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Critiques de Barbara Pym (213)
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Des femmes remarquables

Merci aux Editions 10-18 pour l’envoi de ce roman.



Barbara Pym est née juste avant la Première Guerre Mondiale. De 1950 à 1961, elle a publié plusieurs romans qui ont connu un certain succès en Angleterre. Tombée ensuite dans l’oubli, elle a été réhabilitée en 1977 par une nomination pour le Booker Prize en 1977.



» Des femmes remarquables » n’avait plus été réédité en France depuis 1990.



Ce roman nous fait plonger dans l’intimité de Mildred Lathbury, trentenaire, célibataire résidant seule. Elle est le portrait vivant de ce qu’elle risque bien de devenir : une vieille fille. Elle travaille pour une association s’occupant de femmes nécessiteuses et consacre tout son temps libre aux bonnes oeuvres de sa paroisse, anglicane bien évidemment.



La vie de Mildred est plutôt terne jusqu’à l’arrivée de nouveaux locataires dans l’appartement du dessous : Rockingam et Helena Napier. Lui revient d’Italie où il était officier, elle est anthropologue et vient de terminer un séjour d’étude dans une tribu africaine.



Mêlée malgré elle à leur vie, Mildred voit la sienne un peu chamboulée et se pose des questions quant à la façon dont elle est perçue par les autres et à son avenir amoureux voire conjugal.



N’oublions pas que nous sommes au tout début des années 1950 et que le célibat des femmes est très mal compris, les jeunes femmes célibataires sont souvent cataloguées comme inintéressantes pour la gent masculine, voire destinées à entrer au couvent.



Mildred est souvent approchée, contactée par les autres personnages du roman, non pas parce qu’on s’intéresse à elle mais bien plutôt pour résoudre leurs propres problèmes . La jeune femme a alors un réflexe pavlovien : préparer du thé !



» Je la fis monter dans mon salon et l’installai dans un fauteuil devant le radiateur. Je réglai celui-ci au maximum et branchai la bouilloire électrique pour faire du thé sans même penser à mes gestes (…) J’en fus si abasourdie que je demeurai sans voix. La seule question qui me vint à l’esprit – fort mal à propos au demeurant- fut de savoir si les drames me surprendraient toujours une théière à la main. »



Ce qui est intéressant dans ce roman, c’est la peinture d’une société qui a aujourd’hui disparu. Et c’est tant mieux !



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Jane et Prudence

Ce livre (publié en 1953) nous immerge dans ces petites villes anglaises, et perpétue cette curieuse et fréquente habitude de la littérature romanesque de ce pays de nous accompagner dans la famille d'un pasteur: le pasteur, la femme du pasteur, la fille du pasteur. Mais pourquoi donc sont-ils si présents dans tous ces romans?

Jane, quarante ans, est la femme du pasteur, et elle aimerait permettre à sa jolie amie Prudence, qui a dix ans de moins, de trouver enfin un mari. Disons-le tout net: l'intrigue n'a ici pas beaucoup d'intérêt. Ce roman ne vaut que par son ambiance, et un humour contenu: thé à 5 heures entre amies bavardes, comparaison des toilettes, espiègleries, petites piques de jalousie, tout ce qui fait le charme de la vie ordinaire. A noter aussi de cocasses moments à propos des rituels de la vie de bureau, quelques soupçons de médisance, encore le thé à heure fixe; ces ambiances sont finement et subtilement croquées, et c'est assez plaisant. Nous ne sommes par conséquent pas en présence d'un grand roman, mais, pour se divertir et s'immerger dans cette Angleterre routinière et gentiment décadente, pourquoi pas? Et chez nous, Proust n'a-t'il pas atteint la gloire en ne décrivant, finalement - et sur 2000 pages - que des tableaux de vies petit-bourgeoises aussi plates et aussi ordinaires?
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Jane et Prudence

Il ne se passe pas grand chose dans les romans de Barbara Pym, pas de meurtres sanglants, pas de 50 nuances de gris , pas de grandes idées politiques ou sociales , mais c'est ça qui en fait le charme. Un charme un peu suranné, un peu désuet et la quintessence d'une Angleterre des années 50 entre deux périodes - pas toute à fait remise des privations de la guerre et à l'aube des grands changements des années 60. La jeunesse a envie de s'amuser , les plus âgés n'ont rien oublié…

