Citations de Aurélie Valognes (1571)
Il caresse la joue de son petit-fils.
-Excuse-moi, murmure le grand père.
- De quoi ? s'étonne Louis. C'est plutôt à moi de te demander pardon : j'ai pas tenu ma parole, Papy... J'ai appelé à l'aide.
- Excuse-moi... d'être devenu comme ça.
Louis sent la foudre s'abattre sur son cœur. Il préférerait ne pas comprendre, se mentir encore un peu, se persuader que tout redeviendra comme avant. Mais c'est trop tard.
- Tu n'as pas à t'excuser, Papy. C'est pas de ta faute si tu oublies. Promets-moi de ne plus jamais t'excuser.
L'enfant se loge contre la poitrine de son grand-père et y reste longtemps. II voudrait lui transférer un peu de vie, de jeunesse, d'énergie.
- Promis, murmure Arthur.
Le temps est suspendu. Louis ne quitte pas le chevet de son grand-père. Posté à ses pieds, il le regarde avec admiration et piaille avec entrain. « Tout ça va pas durer, bientôt tu vas rentrer, et on ira pécher, parce que, n'oublie pas, tu as ton gros poisson à attraper ! »
La voix, reprend-il en se râlant la gorge, c'est la mémoire de l'âme, et comme la mémoire, comme le corps, ça s'entretient et ça vieillit avec les épreuves de la vie. Il faut que tu en prennes soin quel que soit ton métier : dans la vraie vie, les gens n'écoutent pas le message, à 90% on écoute le timbre et la confiance que tu dégages.
Pour une fois, personne ne m'avait dit « Tais- toi », « Parle moins fort » ou « Cesse de faire ton intéressant.
Elle n'avait pas eu le choix.
Elle s'était tue et m'avait écouté. Et je crois que, méme elle, elle en était restée bouche bée : j'étais enfin bon à quelque chose.
Louis a 8 ans. A son âge, le passé n'est qu'une virgule, le futur, des points de suspension, et le présent, des interrogations.
Ce qu'il reste de nous, je le garde précieusement en moi. Cela existera toujours et je peux le convoquer quand je le souhaite.
Ce qui est beau dans ces rencontres, c'est de se retrouver tout à coup en face d'un être humain aussi sensible et naïf que soi, et de se reconnaître. On appartient à la même espèce d'âmes touchées par la dureté du monde qui cherchent un abri et de l'espoir dans les livres, qui rêvent d'un monde plus beau, d'un monde aussi généreux que dans les histoires et quand ils y trouvent la bienveillance, c'est un cadeau de la vie. On se sent deux fois plus vivant. On se sent compris. Et moins seul.
Parce que lire peur changer les choses. Lire, ce n'est pas un état d'esprit, c'est un état d'espoir. Une génération qui lit est une génération de sauvée et qui nous sauvera. Une génération qui lit est une génération qui pense, réfléchit, questionne le monde, doute, écoute, veut comprendre, est prête à changer d'avis, respecte les différences, montre de l'empathie et de la sensibilité. De l'humanité tout simplement.
Les émotions sous cloche, le cerveau qui tranche seul et l'empathie qui disparaît. Il n'y a pas de juste milieu : c'est tout ou rien.
Alors, on met les gens à distance, on survit en société, on fait comme on peut. On se retrouve à adopter des postures d'introvertie alors que nous ne sommes pas si sauvages, mais le monde extérieur fait bloc. et fait peur.
Parfois, malgré tout cela, on ne se protège pas assez.
Ressentir tout ce que les autres ne disent pas, être triste sans savoir pourquoi, voir que celui-là n'est pas heureux et être sûre que celle-ci nous regarde différemment aujourd'hui avec la certitude qu'elle nous en veut de quelque chose, mais de quoi ?
Ces bruits que personne n'entend mais qui nous réveillent la nuit, cette lumière invisible pour le commun des mortels qui empêche littéralement de trouver le sommeil, les insomnies qui s'invitent régulièrement, le cerveau qui tourne tout le temps et ne s'arrête jamais, les cinq sens toujours en éveil, qui observent, analysent, ressentent tout avec une intensité simultanée... Tout cela est épuisant.
Je suis devenue phobique de mon époque qui va trop vite, j'ai peur d'ouvrir ma boîte e-mail, mon ordinateur et mon téléphone portable sont devenus des ennemis parce qu'à travers eux on peut m'atteindre, m'empêcher, me voler mon temps et ma sérénité.
La littérature et la poésie me soignent. La littérature, c'est l'endroit de la nuance, et on en manque cruellement ces temps-ci où tout est noir ou blanc. C'est aussi l'endroit de la possibilité de changement, de l'espoir.
J'aime tous les êtres vraiment humains et sincères. J'aime les âmes sensibles qui montrent leur part d'humanité, j'aime ceux qui ressentent, doutent et acceptent leurs émotions, pas ceux qui jugent et savent tout mieux que tout le monde.
Il y a deux types d'écrivains. Les grimpeurs et les plongeurs. D'un côté les grimpeurs qui se retrouvent au pied de l'Everest avec leur plan et savent qu'ils vont devoir monter. Le but est clair et identifié. De l'autre, les plongeurs . Ils plongent en eux dans un gouffre noir. Ils cherchent mais ne savent pas ce qu'ils cherchent . Ils écrivent pour découvrir ce qu'ils ne savent pas encore.
La vie se résume en trois temps. Hier, aujourd’hui, demain. Les trois temps d’une courte valse. La valse de la vie.
Arthur reste seul avec sa peine et ses fantômes. Désormais, tout paraît fragile. Ténu, instable, évaporable au moindre rayon du soleil. Une vie peut basculer en moins de dix minutes. Rien n’est jamais acquis. Rien. Le bonheur et l’amour des siens encore moins que toute chose.
Dans notre duo, elle était l'éternelle pessimiste. Je devais donc être l'incorrigible optimiste.
Moi, je veux être actrice de ma vie, pas spectatrice.
Je veux décider, pas subir.
Chaque seconde, chaque jour, on est accablée de tiraillements, d'incompréhensions, de doutes. Entre ce que l'on ressent et ce que l'on devrait ressentir. Ce que l'on pense et ce que l'on devrait penser.
La vie est une succession de trahisons. Trahir l'enfant que l'on était, trahir son rêve, trahir sa mère, trahir son sang, trahir les siens, trahir le chemin par lequel nous sommes venus, trahir ses origines, ses
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aspirations, ses fantasmes. Trahir pour se conformer.
Aux attentes des autres, de la société, du rôle qui nous a été assigné. En un mot, échouer. Échouer à être fidèle à l'enfant que l'on était. Et l'accepter.
Je n'appartiens à aucun monde, mais je m'appartiens.