes, m’a captivée dès le début. Le point de vue choisi est celui des jeunes de vingt à trente ans dans les années soixante, trop jeunes pour être responsables, mais accablés toutefois par une très grande culpabilité, d’une manière ou d’une autre.

J’ai apprécié l’écriture, l’auteure est scénariste ce qui se ressent aux dialogues et à la vivacité de la progression. Que ce soit Eva, sa sœur Annegret, son fiancé Jürgen ou bien David Miller, il est passionnant de les voir évoluer, ouvrir les yeux ou non, réagir enfin chacun à leur façon. A part deux coquilles qui m’ont un peu étonnée pour une version poche chez un éditeur plutôt soigneux, cette lecture est une bonne surprise.
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La Maison allemande

1963, Eva allemande ,traductrice de polonais, se voit offrir un poste au second grand procès d’Auschwitz . Elle y découvrira les horreurs de la guerre ,mais surtout l'inaction de son peuple qui au contraire a été complice de ces crimes .Ce roman nous montre aussi ,qu'en chacun de nous se cache un démon prêt à surgir à tout moment que ce soit via ses parents qui n'ont rien fait, sa sœur qui rends des bébés malades ou même son amoureux qui a déjà tué quelqu'un. L'humain est donc rempli de contradictions qu'il cache . Un excellent roman sur la culpabilité d'un peuple devant son histoire. Je donne 9/10
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La Maison allemande

Formidable cette maison allemande!

Passionnant, ce portrait de l'Allemagne des années 60. Un pays toujours antisémite, raciste, amnésique où le statut des femmes dépend du bon vouloir des hommes.



Une bonne petite famille unie et attachante, avec deux filles majeures, un petit garçon, et même un vieux teckel, vit au dessus du restaurant tenu par des parents aimants.



L'ouverture d'un procès qui doit juger la responsabilité d'anciens SS à la tête du camp d'Auschwitz bouleverse les esprits.



la dramaturgie enfle et gonfle jusqu'à exploser toutes les certitudes et rompre les équilibres basés sur le un négationnisme de confort.



Les accusés affichent une superbe indifférence lors du procès . Ces monstres n'ont pas le courage d'assumer leurs actes , leur déni arrogant est peut être leur dernier forfait.



Certains, dans cette famille ont leur part d'ombre nappée de silence. Eva, elle, va déclencher la curiosité et le courage d'interroger le passé. Cette histoire tue , inscrite dans l'inconscient guide pourtant toujours les pas de la deuxième génération .



Jamais ce récit ne tombe dans la facilité, cette histoire nous tient en haleine.

Bravo!
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La Maison allemande

Eva Bruhns, la plus jeune fille de Edith et Ludwig, propriétaires d'une auberge restaurant très appréciée dans une rue populaire de Francfort. Eva est interprète allemand-polonais et elle est contactée pour remplacer un interprète qui doit officier lors d'un procès devant juger des responsables du camp d'Auschwitz...En ce début des années soixante, ce procès divise, pourquoi remuer le passé, pourquoi dépenser autant d'argent pour ce procès qui débouchera sans nul doute par des acquittements, l'eau ayant coulé sous les ponts et les témoins de plus en plus rares n'ayant plus la précision des dates ou des lieux des sévices...Lors de ce long procès, la vie et les convictions et certitudes de la jeune Eva vont à jamais être bouleversées en côtoyant les témoins, les avocats, les accusés que, pour certains, elle connait bien, ses parents qui ont peu être connu certains évènements sans vraiment les combattre, ou encore son rapport avec son fiancé qui voit d'un mauvais oeil l'émancipation de cette jeune femme qu'il ne reconnaît plus et qui veut s'affirmer dans ce travail d'interprétation même s'il est douloureux.