Et l'on suit les petites vies de Jane et Prudence sur quelques mois, deux amies qui se sont connues à Oxford alors que Prudence y était étudiante et Jane, tutrice . A 41 ans, elle aurait pu être poète, professeure mais elle a choisi le mariage . Elle est une femme de pasteur nulle (parce que trop brouillonne, mais très sympathique ) ) et a une fille étudiante . Son mari est muté dans un petit village dans lequel vit un veuf , fort bien de sa personne et tout un tas de vieilles filles.

Prudence a atteint l'âge canonique de 29 ans ! Age où, d'après les moeurs de l'époque, elle devrait être mariée. Hélas , elle se meurt d'amour pour son patron , un historien marié ... mais Prudence habite à Londres et a une vie très agréable de célibataire .

Jane se met dans la tête de l'unir au veuf et l'invite au village..

Raconté comme ça, mon résumé laisse entendre qu'il y a bien plus d'action que ce qui existe réellement...

Le charme de l'écriture de Barbara Pym réside dans les détails… Un coup d'oeil de l'amie mariée sur les dessous de l'amie célibataire, une tasse de thé par ci… Une réflexion sur les ongles peints de la coquette Prudence, une tasse de thé par là… La curiosité d'une vieille fille qui va fouiller la chambre de sa dame de compagnie… un thé sous un arbre …

L'auteur , l'air de ne pas y toucher brocarde ses contemporains et cette classe sociale "petite bourgeoisie de province des années 50 " , pas méchante mais pas non plus très gentille, un peu stupide parfois …

Les petits villages anglais dans toute leur splendeur , comme on peut les croiser dans les romans de Christie ou Wentworth avec leurs Miss Marple ou Miss Silver ( mais sans les meurtres ).



Il ne se passe pas grand chose dans les romans de Barbara Pym, quelques rencontres, quelques déceptions, quelques espoirs et le flegme anglais , galvanisé par quelques tasses de thé ..Mais ça a un charme fou, pour qui aurait envie de faire une pause de douceur dans un monde de brutes....
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Jane et Prudence

Jane is a vicar’s wife, preoccupied a lot by her friend Prudence that is nearly 30 and still single. Prudence works in London and has a free life even though she is enamoured by her old boss. Jane is not an excellent vicar’s wife, she is a little bored by the roles she should endorse and is always happy that older women of the parish are ready to do the tasks : organising meetings, autumn celebrations, … There is a handsome widow in the village, Fabian Driver, and Jane tries to patch him with Prudence, but this doesn’t really succeed because there is some competition. A funny and quite ironic description of the life of the vicar’s wife and the contrast between the town and the country.
Lien : https://redheadwithabrain.ch..
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Jane et Prudence

Je rentre de vacances en Angleterre. Ma passion pour ce pays s’est réveillée et je pense que je me sentirai encore anglaise pendant quelques mois. J’ai ressorti Barbara Pym du placard où la pauvre chérie se morfond si souvent. Jane and Prudence date de 1953, c’est un Pym première époque, avant le long intermède où elle renonce à l’écriture. Elle est plus malicieuse, plus ironique, plus optimiste aussi que dans le Quatuor d’automne, par exemple . Je suis allée visiter Oxford. J’ai admiré l’architecture et les jardins des collèges et des bibliothèques. Je n’ai que deviné la vie, le travail, les rencontres qui s’y déroulent. Ce roman est l’occasion de rencontrer deux anciennes condisciples d’un collège féminin. Le roman roman se passe au début des années 50, leur rencontre a dû avoir lieu à Oxford 10 ans auparavant et la plus vieille,Jane, a dû y faire ses études et rencontrer son mari Nicholas encore 10 ans auparavant. Ce qui est remarquable, c’est leur amitié née en ce lieu alors que rien d’autre ne semble les rapprocher. Une sororité à l’épreuve des années et des styles de vie. Jane a épousé un pasteur de campagne. Cela semblait étrange, mais à l’époque, Oxford semblait former beaucoup de vicaires de l’église anglicane et beaucoup de filles qui étudiaient à Oxford en sortait donc femmes de vicaire. Jane a beaucoup trop de fantaisie et trop peu de sens pratique pour être une bonne épouse de pasteur, mais sa spontanéité et son immense cœur finissent par la faire aimer de tous. Prudence est au contraire une femme élégante, célibataire, londonienne. Elle a de multiples histoires d’amour dont aucune ne dure longtemps. Un amant ou un mari sèmeraient sans doute un désordre trivial dans son appartement bonbonnière ou dans son élégance savamment calculée. Mais voici que Jane se prend pour Emma Woodhouse et présente Prudence à un veuf élégant de sa paroisse. La comédie de mœurs est lancée, les pages tournent avec rapidité. L’étude de la condition féminine inspire une fois de plus un formidable roman.

