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EAN : 9782234074712
160 pages
Stock (21/08/2013)
3.24/5   17 notes
Résumé :
« En écrivant ce livre sur mon père, j’ai découvert que ce que nous recueillons de nos parents, et dont il est beaucoup plus difficile de se débarrasser que de leurs idées, ce sont leurs affects, vivante et palpitante matière transmise à leur insu et au nôtre, irrémédiablement. On connaît, sans mots, sans discours, intuitivement, les cordes et les accords blessés, les joies aussi, sur lesquels ils sont bâtis et qui fournissent, par legs inconscient, notre ossature. ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Après l'époustouflant cadeau qu'une amie m'a fait dernièrement, avec le tout récent "S'émerveiller" de cette auteure, que je lisais pour la toute première fois... je me suis précipitée sur cet écrit intimiste...

Dans cet essai "S' Emerveiller", des allusions, et extraits de ses textes antérieurs, il était question à plusieurs reprises de ce récit personnel, que je me suis commandé aussitôt...

Un hommage unique et bouleversant d'une fille-écrivain à son père, écorché vif, fantasque, atypique, et même si ce dernier se situe dans une existence "manquée", il aura réussi à transmettre à ses enfants,(dont l'auteure) les valeurs primordiales, fondatrices, aimantes pour grandir de la meilleure façon possible...

Ce texte me "tourneboule" à plus d'un titre car il soulève des questions essentielles ,comme nos fondations, les transmissions multiples, variées
et complexes de nos parents...notre construction d'adulte selon la densité , la qualité, l'authenticité des valeurs, de l'affection... que notre histoire familiale nous a léguées

Nous comprenons à cette lecture combien ce papa, original et fantaisiste,fut un pédagogue extraordinaire qui influencera de façon significative la carrière future de l'auteure, ainsi que son appréhension et sa philosophie de la vie...

La lumière, la force, la faiblesse comme l'énergie de Belinda Cannone lui viennent de ce père décalé, mais hors du commun,autodidacte et profondément humaniste...

"Je crois que j'ai eu envie d'écrire ce livre parce qu'un jour, dans un train,me rendant à un colloque de psychanalystes autour de mon essai -
Le Sentiment d'imposture-, j'ai réalisé à quel point il -savait aimer-. Je lisais le résumé d'une conférence où l'auteur évoquait un épisode de la vie de Freud, un voyage entravé par une loyauté à l'égard de son père, et j'ai pensé combien le mien avait su m'autoriser à grandir, et d'abord en me permettant de m'affranchir de lui. A présent je me dis qu'ici se trouve peut-être le fondement de mon entreprise, dans mon émerveillement devant son étonnante intelligence du coeur, émerveillement assez puissant pour m'avoir incitée à tenter son portrait." (p. 108)

Ce récit personnel offre et engrange d'abondants questionnements: les origines possibles du besoin vital d'écrire, de la vocation d'écrivain, tout l'arc-en-ciel de cette chose extraordinaire : la TRANSMISSION...qui permet aux enfants de se construire de façon plus ou moins satisfaisante...

L'héritage affectif et intellectuel des parents, souvent plus envahi d'affects... d'où la complexité fréquente pour les enfants, à digérer, assimiler, et à en faire du positif !

L'auteure relate à quel point , dans les moindres replis de sa sensibilité, les enseignements les plus modestes de son père sont là , omniprésents...
"Mon père (...)) était pourtant fier de moi- quoique pour rien au monde il n'eût parlé de mes livres à quiconque: il aurait eu l'air de se vanter, disait-il, ou pire, de s'attribuer un mérite alors qu'il n'était "évidemment" pour rien dans mes réussites.
Il avait raison, en ce qu'il ne m'a jamais suggéré de publier des livres, mais il avait tort, puisqu'il m'avait mis la plume à la main, les mots au coeur, et m'avait appris à regarder le monde. Quoi qu'il en ait pensé, je suis depuis longtemps persuadée que je réalise, disons, son voeu inconscient" (p. 133-134)


Nous avons tous un parent plus ou moins proche, qui nous a marqués plus durablement, continuant à nous éclairer et à influencer notre propre chemin, nos manières de vivre, de penser, d'agir: cette lecture
bouleversante m'évoque ma propre petite lumière permanente,qui reste (même après près de 30 ans depuis sa disparition, en 1988) ma grand-mère maternelle, conservant, en dépit une vie des plus modestes et effacées ,tout son rayonnement à mes yeux d'enfant comme à ceux de l'adulte...

