AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Annette Hess (65)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


La Maison allemande

Voilà un livre que j'ai adoré et qui m'a beaucoup intéressée. Nous suivons la vie d'une jeune femme, Eva, dans les années soixante et qui est traductrice pour des témoins polonais d'un procès sur de nazis ayant massacré et tué des juifs à Auschwitz. Alors qu'elle vit une vie plutôt paisible avec sa famille et son fiancé, Eva va être confronté à la résurgence de sa mémoire et découvrir que le passé contient des secrets enfouis. Un travail remarquable de l'auteur au travers de la fiction pour traiter la vision des allemands sur leur propre vécu de la seconde guerre mondiale où déni et révolte se mêlent. Un premier livre également réussi pour décrire le parcours initiatique d'une jeune femme vers l'âge adulte et que je recommande.
Commenter  J’apprécie          170
La Maison allemande

1963, Eva allemande ,traductrice de polonais, se voit offrir un poste au second grand procès d’Auschwitz . Elle y découvrira les horreurs de la guerre ,mais surtout l'inaction de son peuple qui au contraire a été complice de ces crimes .Ce roman nous montre aussi ,qu'en chacun de nous se cache un démon prêt à surgir à tout moment que ce soit via ses parents qui n'ont rien fait, sa sœur qui rends des bébés malades ou même son amoureux qui a déjà tué quelqu'un. L'humain est donc rempli de contradictions qu'il cache . Un excellent roman sur la culpabilité d'un peuple devant son histoire. Je donne 9/10
Commenter  J’apprécie          30
La Maison allemande

🔍Eva, jeune allemande, vit à Francfort sur le Main avec ses parents, son frère, et sa sœur qui a quelques troubles psychiatriques...



🔍Fille de modestes restaurateurs, elle mène une existence paisible auprès de cette famille aimante et s'apprête à se fiancer avec un jeune héritier quand débute en 63 le second procès d'Auschwitz.



🔍Ayant suivi des études d'interprète, elle maitrise la langue polonaise et est contactée par le tribunal pour assurer la traduction des dépositions faites par les survivants du camp.



🔍Jeune fille naïve, elle ignore tout de ce terrible passé ...

Bravant la vive réticence de ses proches, elle décide d'accepter.



🔍Elle va alors parcourir un long chemin vers une prise de conscience qui va engager sa vie et sa famille, tout comme la société allemande de son temps.



🔍Demander pardon ou tourner la page, l'auteure a su se mettre dans chaque cas de conscience.

Les enfants doivent-ils se sentir responsables des fautes de leurs parents et ces parents ont-ils vraiment eu le choix ?



🔍Un très beau roman sur le poids de la culpabilité, la construction de soi, le devoir de mémoire et la transmission du passé.

A travers Eva, nous éprouvons le traumatisme et la révolte d'une génération qui a eu 20 ans dans les années 60 et s'est trouvée confrontée au refus de mémoire dans l'Allemagne de l'après-guerre.



🔍L'auteure explore aussi la condition féminine de l'epoque, l'histoire se met en place doucement au même rythme que le cheminement de cette jeune allemande qui découvre l'amnésie de son pays et de sa famille face à l'horreur.



🔍Je vous conseille vivement de lire ce roman que j'ai dévoré 🤩

(Petit aparté pour mamichapitre et sylroc79 : un roman qui devrait vous plaire à toutes les deux si vous ne l'avez pas encore lu 😉 📚)
Commenter  J’apprécie          10
La Maison allemande

Eva Bruhns, la plus jeune fille de Edith et Ludwig, propriétaires d'une auberge restaurant très appréciée dans une rue populaire de Francfort. Eva est interprète allemand-polonais et elle est contactée pour remplacer un interprète qui doit officier lors d'un procès devant juger des responsables du camp d'Auschwitz...En ce début des années soixante, ce procès divise, pourquoi remuer le passé, pourquoi dépenser autant d'argent pour ce procès qui débouchera sans nul doute par des acquittements, l'eau ayant coulé sous les ponts et les témoins de plus en plus rares n'ayant plus la précision des dates ou des lieux des sévices...Lors de ce long procès, la vie et les convictions et certitudes de la jeune Eva vont à jamais être bouleversées en côtoyant les témoins, les avocats, les accusés que, pour certains, elle connait bien, ses parents qui ont peu être connu certains évènements sans vraiment les combattre, ou encore son rapport avec son fiancé qui voit d'un mauvais oeil l'émancipation de cette jeune femme qu'il ne reconnaît plus et qui veut s'affirmer dans ce travail d'interprétation même s'il est douloureux.



