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Citations de Annie Saumont (113)


Annie Saumont
Mais qui l'aurait eue, l'envie d'apprendre à lire, dans un pays où sur le bord du plus joli des étangs du monde entier y avait un écriteau Défense de se baigner.
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Annie Saumont
Un petit hommage à Annie Saumont, la reine des nouvelles décédée aujourd'hui.

Dédicace

J’ai signé mon roman à Lille. Au Furet du Nord – c’est le nom de la librairie – pour des dizaines de lecteurs (des centaines ça ferait mieux, non, n’exagérons rien. Des dizaines ça n’est déjà pas mal). Et j’espérais voir enfin Jean-Victor.
D’habitude, depuis vingt ans (mettons dix-huit ans si vous voulez mais j’arrondis c’est normal, je ne vais pas vous raconter que j’écris officiellement depuis dix-sept ans quatre mois et six jours puisque mon premier bouquin publié est sorti le, précisions superflues, j’arrête), à chaque publication d’un de mes livres Jean-Victor m’envoie un court message. Jean-Victor de la Tiébauderie. Je ne sais pas qui il est. Je n’ai jamais cherché à savoir. Quelques lignes accompagnent un exemplaire du roman nouveau avec une enveloppe timbrée, par lui-même adressée, prête pour la réexpédition. Il me demande une simple dédicace. Sur le livre d’il y a vingt ans (ou dix-huit ans, j’arrondis) c’était, Bien amicalement. Et puis je me suis laissée aller à un peu plus de liberté, de chaleur. Cela répondait à son enthousiasme, Toujours si passionnantes, vos intrigues. Permettez-moi de solliciter encore une fois-

Aujourd’hui je suis postée derrière la pile de mon dernier ouvrage. À Lille. Au Furet du Nord. Lille c’est la ville où habite Jean-Victor. Il m’a avertie qu’il viendrait. J’ai soigné mon look. Un passage entre les mains d’une esthéticienne (masque au rétinol adoucissant les rides), chemisier de soie (en solde) et jupe (dégriffée) qui ont beaucoup d’allure. Voilà vingt ans que j’écris, je ne suis plus de la première jeunesse, Jean-Victor non plus je suppose, cela fait vingt ans qu’il me lit. Souvent les hommes vieillissent bien. Mais j’ignore tout de lui à part son goût pour ce que je raconte.

C’est comment votre prénom ?
Jean-Pierre Jean-Paul Jean-Jacques Jean-Claude Jean-Louis Jean-François Jean-Michel.
À Jean-Paul, en toute amitié. À Jean-Claude, avec amitié. À Jean-François, amicalement.
C’est comment votre prénom ?
Jean quelque chose. Jean II le Bon. Jean III le Pieux Jean le Baptiste Jean Chrysostome
Jean le Bon était-il bon prince ? Jean le Pieux a beaucoup prié. Jean le Baptiste beaucoup prêché. Jean Chrysostome, connais pas.
 
Jean-Victor, je l’imagine. Je le vois grand et athlétique. Les yeux : deux aigues-marines, j’ai toujours rêvé d’un homme au regard bleu. Coiffure : change selon les modes, de la queue-de-cheval jusqu’au crâne rasé en passant par les dreadlocks (pourquoi pas, mon goût varie). Aujourd’hui je vais le rencontrer. Je signe et déjà la main sur un autre livre je surveille en douce la porte vitrée. Il a promis. Jean-Victor de la Tiébauderie. Mon fan au nom à particule. Ça me ravit.
Les autres lecteurs se bousculent. Lecteurs et lectrices. Courtoisement. Me posent tous les mêmes questions. Combien de temps pour. Vous les tirez d’où ces histoires ? De situations réelles ou bien vous inventez ? Moi dit le comptable d’Euralille j’essaie d’écrire, je me suis même inscrit à un atelier. Pensez-vous que. Et celle-ci, réceptionniste du Floréal, celui-là chef électricien au Grand Palais, les profs du lycée Faidherbe et le serveur du Balatum — Croyez-vous réellement. Trouver un éditeur c’est si difficile ? Oui/non je réponds au hasard avec un sourire immuable. Une heure passe, je perds tout espoir sans perdre tout contrôle, d’une main qui tremble un peu je termine la besogne amicalement amicalement amicalement
Celui que j’attendais n’est pas venu. Ou bien il est venu incognito, perdu dans la foule, renonçant à se présenter. Il n’avait pas de livre à faire dédicacer puisqu’il m’en a envoyé depuis longtemps un exemplaire et que j’y ai inscrit À Jean-Victor, mon lecteur très fidèle. Évoquant mes personnages il s’est risqué à parler de liens se nouant sans qu’on l’ait cherché. Mon Jean-Victor inconnu et pourtant familier. Qui a dernièrement décidé, Puisque vous êtes invitée dans une librairie de mon quartier nous allons enfin nous voir. Je l’ai attendu jusqu’à l’heure du vin et des biscuits. La gérante de la librairie remplissait les verres, présentait les plateaux, toute surprise que sa vendeuse après avoir préparé les rafraîchissements et proposé d’assurer le service se soit éclipsée sans prévenir. Clara d’ordinaire tenait ses engagements.
Les Jean et les autres buvaient. Jean-Pierre Jean-Paul Jean-Louis Jean-Jacques Jean sans Peur Jean de la Lune Jean qui pleure et Jean qui rit. Gros Jean comme devant. Jean de Florette Jean V Paléologue Jean VI Cantacuzène
 
