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Critiques de Armel Job (665)
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Une drôle de fille

Mon deuxième roman lu de cet auteur belge, Armel Job et ce ne sera pas mon dernier ! Cet écrivain a une plume inclassable et se montre fin psychologue pour détricoter l’âme humaine dans toutes ses profondeurs. Quel régal !



L’histoire ici relève du grand maestro avec cette piqure de rappel à la Cendrillon ou des Misérables. On est catapulté dans une famille liégeoise qui semble épanouie sous les apparences. Rubel, Gilda et leurs deux enfants Astrid et Rémi, dans leur boulangerie de village, l’eau est un long fleuve tranquille. Jusqu’au jour où leur ait confié Josée, une jeune fille de seize ans orpheline.



Les a priori affluent dés le départ, la peur du qu’en-dira-t-on est omniprésente et ce, avant de rencontrer Josée. Sera t-elle apte à servir les clients à la boulangerie ? Pas trop laide, bossue, ignare, simplette ?



Les fausses apparences est en toile de fond de ce dernier roman d’Armel Job. Où Josée, une drôle de fille, est née avec une voix d’ange mais dépourvue de parents et d’amour. Elle ne sera que le fâcheux instrument de guerre d’une famille engoncée dans la jalousie, les secrets, les traumatismes, la petitesse intellectuelle. Une pauvre polichinelle qu’on retourne à sa sauce sans une once d’humanité. J’imagine bien Victor Hugo pleurer dans sa tombe en lisant ce roman tant il est pétri de misérabilisme.



Armel Job a l’art de nous retourner le cœur et l’âme et de nous confronter à nos démons, à toutes ces petites choses qui à la campagne amènent des désastres. Et dire que cette histoire est tirée en partie d’une histoire vraie, et bien j’en reste pantoise. Si Christophe Maé chante Il est où le bonheur, qu’on entend cet air qui raconte à la Bourvil que quand la vie impitoyable vous tombe dessus, on n'est plus qu'un pauvre diable, broyé et déçu, alors sans la tendresse, non, non, non, non, on n'irait pas plus loin... on ne peut que verser une larme en refermant ce livre parce que dans ce roman, ça pleure à l’amour, ça crie à la tendresse, ça vous prend aux tripes, on va dire que c’est la vie qui n’accorde pas la même chance à tout le monde. On va dire que pour faire vivre des bienheureux, il faut des malheureux.



Lisez Armel Job. Il vous broiera le cœur comme jamais.
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En son absence

Wahou, je sors de ce roman sonnée, sous le choc, ébahie, renversée.



J'avais lu Tu ne jugeras point, j'avais apprécié mais ici, j'ai craqué et adoré ce roman comme jamais. La claque ! La claque belge en plus, je m'incline !



En son absence retrace les quelques jours de plusieurs familles suite à la disparition de Bénédicte, une jeune fille de quinze ans. On suit les parents séparés, le chauffeur de bus Julien et un autre couple tumultueux. Que se passe t'il dans la tête de tous ces gens quand une jeune fille disparaît dans un faubourg belge ? Soupçons, prise de conscience, menaces, tout part en vrille. Plongée en apnée dans les abysses de l'âme humaine, dans le poumon d'êtres humains qui tanguent, se supportent, s'insupportent, se lient et se délient dans le seul but, retrouver Bénédicte.



On pourrait reprocher à Armel Job de faire l'impasse en cette année 2005 sur l'affaire Dutroux qui a ébranlé le pays. Il ne met pas son talent au service des inspecteurs et la trame n'est pas axée sur le côté policier. Par contre, quelle richesse et talent pour fouiller l'âme humaine ! Je me permets une brève et hasardeuse comparaison mais durant ma lecture, j'ai songé à Karine Tuil et Amélie Antoine (Raisons obscures) qui à eux trois savent distiller le doute et glacer le sang à partir d'un point de départ, d'une négligence pour renverser tout le sac humain dans ses conséquences. En son absence, c'est le chavirement de tout un monde qui bascule pour notre plus grand plaisir d'érudits, de lecteurs affûtés et sensibles à un tableau d'orfèvre dans toute sa psychologie et sa finesse d'esprit. Bravo Armel Job.
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Tu ne jugeras point

PEPITE ! 6 ETOILES !!!



Vais-je parvenir à décrire l’atmosphère typique de ce petit coin de banlieue, de ce vieux quartier pas loin de Liège, patrie de Simenon ?



Simenon, justement....il pourrait en parler mieux que moi, de cette histoire contée par Armel Job, lui aussi originaire de la région liégeoise, lui aussi conteur des petites gens et des grands drames. Simenon et Armel Job...oui, ce sont 2 auteurs belges ayant réussi à percer l’âme humaine jusqu’au tréfonds, à s’immiscer dans le quotidien sordide ou tout simplement banal des familles ou des êtres solitaires. « Que font les gens dont on a volé l’enfant en dehors des quelques minutes où on les voit à la télévision supplier les ravisseurs d’avoir pitié d’eux ? Un jour, deux jours, ils peuvent pleurer. Ils n’ont plus la force de parler ni même de se lever le matin. Mais après, que faire ? Il faut bien continuer à vivre, s’asseoir à table, étendre le journal, se saisir du petit couteau à éplucher » ...



Nous y voilà. Denise Desantis, mère de famille irréprochable, est effondrée. Son enfant a disparu alors qu’elle était entrée quelques minutes dans le magasin « L’Etoile », en laissant la poussette dehors. La ronde des policiers peut commencer. La ronde des témoins aussi. Et la valse des rumeurs. Qui, du rempailleur renfermé, de la jeune fille battue par son père, de la patronne de café au cœur entier, de l’oncle pas très sérieux, de la mère dignement éplorée, qui faut-il croire ? Le juge Conrad a bien sa petite idée, mais bon...Il faut procéder de façon correcte. Et donc nous assistons à toute cette procédure, aux questions lancinantes, aux questions pièges, et surtout à la reconstitution, morceau d’anthologie à la fois vif, grave et raconté avec tellement d’ironie qu’on jubile.



