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Citations de Arthur Miller (168)


WILLY : À l'époque la qualité humaine d'un homme, Howard, son caractère, son humour, sa gentillesse comptaient plus que la marchandise qu'il représentait ! On se sentait unis, tous on faisait des affaires entre nous, oui, mais avant tout on se parlait, on s'aimait. Aujourd'hui c'est fini, tout est froid, sec, dur, l'amitié, la confiance, la solidarité, on en veut plus en entendre parler, on en ricane même ! Quant à la personnalité humaine, on s'en fout, on crache dessus et on ne pense qu'à piétiner le copain, qu'à l'enfoncer plus bas que terre !

Acte II.
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WILLY : Qu'est-ce que tu fous encore debout à ton âge ?
CHARLEY : Je peux pas dormir, l'estomac...
WILLY : Quand on sait pas manger...
CHARLEY : Pourtant, je mange avec la bouche Willy, je t'assure !
WILLY : Faut se tenir au courant des vitamines et des trucs comme ça !
[...]
CHARLEY : Alors, et les vitamines, expliques-moi ça ?
WILLY : Les vitamines fortifient les os !
CHARLEY : Tiens donc ! Et il y a des os maintenant, dans l'estomac ? On n'arrête pas le progrès, dis donc !

Acte I.
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WILLY : Voilà, ils nous ont emmurés vivants, briques sur briques, coincés comme des rats entre leurs deux tas de clapiers !
LINDA : On aurait dû acheter le terrain mitoyen.
WILLY : Et les voitures, tu as vu, ça déborde de voitures par ici maintenant, l'air en est infesté, même le gazon ne pousse plus, tiens plante une carotte, avec un peu de chance tu récolteras un radis rachitique ou un navet nain ! Tu te souviens Linda, les deux grands ormes là-bas ce qu'ils étaient beaux, et quand Biff et moi on y avait mis un hamac, tu te souviens ?
LINDA : On se serait cru à des milliers de kilomètres de la ville.
WILLY : Tu sais quoi ? On aurait dû couper les têtes de ceux qui ont coupé ces arbres, ils ont bousillé le quartier, Linda, et ils vont bousiller le pays entier, partout ils construisent leurs clapiers ! Tu te souviens des fleurs, Linda ? Maintenant ce serait les glycines non . Et juste après, les pivoines, et dans un mois les jonquilles, et les lilas, Linda, le lilas, tu te souviens du lilas ?
LINDA : Bien sûr, mais d'un autre côté, il faut bien que les gens trouvent à se loger.
WILLY : Il y a trop de gens !
LINDA : Je ne crois pas qu'il y ait trop de gens chéri, je crois que...
WILLY : Il y a trop de gens ! La surpopulation, c'est ça qui est en train d'étrangler ce pays, la concurrence est devenue dingue, tout le monde ici se prend à la gorge, c'est à qui écrasera l'autre !

Acte I.
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BIFF : On n'est pas faits pour vivre enfermés entre quatre murs, Happy, à attendre que les autres crèvent pour prendre leur place ! De l'air, de l'air !
HAPPY : J'en rêve Biff, j'en rêve ! Si si ! Des fois, j'ai envie d'arracher ma liquette en plein magasin, de me taper sur la poitrine et puis de me jeter sur ce nabot de directeur commercial et de te le ratatiner... parce que moi, d'une main, je peux les mettre K.-O. tous, tu m'entends, K.-O. ! En attendant, c'est moi qui fais leurs courses et qui lèche les bottes, à tous ces minables ! J'en ai marre Biff, si tu savais comme j'en ai marre, ils sont tellement vulgaires, tellement, et le pire, c'est que tout doucement, je sens que je deviens comme eux, comme eux Biff !
BIFF : Lécher les bottes, Happy, c'est une chose qu'on ne m'a pas appris à faire...
HAPPY : Ni à moi Biff, ni à moi ! Je me force tu sais, ça fait mal des fois...