Un roman d'Annette Hess, scénariste de Berlin 56 et Berlin 59, et qui, avec ce premier roman revient sur l'après nazisme, lors d'un procès organisé pour établir des culpabilités et si possible des condamnations pour les victimes d'Auschwitz. Par le biais d'une interprète, témoin privilégiée, le lecteur est au coeur des méandres juridiques, des doutes, des témoins qui ne peuvent oublier mais dont la mémoire est défaillante... Un roman qui aborde ces thèmes, des personnages bien dépeints mais les digressions dans la vie personnelle de l'héroïne, souvent hors propos ralentissent le rythme et on finit par m'ennuyer, j'ai souvent perdu le fil de l'intrigue en me demandant où elle voulait en venir avec plusieurs développements qui n'aboutissent pas vraiment David Miller dont on n'a plus de nouvelles, sa soeur aînée Annegret et son action à l'hôpital...).

la maison allemande est un roman intéressant pour son thème mais dont le traitement délayé aurait pu être un peu plus percutant avec une centaine de pages en moins.
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La Maison allemande

Sensible aux couvertures des livres que je choisis, celle-ci n'a pas échappé à mon regard. Une jeune femme dont le visage est occulté par un immense trou noir qui peut être celui de l'oubli ou celui de l'ignorance. Tout est dit... Ou presque.



J'ai beaucoup lu sur la deuxième guerre mondiale, ses atrocités et ses conséquences. Si le procès de Nuremberg est mondialement connu avec ses images d'archives montrant les hauts dignitaires nazis presque étonnés de se trouver sur le banc des accusés devant une cour de justice, proclamant leur innocence avec arrogance et dédain, le deuxième procès d'Auschwitz en 1963 est longtemps resté dans l'ombre. Les inculpés n'appartiennent pas à l'intelligentsia de la "solution finale". Pour la plupart, ce sont des hommes ordinaires, gradés ou non, militaires ou civils, comme le pharmacien fournisseur de Zyklon B, des pères de famille qui obéissaient aux ordres, qui avaient peur et qui préféraient détourner le regard. Ce n'est aucunement une excuse, mais une façon d'essayer de comprendre pourquoi il s'est passé toutes ces horreurs sans que quiconque ne bronche.



Le procès dont personne ne voulait est la toile de fond du livre. Le principal sujet, traité avec beaucoup de pudeur et de mesure, est le silence dans l'histoire d'une famille allemande, représentatif du comportement de la population de l'après-guerre dans ce pays. Il faut savoir que, dans les années 50-60, il était interdit aux "enfants de la guerre" de poser des questions à leurs parents sur ce qui s'était passé. C'était l'Omerta totale. Est-ce par honte, culpabilité ou désir d'effacer des souvenirs pas très glorieux ? Personne ne voulait parler, et ce, pendant des années. Ce silence imposé est un acte politique fort et Eva Bruhns, petite interprète germano-polonaise va découvrir un monde d'atrocités qu'elle ne soupçonnait pas et qui va bouleverser le cours de sa vie. En suivant les minutes du procès, traduisant les dépositions des survivants, elle représente la première prise de conscience du peuple allemand face à l'horreur maintenue dans le silence général.



"Il serait prétentieux d'avoir de l'empathie et d'en pleurer parce que nous n'avons pas ce droit en tant que coupables. Se mettre en position d'imaginer ce que ça fait. J'ai un très grand respect pour ces survivants et ne voulais pas les représenter comme des victimes même si elles en sont. " déclare Annette Hess lors d'une interview. Ce roman, elle l'a construit d'après les 400 heures d'enregistrement du procès. Si certains témoignages ont été raccourcis ou fusionnés pour les besoins de la dramaturgie de la fiction, aucun n'a été faussé. Elle a imaginé des personnages gravitant dans ce monde de non-dits pour faire revivre l'Histoire en rappelant au passage la condition féminine des années 60. Elle brosse un magnifique portrait de femme qui évolue de l'ignorance, savamment entretenue par son entourage, jusqu'à une responsabilité historique qu'elle ne soupçonnait pas.



Avec sa plume, Annette Hess rend également hommage au procureur Fritz Bauer, non cité dans le livre, mais auquel on ne peut s'empêcher de penser puisqu'il s'est battu contre vents et marées afin que ce procès puisse avoir lieu en complément du premier procès d'Auschwitz de 1947.