Un roman d'Annette Hess, scénariste de Berlin 56 et Berlin 59, et qui, avec ce premier roman revient sur l'après nazisme, lors d'un procès organisé pour établir des culpabilités et si possible des condamnations pour les victimes d'Auschwitz. Par le biais d'une interprète, témoin privilégiée, le lecteur est au coeur des méandres juridiques, des doutes, des témoins qui ne peuvent oublier mais dont la mémoire est défaillante... Un roman qui aborde ces thèmes, des personnages bien dépeints mais les digressions dans la vie personnelle de l'héroïne, souvent hors propos ralentissent le rythme et on finit par m'ennuyer, j'ai souvent perdu le fil de l'intrigue en me demandant où elle voulait en venir avec plusieurs développements qui n'aboutissent pas vraiment David Miller dont on n'a plus de nouvelles, sa soeur aînée Annegret et son action à l'hôpital...).

la maison allemande est un roman intéressant pour son thème mais dont le traitement délayé aurait pu être un peu plus percutant avec une centaine de pages en moins.
Commenter  J’apprécie          393
La Maison allemande

Merci à ma bibliothécaire de m’avoir conseillé ce livre émouvant, poignant qui m’a tenu en haleine du début jusqu’à la fin !

A partir de l’histoire d’Eva, jeune interprète, contactée pour assurer des traductions lors des audiences « du second procès d’Auschwitz », Annette Hess va nos relater, sans complaisance, la prise de conscience de toute une génération qui est littéralement traumatisée par la complicité volontaire ou involontaire de la société allemande au régime Nazi.

Ce roman qui traite d’un sujet peu évoqué, est tout à fait captivant, et entraîne une réflexion mêlant le récit intime et personnel d’EVA à l’Universel.

Commenter  J’apprécie          40
La Maison allemande

Que dire d’un tel livre si ce n’est qu’il faut le lire pour se faire une idée de l’état d’esprit de la génération allemande née pendant ou peu après la guerre, une génération dont les parents et proches avaient nécessairement vécu cette période d’une façon ou d’une autre. Pendant les quelques années où j’ai vécu en Allemagne, j’ai pu constater l’importance du travail de mémoire effectué et la sensibilité des allemands sur le sujet. Ce livre en parle très bien, de façon prenante, très simple et émouvante.
Commenter  J’apprécie          240
La Maison allemande

J'ai lu ce livre pratiquement d'une traite, en moins d'une semaine, ce qui est rapide pour moi !

L'intrigue s'installe petit à petit, et l'on sent la tension grandir chez Eva le personnage principal. Puis l'on devine pas à pas les parts d'ombre chez ses parents et sa soeur à mesure que le procès se déroule et qu'elle tient le rôle de traductrice. Son passé lui revient en mémoire, malgré les mensonges de sa famille, et l'intensité atteint son comble avec la visite du camp.

C'est sans doute d'avoir vu le film "la zone d'intérêt" récemment qui a renforcé ma perception sur cette page très sombre de notre histoire. Je comprends mieux la géniale démonstration de l'expérience de Milgram (les bourreaux ne se sentent pas coupables quand ils disent avoir exécuté des ordres), et pourquoi les victimes de l'holocauste n'ont jamais pardonner.
Commenter  J’apprécie          61
La Maison allemande

Absolument génialissime….et du coté des allemands, ce qui est toujours intéressant pour nous français.