Acte I.
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Arthur Miller
Pourquoi as-tu fait ça, Willy ? J'ai fait le dernier versement aujourd'hui... Justement aujourd'hui, chéri... et il n'y a plus personne chez nous. Nous sommes libres. Libres... Nous ne devons plus rien à personne... Libres... Libres.
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Tu vas comprendre. Depuis le collège, depuis six ou sept ans, j'ai essayé de me fabriquer un avenir. Expéditionnaire... commis voyageur.. toutes sortes de bricoles. Tout cela est médiocre : le métro, le matin quand il fait beau dehors. Foutre toute une vie en l'air à faire des relevés, ou à téléphoner, ou à vendre, ou à acheter... Et souffrir pendant cinquante semaines en pensant à deux malheureuses semaines de congé... Alors que tout ce qu'on désire vraiment, c'est d'être en plein air, et de tomber la veste... Et toujours être obligé d'enfoncer l'adversaire... C'est comme ça qu'on se fait un avenir, n'est-ce pas ?
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Perce Howland est assis sur sa selle, le dos contre la cabine de verre piquée au bord de la route. Il a le menton dans les mains, les yeux fixés au sol. Voyant la voiture reculer, il l’observe d’un œil endormi. C’est un de ces cavaliers qui s’exhibent dans les rodéos – c’est-à-dire, à l’approche de la trentaine, une sorte de vagabond, dormant neuf fois sur dix sans même se déshabiller, riche puis fauché au cours du même après-midi, connu de tous les petits hôtels du pays dont il s’est fait expulser un mois plus tôt pour grivèlerie. Il ne montre pas encore l’oreille en chou-fleur, les dents de devant ébréchées ni l’œil hébété propres à l’espèce, mais sa figure a déjà été recousue et ses os cassés plusieurs fois.
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WILLY : Le monde est une huître perlière Happy, mais on ne l'ouvre pas en ronflant !

Acte I.
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BIFF : Je suis paumé Happy, paumé... Je ne touche plus le sol ! Je ne sais pas ce que j'ai... Je suis libre comme l'air Happy, je ne suis pas marié, je n'ai pas de métier, je ne suis pas dans les affaires, ni même dans la vie active, je suis comme un enfant Happy, comme un enfant, j'attends impatiemment le jour où je serai enfin grand... Mais toi au moins, t'es heureux ? tu as réussi non ?
HAPPY : Si on le dit vite et la bouche en biais, ouais !...
BIFF : Tu gagnes bien ta vie non ?
HAPPY : Moi, mon vieux, j'attends que mon directeur commercial crève, c'est un copain hein, mais... oui. Il s'est fait construire une maison, il l'a habitée deux mois, il l'a revendue, il s'en fait construire une autre, plus grande, avec une piscine plus grande aussi... Déjà, il cherche à la revendre, il ne sait pas profiter de son pognon, c'est maladif ! Et je sais déjà que ce sera pareil pour moi... Tiens, des fois je suis dans mon deux-pièces, terrasse, tout confort, et je me demande ce que je fous là, et pourquoi je paye si cher le loyer de cet endroit où je ne suis pas chez moi ! Pourtant, c'est ce que j'ai toujours voulu : un appartement à moi, une grosse voiture et plein de pétasses partout, qui attendent leur tour. J'ai tout ça et pourtant...

Acte I.
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CHARLEY : Tout cela n'a aucune valeur marchande, ce qui compte, tu le sais mieux que personne, c'est ce qu'on peut vendre et livrer !
WILLY : J'ai toujours refusé leur foutue loi du marché... J'ai toujours cru que ce qui était important, ce n'était pas ce que le vendeur avait à vendre, mais ce qu'il était lui, réellement, profondément, et que c'était lui qu'on aimait vraiment, et pas sa marchandise...
CHARLEY : Et pourquoi les gens s'aimeraient, pourquoi, à quel titre, ça leur rapporterait quoi ?

Acte II.
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CHARLEY : Qui sait de quoi un homme est fait Biff, surtout un commis voyageur ?... Essaie d'en peser un pour voir ! Plus léger que l'air, il te filera entre les doigts, il plane bien haut dans les nuages, chevauchant sa valise d'échantillons, avec son sourire comme une armure et ses chaussures trop bien cirées comme stratégie. Qu'une tache vienne salir son chapeau, et le voilà qui dégringole, mais qu'un vieux client perdu lui rende son sourire et le voilà reparti vers les sommets. Non, il ne dicte pas de lois, il ne construit ni maisons ni ponts ni usines, il ne donne ni médecine ni remèdes, il parle, il parle, il parle, d'une ville à l'autre, il court apporter un bon mot et la promesse d'une saison heureuse et fructueuse. Ne cherche pas à savoir de quoi il est fait Biff, il est tissé dans cette soie impalpable dont sont tissés nos rêves, comme eux, il nous est totalement inutile et totalement indispensable ! N'essaie jamais Biff de demander des comptes à ce commis voyageur-là, remercie-le plutôt d'avoir déployé tant d'énergie pour vendre tant de vent et faire si peu de mal, remercie-le de son sourire, de son air toujours affairé, de son espoir toujours affiché, et surtout de ses rêves, laissés en gage gracieusement à chaque membre de son aimable clientèle...