Il est toujours facile de poser un jugement sur des faits éclairés par la lumière de l'Histoire. Nous ne sommes que des humains avec nos qualités, mais aussi nos défauts. Nous possédons des forces insoupçonnées face au danger pour nous-mêmes et pour les nôtres, ainsi que des lâchetés cachées. Quatre-vingts ans plus tard, nous ne sommes ni plus intelligents, ni meilleurs, ni plus humanistes qu'à l'époque. Dans un climat de terreur établie, que ferions-nous face à l'injustice ? S'interposer vigoureusement au péril de notre vie et surtout celui de notre famille ou refermer doucement sa porte pour protéger les nôtres des conséquences de la violence ?



Ce livre est une belle découverte, incontournable pour qui s'intéresse au sujet, en explorant la culpabilité portée par toute une génération, héritière d'une Histoire dont elle n'est pas actrice, en lui donnant un sentiment d'imposture, mettant à jour l'existence de la culpabilité intergénérationnelle. Par son travail colossal de recherche et son analyse fine et précise, Annette Hess offre une histoire efficace, captivante et émouvante en brossant toute une galerie de portraits d'une justesse infinie. En refermant ce roman, une question subsiste : l'Humain est-il suffisamment fort pour être capable d'une résilience telle qu'offrir son pardon à l'Inhumain ?

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La Maison allemande

La maison allemande, l’histoire d’une famille dans les années 60, papa et maman restaurateurs, une fille infirmière, l’autre traductrice et le petit frère encore en devenir.

Dans ces années là, les jeunes femmes obéissent à leur père, puis à leur mari. Choisir la vie que l’on veut mener n’est pas possible, le père puis le mari dicte ce qui doit et ne doit pas être fait.

L’Allemagne, cherche à oublier les années passées, les meurtres commis et s’enferme dans un silence révoltant. Qu’il est difficile de faire remonter à la surface les petits arrangements, l’aveuglement de tous ces gens complices … non disent ils, ils étaient obligés d’accomplir lés ordres.

Les rares témoins encore vivants ou survivants doivent se confronter une fois encore aux assassinats de leurs proches avec le mépris des bourreaux qui nient les faits.

L’histoire d’une famille ordinaire qui montre que

La pire des choses n’est pas que les nazis et leurs sbires représentent le Mal mais c’est que ce sont des gens ordinaires !
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La Maison allemande

Dans l’Allemagne des années soixante, Eva, une jeune femme d’une vingtaine d’années et quelques, vit un moment clef de sa vie : elle va présenter son fiancé Jürgen à ses parents. Aucune raison pour que cela ne se passe pas bien, cependant, elle est nerveuse : ses parents sont de modestes restaurateurs alors que la famille de son fiancé est fortunée grâce à une entreprise florissante. Inquiétude vaine car le repas sera troublé par un tout autre aléa : elle est appelée en tant qu’interprète pour remplacer au pied levé un confrère qui devait travailler avec le Ministère public sur des dépositions de témoins d’origine polonaise. Malgré son inexpérience et une certaine forme de candeur, ses compétences sont reconnues et requises pour un avenir proche : assurer la traduction en direct et simultané des témoignages déposés au cours du «second procès d’Auschwitz» par les rescapés et témoins du camp.

Contre l'avis de ses parents ainsi que de son fiancé, Eva va accepter cette mission. Se profile alors pour elle un véritable éveil de conscience par la prise de connaissance des horreurs perpétrées pendant la guerre, une révélation pour cette jeune femme devant certains aspects de l’histoire de son pays, mais aussi de sa propre histoire familiale.



C’est un roman puissant et terriblement prenant que nous livre là Annette Hesse. Tout à l’image de son héroïne principale, il démarre avec légèreté et futilité pour se tourner l’air de rien vers le sérieux et la gravité.

Alternant son récit entre réflexion sur la condition de la femme et devoir de mémoire, l’auteure ne laisse que peu de répit à son lecteur grâce à la succession rythmée de paragraphes vifs et précis. Il s’agit aussi d’une réflexion sur l’Allemagne de l’après-guerre, avec la description d’une jeunesse laissée presque volontairement dans l’ignorance par la génération qui la précède, qui préfère tout enfouir aux tréfonds de l’oubli. C’est alors pour ces jeunes gens, au moment de la révélation, inévitable, le poids de la culpabilité et la question terrible de la transmission…



Un roman passionnant sur un thème délicat que je n’avais encore jamais vu abordé en roman. Troublant...