Je n'en dirais pas plus, le résumé Babélio est bien fait

A lire!!!!!
Commenter  J’apprécie          10
La Maison allemande

L'histoire se passe dans les années 60 au moment de l'Avent, un moment où l'Allemagne a un rituel strict. Eva vit à Francfort chez ses parents restaurateurs au "Deutsches Haus" (la maison allemande, titre français..).

Elle est traductrice de polonais et elle est fiancée à Jürgen Schoormann, un jeune héritier d'une entreprise de vente par correspondance.



C'est alors que démarre le second procès d'Auschwitz (1963), où doivent être jugés les crimes des dignitaires nazis.

Le tribunal la convoque d'urgence pour traduire du polonais en allemand les déclarations des victimes, témoins au cours du procès.

Eva ignore tout de ce qui s'est passé à l'époque. Très vite elle se heurte aux réticences de son fiancé qui ne supporte pas que sa future épouse soit mêlée à ce procès.



Eva va vite découvrir que ses compatriotes sont pour beaucoup frappés d'amnésie. Toute une génération semble être dans le déni. Comme le soulignent les journaux de l'époque, "70% des Allemands ne veulent pas de ce procès"...

La prise de conscience sera douloureuse pour Eva, d'autant plus que le procès va résonner douloureusement dans sa famille et rappeler de vieilles meurtrissures.

Au cours du procès, Eva va vite sympathiser avec le jeune juif canadien David Miller, engagé comme assistant du procureur, qui manque juste de se faire remplacer quand on découvre que son frère était mort dans le camp.

Il pourrait manquer d'impartialité mais son engagement et son ardeur à la tâche lui permettent de rester jusqu'au bout.



Le livre, haletant du début à la fin, nous montre l'Allemagne des années 60, éprise de confort, de croissance et de consommation (ah la découverte des nouvelles machines à laver par la mère d'Eva, la dynamique restauratrice Edith..). Une Allemagne qui veut oublier les atrocités de la guerre et pour beaucoup ce procès va remettre en cause beaucoup de choses.

Il s'avère en effet que le système nazi n'a pu fonctionner qu'avec de nombreuses complicités, tout au long de la chaîne, c'est ce qui va ressortir de ce procès.



Le procureur Fritz Bauer n'est pas nommé dans ce livre mais on ne peut s'empêcher de penser à lui, lui qui fut l'initiateur des procès d'Auschwitz.



Ce livre est une réussite, tant dans sa dimension humaine qu'historique. Le personnage d'Eva est une belle figure féminine. Elle n'hésite pas à braver sa famille et son fiancé pour mener à bien sa mission auprès du procureur.

L'atmosphère du procès est très bien rendue également: les victimes se retrouvent face à des accusés qui sont devenus des notables (pharmaciens, ingénieurs..) bien assis dans la société allemande d'après guerre. Pour ces victimes qui ont vécu tant d'atrocités, il sera bien difficile de faire entendre leur voix.



Eva est un beau personnage qui va construire sa personnalité en même temps qu'elle va découvrir le "revers de la médaille" qui va concerner la société allemande mais aussi sa famille.



L'auteure Annette Hess est allemande et originaire de Hanovre. Elle écrit des scénarios.

Elle est la créatrice des séries télévisées "Berlin 56 " et "Berlin 59", excellentes séries qui ont été diffusées sur Arte et qui relataient l'histoire d'une famille berlinoise dans les années 50.

Un très beau livre qui illustre une page dramatique de notre Histoire...
Commenter  J’apprécie          412
La Maison allemande

