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Citations de Antonin Varenne (268)


Attacher des corps pour les libérer. Comme le ballon captif retenu par un treuil. Une réponse symétrique aux lois sociales, qui enchaînent la liberté des individus pour garantir la liberté du groupe.
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Les États-Unis ne sont pas une jeune nation, mais un commerce d'êtres humains florissant. Ceux qui débattent aujourd'hui à Washington de l'émancipation des esclaves sont les propriétaires des usines où travaillent ces femmes. Ce sont eux qui font tirer sur les ouvriers. Dans le Sud, un Blanc qui tue un Nègre ne va pas en prison, mais un Blanc qui aide un esclave en fuite ira moisir dans une cellule pendant longtemps. Le calcul est inscrit dans la loi, monsieur Bowman. Les pauvres sont trop nombreux, on ne doit pas les laisser se réunir. Les ouvrières du textile sont en grève depuis trois semaines. Les ouvriers des aciéries allaient les rejoindre. Les négociations s'arrêtent là. Si l'on tenait honnêtement le compte des revendications, des grèves et des révoltes qui éclatent ici chaque année, plus un politicien n'oserait parler de prospérité de peur de recevoir des pierres sur la tête. Et quand il n'y a pas de crise économique, comme celle-ci qui dure depuis trois ans, on trouve toujours le moyen de se lancer dans une guerre. On fait tourner les usines équipant l'armée, en lui vendant de armes, de la nourriture et des trains.
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Il fit rouler les feuilles sous ses gros doigts, impressionné par la quantité de mots, étonné que l’on puisse écrire un truc aussi long pour dire, au fond, que l’homme était un tas de boue dont il fallait se méfier.
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Avant même de discerner les tatouages sur le crâne rasé, le visage couvert de lignes tribales et percé d'anneaux, John avait reconnu Alan, aussi déplacé dans ce décor naturel qu'un ukulélé sur la banquise.
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Virgile ne se faisait aucune idée particulière sur le métier d'artiste. Du moins considérait-il cela comme un métier, ce qui n'était pas le cas de tout le monde dans les bistrots. S'il respectait les artistes, il ne connaissait rien à l'art. Dans sa famille, l'éducation des femmes se limitait à l'apprentissage des bonnes manières, pour les hommes à celui des bonnes affaires. L'art n'y était qu'un élément couteux de l'étiquette, qui se résumait essentiellement aux commandes, génération après génération, des portraits de la famille.
(p.54-55)
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C’est à bord d’un paquebot français que nous avons embarqué, avec mille autres passagers, à destination de Paris bientôt illuminée de millions de lumières.
Le Touraine, par un hasard curieux, est le dernier vaisseau de la Compagnie générale transatlantique à être encore gréé. Ajoutées à la vapeur, ses voiles jettent leurs ombres rondes sur le pont métallique. Le coton des toiles, alors que nous voguons vers la plus grande Exposition universelle jamais imaginée, fait figure de vieille tradition, d’hommage à une ancienne marine et un ancien temps. Le blanc coton de notre Sud, richesse des empires, sur lequel roule le panache noir des cheminées à charbon. Le bruit du vent est couvert par le sifflement de la chaudière. Mais aussi différentes que soient les forces propulsant le Touraine, elles nous mènent ensemble. L’étrave du navire, sans faiblir, tranche les vagues de l’Atlantique.
Un vieil oncle – rude pionnier d’une époque disparue – avait coutume de me raconter l’héroïque conquête du continent américain. Il concluait ses récits, un sourire aux lèvres, par cette phrase devenue formule magique pour l’enfant que j’étais : « L’Amérique ne connaît qu’une seule direction, l’ouest ». Pourtant, durant les six prochains mois, les boussoles de la planète ne connaîtront plus qu’un pôle, un nord éphémère et brillant : Paris.
Cette traversée vers l’Europe, pour nous, citoyens de la jeune nation américaine, est un voyage vers les origines. De telles idées – ou peut-être les voiles du navire ? – font naître à bord un sentiment surprenant, en route vers cette gigantesque exhibition de nouvelles technologies : la nostalgie. Particulière émotion, attachée à un objet qui lui échappe, le passé déjà consumé. Si la mémoire était une pomme, la nostalgie serait le ver qui s’en nourrit et dévore sa demeure.
L’évidence est là : en célébrant un siècle neuf, nous refermerons la porte de celui dans lequel nous sommes nés. Une menace plane sur nos souvenirs : le progrès, dans son empressement, balayera-t-il notre mémoire ? Parmi les passagers du Touraine, tout le monde ne s’encombre pas de tels doutes.
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Vous croyez qu’une femme vous sauvera de votre condition, monsieur Bowman ? Que c’est notre travail de fermer les yeux sur qui vous êtes ? Je ne parle pas d’un amour de cette sorte, servile et archaïque. Il y en a des plus grands. Ce ne sont pas des espoirs que vous avez, ce sont des fantasmes minables.
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Les bourgeois comme les Cornic et mes parents sont convaincus que la bonne éducation de leurs enfants est leur meilleure défense contre les préjugés dont ils sont victimes. Ils se trompent.Les aristocrates, dont les privilèges sont l’héritage du sang, ne méprisent rien tant que l’éducation.
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Vous ne croyez pas, comme Saint-Simon, que les ingénieurs seront les grands hommes de ce nouveau siècle ? Que la technologie apportera la paix et la prospérité ?
Il lui fallut encore un peu de silence pour trouver ces mots, ou le courage de répondre.