J'achève ce ressenti de lecture sur cet extrait qui donne parfaitement le ton de cet hommage: Amour, reconnaissance, joie et grande mélancolie...mélangées !

"Au tout début de -Paris, Texas-, de wim Wenders, on voit un homme marchant le long d'une voie ferrée, seul le visage buté, mal fagoté, obstiné et ayant l'air, je ne sais pourquoi je le crois, de faire un long
voyage bien qu'il ne porte aucun bagage, et d'aller fermement vers nulle part. C'est une de ces images complexes comme le cinéma nous en offre parfois, et qui prennent aussitôt place dans un recueil très
intime et précis. Dans ce marcheur j'ai d'emblée vu mon père -pour l'errance, la solitude et l'ardeur. "
(p. 147)

Un très fort moment de lecture... qui m'a fait songer, en partie, à un autre récit personnel d'un écrivain, J.M. Delacomptée "Ecrire pour quelqu'un" [ Hommage d'un fils à son papa].

Je renouvelle ma reconnaissance à l'amie, qui a enclenché ma découverte de cette romancière et essayiste...Elle se reconnaîtra aisément...

Mon enthousiasme est tel , que j'ai commandé à mon libraire de quartier, " La Chair du temps" et "L'Homme qui jeûne"...; mes deux lectures à venir , pour poursuivre ma connaissance de cette dame,
qui me touche et m'enthousiasme pour sa sensibilité, et ses analysestrès percutantes sur l'écriture, et les merveilles de la transmission...
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En librairie depuis le 21 août, "Le don du passeur" est un texte récit biographique écrit par la romancière et essayiste française Belinda Cannone, notamment auteure des romans "L'Adieu à Stefan Zweig","Entre les bruits" ou encore de l'essai "Petit éloge du désir" qui paraîtra le 12 septembre prochain.

"Le don du passeur" évoque Joseph Cannone, cet homme "à contre-courant" qui fut le père de l'auteure.
Un "drôle de bonhomme" doté d'une "disposition continue" à l'intelligence de coeur, qui passait parfois pour un fou tant sa générosité, son respect et son souci des gens, des choses, de la nature, son humilité, son émotivité et sa compassion pouvaient se manifester à l'excès, provoquant souvent l'incompréhension ou l'agacement.
Et pourtant c'est ce même homme, présent en filigrane dans chaque texte de l'auteure, qui en véritable "passeur", a transmis à sa fille le don de pouvoir s'émerveiller devant les plus petites choses et communiqué, malgré lui, un système de valeurs et une certaine façon d'être au monde, toujours empreinte de cette modestie naïve qui le caractérisait.
Pédagogue dans l'âme, toujours prescripteur de conseils pour aider autrui, il n'en a pas moins laissé sa fille libre de penser par elle-même, lui donnant des outils plutôt que de chercher à la diriger dans ses choix. Nul doute que celui-ci, par son amour de la langue et de la littérature, lui ait ouvert la voie vers sa vocation d'écrivain.
Mais, si l'homme pouvait se montrer joyeux, il se révélait aussi mélancolique et jamais apaisé, capable d'une totale abnégation jusqu'à l'auto-flagellation.
Qualités, défauts, les deux notions ne cessent ici de se confondre.