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Jane et Prudence

Elles sont amies, mais vraiment fort différentes. Jane est l'épouse d'un 'vicar' fraîchement nommé dans une paroisse campagnarde, elle se sent vraiment peu compétente en tant que femme d'ecclésiastique et comme femme d'intérieur tout court, heureusement son époux est compréhensif et elle est secondée (voire remplacée) par sa fille de 18 ans et une femme du village.



Prudence est célibataire et approche de la trentaine, autant dire qu'à l'époque ça sentait bien le brûlé! Élégante, londonienne, travaillant dans un bureau, vaguement amoureuse de son patron. Mais Jane se met en tête de jouer les marieuses (Emma Woodhouse n'est pas loin) et lui présente un veuf du village.



Comme d'habitude avec Barbara Pym, il n'y a rien à enlever, les dialogues sont vifs, les sous-entendus subtils, les petits détails ont leur importance, les personnages apparemment secondaires peuvent avoir un grand rôle à jouer (ah cette Jessie Morrow) . Le statut matrimonial a une grande importance, il faut croire que début des années 50 une femme se devait d'être mariée (ou plainte).
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Jane et Prudence

Mais pourquoi les femmes des romans de Barbara Pym cherchent-elles toutes à se marier absolument ?

Juste pour respecter les conventions sociales ?

Ce sont pourtant des femmes indépendantes, ayant un endroit généralement confortable où vivre, un emploi, des amis et des loisirs, alors pourquoi s’escriment-elles toutes à trouver un mari potentiel alors qu’elles n’en ont pas besoin et qu’elles ne sont même pas amoureuses la plupart du temps ?

Prudence est une jeune femme de 29 ans, elle vit dans un joli appartement, elle a un travail qui lui plait, elle a même le béguin pour son patron, elle sort régulièrement le soir et se fait inviter le week-end par ses amis.

Sa vie est agréable mais elle s’imagine que cela pourrait être différent si elle était mariée…différent c’est certain, mais mieux, là est la question car les hommes qu’elle rencontre ne semblent pas du tout à la hauteur de ses espérances.

Doit-on choisir un époux pour qu’il plaise à notre entourage alors qu’il ne partage pas nos goûts ou notre façon de concevoir la vie ?

Prudence, l’héroïne de ce roman aime jouer au jeu de la séduction avec les hommes, mais à force d’être une vraie casse-pieds, de rêver à des hommes qui n’existent pas ou de mépriser les gentils garçons qui se présentent, elle se retrouve le bec dans l’eau et c’est bien fait pour elle !