- Je suis un pacifiste, madame Bowman , mais je sais que ce ne sont pas les ouvriers ni la masse des pauvres qui lancent les nations dans des guerres. Il faut avoir le pouvoir des politiciens pour le faire. Et politiciens ne se lanceraient pas dans des conflits armés s’ils n’avaient pas le soutien des scientifiques, qui garantissent les chances de victoire grâce à leurs découvertes et leurs inventions. Non je ne partage pas l’optimisme du comte de Saint-Simon.
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La maîtrise du temps, l’instruction, est aux mains des puissants. Les peuples, occupés à survivre, n’en possèdent pas assez pour le capitaliser, le faire jouer en leur faveur. Ils empilent seulement les pierres des bâtiments qui leur survivront.
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Arthur lui donnait des conseils sur la façon d’affronter le monde : savoir se taire, garder sa poudre au sec, être toujours prête. Et peut-être aussi être belle. À la façon dont Arthur Bowman appréciait la beauté : quand elle naissait d’une harmonie entre un objet et son utilité, une personne et la place qu’elle occupait dans le monde.
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Nous avons eu notre part. Tout l'amour et les vies qui restent sont à toi.
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La nouvelle que vous apportez ,monsieur Bowman,c'est qu'il n'y aura pas de nouveau monde.Parce qu'ici la liberté de devenir soi-même s'offre aussi à des monstres comme votre ami.et face à eux nous ne sommes pas suffisamment armés.C'est le combat d'hommes comme vous,et tant que vous existerez nous resterons des utopies;Vous êtes une objection à notre projet.
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Je me suis lassé des vérités révélées, voyez-vous, qui aident à vivre mais tellement peu à comprendre. Le savoir est un guide compliqué, mais plus subtil.
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-Notre méthode de transfusion est parfaitement au point...Ce que nous ne pouvons garantir, ce sont ses résultats.
- Je vous demande pardon ?
Agnès posa sa main sur le bras d'Aileen et regarda l 'Américaine dans les yeux.
-Il y a deux chances sur trois.
Sa réponse était aussi une question. Elle cherchait l 'approbation d'Aileen, qui bafouilla :
-Deux chances sur trois ?
Les médecins, impatients, reprirent leurs explications pour elle :
-Tous les sangs ne sont pas compatibles et nous ne pouvons pas encore identifier leurs différents types.
L'opération ne présente aucun danger pour le donneur ,mais peut s avèrer sans bénéfice pour le receveur.
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Le Santo Christo va dans la bonne direction, Pete. Mais avant d'arriver à l’Équateur, il faudra faire une étape.
Où ça?
Dans la plus grande décharge d'Amérique. La poubelle du pays des droits de l'homme. La Guyane française, mon ami. Une prison aussi grande que le Guatemala.
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trois cent bisons étaient allongés dans le grand bras de la rivière. Des veaux restaient là à renifler les cadavres de leurs mères. Les trois patrons ciraient et dansaient la gigue sur leur poste de tir. Mc Rae courut jusqu'à Pete.
Beau travail fiston! Une sacrée putain de belle récolte! Tu as fais plus que ta part avec ton Yellowboy!,T'en fais pas pour les veaux, ils bougeront plus d'ici. On pourra les finir en descendant là-bas avec les chariots.
Pete contempla la moisson. La Rose Creek coulait rouge de sang et au loin s'éteignait le bruit de la charge des dernières bêtes du troupeau.
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Le jour se lève sur les derniers préparatifs de la grande Exposition. Je les vois s'agiter à mes pieds et je ne me sens bien qu'au sommet de la tour, loin du sol et d'eux. Je regarde passer ma soeur la Seine et je suis frustrée de ne pouvoir filer comme elle loin d'ici. Je les vois venir de toutes les directions, avec leurs panaches noirs et leurs sifflets, les trains chargés de machines et de travailleurs qui convergent vers moi. Ils sont partis de Marseille; d'Espagne, d'Italie, d'Allemagne, de Hongrie et de Russie. Le temps est clair et je vois dans les ports de la Manche les paquebots que l'on décharge. Je suis des yeux les méandres argentés de ma soeur qui coule à l'Ouest à travers la Normandie verte. Elle me parle tout le temps de notre petite cousine, Honfleur, et de son estuaire où le sang lavé de l'Histoire se dilue dans l'argent de la mer.
Depuis que Gustave m'a offert cette vue sur moi-même, je suis devenue nostalgique. Je détourne les yeux, envahie par la tristesse de l'altitude : la solitude.
Je ne sais plus, moi non plus, si je suis une femme ou une catin. Ne m'a-t-on pas collé à tous les coins de rue des guichets ? Je ne suis plus à conquérir ces derniers temps - temps de paix -, mais à vendre.
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"Ce que l'on voit du métropolitain, à la surface, ce sont seulement ses bouches. Mon coeur s'emballe pour un autre artiste, architecte inspiré, M. Hector Guimard. Qui a été fidèle à l'évidence : ces bouches devaient être des plantes. Des glycines, des vignes et des muguets plongeant leurs racines dans le sous-sol électrifié et minéral du métro, qui nourrit une végétation de fonte."
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Au lever du jour ils étaient entrés dans un désert. John Doe se dirigeait à la façon d'un animal, suivant un itinéraire inscrit dans une mémoire plus vieille que la sienne, sans repères visible pour Bowman. Quand Arthur commençait à savoir soif et s'inquiétait de ne voir que les cailloux à perte de vue, John s'arrêtait au pied d'un rocher où coulait un filet d'eau, à côté duquel n'importe qui serait mort sans savoir qu'il était sauvé. Pour les bêtes il trouvait toujours un coin où poussaient des arbustes aussi secs que des pierres, sur lesquels les bêtes se jetaient. Leur course avait quelque chose d'erratique et de nécessaire, suivant des détours incompréhensibles qui les menaient le soir jusqu’à une petite source surgissant d'une fissure, disparaissant un mètre plus loin sous la roche
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