Un petit bijou littéraire. L’auteure raconte le procès des bourreaux d’Auschwitz, de ceux qui étaient passé entre les gouttes, qui pendant près de vingt ans avaient retrouvé leur vie, comme si rien ne s‘était passé, comme si rien n’était grave, comme si le déni national était la seule voie possible lorsque l’horreur a été conduite à son paroxysme. Annette Hess est une formidable conteuse. Avec son héroïne, Eva, elle prend le lecteur par la main dans cette progressive prise de conscience de ce que fut la barbarie. Elle raconte les plaies indélébiles qu’elle a laissée chez certains, la culpabilité de ceux qui en ont réchappé et même la souffrance intolérable ressentie par ceux qui n’y ont pas été confrontés mais qui auraient pu l’être. Elle raconte la ténacité de ces procureurs qui ont compris que le peuple allemand devait être confronté à son passé et qu’il ne pouvait être question d’abolir la notion même de responsabilité. Tout le roman est peuplé par l’intimité douloureuse et muette portée en eux par chacun des personnages. Ce poids muet et paralysant qui interdit d’accéder au bonheur, qui compromet la rédemption, qui annihile la résilience. Ouvrir les yeux, sur soi-même et sur les autres. Ouvrir les yeux sur le passé, sur l’histoire, sur les mensonges silencieux de tout un peuple et de ceux qui sans être acteurs savaient et se sont tus. C’est cela que découvre Eva. Finalement, elle condamne autant la barbarie que le silence qu’elle a engendré. Le procès et son parcours singulier se confondent dans un cheminement identique : demain n’est possible que si hier est connu. Voilà le beau parcours d’Eva, voilà le beau propos du roman. Le chemin tortueux vers la lucidité, la rupture des amarres avec l’innocence de l’enfance, avec l’évidence de l’amour pour les siens. Ouvrir les yeux pour pouvoir aimer vraiment. Enfin.

Commenter  J’apprécie          50
La Maison allemande

Excellemment bien écrit (et donc traduit aussi !). Exercice difficile de faire vivre des personnages à travers un événement historique sans édulcorer celui-ci, ni avoir des personnages fantômes. L'auteur réussit la gageure de nous plonger dans cette époque avec une justesse infinie et un sens de l'écriture parfait. Rien ne semble gratuit, on voit tout le quotidien et le grandiose à travers les yeux de son héroïne. A ne pas manquer !
Commenter  J’apprécie          40
La Maison allemande

Dans l’Allemagne des années soixante, Eva, une jeune femme d’une vingtaine d’années et quelques, vit un moment clef de sa vie : elle va présenter son fiancé Jürgen à ses parents. Aucune raison pour que cela ne se passe pas bien, cependant, elle est nerveuse : ses parents sont de modestes restaurateurs alors que la famille de son fiancé est fortunée grâce à une entreprise florissante. Inquiétude vaine car le repas sera troublé par un tout autre aléa : elle est appelée en tant qu’interprète pour remplacer au pied levé un confrère qui devait travailler avec le Ministère public sur des dépositions de témoins d’origine polonaise. Malgré son inexpérience et une certaine forme de candeur, ses compétences sont reconnues et requises pour un avenir proche : assurer la traduction en direct et simultané des témoignages déposés au cours du «second procès d’Auschwitz» par les rescapés et témoins du camp.

Contre l'avis de ses parents ainsi que de son fiancé, Eva va accepter cette mission. Se profile alors pour elle un véritable éveil de conscience par la prise de connaissance des horreurs perpétrées pendant la guerre, une révélation pour cette jeune femme devant certains aspects de l’histoire de son pays, mais aussi de sa propre histoire familiale.



C’est un roman puissant et terriblement prenant que nous livre là Annette Hesse. Tout à l’image de son héroïne principale, il démarre avec légèreté et futilité pour se tourner l’air de rien vers le sérieux et la gravité.

Alternant son récit entre réflexion sur la condition de la femme et devoir de mémoire, l’auteure ne laisse que peu de répit à son lecteur grâce à la succession rythmée de paragraphes vifs et précis. Il s’agit aussi d’une réflexion sur l’Allemagne de l’après-guerre, avec la description d’une jeunesse laissée presque volontairement dans l’ignorance par la génération qui la précède, qui préfère tout enfouir aux tréfonds de l’oubli. C’est alors pour ces jeunes gens, au moment de la révélation, inévitable, le poids de la culpabilité et la question terrible de la transmission…



Un roman passionnant sur un thème délicat que je n’avais encore jamais vu abordé en roman. Troublant...