Mon roman vaut quinze euros. Certains prétendent que Jean le Bon a créé le franc en 1360 et si c’est vrai on le trahit. Jean-Victor aussi m’a trahie. Je passe en revue les grands les petits les gros les maigres les beaux les médiocres les extra les ordinaires tous ces hommes le livre à la main qui disaient se nommer Jean-(Pierre Paul Jacques Louis Michel François). Il n’y a pas eu de Jean-Victor. Pas de lettres après l’événement pour expliquer son absence. La grippe ? Un voyage imprévu ? Je bâcle le début d’un autre roman. Qui sera publié. Peut-être. L’humeur n’y est plus. J’ai le cœur qui chavire. Des accès de mélancolie. Les jours passeront. Les semaines. J’oublierai.
 
Les mois. Trois mois déjà depuis la signature. Ce matin je téléphone à Lille. À la librairie. Une banale question de stocks à renouveler. La gérante est sortie pour la journée. Je règle l’affaire de mon mieux avec Clara. Puis Clara si réservée d’habitude devient volubile. J’écoute la petite vendeuse me conter dans le combiné que sa vie s’est transformée. Elle m’annonce qu’elle a un ami, intelligent, super, très classe. Grand mince élégant. Le prince charmant en quelque sorte. Elle l’a rencontré au Furet du Nord. Ce soir-là. Oui le soir où. Vous n’avez pas remarqué ma disparition soudaine ? La patronne a râlé, après. Ça a été le coup de foudre, dit Clara. Il a poussé la porte on s’est regardés, un pas et il a souri, a tendu la main, elle l’a suivi nous ne nous quitterons plus. Il lui parle souvent de mes livres. Il les trouve si émouvants.
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"Un jour de composition d’orthographe le temps perdu c’est un accent et une virgule qu’on garde au bout de la plume."
"J’ai essayé de leur expliquer à tous que notre but c’était le développement de la Culture. En milieu rural. Ils ont rigolé. La culture ils l’avaient déjà. Cultiver c’était leur affaire. L’orge le trèfle la luzerne."
"Un jour de composition d’orthographe le temps perdu c’est un accent et une virgule qu’on garde au bout de la plume."
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Quand la rivière est dans son lit elle a des langueurs trompeuses. elle est comme une eau dormante ou seulement troublée d'un léger frisson. Et qui la voit, s'il est las ou irrité, qui la contemple un moment s'apaise.
a ces heures-là. Les heures où la rivière est lente, où la rivière est calme. Comme en ce matin de juillet.
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Maintenant elle dit qu'ils auraient dû courir vers un endroit où ils. Sans tarder. Auraient pu se mettre nus l'un contre l'autre. Se serrer se blottir se mêler. Maintenant elle dit, On aurait eu au moins ça. Avoir eu. Rêveuse elle répète. Avoir eu, pourquoi est-ce encore précieux quand on n'a plus ?
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S'il est un jour surpris par l'orage il dit, Ça pleut à boire debout...
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Annie Saumont
Moi, je ne travaille pas sur le fantastique, mais sur l'observation du quotidien. Je traque les choses qui arrivent comme par inadvertance. J'aime faire surgir une ambiguïté, susciter une sorte d'inquiétude. Il faut qu'il y ait une tension dramatique, sinon c'est raté. C'est presque comme une petite pièce de théâtre. C'est un instant, un point, un incident, un moment de rupture."
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L'éducation ça finit par coller à la peau. Et déjà à la sienne qui est neuve et fraîche et qu'elle inspecte chaque matin dans la crainte d'y découvrir un bouton.
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bjr atenD jariv.
fo ke jvs parl de charl, C Gan.
charl sé kaC on Cpa ou. C remps son en raj.
10z ke charl é 1 1gra.
on tt fé pr son bnh.
On réPT D sa né100s ke charl doi pa 10QT.
10z ke C 1 pouri. no. son poli. pouri 10z pa
10z ptit crét1 en criz.
1 seul choz ki l1TreS :
y a koi a la télé 2night ?
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On ne corrige pas un gamin qui a cassé quelques carreaux quand l'ennemi menace les frontières. On se dit que la vie se chargera de lui apprendre à vivre. Ou à mourir.
Extrait de 'la guerre est déclarée" p22
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M'man est vague, incertaine, elle a été élevée à la dure on lui demandait jamais son avis, elle s'est habituée à n'avoir pas d'avis.
Extrait de "la guerre est déclarée". p23
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Je me tais, je me recroqueville. C'est pas facile à endurer, la crainte.