J’adore l’ironie dont fait preuve cet auteur, elle se moque de ses personnages avec tendresse pour notre plus grand plaisir.
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Jane et Prudence

Jane et Prudence sont deux amies qui se sont rencontrées à Oxford. Jane a une quarantaine d'années et est épouse de pasteur. Celle-ci n'est pas vraiment adaptée à ce statut, elle se sent un peu pataude, gauche, et s'interroge souvent sur la manière dont elle doit réagir. Nicholas, son mari, est parfois déconcerté face aux réactions décalées de son épouse. Prudence est à son opposé. C'est une jeune femme de son temps, de 29 ans, toujours célibataire (à l'époque, c'est un âge canonique lorsque l'on n'est pas marié). Elle est très jolie, toujours apprêtée. C'est un véritable cœur d'artichaut, elle multiplie les amourettes sans trouver chaussure à son pied. Elle travaille comme secrétaire dans un bureau londonien. Jane et Prudence, bien qu'amies, ont donc un tempérament bien différent et une vie bien différente. Alors que le mari de Jane vient de se faire muter comme nouveau pasteur d'un petit village anglais, cette dernière repère rapidement un charmant veuf, Fabian Driver, qu'elle pense parfait pour Prudence. Elle s'ingénie donc à jouer les entremetteuses...



Même si j'ai clairement préféré la lecture de Crampton Hodnet qui reste mon roman préféré de Barbara Pym, j'ai passé un bon moment en compagnie de Jane et Prudence. Le contraste entre les deux personnages est intéressant. Jane est aussi mal adaptée à la vie de femme de pasteur que Prudence l'est à sa vie de bureau. On retrouve la finesse d'observation de Barbara Pym sur les tracas du quotidien, la description de la vie paroissiale, l'obsession du mariage, tous ces thèmes chers à l'écrivaine. Une seule interrogation demeure, l'interaction entre les deux romans, en particulier par rapport à Miss Morrow. Je ne peux en dire plus au risque de dévoiler l'intrigue mais j'ai du mal à savoir comment les deux romans sont censés se répondre l'un à l'autre...
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Jane et Prudence

Barbara Pym nous offre les déboires de 2 amies bien différentes à bien des égards. De par leurs âges, de par leurs vies, leurs caractères.

Pourtant entre Jane la femme de vicaire un peu naïve, un peu gauche et Prudence, la célibataire moderne, un peu suffisante, l amitié perdure. Quand Jane se met en tête de faire rencontrer un possible futur mari à sa jeune amie c est tout un petit monde qui vient se greffer à l histoire et y aller de son avis sur tout à chacun. ondres, sa campagne anglaise dans les années 50. Une odeur de thé , des petits gâteaux, quelques femmes  du village et les cancans pour accompagnement.
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La douce colombe est morte

Léonora, une dame d'un âge incertain, plus jeune fille, mais pas encore vieille dame, croise lors d'une vente aux enchères James et son oncle Humphrey. Rapidement, elle est attirée par James, ce jeune et sémillant jeune homme, mais cette passion reste très "correcte". Rapidement, cette rencontre en amène d'autres et son attachement ne cesse de grandir. Cependant, James est indécis en ce qui concerne ses amours : après avoir eu une relation avec Phoebe, il s'éprend d'un américain du nom de Ned. Cette inconstance amoureuse brise le coeur de Léonora qui pourtant tente de faire face.💐





Ce livre m'a été conseillé et prêté par une amie qui avait apprécié cette auteur il y a des années. Ne connaissant pas cette auteur, je me suis laissé séduire et j'avoue me sentir un peu sur ma faim...

Bon soyons franc, je m'attendais à un roman dans le genre de Jane Eyre ou Orgueil et Préjugés avec une ambiance romantique, guindée et des calèches en pagaille. Eh non, dans ce livre les voitures avec le gros moteur sont présentes, les hommes sont des malotrus et .... l'homosexualité est même de la partie. Bref, vous pouvez imaginer le grand écart dans mon esprit.



Pour en revenir au livre, l'histoire manque cruellement de dynamisme. Barbara Pym nous relate l'amour impossible de Léonora pour James qui ne cesse de papillonner puisqu'il ne semble pas encore s'être décidé sur ses préférences. Les événements décrits, les relations entre les personnages manquent de charme, voire tout est décrit avec cynisme. Ainsi, Phoebe, la rivale de Léonora est présentée sous les traits d'une femme sans grand charme... Barbara Pym joue sur deux points de vue : celui de l'amour impossible en ce qui concerne Léonora... et le transfert psychologique de James sur Léonora vue par ce dernier comme une mère (la sienne étant décédée).