A lire !
Commenter  J’apprécie          224
La Maison allemande



Ce roman est intéressant et instructif en ce qu’il essaye de restituer les sentiments de culpabilité de certains jeunes allemands pour les atrocités commises par leur peuple et parfois même de leurs parents vis-à-vis des juifs et des autres minorités victimes de ce génocide.

Commenter  J’apprécie          10
La Maison allemande

Sensible aux couvertures des livres que je choisis, celle-ci n'a pas échappé à mon regard. Une jeune femme dont le visage est occulté par un immense trou noir qui peut être celui de l'oubli ou celui de l'ignorance. Tout est dit... Ou presque.



J'ai beaucoup lu sur la deuxième guerre mondiale, ses atrocités et ses conséquences. Si le procès de Nuremberg est mondialement connu avec ses images d'archives montrant les hauts dignitaires nazis presque étonnés de se trouver sur le banc des accusés devant une cour de justice, proclamant leur innocence avec arrogance et dédain, le deuxième procès d'Auschwitz en 1963 est longtemps resté dans l'ombre. Les inculpés n'appartiennent pas à l'intelligentsia de la "solution finale". Pour la plupart, ce sont des hommes ordinaires, gradés ou non, militaires ou civils, comme le pharmacien fournisseur de Zyklon B, des pères de famille qui obéissaient aux ordres, qui avaient peur et qui préféraient détourner le regard. Ce n'est aucunement une excuse, mais une façon d'essayer de comprendre pourquoi il s'est passé toutes ces horreurs sans que quiconque ne bronche.



Le procès dont personne ne voulait est la toile de fond du livre. Le principal sujet, traité avec beaucoup de pudeur et de mesure, est le silence dans l'histoire d'une famille allemande, représentatif du comportement de la population de l'après-guerre dans ce pays. Il faut savoir que, dans les années 50-60, il était interdit aux "enfants de la guerre" de poser des questions à leurs parents sur ce qui s'était passé. C'était l'Omerta totale. Est-ce par honte, culpabilité ou désir d'effacer des souvenirs pas très glorieux ? Personne ne voulait parler, et ce, pendant des années. Ce silence imposé est un acte politique fort et Eva Bruhns, petite interprète germano-polonaise va découvrir un monde d'atrocités qu'elle ne soupçonnait pas et qui va bouleverser le cours de sa vie. En suivant les minutes du procès, traduisant les dépositions des survivants, elle représente la première prise de conscience du peuple allemand face à l'horreur maintenue dans le silence général.



"Il serait prétentieux d'avoir de l'empathie et d'en pleurer parce que nous n'avons pas ce droit en tant que coupables. Se mettre en position d'imaginer ce que ça fait. J'ai un très grand respect pour ces survivants et ne voulais pas les représenter comme des victimes même si elles en sont. " déclare Annette Hess lors d'une interview. Ce roman, elle l'a construit d'après les 400 heures d'enregistrement du procès. Si certains témoignages ont été raccourcis ou fusionnés pour les besoins de la dramaturgie de la fiction, aucun n'a été faussé. Elle a imaginé des personnages gravitant dans ce monde de non-dits pour faire revivre l'Histoire en rappelant au passage la condition féminine des années 60. Elle brosse un magnifique portrait de femme qui évolue de l'ignorance, savamment entretenue par son entourage, jusqu'à une responsabilité historique qu'elle ne soupçonnait pas.



Avec sa plume, Annette Hess rend également hommage au procureur Fritz Bauer, non cité dans le livre, mais auquel on ne peut s'empêcher de penser puisqu'il s'est battu contre vents et marées afin que ce procès puisse avoir lieu en complément du premier procès d'Auschwitz de 1947.



Il est toujours facile de poser un jugement sur des faits éclairés par la lumière de l'Histoire. Nous ne sommes que des humains avec nos qualités, mais aussi nos défauts. Nous possédons des forces insoupçonnées face au danger pour nous-mêmes et pour les nôtres, ainsi que des lâchetés cachées. Quatre-vingts ans plus tard, nous ne sommes ni plus intelligents, ni meilleurs, ni plus humanistes qu'à l'époque. Dans un climat de terreur établie, que ferions-nous face à l'injustice ? S'interposer vigoureusement au péril de notre vie et surtout celui de notre famille ou refermer doucement sa porte pour protéger les nôtres des conséquences de la violence ?