Acte II.
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- Pouvez-vous vous représenter les couleurs ?
- Je crois que je peux imaginer le noir. Sont-ils noirs ?
- Non, ils sont châtains légèrement roux, et très raides. Ils me tombent presque jusqu’aux épaules. J’ai une grande tête, une bouche plutôt grande et je suis légèrement prognathe. Mais j’ai une jolie démarche, certains vous diront même qu’elle est belle. J’aime marcher d’une façon provocante.
- Vos fesses sont admirablement moulées.
- C’est vrai, j’aurais dû en parler.
- Les tenir m’a fait frissonner de joie.
- J’en suis heureuse. » Janice reprit : « Oui, je n’en reviens pas de mon bonheur.
- Et moi, comment me voyez-vous ?
- Je vous vois comme un très bel homme. Vous avez une peau sombre, des cheveux bruns avec une raie sur le côté gauche, et un menton énergique bien modelé. Votre visage est plutôt rectangulaire, avec quelque chose de rassurant et tranquille. Vous avez à peu près une dizaine de centimètres de plus que moi, et votre corps est mince sans être maigre. Je vous trouve sensationnel. »
Il eut un petit rire. Elle saisit son pénis. « Et ceci, c’est la perfection. »
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WILLY : Les autres, je sais pas, vont plus vite, ils ont le temps de faire deux, trois, quatre clients, pendant que moi j'en fais qu'un ! Je parle trop tu comprends, je parle trop. J'essaye de parler moins, mais c'est plus fort que moi, blablablablablabla ! Bon Dieu, je devrais être quand même capable, depuis le temps, d'arracher une commande sans me sentir obligé de raconter ma vie en prime ! On peut dire tout ce qu'on veut sur Charley, mais lui sait se taire et c'est pour ça qu'on le respecte.
LINDA : C'est les morts qui se taisent encore le mieux Willy. Toi tu vis, Dieu merci, alors tu parles !...

Acte I.
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BIFF : Devenir quelqu'un sans avoir à faire la moindre bassesse, sans avoir à écraser qui que ce soit !

Acte I.
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WILLY, humble.
Je suis gros, je suis gras. Je n'ai aucune allure, Linda. J'ai pas l'air très malin. À Noël, je ne te l'ai pas raconté... j'avais été chez un client. Il y avait là un voyageur que je connais un peu. Comme j'allais entrer dans le bureau, je l'ai entendu... je l'ai entendu dire quelque chose à propos d'un phoque... Je lui ai flanqué mon poing sur la figure. Je n'ai aucune raison de supporter ça, tout de même ? Malheureusement, c'est un fait... on se moque de moi...

Mort d'un commis voyageur (Acte premier)
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Le rideau se lève.
Devant nous, la maison du commis voyageur.
Derrière elle, l'entourent, la surplombent de toutes parts des formes carrées.
Seule la lumière bleue du ciel baigne la scène et le proscenium.
Sur le fond, des lueurs agressives et rougeâtres.
La lumière monte, nous découvrons un cirque de maisons à appartements.
La fragilité de la petite maison du centre en est encore accentuée. Tout cela a un visage de rêve. Un rêve issu de la réalité même.

Acte premier
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HOWARD : Inutile d'aller à Boston Willy !
WILLY : Mais mes clients m'y attendent Howard !
HOWARD : Ni à Boston ni ailleurs... Je ne veux plus que vous représentiez la Compagnie Wagner, j'hésitais à vous le dire depuis déjà un bon bout de temps, mais là...
WILLY : Howard, Howard, pardon mais vous êtes en train de me virer, là ?
HOWARD : Je pense sincèrement que vous avez besoin de vous reposer sérieusement, Willy, sérieusement !

Acte II.
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BIFF : Qu'est-ce que tu veux que je fasse de plus ?
LINDA : Il est en train de mourir Biff...
BIFF : Tout le monde est en train de mourir maman !

Acte I.
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La mission du théâtre, en fin de compte, est de transformer et même de faire naître chez les gens la conscience de leur potentiel en tant qu'êtres humains.
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...et il reste toujours cette part de complète solitude qui fait d'elle comme un petit enfant dans une nouvelle école, désemparé, cherchant passionnément alentour quelque figure amie.
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