Car c’est de la jubilation intellectuelle que j’ai ressentie tout au long de ma lecture, jubilation mâtinée de beaucoup de compréhension et très souvent de compassion. L’esprit du lecteur va et vient, décortique, accepte, nie, et finalement est bien perplexe. Armel Job se joue de nous, d’une manière tellement fine et caustique, tellement intelligente et psychologue, qu’on se laisse dériver, comme un ballot sur la Meuse très proche...pour finalement aboutir à l’amour infini d’une mère.



Ce roman policier, à la fois intimiste et exhibitionniste, dramatique et ironique, rempli de malentendus et de vérités assénées, m’a marquée et me poursuivra durablement ! Je le recommande chaudement, il touche à la part la plus secrète de chacun d’entre nous tout en excitant notre sens du mystère.





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Une drôle de fille

13 septembre 1958, Léopoldine Vandelamalle pousse la porte de la boulangerie Borj à Marfort une petite ville imaginaire de Hesbaye, une région de Belgique.

Amusant ce mélange de lieux que l'auteur a imaginé pour camper son roman.

Tout se passe bien chez les Borj : Ruben fabrique le pain, Gilda sa femme officie dans la boutique et ses deux adolescents Astrid et Rémi évoluent normalement.

La routine !

Ce serait sans compter sur Léopoldine, représentante de l'oeuvre nationale des orphelins de guerre qui va leur proposer, leur imposer de prendre en apprentissage Josée, 16 ans, victime des bombardements pendant la guerre. La jeune fille a perdu sa famille, garde certains traumatismes et depuis connaît le placement en orphelinat.

Les Borj acceptent et Josée entre à leur service.

Gilda, la patronne va vite s'apercevoir qu'elle ne sait pas lire, mais compte à merveille. Pratique pour servir les clients.

Elle lui passe ses robes de jeune fille. Ce qui va réveiller les ardeurs de Ruben, son mari, qui va pourtant essayer de se maîtriser.

Josée fait une crise d'épilepsie dans un dancing mais ce sera la seule.

Elle fait partie de la chorale des libellules avec Astrid, la fille de la maison. On s'aperçoit que Josée a une voix en or. Le maître de la chorale et sa mère vont la mettre à l'honneur pour Noël.

Dans ce roman, Armel Job observe avec une grande habileté la mentalité de village : les commérages, les rumeurs, la jalousie, le mal, les souvenirs qui reviennent douloureusement.

Il nous prépare une surprise pour la fin avec l'identité de Josée.

Un très beau roman d'ambiance, très fin, très bien écrit.

L'ambiance des années soixante dans les petites villes où tout le monde se connaît est merveilleusement bien rendue avec une belgitude qui ne gêne en rien la lecture.

On lit des romans québecois, les romans wallons sont aussi savoureux .

L'auteur fait preuve d'humour, emploie des expressions savoureuses.

Une régal, le dernier roman d'Armel Job.

Petite anecdote, c'est ma fille, très amatrice de romans belges qui l'a lu pendant les vacances de printemps en m'annonçant qu'elle avait découvert un nouvel auteur.

Et moi qui n'avais jamais osé lui passer ses livres de peur qu'elle n'apprécie pas. L'auteur pourra compter sur de jeunes lecteurs.

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La disparue de l'île Monsin

Immersion belge au cœur de Liège, île Monsin, Herstal, la Meuse. C’est dans ce décor que Jordan, réparateur de piano découvre une jeune femme hagarde au bord de la Meuse, sous un manteau de neige.

Une rencontre éphémère qui chamboulera la vie de plusieurs protagonistes. Surtout quand cette même jeune fille des jours plus tard est portée disparue.



Armel Job nous propose avec le talent qui est sien, une histoire de disparition sous des airs de faux-semblants, le tout orchestré par l’inspecteur Lipsky. Armel Job aime les jeux de piste, les âmes torturées, la psychologie terrienne. Sauf qu’ici, je dois avouer malgré mon affection pour cet auteur belge que je n’ai pas adhéré à cette histoire, qui à mon sens manquait d’ancrage et de finesse. Les personnages, Jordan, le réparateur de piano, sa femme Edith, la mère de la disparue Helga ou le voisin Wolf, tous ces personnages m’ont semblé survolé et pas suffisamment subtils comme me l’a habitué Armel.

J’ai apprécié l’écriture mais l’histoire ne m’aura pas convaincue.



#LadisparuedelîleMonsin #NetGalleyFrance
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En son absence

Tout le monde connait ou a rencontré un jour cette hantise chevillée au cœur d’un père et d’une mère : que leur enfant disparaisse, emmené par un sombre satyre.



Armel Job joue ici assez subtilement sur cette hantise, en la mettant en scène dans un tout petit village des Ardennes belges tout près de la frontière française.

Des personnages hauts en couleur peuplent les chaumières aux murs épais le long des ruelles pentues. Il ne fait pas si bon vivre, finalement, au bord de la Sûre, car les villageois n’y sont guère avenants. Enfin, ils sont humains, voilà tout, avec leurs qualités et leurs travers.

Armel Job appuie sur ces travers, les fait ressortir avec tellement de réalisme qu’on a envie de réagir avec force devant la bêtise populaire qui se targue de rendre la justice ou devant une commère amère qui se venge en semant le mal par des paroles doucereuses.