Pour conclure, La douce colombe est morte propose un récit désuet et pathétique par certains côtés d'un amour impossible. Le tout est poétique, mais manque cruellement de vitalité.💐

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La douce colombe est morte

J'ai entendu et lu beaucoup d'avis divergents sur Barbara Pym. Certains l'adorent, d'autres la détestent. Apparemment, d'après mes listes de lectures d'adolescente que j'ai retrouvées il y a quelques mois, j'avais lu un roman d'elle vers l'âge de 14-15 ans ("Une demoiselle comme il faut") et j'avais détesté. C'est donc avec beaucoup de curiosité que j'ai sorti cette "Douce colombe" de ma PAL.

J'ai profité de la météo clémente (mais pas trop chaude) de ce vendredi 31 juillet. Je me suis installée au jardin avec un chapeau, un thé glacé, le chat des voisins sur les genoux et j'ai ouvert ce roman. Je ne l'ai plus lâché avant de l'avoir terminé !



Chose étonnante, j'ai trouvé une certaine sorte d'ironie dans la plume de Barbara Pym. Etant donné qu'elle fait partie de ces auteurs que l'on peut considérer comme "classiques", je ne m'y attendais pas du tout. Et, au début, on ne s'en rend pas compte. Mais au fil des pages, quand on avance dans le récit, on comprend que la dame fait preuve d'un certain humour (assez noir) lorsqu'elle compare la situation de départ qu'elle nous décrit, et celle qui s'installe aux environs de la page 100.





Léonora n'est pas une héroïne sympathique. Elle est froide et n'aime que les choses parfaites. Il faut être bien habillé, bien coiffée et, pour les dames, parfaitement maquillées. Il faut se conduire décemment en toute situation, s'intéresser à l'époque victorienne, faire preuve de "bon goût"... Léonora est en fait légèrement tyrannique, puisqu'elle a tendance à imposer son mode de vie aux autres. Elle est aussi intolérante, car elle ne supporte pas que l'on vive autrement qu'elle-même. Léonora recherche la perfection dans tous les domaines et elle paraît considérer avoir trouvé cette perfection : tout le monde devrait donc s'inspirer d'elle. Elle se montre donc parfaitement condescendante avec ses "amies" et méprise les jeunes gens dont nous faisons la connaissance au fil des pages (Phoebe, en particulier, avec le peu de soin qu'elle met à s'habiller, ne plaît pas du tout à Léonora).



Mais malgré ce côté antipathique de l'héroïne, on ne peut s'empêcher d'être fasciné par cette histoire. Car, ce que Pym nous décrit, c'est une sorte de déchéance. Le vernis de perfection qui recouvre toutes les facettes de l'existence de Léonora se fissure petit à petit et, finalement, cette femme nous est révélée comme faisant elle aussi partie du genre humain (ce qu'elle voulait apparemment éviter). C'est fascinant et assez plaisant aussi, étant donné que Léonora n'est pas de ces personnages que l'on apprécie. La voir tomber du piédestal sur lequel elle s'est elle-même placée et se retrouver quelque peu démunie et isolée est donc très agréable.



Je ne me suis pas ennuyée une seule seconde avec ce roman. J'ai même hâte de découvrir le reste de l'oeuvre de Barbara Pym. Si, comme moi, vous faites parties des lecteurs qui hésitait à découvrir ses oeuvres, n'hésitez plus et lancez-vous !



Petite info : le titre vient d'un poème de Keats dont voici un extrait :



"J'avais une colombe et la douce colombe est morte,

Et j'ai pensé que c'était de chagrin

Oh d'où pouvait lui venir ce chagrin? Elle avait les

pieds attachés

D'un fil de soi tissé de ma propre main."



Ce poème va jouer un grand rôle dans la "déchéance" de Léonora...
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La douce colombe est morte

Quand une femme de presque 50 ans s’éprend d’un jeune homme qui n’a pas la moitié de son âge, on s’attend à ce que l’histoire ne se termine pas très bien.

Avec Barbara Pym aux commandes, cette intrigue sentimentale prend des allures de bluette mi-classique mi-pathétique, une jolie histoire sobre, élégante et désuète, à l’image de Léonora l’héroïne de ce roman.

