À l'occasion des 5 ans des éditions Charleston, Karine Bailly de Robien, directrice générale adjointe, vous explique la création cette maison d'édition en 2013 ?
Elle revient également sur la création du Prix du Livre Romantique : vous avez jusqu'au 16 septembre pour participer à l'édition 2019 : http://editionscharleston.fr/prix-livre-romantique/
Karine Bailly de Robien évoque aussi les belles pépites francophones repérées par l'appel à manuscrits et hors le cadre du Prix : Clarisse Sabard, Alia Cardyn, Jeanne-Marie Sauvage-Avit, Béatrice Courtot, Marie Vareille, Sophie Henrionnet ou encore la Team RomCom.
Et vous, quel est votre roman préféré des éditions Charleston ?
Retrouvez-nous sur Facebook : https://www.facebook.com/Editions.charleston/
+ Lire la suite
Sant Antoni es un bon sant... entendit-elle chantonner. Un villageois lui expliqua que la célébration de Sant Antoni était très enracinée dans les coutumes populaires. - Il est le patron des animaux domestiques, et ceux utiles aux travaux des champs (...) Les benedictions des animaux des villageois allaient commencer. Canaris, chardonnerets, chiens, chats, porcs, poulets et ânes attendaient patiemment la sortie de la messe en l'honneur de San Antoni.
Cette ville était encline à l'amour, mais aussi à la colère des hommes. Le cœur palpitant de Marseille parlait les langues de l'exil.
Au port de Soller, les petites barques de pêcheurs côtoyaient les croiseurs de guerre italiens. J'évitais dorénavant les promeneurs vers la mer. C'était devenu très dangereux, tout comme parcourir les routes de guerre. Les villages et les bourgs avaient été abandonnés faute de ravitaillement et d'approvisionnement. Le bruit quotidien des hydravions devenait insupportable. Malgré les fusillades sur la place publique et les incarcérations, nous continuions la lutte. Je fermais les yeux sur le contenu des messages que je cachais avec l'espoir que sur notre île, des innocents puissent échapper à la barbarie.
Marseille vivait au rythme nonchalant du printemps. Des cafés bruyants aux terrains de pétanque, les habitants vaquaient à leurs occupations préférées. Il y avait dans l’air comme une étrange vibration. La vibration d’une mémoire qui refuse de n’être que du passé. Marseille riait, chantait, discutait, parlait sans cesse. Les terrasses étaient joyeusement bavardes. La cité phocéenne n’avait pas oublié qu’elle était fille de générations d’émigrés venus du monde entier sans lesquels elle ne serait plus qu’un coin de terre sans âme. Elle avait été un phare lumineux dans les moments difficiles.
Les oranges, que mon père cultivait de génération en génération, étaient indispensables pour réaliser ma passion. À vrai dire, elles étaient mes fidèles complices chaque jour.
Je marchais. Durant ma longue marche, j'avançais l'esprit léger ; le rythme de ma respiration, de
mon coeur, le crissement de mes pas, emplissaient mon esprit d'une sensation apaisante. Le silence, les couleurs de l'ombrelle,l
e parfum des pinèdes,des orangers, une brume sur les flancs de la montagne, la brise caressante, toute la nature me prenait dans ses bras. La communion avec elle me donnait ma force. Je savourais le moment présent. Dans cette manifestation de bonheur, s'épanouissait en moi une sensation heureuse et spontanée.
Pour compenser la perte de mes parents, Papé ne m’avait jamais rien refusé. « Crois en tes rêves, c’est le meilleur chemin pour qu’ils se réalisent », ne cessait-il de me dire. Il me répétait que j’étais douée, que j’avais le rythme dans la peau. Ainsi, je me sentais invulnérable. Même mes échecs n’arrivaient pas à me mettre à terre. C’était à lui que je devais mon entière réussite. Il me poussait toujours à aller plus loin, à rechausser mes pointes lorsque j’avais les pieds en sang. Il avait endossé le rôle du père que j’aurais voulu avoir. Même à l’adolescence, lorsque je lui avais fait comprendre d’une voix froide, insensible et quelque peu rebelle, que je pouvais voler de mes propres ailes, il avait invoqué le destin.
Ne regarde pas les obstacles. Vise la lune ! Au pire, tu atterris dans les étoiles, comme disait Oscar Wilde. Mais au moins tu auras essayé. Tu es dans une phase de mutation, ne te précipite pas, mais n’oublie pas qu’il est temps pour toi de rayonner.
Les plus sévères diront que les histoires d’amour entre Français et Algériens étaient rarissimes à l’époque. Certes, et c’est bien pour cela que les romans existent, pour embellir l’Histoire, cultiver l’optimisme!
« Quel parfum ! Quel parfum ! » Ces seuls mots me rendaient rouge de plaisir ou peut-être de fierté. Je savais que c’était la fleur d’oranger qui me valait ce compliment. Les oranges, que mon père cultivait de génération en génération, étaient indispensables pour réaliser ma passion. À vrai dire, elles étaient mes fidèles complices chaque jour. Cette fameuse ensaïmada que mes clients savouraient si avidement était délicieusement enroulée comme un ruban d’une couleur dorée à faire pâlir le soleil, à peine embrumée d’un léger voile de sucre glace.