Ce livre est une belle découverte, incontournable pour qui s'intéresse au sujet, en explorant la culpabilité portée par toute une génération, héritière d'une Histoire dont elle n'est pas actrice, en lui donnant un sentiment d'imposture, mettant à jour l'existence de la culpabilité intergénérationnelle. Par son travail colossal de recherche et son analyse fine et précise, Annette Hess offre une histoire efficace, captivante et émouvante en brossant toute une galerie de portraits d'une justesse infinie. En refermant ce roman, une question subsiste : l'Humain est-il suffisamment fort pour être capable d'une résilience telle qu'offrir son pardon à l'Inhumain ?

Commenter  J’apprécie          20
La Maison allemande

Roman historique. Allemagne d'après-guerre.



Nous sommes fin des années 50. Presque tous les allemands semblent souffrir d’amnésie collective. Ils semblent avoir oublié les atrocités perpétrées par les nazis. Certains, trop jeunes, ne savent même pas ce qui s’est déroulé dans les camps de concentration et que leurs parents y ont peut-être joué un rôle. Une minorité pourtant, dont fait partie le procureur Fritz Bauer, est horrifiée de voir des anciens nazis vivre, en allemagne, comme si rien ne s’était passé. Bauer décide d’ouvrir un procès, à Francfort, contre les criminels de guerre allemands (22 anciens SS). C’est ce qu’on a nommé, le Procès de Francfort ou le “second procès d'Auschwitz” qui a débuté en 1963.



Pour raconter ce moment d’Histoire, Annette Hess (aucun lien de parenté avec Rudolf Hess) décide de l’écrire à travers les yeux de Eva Bruhns. Car cette jeune femme (personnage fictif) est appelée par le ministère de la justice, afin d’être l’interprète des survivants et des témoins polonais au second procès d'Auschwitz. Contre l’avis de ses parents et de son fiancé, elle décide d'accepter cette mission. Alors s’ouvre devant elle une réalité qui lui était tout-à-fait inconnue.

Roman passionnant mais très romancé.

Commenter  J’apprécie          30
La Maison allemande

La maison allemande, l’histoire d’une famille dans les années 60, papa et maman restaurateurs, une fille infirmière, l’autre traductrice et le petit frère encore en devenir.

Dans ces années là, les jeunes femmes obéissent à leur père, puis à leur mari. Choisir la vie que l’on veut mener n’est pas possible, le père puis le mari dicte ce qui doit et ne doit pas être fait.

L’Allemagne, cherche à oublier les années passées, les meurtres commis et s’enferme dans un silence révoltant. Qu’il est difficile de faire remonter à la surface les petits arrangements, l’aveuglement de tous ces gens complices … non disent ils, ils étaient obligés d’accomplir lés ordres.

Les rares témoins encore vivants ou survivants doivent se confronter une fois encore aux assassinats de leurs proches avec le mépris des bourreaux qui nient les faits.

L’histoire d’une famille ordinaire qui montre que

La pire des choses n’est pas que les nazis et leurs sbires représentent le Mal mais c’est que ce sont des gens ordinaires !
Commenter  J’apprécie          106
La Maison allemande

« La maison allemande » s’attache par la voie romanesque à traiter le traumatisme de la Seconde guerre et ses conséquences dans la population allemande.

Eva, fille d’un patron de restaurant de Francfort-sur-le Main, est recrutée comme traductrice au « second procès d’Auschwitz » alors qu’elle se fiance à l’héritier d’une fortune locale.

Dans un balancier constant entre l’intime et l’actualité du siècle, l’autrice glisse insensiblement de la bluette à une œuvre plus ambitieuse qui embrasse la difficulté d’un peuple à accepter son passé encore trop brûlant, les aspirations d’émancipation d’une toute jeune femme et la plaie béante des victimes de Shoah qu’aucun procès ne saurait panser.