On s’y croirait, oui.

Bénédicte, 17 ans, disparait un beau jour de printemps précoce. Elle n’arrive pas à l’école. Le chauffeur de bus en est le premier surpris, qui ne la voit pas à l’arrêt. Ce chauffeur a le cœur bien lourd...

A la fin de la journée, la maman de Bénédicte s’inquiète, et puis sombre dans l’angoisse de plus en plus profonde. Il faudra bien qu’elle avertisse son ex-mari.

Et puis les voisins s’en mêlent.

Bénédicte reviendra-t-elle ?



Armel Job s’amuse en entrant à pas feutré dans les chaumières. Il nous y invite à sa suite. Ce n’est pas très poli de se mêler de la vie des gens, mais cet auteur n’en a cure, alors tant pis, entrons !

Et nous voilà pris dans l’imbroglio de la vie cachée ou tout au moins méconnue des villageois où amour et mort, tendresse et vengeance, parents et enfants sont intimement liés.

Le suspens est subtilement distillé et la psychologie bien dosée.

C’est très agréable de jouer les voyeurs avec Armel Job !



En l’absence de Bénédicte, il s’en passe des choses...



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Et je serai toujours avec toi

Qui n’a jamais eu envie que la personne chère qui s’en va pour toujours ne dise : « Je te ferai un signe, je serai toujours avec toi » ?

Teresa, la belle et encore jeune veuve, mère de deux grands jeunes hommes, s’accroche à cette phrase prononcée par son mari le dernier jour de sa vie. Atteint d’un cancer, il peut enfin prouver son amour par cette promesse. C’est toujours quand il est trop tard qu’on se rend compte qu’on n’a pas assez aimé...Cela vaut pour les deux membres de ce couple belgo-polonais (Teresa est une Polonaise arrivée en Belgique il y a longtemps en vue de se marier avec un autochtone, ce qu’elle a fait dès sa venue).

Et quand un Croate arrive de manière inopinée après un an de veuvage, des « signes » - du moins, interprétés comme tels - font croire à Teresa que son mari l’a envoyé auprès d’elle.

C’est sans compter avec les deux grands fils pas très heureux d’assister, impuissants, à l’incrustation de ce bel étranger non dépourvu de charme que les femmes trouvent bien séduisant...



La narration alternée d’André, le fils intellectuel, étudiant en mathématiques, assez froid en apparence, et de Tadeusz, l’ainé, celui qui a repris la brasserie paternelle, coureur de jupons et bon vivant, cette narration rythme heureusement les faits qui s’enchainent sans grand suspens. L’analyse psychologique est présente, l’ambiance est bien ardennaise, avec son café, son église et son curé (nous sommes en 1996 et les bonnes gens se rendent encore à la messe dominicale).

Il y a un meurtre, comme souvent dans les romans d’Armel Job, et le coupable n’est jamais celui qu’on croit.



L’auteur pose aussi les jalons d’une réflexion sur la justice, et je ne résiste pas à citer sa phrase-choc : « Tu braques un bijoutier, tu es un criminel. Tu rases Hiroshima, tu es un héros ».



Petite intrigue policière mâtinée de relents religieux et brassée dans l’entreprise familiale, cette histoire se lit facilement et sans grande prise de tête, sauf pour les personnages qui eux, sont bien dans la mélasse.

Tout ça à cause d’une phrase inopportune d’un pater familias voulant se donner bonne conscience.

« Et je serai toujours avec toi », dans la vie et dans la mort, pour le bonheur et pour le pire...

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Loin des mosquées

« Le SEXE : le mot, bien sûr, ils le prononçaient moins que le nom de Dieu lui-même, ils le vénéraient en secret. Ils l’honoraient, non comme une partie de ma personne, mais comme une divinité qui ne m’appartenait pas, qui n’était qu’un dépôt chez moi, le saint des saints aux hommes seuls réservé, qui échoirait à l’un d’entre eux le jour venu. Ils prétendaient m’empêcher de considérer mon corps tout entier comme mon bien propre, simple, bon, naturel. Ils m’avaient confisqué la part qui les fascinait et ils lui vouaient un culte ignoble.

Un porte-sexe, voilà ce que j’étais, juste un porte-sexe. »



Voilà ce que pense Derya, la jeune Turque Allemande. Elle en a marre de cette conception des hommes de sa communauté qui enferme les femmes, qui les voile, qui les brime.

Nue dans sa salle de bain, elle s’interdit tout mouvement de pudeur lorsqu’elle entend entrer son cousin, non par obscénité, mais par « naturel ».

C’est cette attitude qui déclenche toute l’histoire. Evren, le cousin en question, un Turc Belge, en tombe amoureux (enfin, amoureux de son corps), la demande en mariage, elle refuse, et c’est l’engrenage : les familles s’en mêlent, il en va de leur Honneur etc. etc. Entre Fribourg et Liège, quelques coups de téléphone et quelques lettres scellent le destin de la jeune fille. Le voisin belge, un croque-mort, est même mêlé à l’histoire, lui qui est encore empêtré dans les souvenirs de son ancien amour. Il y a même un meurtre !



Armel Job ne nous narre plus ici une histoire typiquement belge (non, ce n’est pas une blague...). Les narrateurs changent suivant les chapitres, ce qui nous donne une vision ...cosmopolite de l’amour, du mariage, de la condition de la femme.

Il excelle dans l’art de raconter les imbroglios, les incertitudes, les mensonges, les revirements et les blessures de l’âme. Chaque phrase porte à conséquence, chaque mot est en route vers son destin.

Armel Job nous entraine, nous et ses personnages, dans un engrenage diabolique. Difficile de s’en sortir !

