Citations de Arnaud Cathrine (411)
Je passe mon temps à voler des gens. Dans le métro, dans la rue, au café, sur la plage. […] Je tente de les deviner, aucun ne doit me rester étranger, je veux les garder, je finis par les inventer, ce que je nomme voler.
Il va falloir que la mort serve à quelque chose.
"Plus personne à réchauffer la nuit. Plus personne qui respire à côté de moi. On cherche tous la même chose, un vivant à proximité, une âme à portée de la main, un baume à consommer sur place."
-Et si tu pouvais éviter de te trimballer à poil tout le temps ! On sait comment tu es fait, merci !
Vieux débat entre elle et moi... Je me suis toujours senti mieux tout nu et j'estime le port des vêtements inutile dans approximativement 80% des cas. Mes parents ont sans doute pensé que ça allait me passer avec les changements qu'opère sur nous la puberté, mais que dalle. Alors on a passé un contrat (tout à fait en ma défaveur) : nudisme autorisé dans ma chambre mais basta. Autant dire que le monde m'est une camisole atrocement étouffante.
" C'est quand on se retrouve: je te serre dans mes bras, je colle mes lèvres sur ta nuque et tu me manques déjà. "
"Il y trouvera notre amour inchangé quoique blessé d'avoir été écarté, il lui fera signe de le suivre, il remontera à la surface des vivants avec lui, il empoignera cet amour et le remettra à la place qu'il n'aurait jamais dû quitter, la place du coeur."
Aux autres, Benjamin s’arrangeait pour donner l’impression qu’il se livrait sans compter. Il avait fabriqué un second masque à celui, incompréhensible, de la pudeur. Il savait que la réserve et la discrétion, paradoxalement, le mettaient à nu ou, tout du moins, ne rendaient que plus visible son absence d’épanchement. Alors il était prolixe, comme pour mieux garder par-devers lui ce qu’il n’aurait souhaité brader sur le trottoir pour rien au monde. De même écrivait-il des fictions qui constituaient le compromis le plus confortable pour se livrer sans se deshabiller ni jeter son intimité en pâture. Je ne pouvais que l’y encourager: il ne faut pas faire confiance à ce que les autres feront de vous.
A nous, en revanche, Benjamin parlait beaucoup. Mais il ne nous disait pas la même chose à tous. Non pas qu’il bâtit des versions contradictoires de sa vie, il en distribuait plutôt les pans en fonction de ce que chacun lui inspirait.
Un duvet blond est apparu au-dessus des lèvres de Darl, qu'il ne daigne pas raser comme craignant je ne sais quoi. De devenir un homme peut-être.
Benjamin disait souvent qu'il s'était mis à écrire parce qu'il ne savait pas suffisamment faire entendre sa voix. Il venait du silence.
Que jamais les livres ne me soient une passion. Juste une nécessité. Qu'ils ne m'enlèvent jamais du monde et restent le prétexte à notre rencontre ou le moyen de ma solitude.
Et nous faisons l'amour. Il n'y a pas d'hésitation. Pas de scrupule ou le sentiment qu'en ce jour, il ne faudrait pas. Non, au contraire. C'est notre réponse. C'est la seule réponse pour le moment.
C'est à moi de faire les premiers pas, je fais tout pour deux, je dois ressembler à une personnage de dessin animé qu'on aurait mis en accéléré : je bouillonne de gestes, les miens et ceux qu'il ne fait plus.
Alors la question s’est posée. Car quand on commence à aimer, il s’agit de décider si l’on va aimer. Ou non. Je veux dire : s’abandonner. Ou pas.
Gagner du temps.
Sur quoi ?
Pourquoi ?
– Il se passe un truc.
– Tu crois?
– Un truc chelou, je te dis
On est sans cesse contraints de se demander si c'est un cauchemar, si on a bien entendu, bien vu; tout ça pour en arriver chaque fois au même constat : impossible de prendre la mesure des choses
Remplacer. Un truc de survie quand on se suffit si peu à soi-même.
Et puis , bien sûr, il y a toujours un mauvais moment à passer, vers dix-neuf heures. Sans doute l'entrée dans la nuit qui annonce ce à quoi j'ai toujours répugné- la perspective du sommeil- et qui épaissit la solitude. (p. 176)
Lui était de ceux qui vont un peu trop loin dans ce qu'ils font et dans ce qu'ils disent, comme par crainte de paraître fade ou ennuyeux. Elle trouvait attendrissant de le voir forcer sa nature complexée.
Les seuls moments où je me suis senti vivant, c'est avec toi. La seule seconde de ma vie où je suis senti vivant, c'est la longue et géniale éternité que j'ai passée à tes côtés, en quelques années.
Il y en a qui disent que l'éternité c'est trop long.
Les cons.