A lire !
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La Maison allemande

Un livre coup de poing qui amène inévitablement à s'interroger : et moi, qu'aurais-je fait à sa place ? A la place de la narratrice, jeune interprète allemande qui découvre l'horreur de son passé national et familial, à la place de ses parents, confrontés aux Nazis, à la place de son mari, forcément contraint d'encourager ou de dissuader sa femme d'accepter d'être l'interprète dans ce procès des bourreaux nazis, à la place de ces bourreaux accusés, à la place aussi, des victimes des camps amenées à témoigner. "On ne savait pas"... Phrase tellement entendue à propos des camps de concentration qui résonnera longtemps en vous après avoir refermé ce livre qui traite magnifiquement de cette fameuse "Vergangenheitsbewältigung"
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La Maison allemande

Scénariste de renom outre Rhin, Annette Hess signe avec La maison allemande un premier roman original par l'angle qu'il donne au lecteur sur l'après-guerre en Allemagne. Il serait plus juste d'ailleurs de parler d' "après nazisme". Car c'est du procès de responsables nazis ayant sévi dans le camp d'Auschwitz-Birkenau dont il va être question dans ce roman. Eva, interprète en langue polonaise va se trouver sollicitée pour traduire le témoignage de rescapés du camp venus témoigner lors du procès.

Fille cadette d'un couple de restaurateurs allemands ordinaires, plutôt sympathiques, généreux et appréciés, exerçant leurs talents dans un restaurant populaire «deutsches haus », elle va par son activité d'interprète pendant le procès remonter le fil de sa propre mémoire.

De témoignage en témoignage, Eva va sortir de la léthargie et de l'indifférence ambiantes, se confronter aux réalités d'un passé tout proche, celui de sa propre famille et de tout un peuple…

Plusieurs personnages gravitent autour de l'héroïne qui chacun par touches juxtaposées incarnent un aspect de cette période post apocalyptique si complexe. le texte n'est pas exempt de défauts comme par exemple l'aspect inabouti de certaines relations ébauchées, qu'on aurait aimé voir davantage fouillées, ou encore la froideur du récit qui aurait souvent gagné à être plus investi émotionnellement…(Peut-être un style un peu trop scénaristique.)



Mais c'est un roman très intéressant et courageux qui offre au lecteur un point de vue sur le nazisme du quotidien ayant investi chaque strate de la société au point de la gangrener dans sa totalité.

*"Jamais ce “Reich” n'aurait pu fonctionner comme il l'a fait si la plupart des gens n'y avaient pas adhéré", dit un des personnages.

C'est aussi un regard acéré sur le déni de réalité, l'absence de culpabilité, la déshumanisation d'exécutants qui refusent d'assumer une once de responsabilité, quitte à nier le crime, et la lâcheté, la soumission par la terreur, donnant à voir sans fard l'infinie laideur humaine .

J'y ai vu une très bouleversante métaphore de l'actualité qui n'est pas sans rappeler certains aspects de cette sombre période. En tout cas, l'ambiguïté, la complicité du monde médical sous couvert de sciences pose question. Et la disparition des principes moraux en quelques injonctions autoritaires aussi!



Dans la quatrième partie du roman, la meilleure à mon avis, le travail d'investigation et d'enquête que font une partie des protagonistes de cette histoire sur les lieux du crime, c'est-à-dire à l'intérieur du camp d'extermination donne lieu à des passages poignants qui m'ont beaucoup touchée et dont j'ai trouvé le ton juste.

La fin du roman est particulièrement réussie. Les tensions sont à leur comble, les liens se distendent, les émotions se cristallisent jusqu'au dénouement.

Une très belle découverte.

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La Maison allemande

En 1963, à Francfort-sur-le-Main, Eva mène une vie tranquille, entre le petit restaurant de ses parents, la Maison allemande, et son emploi de traductrice. Elle est sur le point de se fiancer à Jürgen, fils de notables, mais la différence de situation sociale entre leurs deux familles complique les choses.