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En son absence

L'absente, c'est Bénédicte, 15 ans. Ce matin de mars 2005, elle ne prend pas le bus qui la conduit tous les jours à l'école. le soir, elle n'est pas à la maison quand sa mère rentre. Où a-t-elle bien pu passé ? Inquiétude, puis angoisse, la mère alerte son ex-mari, qui se rend au commissariat le lendemain matin. La police ne s'empresse guère : "c'est-une-fugue-Madame-croyez-en-mon-expérience-elle-sera-rentrée-dans-quelques-jours". Quelques jours, quatre exactement, avant qu'on sache ce qui s'est passé. Fugue, enlèvement, entre-temps les commérages, soupçons, reproches et (pseudo-)révélations vont bon train dans ce petit village des Ardennes belges, près des frontières française et luxembourgeoise : "Un instinct dont elle ignorait l'existence s'était réveillé au fond d'elle-même. Il la prévenait que les humains si paisibles au milieu desquels elle s'imaginait vivre pouvaient, du jour au lendemain, se transformer en bêtes féroces. Ils n'attendaient que le moment propice. La disparition de Bénédicte, dont ils feignaient de se scandaliser, les excitait. Depuis deux jours, les allées et venues de la police leur avait dressé les poils sur la peau. Ils salivaient, ils bandaient leurs forces pour se jeter sur une proie quelconque. Cela faisait trop longtemps qu'ils étaient contraints de se conduire en êtres civilisés".

En l'absence de Bénédicte, il s'en remue, des rancoeurs et des jalousies, il s'en distille, du fiel et du venin. Méchanceté et bêtise, tout cela n'est pas joli-joli, beaucoup de mesquinerie et de bassesse pour vraiment peu de bienveillance. Sans compter le spectre de l'affaire Dutroux qui continue à planer dans tous les esprits depuis près de dix ans. Et c'est justement là que je coince un peu. L'intrigue est située en 2005, soit des années après que la sinistre affaire précitée ait éclaté, et le traumatisme est toujours présent aujourd'hui. Alors je ne comprends pas la nonchalance de la police dans ce roman, ni la guéguerre entre ses différents services, ni la lenteur de réaction des parents, ni l'absence totale de couverture médiatique. Cela m'aurait paru plus vraisemblable si l'auteur avait situé l'histoire avant 1995, année de l'enlèvement des fillettes.

Ce bémol mis à part, ce roman choral est un thriller psychologique subtil et bien ficelé. Il décortique finement la complexité des relations homme-femme et parents-enfants, et celle de l'âme humaine, dont les vices cachés resurgissent parfois brutalement sous la couche de vernis social.

Une fin entre ombre et lumière pour un roman fluide et efficace. Un bon moment de lecture, mais qui fera frémir toute une génération hantée par ces disparitions d'enfants.
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Une drôle de fille



Je ne crois pas qu'il y ait lieu de présenter Armel Job, l'écrivain le plus connu et prolifique de Wallonie après Georges Simenon. "Une drôle de fille", parue cette année-ci, constitue son 26ème ouvrage. C'est surtout parmi les jeunes que cet ex-instituteur de grec et latin et ex-directeur de collège à Bastogne, est exceptionnellement apprécié, à en juger par les distinctions et prix que cet écrivain a reçu grâce à des lecteurs adolescents.



1958 ! Nous sommes en l'année de l'Exposition Universelle de Bruxelles avec ses hôtesses en charmant uniforme et la construction du célèbre monument de l'Atomium, dont une des neuf sphères cache un excellent restaurant.

Armel Job a 10 ans et dans sa région, en la petite ville (fictive) de Marfort, en pleine campagne wallonne, a lieu, le 13 septembre, un événement, à première vue inoffensif, mais qui aura des répercussions hautement dramatiques.



La psychiatre, Léopoldine Vandelamalle, directrice de l'Oeuvre nationale des orphelins de guerre, pousse la porte de la boulangerie de Marfort, non pas pour s'acheter du pain, des "pistolets" ou des éclairs, mais avec une demande précise au boulanger Ruben Borj et son épouse Gilda : d'offrir un contrat d'apprentissage à la pauvre orpheline, Josėe Piron, qui a le même âge que leur fille Astrid, 16 ans et est née à Liège en 1942. Toute sa famille est morte lors d'un terrible bombardement allié à Houffalize en janvier 1945 et Josée, la seule survivante, y a perdu l'ouïe et la vue pendant plusieurs semaines. Elle en a gardé une "légère déficience mentale", mais c'est une fille paisible, docile et joyeuse.



Sans enthousiasme délirant les Borj acceptent. Gilda, qui a un sacré travail à la boulangerie, avec son ménage, ses 2 gosses - car Astrid a un frère Rémi - et son mari, voit déjà ses rudes journées un peu soulagées et Ruben a calculé que cela ne lui coûterait que 80 francs belges par semaine comme rétribution (soit 8,57 € par mois, 1 € = 40,3399 FB et un gros pain de 900 grammes coûte 8 FB).



Pas trop rassurés sur les capacités de vente de la nouvelle recrue "pratiquement illettrée", Gilda et Ruben doivent constater que Josėe compte très vite et bien, comme si elle a une calculatrice en tête et qu'on puisse lui faire confiance avec les clients.



Le 11 octobre s'ouvre à Marfort le dancing - de nos jours on dirait discothèque - le Wigwam. Non sans difficultés, Astrid et Josėe réussissent à se rendre à l'ouverture. Josėe est totalement émerveillée par le chanteur Henri Breyre et son succès, la chanson "Diana" qu'elle chantonne avec lui. Après c'est une "tornade venue de l'autre côté de la mer du Nord (qui) va s'abattre sur le Wigwam" : Tommy Steele, le roi du rock and roll.