"Je croyais que j'allais souvent pleurer. Mais non. le travail tient l'émotion en respect. Plutôt : pour parvenir à exprimer ce qu'il y a d'émouvant dans ce personnage, je dois fournir un travail qui crée en moi une distance d'avec l'émotion primitive. Que ressentira le lecteur ?" p.45

Puisque l'auteure pose ouvertement la question à son lecteur, je me permets de formuler une réponse.
Loin de moi l'idée de mettre en doute l'amour de Belinda Cannone pour son père (de quel droit me le permettrais-je ?) mais si j'ai bien ressenti une tendresse certaine dans le choix des anecdotes évoquées, il m'a vraiment manqué une chaleur, une vibration dans l'écriture telle que, à sujet plus ou moins équivalent, je l'avais ressentie durant ma lecture de "Le livre de ma mère" d'Albert Cohen.
"Le don du passeur" m'a en quelque sorte fait penser à une coupe de cheveux "effet saut du lit".
Hum...je m'explique. Vous voyez ces ptits djeuns qui arborent une coupe de cheveux d'apparence négligée alors qu'en fait ils ont passé plus d'une heure dans la salle de bains ?
"Le don du passeur" donne par sa construction une impression un peu chaotique, comme si il avait été écrit au fil des idées et des souvenirs de l'auteure. Ainsi le portrait de son père se dessine-t-il progressivement devant elle (et devant le lecteur).
Pour paraphraser Beigbeder, Belinda Cannone écrit pour savoir ce qu'elle pense de son père, recourant à l'écriture pour remplir le vide et composer, immortaliser le portrait formé par les souvenirs liés à lui.
Malheureusement, sans se révéler artificiel pour autant, ce récit m'a semblé trop en retenue, trop travaillé.
Evoquer son propre père relève de l'intime mais dans le cas présent, j'ai trop souvent eu l'impression de lire un essai sur un personnage (l'auteure dresse beaucoup de parallèles avec "L'Idiot" de Dostoievsky, que je n'ai pas lu, ça n'aide pas).
Au final, j'ai regretté que l'auteure verse trop dans l'analyse au détriment de l'affect.
J'espère être davantage conquise par "L'Adieu à Stefan Zweig" qui m'attend dans ma bibliothèque depuis un bon moment.