Extrait de "la guerre est déclarée". p26
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J’ai essayé de leur expliquer à tous que notre but c’était le développement de la Culture. En milieu rural. Ils ont rigolé. La culture ils l’avaient déjà. Cultiver c’était leur affaire. L’orge le trèfle la luzerne.
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Elle se retourne. Elle est devant lui elle insiste, Voyons, si on s'applique à tout considérer -- Tu n'écoutes rien, voilà justement ce qui est proposé. Moi je crois moi je suis sûre. Oui, sans doute. Et si on buvait une tasse de café ? Elle rappelle que ça lui est interdit. Une demi-tasse. Elle hausse les épaules. Elle dit qu'il est pire qu'un enfant.
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Pour les parents, les enfants emmerdants c'est toujours les enfants des autres.
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Bri elle dit encore qu’il faut pas trop demander. Ça me tue. On demande pas on proteste pas on accepte sans gueuler une petite vie de minables et alors on est comme des bêtes.
Comme les porcs qu’elle engraisse.
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Au commencement la terre était vague et vide, juste ce que dit le Livre. Et puis Dieu a mis la lumière. Allons, ferme les yeux, pince-toi le nez, avale. C'est pour ton bien. Un haut-le-coeur. Ça passera pas. Ça passe. Et alors, après, Grand'Ma ? Parce que la lumière toute nue sur le vide vague et vibrant c'est pas assez faut pas charrier. Te voilà déjà qui t'énerves. La suite viendra au déjeuner. Pour le moment va jouer. Profite.
Dehors la rosée, une goutte sur chaque brin d'herbe, tremblote. Un pigeon gris fait les cent pas sur le toit de la remise. Dans l'auge les têtards de la veille devraient - Loué soit le Seigneur - arborer aujourd'hui deux petites pattes neuves.
On descend entre les fougères le chemin vers le ruisseau. Mais elle a dit, Prends garde à ne pas te mouiller les pieds. Ajoutant, Ta mère me gronderait. Elle avait d'abord déclaré, Dieu a ordonné que la terre verdisse de verdure. Et puis, Il y eut un soir et il y eut un matin.
Maintenant il y a. Un matin du chaud de l'été et le fermier des Aulnettes se pose - tête à casquette, buste de coton bleu rayé - dans l'échancrure de la haie. On entend, Tiens t'es revenu, hé c'est déjà les vacances t'as grandi mon garçon. On dit, Oui merci vous aussi.

On atteint le bord de l'eau presque immobile froissée de quelques rides à peine. Dans l'eau la toile d'araignée tendue entre deux touffes de joncs est comme un filet lancé au travers du ciel reflété. On ne peut croire qu'en juillet dernier il y avait autant d'ombelles penchées sur les rochers du gué. On bondit de pierre en pierre en évitant les plus moussues, glissantes, on ne relèvera la tête qu'une fois sur l'autre berge et par le trou de la haie, à l'endroit où tout à l'heure brillait le cercle de métal bouclant le ceinturon du fermier des Aulnettes, on voit des cheveux dorés tombant jusqu'aux sourcils au-dessus des yeux noirs au-dessus de la moue fronçant les lèvres au-dessus du menton à fossette.
On chantonne, Bonjour Fanny. Elle a dit, 'Jour. Puis a tourné le dos.

Où en étais-je.
Mâche. Donc le monde est fait. Le firmament est fait. Au milieu des eaux et qui sépare les eaux d'avec les eaux (les supérieures et les inférieures), encore un peu, c'est plein de vitamines. Si tu ne manges pas ta mère dira - Ensuite Dieu a garni les eaux d'un grouillement d'êtres vivants. Le ciel s'est assombri d'un vol de milliers d'ailes. Bois un coup ça descendra.
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Je contemple mon frère, je ris, je lui déclare qu'il est idiot que je l'adore l'ai toujours adoré qu'il le sait. Ma mère disait, ces enfants, jamais un cri ou une dispute ce n'est pas normal à leur âge. De temps en temps elle ajoutait pensive qu'elle devrait bien nous séparer. Une idée qui faisait d'elle à mes yeux un bourreau en puissance. Et c'est pour avoir observé le plaisir qu'elle éprouvait à se remémorer sans cesse les échecs d'une femme abandonnée par son mari, c'est pour m'en être si souvent étonnée que j'ai fini par comprendre l'intérêt qu'ont pour nous les histoires tragiques. Qui satisfont notre goût du malheur.
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Un jour de composition d’orthographe le temps perdu c’est un accent et une virgule qu’on garde au bout de la plume.
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C'est un instantané d'amateur.
Elle est belle sur la photo.
Ses yeux sont deux points rouges, dommage.
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