La complexité du propos se met en place touche par touche, pour finir par composer une œuvre profonde et marquante.

Commenter  J’apprécie          20
La Maison allemande

« Ce qui s’est passé pendant la guerre est horrible, mais on n’a plus envie d’en entendre parler »



Voici ce qui résume à peu près l’état d’esprit de la population allemande de l’après-guerre. Lorsque la nouvelle génération découvre et questionne, les réponses restent évasives, illustrant cette ambivalence d’une société coupable mais autiste au passé et à l’autocritique.



La jeune Eva est recrutée comme interprète polonaise dans un procès d’anciens nazis du camp d’Auschwitz et cet engagement, générant colère et sidération, va mettre en péril son bonheur et sa famille. En dépit des pressions de son entourage, elle s’engage avec détermination vers la recherche de la vérité et la compréhension du passé.



On est dans les années 60, le pays s’est relevé, la dénazification est faite depuis longtemps mais le pays a toujours des relents nauséabonds sectaires et antisémites. L’auteur nous plonge à la fois dans une normalité quotidienne sociale où la peur de devoir rendre des comptes reste insidieuse, et dans une antichambre de l’horreur avec des accusés, redevenus de banals citoyens intégrés et respectés.



Malheureusement, ce qui était légal hier ne peut pas être jugé illégal aujourd’hui. Les procès ont plus valeur de mémoire que de justice.



Un livre assez glaçant, toujours juste et mesuré, qui interroge sur la culpabilité, la honte et la résilience collective. Une approche littéraire digne d’intérêt sur l’après-guerre allemande et la prise de conscience d’une jeunesse confrontée aux parcours de ses aînés.

Commenter  J’apprécie          182
La Maison allemande

Un vrai coup de coeur pour ce roman ! La difficile prise de conscience de la génération après guerre en Allemagne était pour moi une période de l 'Histoire méconnue. Bien écrit et bien traduit ce roman nous emmène au coeur de l Allemagne des années 1960 dans le retentissement du procès d Auschwitz
Commenter  J’apprécie          00
La Maison allemande

En Allemagne en 1963 s'ouvre le deuxième procès contre les crimes de guerre.

Eva, jeune femme au sein d'une famille aimante, fiancée à un jeune héritier d'une famille aisée, est engagée par le ministère comme traductrice.

Elle prend en plein cœur tous les bouleversants témoignages.

Des souvenirs troubles d'enfance lui reviennent et elle cherche à connaître toute la vérité sur elle, sur sa famille.

Voilà un magnifique roman sur la culpabilité intergénérationnelle, sur la culpabilité de toute une nation.

Un sujet bien souvent utilisé en littérature.

Ici, il est parfaitement analysé.

L'histoire est prenante, captivante, émouvante.

Tout est juste, efficace, et le lecteur est happé par ce procès, par la vie d'Eva.

Le pardon existe-t-il face à l’inhumain ?

les enfants doivent-ils se sentir coupables de leurs parents ?

Comment Eva parviendra-t-elle à se construire avec tout ce qu'elle a entendu ?

C'est un livre qui offre avec un égal talent une réalité historique et un très beau portrait de femme.

Personnages principaux et personnages secondaires sont parfaitement à leur place, l'auteur nous décrivant toutes les facettes de leur personnalité.
Commenter  J’apprécie          280




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Annette Hess (344)Voir plus

Quiz Voir plus

LNHI-21089: bande dessinée - les héros oubliés

Garnement allemand, j'apparais dans un livre illustré en 1865. J'inspiré ensuite Rudolph DIRKS pour sa série 'Pim Pam et Poum'. Ralf KÖNIG rend hommage à mon créateur, Wilhelm BUSCH, dans une de ses dernières bd.

Mandrake
Fantôme
Lone Ranger
Zig
Petzi
Max
Blue Beetle
Palooka
Popeye
Flash Gordon

10 questions
79 lecteurs ont répondu
Thèmes : Héros (littérature) , bande dessinée , oubli , états-unis , allemagne , danemark , MasquesCréer un quiz sur cet auteur

{* *}