Lorsqu’elle est contactée pour intervenir comme interprète du polonais vers l’allemand dans le cadre d’un nouveau procès mettant en cause d’anciens membres du parti nazi ayant sévi au camp de concentration d’Auschwitz, ni ses parents ni Jürgen ne voient la chose d’un bon œil. Ils la poussent à mettre un terme à sa participation …



Eva est un personnage crédible, une jeune femme assez ordinaire et qui, comme nombre d’Allemands de sa génération, ne connaît finalement pas grand-chose de ce qui s’est passé pendant la guerre, les parents semblant avoir balayé le passé récent sous le tapis. Le jeune avocat canadien, David Miller, venu renforcer les effectifs, la considère d’ailleurs avec un certain mépris, « candide et ignorante » comme « ces millions de jeunes idiotes ». On se demande si elle résistera aux pressions, de ses parents, qui ne semblent pas du tout à l’aise avec l’idée qu’elle participe à un procès concernant le camp d’Auschwitz et de son fiancé, lui aussi hostile à cette idée.



« La Maison allemande » apparaît comme un récit d’apprentissage, dans tous les sens du terme. Eva s’avérera liée à Auschwitz d’une manière qu’elle n’avait pas soupçonnée et sera confrontée à un passé dont les échos vibrent encore intensément dans son présent. Je l’ai trouvée représentative de sa génération, prête à ouvrir les yeux, à refuser les compromis et l’oubli. Quant au personnage de David Miller, il est très intéressant car beaucoup plus complexe qu’il ne paraît d’un premier abord.



« La Maison allemande » est un roman bien mené qui, en plus de nous donner un aperçu empreint de vérité de ce fameux second procès d’Auschwitz, avec ses victimes confrontées à des bourreaux hautains, affirmant qu’ils ne faisaient qu’« obéir aux ordres », pose les bonnes questions, concernant l’implication et la culpabilité des citoyens « ordinaires » dans les agissements de l’Allemagne nazie et le poids de la responsabilité pesant sur tout un peuple.
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La Maison allemande

Absolument génialissime….et du coté des allemands, ce qui est toujours intéressant pour nous français.

Je n'en dirais pas plus, le résumé Babélio est bien fait

A lire!!!!!
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La Maison allemande

L'histoire se passe dans les années 60 au moment de l'Avent, un moment où l'Allemagne a un rituel strict. Eva vit à Francfort chez ses parents restaurateurs au "Deutsches Haus" (la maison allemande, titre français..).

Elle est traductrice de polonais et elle est fiancée à Jürgen Schoormann, un jeune héritier d'une entreprise de vente par correspondance.



C'est alors que démarre le second procès d'Auschwitz (1963), où doivent être jugés les crimes des dignitaires nazis.

Le tribunal la convoque d'urgence pour traduire du polonais en allemand les déclarations des victimes, témoins au cours du procès.

Eva ignore tout de ce qui s'est passé à l'époque. Très vite elle se heurte aux réticences de son fiancé qui ne supporte pas que sa future épouse soit mêlée à ce procès.



Eva va vite découvrir que ses compatriotes sont pour beaucoup frappés d'amnésie. Toute une génération semble être dans le déni. Comme le soulignent les journaux de l'époque, "70% des Allemands ne veulent pas de ce procès"...

La prise de conscience sera douloureuse pour Eva, d'autant plus que le procès va résonner douloureusement dans sa famille et rappeler de vieilles meurtrissures.

Au cours du procès, Eva va vite sympathiser avec le jeune juif canadien David Miller, engagé comme assistant du procureur, qui manque juste de se faire remplacer quand on découvre que son frère était mort dans le camp.

Il pourrait manquer d'impartialité mais son engagement et son ardeur à la tâche lui permettent de rester jusqu'au bout.



Le livre, haletant du début à la fin, nous montre l'Allemagne des années 60, éprise de confort, de croissance et de consommation (ah la découverte des nouvelles machines à laver par la mère d'Eva, la dynamique restauratrice Edith..). Une Allemagne qui veut oublier les atrocités de la guerre et pour beaucoup ce procès va remettre en cause beaucoup de choses.

Il s'avère en effet que le système nazi n'a pu fonctionner qu'avec de nombreuses complicités, tout au long de la chaîne, c'est ce qui va ressortir de ce procès.