Parce qu’elle a vécu dans sa jeunesse une vie trépidante dans plusieurs pays étrangers, qu’elle a eu de nombreux soupirants tous distingués, riches et cultivés, Léonora n’a pas vu que les années ont passé, que sa beauté s’est légèrement fanée, que les soupirants se sont peu à peu retirés.

Elle est triste de voir une de ses amies souffrir à cause d’un jeune homme qui se sert d’elle plus qu’il ne l’aime, mais ne conçoit pas qu’elle puisse vivre une aventure similaire.

C’est pourtant ce qu’il l’attend avec James, un jeune homme de 24 ans rencontré dans une vente aux enchères et dont elle s’éprend, alors que l’oncle du jeune homme, un veuf de 60 ans se met à la courtiser à l’ancienne.

Mais pourquoi accepter des hommages certes agréables mais sans fantaisie, quand on peut s’enivrer dans une parodie de jeunesse retrouvée ?

Bien sûr, la jalousie, la désillusion et le chagrin seront au rendez-vous, c’est inévitable mais peut-être cela valait-il la peine d’être vécu une dernière fois ?

Un très joli roman qui nous parle de sentiments, de passions et du temps qui passe inexorablement.

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La douce colombe est morte

Dans La douce colombe est morte, Léonora, une femme célibataire, rencontre Humphrey Boyce, un antiquaire, et James, son jeune neveu, à une vente aux enchères. Si Humphrey tombe sous le charme de la dame, cette dernière est davantage attirée par James qui, en retour est fasciné par sa sophistication. Mais peu à peu, le jeune homme trouve Léonora un peu envahissante et se tourne vers d’autres amours.



Barbara Pym aimait écrire sur le quotidien, les petits villages et les paroisses. On peut ainsi souvent penser qu’elle écrivait sur ce qu’elle voyait ou sur ce qui l’entourait, peut-être même sur elle-même. Tout comme l’héroïne de ce roman, la romancière anglaise a vécu une vie de célibataire mais non dénuée de liaisons, et notamment avec un jeune antiquaire. Ce qui peut laisser croire que ce roman puise l’inspiration dans l’histoire personnelle de son auteure. Et pour un roman écrit à la fin des années 70, il n’hésite pas à bousculer la bonne morale avec cette dame d’âge mûre qui s’amourache d’un garçon à peine adulte, qui vivra ensuite une passion homosexuelle. Une amie de Leonora vit d’ailleurs dans la dépendance de l’intérêt que lui accorde un jeune dandy homosexuel.



James, jeune homme orphelin et pris en charge par son oncle, est dépeint comme indécis et qui se laisse facilement manipuler. Il est difficile de s’attacher à lui, tant il apparaît comme assez égoïste et avec un manque de jugeote propre à la jeunesse poussé à l’extrême. Il finira par être puni pour son insouciance. Léonora n’est pas beaucoup plus sympathique, tant elle a l’habitude d’être choyée par les hommes et son attitude condescendante envers ses pairs peut rapidement agacer. Humphrey est certainement le personnage le moins gâté tant il est ridicule.



Dans un Londres chic, Barbara Pym se gausse d’une certaine frange de la population qui ne manque de rien, et qui trompe son ennui de diverses manières. La romancière anglaise est toujours aussi ironique et caustique et c’est ce que j’adore dans ses romans. Ce titre n’est pas celui que j’ai préféré de tous ceux que j’ai lus mais il n’en demeure pas moins que les personnages sont croqués de manière précise et sans concession qui arrachera un sourire aux plus hermétiques à l’humour anglais.
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La douce colombe est morte

Quand Léonora, femme élégante, courtisée mais vieillissante, rencontre Humphrey et son neveu James, antiquaires, à une vente aux enchères, c’est vers le jeune homme que se porte sa préférence. Et alors qu’elle entame une relation d’amitié amoureuse avec James, l’oncle se résout au rôle d’amant éconduit qui attend son tour…