Les décibels que ce troubadour moderne produit, accompagné par un orchestre déchaîné, en combinaison avec un jeu de lumières crues et fortes, sont, hélas, trop forts pour notre pauvre Josėe qui fait une crise d'épilepsie.



Pour Gilda c'est le signal du départ de la "drôle de fille", mais la diplomate Vandelamalle persuade les Borj à donner à Josėe une seconde chance. Entretemps, il est de notoriété publique qu'elle a une voix de cristal et chante le tube à la mode, "Diana", à la perfection. Aussi bien que pour la messe de minuit de Noël, c'est Josėe qui assurera en solo le "Stille Nacht, heilige Nacht" ou "le douce nuit, sainte nuit" en version allemande à l'église Saint-Remacle de Marfort. Dans l'église entière "tout s'est figé. Les chuchoteurs impénitents pour une fois font pénitence, les tousseurs incontrôlables se contrôlent"... Bref, le succès est immense et comme le concert est retransmis en direct sur les ondes de la radio, apprécié en très haut lieu. En effet, la reine-mère Élisabeth de Belgique est tellement impressionnée par la performance de notre héroïne qu'elle l'invite à son Palais de Stuyvenberg à Bruxelles.



Son colossal talent fait évidemment des jalouses parmi les quinze jeunes filles de la chorale des Libellules, en particulier chez Astrid. L'invitation royale envenimera la situation à l'extrême. Je vous laisse découvrir ce dénouement dramatique, ainsi que le post-scriptum de l'auteur, qui nous transporte en mai 2018.



En l'été 1958 j'allais sur mes 12 ans et je me souviens que le dimanche de la kermesse dans le village de mes parents (Vive Saint-Éloi/Sint-Eloois-Vijve, aujourd'hui incorporé à Waregem) après la grand-messe, les cantiques faisaient place dans les hauts-parleurs du centre du hameau à "Diana" dans la version anglaise de Paul Anka. Le chanteur d'origine canadienne et de parents libanais a établi, à l'âge de 16 ans, avec ce disque le record du monde des 45 tours le plus vendu dans l'histoire : 9 millions d'exemplaires.



Armel Job dans ce roman, ne fait que confirmer ses différents talents : de raconteur, de fin psychologue, de maître évocateur de situations, endroits et contextes. J'accorde volontiers et avec grand plaisir une mention spéciale pour sa langue et l'emploi d'expressions, locutions, métaphores... rarement utilisées et cependant si éloquentes.

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La disparue de l'île Monsin

Ce 25 janvier, Eva, 32 ans, n'est pas venue à l'anniversaire de son frère, et ce n'est pas normal. Elle n'a pas prévenu, elle est injoignable, personne ne sait où elle se trouve. Helga, sa mère, s'inquiète et alerte la police. Celle-ci juge la situation inquiétante et fait diffuser un avis de disparition à la télévision. Un témoin se manifeste : Jordan, loueur de pianos, a aperçu Eva en pleine tempête de neige, précisément le 25 janvier vers 23h, sur le pont-barrage de l'île Monsin, sur la Meuse. Intrigué, il a arrêté sa camionnette et a convaincu la jeune femme, hagarde et frigorifiée, de monter à bord pour qu'il la conduise à la gare la plus proche. Il est le dernier à avoir vu Eva, qui n'a plus donné signe de vie ensuite.

Disparition volontaire, enlèvement ou meurtre sans cadavre, cette enquête est une aubaine pour l'inspecteur Lipsky, qui y voit l'affaire qui va enfin lancer sa carrière de fin limier, jusque là stagnante au milieu de la paperasse. Las, le jeune loup aux crocs aiguisés s'avère un canasson aux œillères bien rigides...



Armel Job sait y faire en matière d'analyse psychologique, et il maîtrise l'art d'orchestrer les fausses pistes, les trompe-l’œil, les non-dits, les malentendus et les secrets de famille pour égarer le lecteur. A partir des points de vue des différents personnages, on reconstruit peu à peu l'histoire d'Eva, et on réalise l'ampleur de l'incompréhension entre elle et sa mère, le rôle du vieux voisin un peu trop prévenant et l'importance d'un drame pourtant étranger à l'affaire (la mort par noyade de deux fillettes et d'un pompier un an plus tôt dans la Meuse), mais qui a réveillé un insurmontable sentiment de culpabilité.

Cette histoire qui se déroule en région liégeoise n'est pas désagréable à lire, mais globalement j'ai eu du mal à croire à cette intrigue un peu tirée par les cheveux, et je ne me suis pas arrivée à m'attacher aux personnages, qui pour moi ne sont pas assez aboutis. Quant à l'épilogue, j'ai trouvé qu'il sonnait faux. Un polar parmi d'autres, vite lu, vite ... disparu de mes souvenirs.



En partenariat avec les Editions Robert Laffont via Netgalley.

#LadisparuedelîleMonsin #NetGalleyFrance
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Baigneuse nue sur un rocher

Grand merci à Cécile de m'avoir fait acheter cet ouvrage :



C'est l'histoire truculente d'un tableau qui met le feu aux poudres au sein d'un petit village , niché au coeur des Ardennes liégeoises, en Belgique: une contrée à l'apparence tranquille , avec son charcutier, ses artisans, ses riches, ses veuves, ses amours , son curé , que l'auteur égratigne à sa façon, fine et ironique,il s'en moque allégrement ainsi que des rites catholiques ...le curé Duchevet : " Quelques rides à peine, comme les rayons d'un ostensoir autour de ses yeux rieurs ...." .



