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Citations de Belinda Cannone (347)


Epilogue

Au tout début de -Paris, Texas-, de wim Wenders, on voit un homme marchant le long d'une voie ferrée, seul le visage buté, mal fagoté, obstiné et ayant l'air, je ne sais pourquoi je le crois, de faire un long voyage bien qu'il ne porte aucun bagage, et d'aller fermement vers nulle part. C'est une de ces images complexes comme le cinéma nous en offre parfois, et qui prennent aussitôt place dans un recueil très intime et précis. Dans ce marcheur j'ai d'emblée vu mon père - pour l'errance, la solitude et l'ardeur. (p. 147)
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Une autre source du désir tenait à la capacité d'émerveillement. Il y avait dans le regard de mon père l'"impeccable naïveté" que Baudelaire croit nécessaire à l'artiste, qui se manifestait par exemple dans ces promenades où il nous apprenait la contemplation, et dans l'exaltation de la beauté sous toutes ces formes, faisant de nous des spectateurs amoureux du monde. (p. 141)
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J'ai conscience d'avoir confusément cherché, en étant écrivain, à "réparer" son ratage général (...)
Mon père présent, on ne voyait que son étrangeté. Il perdait à être connu-trop fou, trop seul, trop compliqué...D'une certaine façon, je suis (me crois) sa version présentable. (p. 135)
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Toute son éducation consistait à nous donner non des préceptes mais des outils pour nous émanciper, même de nos maîtres, c'est-à-dire aussi de lui. (p. 137)
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Aujourd'hui je ne crois pas qu'il était fou. (...)
Je crois que comme nous tous il bricolait avec les contraintes de l'existence et de la vie en société, qu'il avait une intelligence supérieure et une sensibilité exacerbée qui ne trouvaient pas d'échos suffisants dans son monde, qu'il manquait d'interlocuteurs et aussi de la culture qui lui aurait permis de ne pas penser seul. C'est tout. Mais c'est énorme. (p. 105)
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(...) car on ne peut être qu'infiniment reconnaissant à qui a su vous aimer, à tous ceux qui ont su vous aimer- de quelle autre eau, quel autre miel, quel autre air vivrions-nous, si ce n'est d'amour reçu et partagé ? (p. 108)
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(...) je retrouve exactement l'entrelacs de sentiments que provoquait en nous mon père par sa façon de se placer en deçà des exigences de la conservation de soi. Car si la bonté nous enchante quand elle est le fait d'un puissant, elle nous brise le coeur quand elle est dispensée par un humble qu'elle fragilise. (p. 50)
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On écrit pour apprendre ce qu'on pense, et pour penser enfin jusqu'au bout ce qui végète, inabouti, en soi. C'est pourquoi je me représente toujours l'écriture comme un déploiement. (p. 120)
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Ayant depuis longtemps entrepris de réfléchir au désir de vivre- cela se réfléchit-il ? me demanderez-vous, et je vous dirai oui, les livres le peuvent, comme en un miroir enchanté-, il m'a semblé que déployer ce sentiment fugitif et profond, l'émerveillement, accompagnerait cette trajectoire intime que je dissocie jamais de la stendhalienne " chasse au bonheur". (p. 19)
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Tu te rappelles cette plaisanterie : dans un couple, tous les malentendus sont possibles car on se croit deux quand en fait on est toujours six - celui que je suis, celui que tu es, celui que tu crois que je suis, celui que je crois que tu es, celui que je crois que je suis, celui que tu crois que tu es.
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Sa vie traverse la tienne comme une mèche enflammée semant le bonheur et une foudre délicate.
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Avec ses mots et son regard, il te tisse un manteau de reine dont tu sauras te dévêtir pour lui offrir ta nuque.
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Regarder cette divinité sylvestre



Regarder cette divinité sylvestre
(façon de lui rendre hommage)
est manière de prière matinale :

devant mon lare,
toute pensée étrangère me quitte,
je glisse en mon for intérieur.
À la fois identique à lui-même
et nouveau par quelque élément changeant,
il m’invite à un exercice quotidien de vigilance.

Attention, concentration, émerveillement :
n’est-ce pas la source de toute poésie ?
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Ainsi, le temps passe et ne passe pas sur mon chêne



Ainsi, le temps passe et ne passe pas sur mon chêne.
Sauf mauvaise rencontre, il sera là après ma mort.
Dans ses veines ruisselle le pur présent de ma joie.
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L'allemand possède un vocable qui conviendrait bien à ton attente joyeuse : Vorfreude, L'avant-joie, qui est déjà la joie, qui prélude à l'accomplissement.
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D’une telle chute une fillette ne réchappe pas, ou alors horriblement estropiée, et ses frères ne se remettront jamais de lui avoir survécu. Elle est ronde comme un petit pain et les enfants loups sentent que le bitume ne fera qu’une bouchée de sa chair tiède et souple, elle tombera sans un cri et le silence de sa chute retentira longtemps à leurs oreilles – une enfant qui ne protestait jamais contre son sort, se souviendront-ils, et qui sait s’ils n’auront pas honte.
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J’éprouve toujours un vif plaisir à engendrer et habiter une petite île, comme celle que crée l’espace entre nos bras enlacés. Vieille lune, chez moi, ce souhait qu’on sache parfois annuler la distance, qu’on invente des moments et des gestes qui nous relient et nous accordent, comme le baiser pour lequel il faut être deux — le baiser solitaire n’existe pas. Ce désir d’embrassement n’est pas si éloigné de ce qui me pousse à écrire : faire advenir un terrain d’entente, un lieu où l’on se rejoigne, où l’on crée une connivence.
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Il y a, dans l’émerveillement éprouvé devant le monde modeste, toute la promesse contenue dans le fait d’être vivant, d’être ici, d’être libre et de partager cette liberté avec nos semblables.
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décrire, c’est-à-dire détacher intellectuellement dans le continuum du monde un objet
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La promotion de l'intime me paraît d'autant plus nécessaire aujourd'hui que la virtualité a envahi nos existences quotidiennes. La désincarnation des relations humaines est bien plus menaçante que la sexualité "de consommation" des jeunes gens, ou la pornographie qui dégrade l'idée de l'érotisme. Chaque jour, chacun est enchaîné de longues heures à la solitude de son écran, et les relations amoureuses elles-mêmes se forment souvent par ce biais. A cette sociabilité incorporelle manque une dimension capitale, celle de la présence. Quand, au lieu du contact numérique, un corps, dans ses humeurs et ses odeurs, dans sa singularité, vient épouser le nôtre, nous éprouvons sa réelle présence et la nôtre, d'autant plus réelles qu'elles sont plus intimes. Contrairement à l'exhibition mentale et visuelle que proposent les réseaux sociaux, contrairement à leur théâtralité qui maintient la distance, soudain on touche un corps qu'on a choisi, et l'on atteint au plus secret. A travers cette corporalité partagée, tout un esprit se donne intuitivement à percevoir -- deux corps-esprits se rencontrent. Je persiste à croire que quand tous les tabous seront levés, quand la possibilité de la transgression aura été réduite à peu de chose -- qu'en reste-t-il, déjà ? --, demeurera cette expérience bouleversante de l'intime, de la peau, de la caresse, de la vulnérabilité, cette conjonction inouïe de deux corps-esprits s'offrant dans leur nu intérieur.
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