Léonora ferme les yeux sur la liaison éphémère et sans passion de son protégé avec Phoebe, jeune femme sans attrait qu’il a rencontrée au hasard d’une soirée. Mais quand James tombe sous le charme de Ned, un éphèbe américain venu terminer sa thèse à Londres, le combat s’avère inégal…Et les conseils de son amie Meg qui a pris sous son aile protectrice Colin et le console entre deux escapades amoureuses ne suffisent pas à la consoler…



Sous ses allures désuètes, le roman de Barbara Pym aborde beaucoup de thématiques qui restent d’actualité, le célibat des femmes, l’âge mûr, l’homosexualité, le refus ou l’impossibilité de rentrer dans les normes du mariage et de la vie de famille et les difficultés qui en découlent. Une analyse très fine, avec une pointe d’humour très british, et le charme de ces demeures anglaises bien meublées et entourées de ravissants jardins où se dissimulent tant de lourds secrets…

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Les ingratitudes de l'amour

Un roman « vintage » un peu sage, un peu terne, mais attachant, à l’image de son héroïne, Dulcie Mainwaring, cette trentenaire brisée par un échec amoureux, qui va se lancer dans une enquête méthodique autour d’un séduisant directeur de revue et de son frère pasteur… L’humour et l’ironie y scintillent, par brefs éclats, beaucoup moins présents que chez certaines des consœurs de Barbara Pym… Ainsi incarne-t-elle, dans mon esprit , une sorte de chaînon manquant entre les étourdissantes humoristes des générations précédentes (Muriel Spark, Winnifred Watson) et les froides enquêtrices plongées dans de sordides affaires criminelles qui semblent avoir pris le pas, de nos jours…
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Les ingratitudes de l'amour

Faire de la recherche auprès d'un homme séduisant, même si le sujet est un obscur poète du XVIIIème siècle, voilà l'un des souhaits les plus chers de nombreuses demoiselles qui vieillissent doucement entre le monde universitaire et la paroisse du quartier. Mais le mariage est-il réellement une solution ? Si beaucoup vous diront que non, elles y aspirent malgré tout secrètement…



C'est le cas de Dulcie, qui a dépassé la trentaine et vient de rompre ses fiançailles. Pour se distraire elle se rend à un colloque et y rencontre Viola, amoureuse du séduisant professeur Aylwin Forbes, mal marié, pour lequel elle rédige des index. Viola vient s'installer chez Dulcie qui lui loue une chambre dans sa trop vaste maison de banlieue. L'intérêt de Dulcie va s'éveiller pour la famille Forbes dont elle suit la trace, mère, belle-mère, femme, frère mais verra d'un oeil plus sévère s'installer un flirt entre le quadragénaire et sa jeune nièce Laurel qu'elle héberge également.



Viola va vite renoncer à Alwin et se tourner vers Bill Sedge, le frère de la gouvernante de la tante de Dulcie, Hermione. Cette dernière s'apprête d'ailleurs à épouser, malgré un âge vénérable, un révérend dont la soeur vient de mourir ; le frère d'Hermione, avec lequel elle partageait sa vie, ayant décidé de se retirer dans les ordres. Viola va se marier, Laurel habite à Londres, la maison de Dulcie est désormais bien vide à son tour. Et puisqu'Alwin décide de divorcer et que Laurel n'est pas une épouse qui puisse lui convenir…



Barabara Pym s'amuse une fois encore dans ce chassé-croisé de couples mal assortis, de vieilles filles, d'hommes d'église et de professeurs plus ou moins libertins…Si l‘amour n'est pas toujours au rendez-vous, la solitude semble difficilement supportable…

Et entre un colloque à périr d'ennui, une vente de charité poussiéreuse, deux ou trois tasses de thé et un petit verre de brandy, on se régale de cet humour anglais sans égal !