Une trés jolie personne, Thérése, la fìlle du charcutier est approchée par le peintre José Cohen, éléve de Modigliani, il l'a convaincue de poser nue sur un rocher , au bord de la rivière ....



Le tableau est demeuré secret jusqu'à ce qu'un journal local en dévoile l'existence.....



Scandale, effervescence : l'auteur excelle à peindre l'ambiance glauque , méfiante , trouble et pesante de l'après guerre , nous sommes en 1957....



Les secrets liés à la résistance remontent à la surface, où l'on cultivait le secret bien sûr , mais pas que.

Certains en profitent pour régler des comptes avec leurs concitoyens , ceux qui étaient déportés cherchent à savoir ce que faisaient leurs épouses et leurs amis durant cette longue période .



Ces histoires du passé qu'il serait peut -être bon de ne pas révéler mais que le présent ne taira pas ....

José Cohen , artiste portraitiste juif a fui Liège durant la guerre ...

Que deviendra ce tableau intitulé Baigneuse nue sur un rocher"? Et les protagonistes de cette histoire ? Les paysans conventionnels , un peu arriérés, frustres, ne comprennent pas le portrait de José ....

Je n'en dirai pas plus ....

L'auteur observe ses personnages au plus près , d'une maniére exquise , à l'aide d'une écriture élégante , semblable à une toile pointilliste et colorée, impeccablement travaillée ....



Il portraitise au petit point par petites touches, fines et poétiques telles, que le lecteur découvre et visualise chaque personnage comme s'il l'avait en face de lui .

Il nous précipite dans le récit qui révèle le passé pour en assumer le présent ...dialogues savoureux , secrets révélés , amour et violence , jalousie, trahison, omission et manipulation, duplicité et compromission, vengeance, lâcheté et tromperies, malheurs de la guerre, infamie, incivisme , trafics , révélations insidieuses, terrasser le passé ? Boîtes à secrets , remous.....



Réveil des vieilles querelles , au lieu de plonger son lecteur seulement au coeur de la société de l'après guerre , l'auteur , à sa maniére truculente et savoureuse , étoffe et dénoue les activites troubles , voire les crimes liés à cette période .

La fin est surprenante , accrocheuse , dramatique et .... Amusante ....

Du grand art!

Extraits :

" Tu n'as jamais eu les genoux , les bras, le ventre qui rient ?

Monsieur José m'a expliqué qu'on a son âme sur toute la surface du corps. Et tu vois, dans ce moment - là, personne ne m'a dit quelque chose de si juste , de si vrai, sur ce qui m'arrivait.

C'est pour cela que j'ai recommencé à poser....."

"Quant à Emma, son Emma , son amour, il la bourra de cochonnailles sur un ton paisible, mais sans réplique .Sa beauté s'éteignit , confite dans la graisse, engloutie dans les camisoles et les culottes monstrueuses que Léopold pendait au fil à linge en pleurant ."...







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Sa dernière chance

Armel Job nous emmène dans une famille bien sous tous rapports. Enfin , extérieurement.

Marie-Rose et Édouard ont 4 enfants. Elle travaille comme gynécologue dans un hôpital de la ville et son mari a une agence immobilière.

La soeur de Marie-Rose, fragile psychologiquement, garde les 4 enfants et vit à demeure chez sa soeur.

L'aîné des enfants donne un ordinateur à sa tante et lui en explique petit à petit les rouages.

Élise, la tante va donc sur Internet et se met en tête de rechercher un mari. C'est ainsi qu'on pourrait l'imaginer.

Elle fait la connaissance d'un antiquaire au comportement plus que fourbe. Il semble tremper dans un trafic d'oeuvres d'art religieux volées avec l'aide d'un chanoine encore plus malhonnête que lui.

L'histoire va petit à petit prendre une tournure dramatique et surprenante dans le genre de l'attrapeur attrapé.

Le rôle joué par les observations du serveur du bistrot où Élise et Pierre, l'antiquaire se rencontraient, de l'hôtesse de l'hôtel où ils se rencontraient plus intimement nous aident à avancer dans la connaissance des personnages.

L'auteur belge admis à l'académie de la langue française De Belgique nous promène dans les rues de la ville de Liège qu'il connaît bien et fait aussi référence à la ville de Verviers où habite Élise.

Une analyse très fine ainsi que la trame du roman, un langage très choisi et précis font du roman d'Armel Job une lecture appréciable.

Un petit côté désuet et rigide dans la plume de l'auteur m'a un peu éloigné des 5 étoiles.

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La disparue de l'île Monsin

En 2011, deux petites filles se noient dans la Meuse. Les pompiers effectuent des recherches pour les retrouver au pont barrage de Liège et un jeune pompier perd la vie, entraîné dans les eaux trop fortes.

Voici le point de départ dramatique qui a inspiré Armel Job pour son dernier roman.

25 janvier 2012, Jordan Nowak, accordeur de pianos revient de la salle de concert où il a loué et accordé le piano au centre ville de Liège. Il doit traverser le pont barrage dans sa camionnette pour rejoindre son hôtel. Dans la tempête de neige, il aperçoit une silhouette. C'est une jeune femme, il craint qu'elle ne se jette à l'eau. Il s'arrête et lui vient en aide.

Le lendemain, de retour auprès de sa femme et de ses deux fils en Ardennes, il ne raconte rien mais lorsqu'il voit l'avis de disparition de la jeune femme sur l'écran de télévision, il réagit et téléphone au policier local pour témoigner.

De fil en aiguille, on s'apercevra que Jordan sait beaucoup plus de choses qu'il ne dit. La police liégeoise sous les traits de l'inspecteur Lipsky va enquêter, suspecter Jordan, le voisin d'Éva qui habitait à Eupen dans son enfance.