Le procureur Fritz Bauer n'est pas nommé dans ce livre mais on ne peut s'empêcher de penser à lui, lui qui fut l'initiateur des procès d'Auschwitz.



Ce livre est une réussite, tant dans sa dimension humaine qu'historique. Le personnage d'Eva est une belle figure féminine. Elle n'hésite pas à braver sa famille et son fiancé pour mener à bien sa mission auprès du procureur.

L'atmosphère du procès est très bien rendue également: les victimes se retrouvent face à des accusés qui sont devenus des notables (pharmaciens, ingénieurs..) bien assis dans la société allemande d'après guerre. Pour ces victimes qui ont vécu tant d'atrocités, il sera bien difficile de faire entendre leur voix.



Eva est un beau personnage qui va construire sa personnalité en même temps qu'elle va découvrir le "revers de la médaille" qui va concerner la société allemande mais aussi sa famille.



L'auteure Annette Hess est allemande et originaire de Hanovre. Elle écrit des scénarios.

Elle est la créatrice des séries télévisées "Berlin 56 " et "Berlin 59", excellentes séries qui ont été diffusées sur Arte et qui relataient l'histoire d'une famille berlinoise dans les années 50.

Un très beau livre qui illustre une page dramatique de notre Histoire...
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La Maison allemande

Un petit bijou littéraire. L’auteure raconte le procès des bourreaux d’Auschwitz, de ceux qui étaient passé entre les gouttes, qui pendant près de vingt ans avaient retrouvé leur vie, comme si rien ne s‘était passé, comme si rien n’était grave, comme si le déni national était la seule voie possible lorsque l’horreur a été conduite à son paroxysme. Annette Hess est une formidable conteuse. Avec son héroïne, Eva, elle prend le lecteur par la main dans cette progressive prise de conscience de ce que fut la barbarie. Elle raconte les plaies indélébiles qu’elle a laissée chez certains, la culpabilité de ceux qui en ont réchappé et même la souffrance intolérable ressentie par ceux qui n’y ont pas été confrontés mais qui auraient pu l’être. Elle raconte la ténacité de ces procureurs qui ont compris que le peuple allemand devait être confronté à son passé et qu’il ne pouvait être question d’abolir la notion même de responsabilité. Tout le roman est peuplé par l’intimité douloureuse et muette portée en eux par chacun des personnages. Ce poids muet et paralysant qui interdit d’accéder au bonheur, qui compromet la rédemption, qui annihile la résilience. Ouvrir les yeux, sur soi-même et sur les autres. Ouvrir les yeux sur le passé, sur l’histoire, sur les mensonges silencieux de tout un peuple et de ceux qui sans être acteurs savaient et se sont tus. C’est cela que découvre Eva. Finalement, elle condamne autant la barbarie que le silence qu’elle a engendré. Le procès et son parcours singulier se confondent dans un cheminement identique : demain n’est possible que si hier est connu. Voilà le beau parcours d’Eva, voilà le beau propos du roman. Le chemin tortueux vers la lucidité, la rupture des amarres avec l’innocence de l’enfance, avec l’évidence de l’amour pour les siens. Ouvrir les yeux pour pouvoir aimer vraiment. Enfin.

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La Maison allemande

« La maison allemande » s’attache par la voie romanesque à traiter le traumatisme de la Seconde guerre et ses conséquences dans la population allemande.

Eva, fille d’un patron de restaurant de Francfort-sur-le Main, est recrutée comme traductrice au « second procès d’Auschwitz » alors qu’elle se fiance à l’héritier d’une fortune locale.

Dans un balancier constant entre l’intime et l’actualité du siècle, l’autrice glisse insensiblement de la bluette à une œuvre plus ambitieuse qui embrasse la difficulté d’un peuple à accepter son passé encore trop brûlant, les aspirations d’émancipation d’une toute jeune femme et la plaie béante des victimes de Shoah qu’aucun procès ne saurait panser.

La complexité du propos se met en place touche par touche, pour finir par composer une œuvre profonde et marquante.