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Les ingratitudes de l'amour

Dulcie Mainwaring, trente-cinq ans, rompt ses fiançailles avec Maurice et se retrouve bien tristement vieille fille. Cette pimpante jeune femme ne se laisse pas abattre par ce momentané coup du sort et décide d’aller se changer les idées dans…un colloque rempli d’intellectuels. S’il est un endroit saugrenu pour se remonter le moral c’est bien là-bas. Et il est encore plus saugrenu d’espérer y faire des rencontres, voire la rencontre qu’elle espère désormais. Elle rencontre tout d’abord Viola, une jeune femme célibataire également mais un tantinet pimbêche, avec qui elle va se lier. Les deux femmes vont rencontre lors de ce salon un homme, un intellectuel quelque peu arrogant et suffisant, mais terriblement craquant, Aylwin Forbes. Viola le connaît et voudrait le séduire, Dulcie voudrait le séduire et souhaiterait que Viola l’aide dans cette entreprise. Démarre alors un triangle amoureux assez savoureux. Revenus à Londres, les deux femmes vont se revoir et devenir amie. De multiples aventures vont leur arriver avec toujours en ligne de mire, le fameux Aylwin Forbes.

Ce roman est savoureux et enjoué. La construction des personnages est minutieuse et la psychologies de deux femmes est particulièrement bien exposée et décortiquée. Il ne se passe pas grand-chose dans ce roman, mais c’est davantage ce qu’il raconte d’une époque qui compte. Avec Les ingratitudes de l’amour, c’est la banalité du quotidien et souvent son absurdité qui est mis en scène.
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Les ingratitudes de l'amour

Belfond se met de plus en plus à faire des livres vintage, pour le plus grand bonheur des lecteurs. Je ne connaissais pas Barbara Pym, l'auteure, et pourtant j'ai aimé me plonger dans ce livre. Je vous le conseille si vous avez envie de replonger dans le passé avec cette belle écriture.
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Les ingratitudes de l'amour

J'ai découvert cette écrivaine par recoupement et j'ai ainsi acheté Les ingratitudes de l'amour, en m'attendant à un livre ennuyeux, lent, sans action, désuet, vieillot, très anglais, celui de la campagne anglaise (je pense à la série télévisée Barnaby)... bref, j'étais prête.

Et bien, j'ai été à la fois surprise et pas. Paradoxal, non ?

Pas tout à fait : je m'explique.

Campagne anglaise, oui, gagné. Peu d'action, très anglais, encore gagné. Lent, on va dire plutôt flegmatique, et réflexif.

Désuet et vieillot, il faut tenir compte de l'année de l'écriture du roman et de la période vécue par l'auteure.

Ennuyeux, jamais, à condition d'avoir (j"ai oublié de le mettre en préambule) une bonne compétence en humour anglais.

J'ai aimé ce livre, pour sa tempérance, son calme, et surtout ses observations minutieuses de ses contemporains. Les portraits sont remarquables et si le contexte a pris une ride, voire deux, sur le plan humain, tout cela reste tellement vrai.

Je me suis amusée à lire ces "ingratitudes", beau titre, justement choisi, parfois, je me suis un peu énervée car j'aurais apprécié un petit coup d'accélérateur, puis je me suis rappelé le flegme et l'humour british, so, si british.

A ne pas mettre dans toutes les mains, hommes et femmes pressées, passez en sprintant votre chemin !
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Les ingratitudes de l'amour

Lire Barbara Pym c’est se plonger dans une ambiance délicieusement British et délicieusement vintage.



« Les ingratitudes de l’amour » ce sont des vieilles filles, des tasses et des tasses de thé, des pasteurs et des intellectuels mais avec un regard mordant et tellement fin que l’on tourne les pages avec un sourire bien collé au coin des lèvres.

Tout en se gardant du moindre effet de plume, l’autrice livre, sans en avoir l’air mais avec une efficacité redoutable, une critique acerbe et désopilante des britanniques des années 60.

C’est satirique et cérébral tout en baignant dans une fausse ambiance de comédie romantique.



Son style est particulièrement remarquable pour la qualité des dialogues, où le langage reflète parfaitement les pensées, la classe sociale ou le métier de ses protagonistes. Et souvent le tout ensemble. 

Je ne peux m’empêcher de faire un parallèle avec l’américaine Alison Lurie. Leurs romans ont la même fonction révélatrice de l'ironie en littérature.

C’est exquis et divinement jouissif.



Traduit par Anouk Neuhoff
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