Lien : http://contesdefaits.blogspo..
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Un magnifique texte sur les relations d'une fille et son père. L'auteure explore ce que c'est que d'être la fille de son père et les liens tissés par les apports de chacun dans la vie de l'autre. Avec un écriture toujours plus intimiste, Belinda Cannone rend un magnifique hommage à celui qui lui a transmis la vie dans tous ses aspects ! le Don du Passeur, parcourant les anecdotes qui sont visiblement plein de tendresse, installe chez le lecteur le sentiment de la transmission : en effet le thème de la transmission est au coeur de l'oeuvre, transmission d'un père vers sa fille, legs souvent inconscients mais constitutifs de l'identité, mais il pose également, de façon sous-jacente, ce que sera le legs de l'auteur : Belinda Cannone, professeure dans l'enseignement supérieur cherche à transmettre, en partie ce que lui a transmis son père mais se pose également la question de ce que sera son propre héritage.
Un livre puissant, étonnant, et plein de tendresse!
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Enfin Mme BC se révèle ! Certes, nous sommes loin de confessions spontanées et sentimentales mais j'avoue que son nouvel univers me plaît davantage.
La chair du temps m'avait laissée amère dès lors que l'introduction de la fiction s'était imposée.
Cet ouvrage n'est pas qu'un portrait rationnel de son père, mais bien un portrait croisé. C'est de l'auteure dont il est question, de son identité, de sa personnalité.
Fouiller, approfondir l'intime est bien ce qui manquait à mes lectures de Mme BC jusqu'alors.
J'avais du mépris pour la distance sans cesse affichée de l'écrivain. Aujourd'hui, j'en comprends les motifs (cf. l'anecdote de l'ânesse) sans toutefois cautionner la froideur des textes.
Cependant, ma frustration disparue, j'ai enfin pu savourer la beauté du langage, la finesse du phrasé, la pertinence des mots.
Affaire à suivre...
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Quel beau titre ! Un père peut-il rêver mieux que d'être un passeur pour ses enfants? Hommage de l'auteur à son père disparu, un homme complexe, inadapté à la société, débordé par ses émotions (comparé à l'Idiot de Dostoievski) mais qui a transmis à ses enfants la joie de vivre, le goût de la littérature. Même si les enfants sont différents de leurs parents, il est beaucoup plus difficile selon l'auteur de se débarrasser des affects, émotions transmis par les parents que de leurs idées car ils sont transmis à leur insu.
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Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
Par ailleurs, quand il avait des maux de tête, je l’ai souvent entendu dire qu’il redoutait de devenir fou. Je présume qu’il exprimait ainsi, sans en avoir bien conscience, son sentiment de décalage et son incompréhension du monde. Je me rappelle mon étonnement, ou plus exactement ma surprise mêlée de désapprobation, la fois où, dans les dernières années, il désigna un clochard à mon neveu (ou bien le clochard s’était-il imposé à nos yeux et il en fut embarrassé) en lui disant avec un petit rire gêné : "C’est un fou." Réduire l’exclusion sociale à un trouble psychique (ils vont parfois de pair, mais pas forcément) me paraissait étrange et faux. Avantage d’une mémoire défaillante, je peux conclure de la persistance d’un souvenir qu’il doit posséder pour moi un sens et une force peu communs ; si j’essaie d’analyser la teneur de celui-ci, je devine qu’il me touche parce que le clochard n’était pas un personnage anodin chez nous. Il y avait un "devenir-clochard" chez mon père (misère, mon doigt coquillant venait d’écrire "chez moi" sur le clavier de l’ordinateur), dont il ne fut sauvé, je crois, que par l’origine méditerranéenne de notre famille, c’est-à-dire par l’immédiate mise en œuvre d’une solidarité familiale, exacerbée par l’amour de sa mère, qui le préserva de la déchéance. Ailleurs, il eût peut-être plongé. Ce devenir-clochard était suffisamment fort pour qu’un de mes frères – de cela aussi je me souviens le cœur serré – me montrât un jour un dessin que j’ai longtemps conservé, où il s’était représenté lui-même en clochard affalé au bord d’un chemin, en me disant que la figure exprimait une crainte fantasmatique. C’était d’autant plus saisissant que mon frère terminait à cette époque des études brillantes dans une grande école d’arts appliqués, et que rien de concret n’indiquait qu’il aurait jamais à affronter pareil destin… Mais on est héritier, toujours, des désirs et des peurs, du meilleur comme du pire, et puis l’on passe sa vie à faire le tri – garder la force et conjurer les freins, déjouer les loyautés paralysantes – pour atteindre ce qui nous permet de ne pas démériter de l’aventure humaine : la capacité de réinvention permanente.
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Je crois que j'ai eu envie d'écrire ce livre parce qu'un jour, dans un train, me rendant à un colloque de psychanalystes autour de mon essai -Le Sentiment d'imposture-, j'ai réalisé à quel point il -savait aimer-. Je lisais le résumé d'une conférence où l'auteur évoquait un épisode de la vie de Freud, un voyage entravé par une loyauté à l'égard de son père, et j'ai pensé combien le mien avait su m'autoriser à grandir, et d'abord en me permettant de m'affranchir de
lui. A présent je me dis qu'ici se trouve peut-être le fondement de mon entreprise, dans mon émerveillement devant son étonnante intelligence du coeur, émerveillement assez puissant pour m'avoir incitée à tenter son portrait. (p. 108)
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L'homme qui jeûne-