J'ai beaucoup apprécié le cheminement de l'enquête où comme lectrice je me posais des questions au fur et à mesure.

J'avais l'impression de participer à l'enquête.

Le seul petit défaut que j'ai noté, c'est que nous sommes en 2012 et dans certains détails, j'avais l'impression de me retrouver dans les années 60. C'est peut-être voulu après tout.

Armel Job aborde le thème de la culpabilité dont Éva ne saura jamais se débarrasser.

Un roman très bien mené et très bien écrit.
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Tu ne jugeras point

Denise, mère de famille de quatre enfants, s’en va à l'épicerie, son dernier enfant David, 13 mois dans la poussette. Elle le laisse quelques minutes sans surveillance le temps d’une petite course et là c’est le drame, David n’est plus dans la poussette.



J’ai retrouvé cette saveur belge dans la plume d’Armel Job, l'enquête nous amène en province liégeoise au plus près de gens communs.

Sous forme d’enquête, on suit le quotidien de cette famille, leurs habitudes, leurs misères. Le juge Conrad décortique jusqu’au dépouillement, qui est cette mère laissant seul son bébé sans surveillance ? Enlèvement, infanticide ?

Le doute est subtilement distillé dans ce roman avec un portrait fin des personnages. La vie d’une famille disséquée à la loupe avec grande clarté.

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Loin des mosquées

Ça commence par un bête accident de corbillard sans gravité (ou plutôt avec une gravité à retardement) sur la route entre Bruxelles et les Ardennes belges, et ça se termine par une virée/cavale à Fribourg, même si le premier de ces événements est en réalité la conséquence du second. Et entre les deux, on nous raconte quelles ont été les causes qui ont mené à cette conséquence.

Or donc, nous avons Evren, jeune homme vivant à la Tannerie, quartier turc d'une petite ville belge. Aujourd'hui, Evren se marie, mais pas de gaieté de coeur, avec sa cousine Yasemin, qui vient de débarquer de son village d'Anatolie. Un mariage arrangé par la famille, Yasemin est ravie, Evren se désintéresse de l'affaire, anesthésié par son amour déçu pour son autre cousine, Derya. Derya, née en Allemagne, dans une famille turque très traditionaliste, qu'Evren a demandée en mariage, et qui a été éconduit par la belle, laquelle a ensuite changé d'avis, mais trop tard. Pourquoi ce revirement inattendu ? Pour une question d'honneur de la famille, honneur qu'il conviendra de sauver ou de laver à tout prix, y compris dans le sang.

"Loin des mosquées" est une incursion dans la communauté turque immigrée, qui oscille entre, d'une part, traditions et honneur à protéger, et d'autre part volonté d'intégration et de liberté, une situation complexe qui conduit parfois au drame. Ce roman nous est raconté à quatre voix. A celles d'Evren, de Yasemin et de Derya s'ajoute celle de René, croque-mort (le conducteur du corbillard susmentionné) et regard extérieur à ces traditions qui le dépassent, mais embringué malgré lui dans des tourments familiaux qui basculent vers le thriller.

J'ai lu ce texte quasiment d'une traite. Cette histoire tragi-comique est drôlement bien construite, avec l'alternance des points de vue et les questionnements et comportements des uns et des autres, qui m'ont tous semblé très crédibles et réalistes. L'histoire serait presque rocambolesque s'il n'y avait pas ce triste contexte du sort peu enviable de ces (jeunes) femmes coincées dans un carcan patriarcal d'interdits ancestraux et intangibles.

"Loin des mosquées" est mon premier roman d'Armel Job, et je dois cette découverte aux nombreux avis positifs lus sur Babelio (merci les ami.e.s !). Premier, mais donc pas dernier :-)
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Le bon coupable

Qu’est-ce que c’est, une « tête d’écraseur d’enfant » ?

Une tête de petit magouilleur, traficoteur de bétail malade ? Ou une tête de procureur du Roi, bien propre sur lui, bien lisse ?



Cet enfant, c’est une petite fille à la bouche de cerise, aux cheveux de soie, cette petite Clara claire et fraîche, qui, le dimanche 17 juillet 1960 entre midi et midi quart, s’élançait vers le garage de son père, de l’autre côté de la route, à la demande de sa mère.

Un chauffard l’écrase.

Un chauffard l’écrase...et prend la fuite.



Un chauffard prend la fuite...et c’est l’univers qui se déchire.

La culpabilité se lève du fond des consciences et des inconscients. Chaque personne proche de Clara se sent concernée. La maman et le papa, d’abord, mais aussi le grand frère.

Et puis le chauffard...mais lequel est-ce ? Le juriste irréprochable ou le magouilleur ? C’est qu’ils sont mariés, ces deux-là, et leurs femmes s’en mêlent et s’emmêlent...

Une lourde bourbe remue en chacun des personnages - tous ceux qui, de près ou de loin, sont mêlés au drame - une insidieuse remise en question commence à les tenailler : leur passé ressurgit, leurs drames et leurs déboires, leurs petites vies si anodines et pourtant si vastes.



Avec un sens inné de la justesse et de la profondeur, sans tomber dans le pathos mais avec toute l’humanité du monde, Armel Job m’a encore une fois emmenée dans le magma intense des sentiments. Intense, oui. Et terrible.

Sous couvert d’une écriture légère et perlée de poésie, Armel Job touche la véritable nature des choses, la véritable nature humaine, ô combien complexe.

Le tout ancré dans un petit village, coin de verdure où coule une rivière. Ce village, c’est en Belgique, dans les Ardennes ; je viens d’y passer 2 jours, c’est un paradis de calme et de douceur. Et pourtant, c’est là qu’Armel Job a choisi d’y planter son drame, détonateur d’implosions intimes.