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La Maison allemande

Eva est une jeune fille qui vit encore chez ses parents, propriétaires d’un restaurant à Francfort, avec sa sœur aînée Annegret et son petit frère Stefan. Eva est interprète, elle maîtrise le polonais et fait essentiellement des traductions commerciales. Issue d’un milieu modeste, elle s’apprête à se fiancer avec Jürgen, héritier d’une importante société de vente par correspondance.

En 1963 s’ouvre à Francfort le « second procès d’Auschwitz », un traducteur manque à l’appel et Eva est contactée par le tribunal afin d’assurer son remplacement. Elle va accepter cette tâche, bien que ses parents et son fiancé semblent assez hostiles à ce projet. Jour après jour, elle verra défiler les témoins, brisés par les horreurs que leur ont fait subir les accusés et dont elle ignorait l’étendue. La trame de ce procès finira par se mêler à celui de sa propre existence. Elle sera sidérée et bouleversée en constatant cette « loi du silence » qui règne sur cette Allemagne d’après guerre où l’on évoque trop souvent la « volonté d’oublier », afin de ne pas affronter son passé.

Dans ce roman qui m’a passionnée, l’auteure mêle parfaitement la grande et la petite Histoire en évoquant, par le biais de ses personnages, cette « impossibilité » que ressentaient beaucoup d’allemands, à « assumer » ce passé ainsi que cette « culpabilité » si profondément ressentie, d’appartenir à un peuple capable de telles atrocités et dont le poids s’est transmis aux générations qui ont suivi.

Un sujet que l’on retrouve assez rarement dans la littérature traitant de la seconde guerre mondiale et de la Shoah, qui est ici parfaitement évoqué, et si j’avais hâte d’en connaître le dénouement, j’envie déjà ceux pour qui ce livre reste à découvrir.
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La Maison allemande

« Ce qui s’est passé pendant la guerre est horrible, mais on n’a plus envie d’en entendre parler »



Voici ce qui résume à peu près l’état d’esprit de la population allemande de l’après-guerre. Lorsque la nouvelle génération découvre et questionne, les réponses restent évasives, illustrant cette ambivalence d’une société coupable mais autiste au passé et à l’autocritique.



La jeune Eva est recrutée comme interprète polonaise dans un procès d’anciens nazis du camp d’Auschwitz et cet engagement, générant colère et sidération, va mettre en péril son bonheur et sa famille. En dépit des pressions de son entourage, elle s’engage avec détermination vers la recherche de la vérité et la compréhension du passé.



On est dans les années 60, le pays s’est relevé, la dénazification est faite depuis longtemps mais le pays a toujours des relents nauséabonds sectaires et antisémites. L’auteur nous plonge à la fois dans une normalité quotidienne sociale où la peur de devoir rendre des comptes reste insidieuse, et dans une antichambre de l’horreur avec des accusés, redevenus de banals citoyens intégrés et respectés.



Malheureusement, ce qui était légal hier ne peut pas être jugé illégal aujourd’hui. Les procès ont plus valeur de mémoire que de justice.



Un livre assez glaçant, toujours juste et mesuré, qui interroge sur la culpabilité, la honte et la résilience collective. Une approche littéraire digne d’intérêt sur l’après-guerre allemande et la prise de conscience d’une jeunesse confrontée aux parcours de ses aînés.

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La Maison allemande

Livre agréable à lire qui propose deux histoires dans un seul récit, et un embryon de 3eme histoire.

-une histoire d’amour entre une jeune interprète issue de la bourgeoisie moyenne de Francfort sur le Main, et un fils de famille , directeur d’une entreprise familiale.

- l’histoire du second procès de Francfort en 1962, destiné à juger les SS du camp de concentration d’Auschwitz.

- un embryon d’histoire avec une puéricultrice qui infecte volontairement des nourrissons

et dans un service de pédiatrie,

Il montre en particulier la responsabilité collective des allemands sous le nazisme et pendant la seconde guerre mondiale.

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La Maison allemande

Un vrai coup de coeur pour ce roman ! La difficile prise de conscience de la génération après guerre en Allemagne était pour moi une période de l 'Histoire méconnue. Bien écrit et bien traduit ce roman nous emmène au coeur de l Allemagne des années 1960 dans le retentissement du procès d Auschwitz
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