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Citations de Anthony Burgess (134)


ANTHONY : Oh, je crois que personne ne nie le danger. Le danger d'être ému par le son pur, d'éprouver un frisson nerveux quand sonnent les harmoniques de la trompette.
[...].

(p. 130)
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- Oh, n'allez pas croire que l'État se soucie de la gloire de Dieu, dit le père Shaeckel. L'État a la trouille de forces auxquelles il ne comprend goutte, voilà tout. Nos gouvernants sont la proie d'un vent de peur superstitieuse, et de rien d'autre. Ils ont échoué avec leur police et, du coup, ils font appel aux prêtres. Comme il n'y a plus d'églises, il nous faut battre la campagne et parcourir les secteurs qu'on nous a alloués, pour bourrer le crâne des gens avec Dieu, et non plus avec des histoires de légalité. Oh, tout cela est très intelligent. Sublimation - tel est, je pense, le fin mot : ne mangez pas votre prochain, mangez Dieu à sa place. Nous sommes des instruments, sans plus. Nous voici ravalés à notre fonction essentielle : la fonction sacramentelle. S'il est une chose que nous avons apprise, c'est que l'Église est capable d'encaisser n'importe quelle hérésie ou hétérodoxie - y compris votre inoffensive croyance au retour du Messie - tant qu'elle se cramponne à la fonction essentielle... À ma connaissance, poursuivit-il avec un petit rire, on mange un nombre surprenant de flics en ce moment. Les voies de dIeu restent impénétrables. Les chairs hermaphrodites sont, semblerait-il, les plus succulentes.
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Le vrai Liebeneiner logeait maintenant dans une salle de la véritable garenne qui s'enfonçait, taillée au plus profond du roc, sous le palais épiscopal. Il n'avait pas froid. Il était vêtu de six ensembles de sous-vêtements de laine américains appartenant à l'évêque, de plusieurs paires de bas de montagne épais, de bottes fourrées et d'un manteau de castor avec toque assortie. Il disposait d'un matelas et de huit couvertures, d'un seau d'aisance, d'une cuvette et de serviettes de toilettes. Il était doté de lumière électrique et d'une bibliothèque allemande soigneusement triée et ramenée à quelques uns des plus grands auteurs proscrits pas les nazis. On y trouvait les poèmes de Heine, ainsi que les romans du célèbre Autrichien Jakob Streihler, prix Nobel de littérature en 1935. Liebeneiner n'avait pas droit au chauffage à l'électricité ou au gaz : il aurait pu s'en servir comme d'une arme contre ses visiteurs ou contre lui-même ; mais Carlo apportait un radiateur électrique, chaque fois qu'il venait lui parler, c'est à dire au total environ trois heures par jour.
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- Ce que l'avenir nous réserve ? répéta le nicotiné, très content de sa petite phrase. Une sacrée boucherie, c'est ça qu'il nous réserve, l'avenir, si vous m'en croyez. Mais c'est pas la faute à l'Empereur si la conscription prend des petits gars dont certains ont même pas encore de rasoir dans la giberne : c'est la faute aux grands champs de bataille de Russie qui ont gardé toute la fleur des hommes de France. Fini les jours de gloire, mon bon monsieur, et fini la rigolade ; le vin est tiré, y va falloir le boire. Et plus de chevaux pour l'artillerie...Tenez, je revois l'Empereur, oui je le vois encore, tout triste - « le tondu» qu'on l'appelait, parfois même devant lui quand il était bien luné, et ça le faisait rire, tout juste s'il en pissait pas dans sa culotte - mais pas ce jour-là, non, vous auriez dû entendre cette tristesse quand il m'a parlé - vu qu'y me connaissait par mon nom, mais qui est-ce qu'y ne connaissait pas ? « Raybaut, il m'a dit, vu que c'est mon nom, Raybaut, voilà qu'on commence tous à se faire vieux, mais par Notre Père Qui Est aux Cieux et par la Bonne Mère on se sera payé du bon vieux temps ensemble. (...)»