J'ai inventé un homme qui jeûne pour rien, c'est-à-dire pour hurler silencieusement Non à la vie et au désir, un homme paradoxalement si désirant qu'il ne vit pas à n'importe quel degré d'intensité, et qui est capable d'obliger son corps à proférer ce Non général. D'une certaine façon, j'ai quand même été fidèle à l'histoire réelle, car c'est bien ce qui arriva à mon père, cette chute radicale du désir de vivre et cette utilisation du corps pour signifier. Et c'est bien mon père, cet homme de feu tombant dans la négativité pure: je veux dire que c'est parce que j'avais en tête son modèle que j'ai pu concevoir pareil personnage, croisement d'ardeur et de mort. (p. 104)
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Il en restait ce sentiment d'étrangeté qui nous faisait parcourir le monde en retenant notre souffle- et en nous émerveillant.
Une qualité de lumière, ou de silence, un arbre, un objet surprenant, les couleurs d'un paysage, tout était matière à enchantement. Par les promenades nous avions l'occasion d'apprendre à voir et à sentir. Chemin après chemin, clairière après clairière, mon père nous transformait en spectateurs attentifs de la beauté du monde. regarde, regarde ! Ecoute ! Sens ! (p. 32)
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Mon père (...)) était pourtant fier de moi- quoique pour rien au
monde il n'eût parlé de mes livres à quiconque: il aurait eu l'air de
se vanter, disait-il, ou pire, de s'attribuer un mérite alors qu'il n'était
"évidemment" pour rien dans mes réussites.
Il avait raison, en ce qu'il ne m'a jamais suggéré de publier des livres, mais il avait tort, puisqu'il m'avait mis la plume à la main,les mots au coeur, et m'avait appris à regarder le monde. Quoi qu'ilen ait pensé, je suis depuis longtemps persuadée que je réalise, disons, son voeu inconscient. (p. 133-134)
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Videos de Belinda Cannone (31) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Belinda Cannone
Une conversation présentée par Raphael Zagury-Orly Avec Isabelle Alfandary, auteure et professeure Belinda Cannone, auteure Serge Hefez, psychiatre
Le «un» n'est jamais le chiffre de la vie. Certes, il y a les organismes unicellulaires, bactéries, levures, plancton et autre protozoaires… Mais eux aussi on besoin de quelque chose d'autre, d'un milieu.. A la base de toute molécule organique, outre la durée temporelle et les sources d'énergie, se trouvent des multiplicités, des altérités, des combinaisons d'éléments, carbone, oxygène, hydrogène, eau, azote, dioxyde de carbone, diazote… Bien sûr, cela fait la vie sur Terre, la vie des vivants, mais ne dit rien sur la façon dont les êtres humains, eux, choisissent de la porter, cette vie, c'est-à-dire d'exister. de là aussi l'unicité est exclue: on vient au monde «plein des autres», le monde ne vient à l'enfant que par les autres, et il n'y tient que si d'autres d'abord le tiennent et tiennent à lui. Né d'une union qu'il n'a pas choisie, il lui appartiendra ensuite de s'unir volontairement à qui il voudra, par affinité, par intérêt même, par amitié, par amour, et de constituer des couples, des clans, des groupes, des familles, des communautés, des sociétés… Il se peut dès lors que des personnes, pour supporter le faix de la vie, choisissent de la porter à deux, de faire de leur cohabitation une convivance, et de leur existence une coexistence, le plus souvent solidifiée par le ciment de l'amour. La «vie à deux» devient dès lors une vie rêvée que les partages quotidiens rendent réelle. Mais est-ce si sûr? Combien coûte le sacrifice du «un», de la libre et insouciante existence solitaire, qui n'a de comptes à rendre à personne? Combien coûte le sacrifice du trois, ou du quatre, d'union plurielles où la diversité fait loi, où les plaisirs varient et s'égaient de ne point devoir s'abreuver à une seule source? Est-il possible qu'une «vie à deux», soudée par le plus bel amour, résiste aux soudaines envies d'autonomie, demeure imperméable aux petites disputes, aux grosses scènes de ménage, aux soupçons, aux jalousies, aux perfidies, aux humeurs insupportables, aux messages indus sur le portables, aux désirs d'être seule(e), de partir seul(e), de dormir seul(e)? On ne sait pas. On ne sait pas si la «vie à deux» est le paradis de l'amour ou l'enfer de la liberté.
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