« On est tous coupables, d'une façon ou d'une autre. Chacun doit se débrouiller avec ses propres fautes ».

Je conseille ce livre pénétrant à ceux qui n’ont pas peur de creuser en eux-mêmes. Ils y trouveront réponse à des questions, peut-être, et un vif plaisir, certainement.

Un chef-d’œuvre !



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Une drôle de fille

« Avec les meilleures intentions du monde, nous sommes bien souvent rattrapés par la médiocrité humaine, moi tout autant que vous ».

Aïe, vous sentez-vous interpellés, comme moi je l’ai été ?





C’est vrai qu’Armel Job met ici le doigt où ça fait mal. Bien mal, même, pour cette famille d’une petite ville de la province de Liège, en Belgique.

Le père est boulanger. La mère sert au magasin. La fille ainée a 16 ans et fait partie de la chorale, le fils cadet, on n’en parle pas trop, du moins pas avant la fin. Une famille comme il y en a tant.

Et puis un jour, arrive la messagère du malheur : une dame patronnesse leur demande d’employer comme serveuse une orpheline de guerre (nous sommes en 1958), de la nourrir, la loger, la blanchir. Josée a 16 ans et une voix magnifique….





Bluffée ! Oui, j’ai été bluffée par l’habileté d’Armel Job à décrire précisément les désirs, les turpitudes, les regrets, les hontes cachées d’une petite ville des années 50. En toile de fond, la guerre, qui est encore dans les mémoires avec ses bombardements et ses résistants. La jalousie, bien cachée, éclate au grand jour et les rumeurs vont bon train. Les femmes ne sont pas au pouvoir, mais exercent dans leur famille une domination sans faille.





C’est pour moi un des meilleurs livres d’Armel Job, qui s’est déchaîné à faire lever la mauvaise pâte et à la cuire, pour le malheur de ses personnages, mais pour notre plus grand plaisir.

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En son absence

En route pour le lycée, ce jeudi 5 mars 2005, Bénédicte s'est attardée près du pont de la Sûre. Il faisait beau.

Elle n'a pas pris le bus habituel, n'est pas rentrée chez sa mère le soir. Il s'avère qu'elle n'est pas allée en cours. Que lui est-il arrivé ?

On imagine le pire, le procès Dutroux a débuté quelques mois plus tôt. L'affaire hante les esprits, a fortiori dans l'Ardenne belge.



Roman noir, thriller psychologique d'une remarquable finesse.

On découvre alternativement les pensées sombres et les secrets des parents de Bénédicte et des autres habitants du village, les drames passés, les vieilles rancoeurs.

Chacun fait son mea culpa de son côté, dissimule (pour se protéger) des éléments qui pourraient faire avancer l'enquête, suspecte untel ou untel, quitte à pousser certains à faire justice eux-mêmes.



Lecture angoissante, douloureuse. On se détend de loin en loin avec les réflexions bêtes et méchantes de la vieille Mme Maca. Si tout n'était pas si tragique, on pourrait en rire.



J'avais décidé de faire une pause avec les histoires de disparitions d'enfants/adolescents.

C'est le nom de l'auteur qui m'a attirée, souvent encensé sur Babelio.

Le titre aurait dû me mettre la puce à l'oreille.

Quoi qu'il en soit, je ne regrette rien. Armel Job dissèque à la perfection les relations de voisinage et les rapports complexes au sein des couples et des familles. Tout en posant subtilement la question de l'homme 'prédateur' (viol, pédophilie, inceste) :

« Avant de se sécher, elle resta un moment, frissonnante, devant la glace. Une femme peut-elle vraiment imaginer ce qu'un homme ressent à cette vue ? Longtemps, à une fille, chaque parcelle d'elle-même semble aussi innocente que sa main ou que son pied. Jusqu'au jour où le regard hébété des garçons lui révèle le double sens de sa chair. Comme si son corps, dont elle connaissait la langue familière, s'adressait tout à coup à l'autre dans un idiome nouveau qu'elle ne maîtrise pas. C'est parti pour le grand malentendu. »



A lire, dès quinze ans. ❤️
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Les fausses innocences

Roger Müller est célibataire et le bourgmestre ( maire) de son village en Belgique dans les cantons de l'Est en 1962.

Roger est amoureux de Mathilda depuis sa jeunesse mais le médecin, André Stembert l'a mariée.

Il le déteste et c'est réciproque.

Mathilda arrive un matin dans son bureau pour lui annoncer que son mari, le docteur, est mort dans un accident en Allemagne alors qu'il assistait à un congrès.

André est très troublé car il a rencontré le docteur la nuit sur la route. Il venait d'abîmer sa voiture et lui a avoué qu'il voulait quitter Mathilda pour aller rejoindre sa maîtresse en Allemagne mais...Roger l'a déposé devant chez lui, en lui donnant l'ordre de rejoindre son foyer.

Il croit que Mathilda a tué son mari mais il aime cette femme.

Doit-il chercher la vérité et la dévoiler?

Une histoire très étrange où on apprend le passé très lourd de Mathilda.

Le roman a été écrit en 2005, avec la très belle plume d'Armel Job, un peu différente de ses derniers romans où l'écriture est plus délicate, plus douce. Ici, l'auteur rentre très bien dans la vie de ses personnages et dans l'ambiance qu'il veut nous décrire dans la campagne belge des "pays rédimés".

Le narrateur de la majorité des chapitres est Roger qui parle à la première personne.

Tous les quatre chapitres, c'est Mathilda qui prend la parole et nous donne sa vérité des faits.

C'est un roman admirablement bien écrit et bien construit.





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