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Rester éveillé jusqu'à trois heures trente n'était réellement rien. Faire une valise en pleine nuit, quand Vesta, normalement douée d'un bon et solide sommeil d'Écossaise avait décidé d'avoir la bougeotte somniloquente, était autre chose. Enderby, méfiant, surveillait la forme couchée sur le ventre. Elle avait envoyé promener du pied les vêtements posés sur le lit, et le clair de lune romain conférait à ses fesses des couleurs argentées de meringue. Délicieuse, oui, mais bonne, désormais, à faire les délices d'un autre. En chaussettes et à pas de loup, Enderby se mut dans la lumière d'argent, roidi soudain en statue de la danse chaque fois que Vesta marmonnant en rêvant. À un moment, il se rencogna dans l'angle obscur près de la fenêtre, collé au mur comme pour voir combien il mesurait, lorsque, d'un coup de reins, elle se retourna avec humeur sur le dos. Ainsi couchée, elle adressa d'étranges paroles au plafond, puis eut un petit rire ; mais Enderby refusa de se laisser effrayer. Après avoir pris son passeport et son billet d'avion dans le tiroir du haut de la commode, il se résolut, au bout de quelques secondes de scrupules éthiques, à s'emparer aussi de celui de Vesta.
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Anthony Burgess
Et soudain j’ai trouvé la solution au problème stylistique de L’Orange mécanique
. Le vocabulaire de mes vauriens de l’ère spatiale pourrait être un mélange de russe et d’anglais parlé, assaisonné d’argot rimé et de bolo des manouches. […] Et puis, quelle ironie dans le fait que cette race adolescente à l’écart des courants politiques, adepte de la brutalité totalitaire comme fin en soi, soit équipée d’un dialecte fondé sur les deux langues politiques dominantes de l’époque […].
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"Il fut un temps où Joyce provoquait des réactions enragées contre sa façon de laisser le style prendre le pas sur le récit. Aujourd'hui nous avons davantage tendance à prendre plaisir à sa manière d'exalter – à travers le mythe et le symbole – des gens ordinaires pour en faire des héros épiques, même si les exalter signifie aussi les hisser sur une scène de music-hall et les faire représenter un numéro comique. Le véritable Ulysse d'Homère est menacé par un rocher que lance sur lui un géant borgne mangeur d'hommes. Bloom, le nouvel Ulysse, est assailli par un patriote irlandais ivre qui n'y voit pas assez net pour l'atteindre avec une boîte de biscuits Jacob's. Bloom, insulté comme juif et raillé comme cocu, finit néanmoins roi d'une Ithaque sise au numéro 7 d'Eccles Street. Il est aussi nous-mêmes, et nous coiffons à notre tour la couronne d'absurde gloire."
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Comme s'il était une seule société qui n'éprouvât pas le besoin d'avoir une minorité sur laquelle faire retomber tout le blâme ! Inondations, famines, bas salaires, rhumatismes du préfet, tout est bon lorsqu'il s'agit d'incriminer.
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Anthony Burgess
L'homme semble prédestiné au mal. En même temps il est libre. Comment concilier libre arbitre et prédestination ?
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L’histoire de l’humanité est celle de sa victoire sur l’environnement
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Que veut Dieu ? Le Bien ? Ou que l'on choisisse le Bien ? L'homme qui choisit le Mal est-il, peut-être, en un sens, meilleur que celui à qui on impose le Bien ?
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C'est bien vrai qu'on ne pourrait pas gouverner un pays si tous les tchellovecks avaient mon genre de comportement nocturne. Bref, si je me fais lovretter et que ça veuille dire trois mois dans un messtot et six mois dans un autre, et puis que, la fois suivante, comme P.R. Deltoïde m'en a si gentiment prévenu, ça signifie, en dépit de mes très tendres printemps, frères, le grand zoo inhumain, ma foi, je dis : « C'est justice, mais l'ennui, mes seigneurs, c'est que je ne peux tout bonnement pas supporter d'être enfermé. Et je mettrai toute mon énergie, dans le genre d'avenir qui me tend ses bras de neige et de lys avant que la raison du nodz soit la plus forte ou que le sang éclabousse de son grand chœur final le métal tordu et le verre pilé sur une de vos autoroutes, oui je mettrai toute mon énergie à ne pas me faire lovretter une fois de plus. » Voilà qui est parlé, et bien. Seulement, frères, quand je vois leur façon de se ronger les ongles de pied pour chercher la cause du mal, moi je dis qu'il y a là de quoi me transformer en bon petit maltchick rigolard. Est-ce qu'ils vont chercher la cause du bien ? Alors pourquoi l'autre bord ? S'il y a des lioudis qui sont bons, c'est qu'ils aiment ça, et c'est pas moi qui les gênerai de leurs plaisirs, mais vice versa. Et moi je suis un pilier de l'autre bord.
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L'homme qui choisit le Mal est-il peut-être, en un sens, meilleur que celui à qui on impose le Bien?
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En Grande-Bretagne, on encourage officiellement l’homosexualité. (« C’est sapiens d’être homo », proclame une publicité).

(Sujet du roman de Burgess « La folle Semence »)
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"Fais attention. Tu vis des moments difficiles, mais je te connais bien. Tu te plonges dans la souffrance des autres pour étouffer la tienne. Cette stratégie n'est pas la bonne et tu le sais. Tu dois affronter ta douleur. Tu dois la regarder en face et l'embrasser jusqu'à ce qu'elle s'estompe et disparaisse. Les émotions ensevelies opèrent toujours des mutations effroyables."
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J'étais souvent consterné par l'élection de l'ignorance. Je suis moins consterné maintenant.
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L'unité d'une nation ça n'a pas de sens, il n'existe rien de tel. Les deux entités significatives, ce sont les gens cultivés et les ignorants.
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Je ne peux te prier puisque tu n’existes pas.
Une bagatelle. Je contiens à la fois l’existence et son contraire.
Tu t’annules toi-même. Tu absous trop de meurtres commis en ton nom.
Je n’absous rien. Je suis au-dessus de ces choses. Mon nom n’est pas mon être. Quand les hommes usent de mon nom, cela signifie qu’ils ne me connaissent pas.
Que dois-je faire ?
Ce que tu es forcé de faire.
Et si je refuse de croire en toi ?
Mon existence ne dépend pas de ta croyance.
Donc tu es détaché des hommes. Que signifie alors l’amour de Dieu ?
L’acceptation passionnée de moi-même comme mon plus haut accomplissement, tel qu’il se manifeste à des sensibilités nées ou à naître dans cet univers tenu pour mon vêtement palpable. Les hommes sont un brin de ce vêtement.
Pourquoi es-tu descendu sur terre en tant qu’homme ?
Je fais ce que je veux. Les hommes doivent apprendre. La communauté humaine d’amour doit être l’image de la perfection de l’ordre divin.
Les hommes n’ont rien appris. Est-ce que cela ne prouve pas un défaut dans la substance divine ?
Quand les hommes auront accompli leur totale destruction, il en subsistera un qui, lui, aura appris. Cela suffira. Et je puis attendre.
Ce n’est pas toi qui parles. Tu n’es qu’une voix parmi toutes celles qui, comme flèches de vent, soufflent par les fissures de ma cervelle.
T’attendais-tu à ce qu’il en fût autrement ?
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Et le choix (...) Il n'a pas vraiment le choix, n'est-ce pas ? L’Égocentrisme, la peur de la douleur physique, l'ont conduit à cet acte grotesque d'abaissement de soi. L'insincérité de l'acte était évidente. S'il cesse d'être malfaisant, il cesse également d'être une créature capable de choix moral.
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Cette volonté d'imposer à l'homme, créature d'évolution et susceptible d'exquise douceur, susceptible, au dernier round, de téter la succulence aux lèvre barbues de Dieu, la volonté d'imposer, dis-je, les lois et conditions propres à une création mécanique, c'est la chose contre quoi je lève le glaive de ma plume.
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