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Citations de Belinda Cannone (347)


Séduction : tu en as souvent fait la critique. Critique du calcul. Dédain de persuader, Non que tu ne veuilles jamais plaire : tu veux séduire sans le chercher, par ce que tu es - affaire de dosage entre le naturel et l'artifice.
Tu crois que la séduction doit être une prise de risque : je suis ainsi, exactement ainsi - te plais-je ? Roulette russe.
Risque majeur d'être refusé, repoussé, mais merveille si l'on plaît.
Alors, sous le chaud regard accueillant, on s'ébroue, en sympathie avec soi-même.
Le désir de l'autre, nous rend aimable à nos propres yeux.
Pourquoi ?
Peut-être parce qu'alors nous n'avons plus besoin d'insuffler de l'amour en nous-mêmes, un autre s'en charge, nous permettant de nous sentir plus léger, désencombré de soi - délié.
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Lorsque tes yeux flous semblent se perdre vers un lointain personnel, ils sont tournés vers l'intérieur, c'est à dire vers lui - obstinément.
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Ai-je tout dit ? Mais non ! Sait-on comment se bâtit le désir de vivre ? (p. 142)
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Il était beau, très. [le père de la narratrice] Mais aucune photo où il sourie. Son visage irradie la mélancolie. Ou l'inquiétude. Les deux. J'ai remarqué que souvent les gens trouvent leurs parents beaux sur les photos, peut-être simplement parce que, la distance temporelle leur permettant de les voir comme des étrangers, ils sont étonnés de les découvrir si frais- dotés de cette beauté ordinaire de la jeunesse. (p. 10)
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Les silences correspondent assez bien à ce que les peintres appellent des réserves, ces parties de la toile qui ne sont pas peintes. Une réserve, c'est joli, non ? Eh bien le silence est notre réserve, à nous compositeurs, où nous restons en retrait, mais aussi notre réserve de sons, l'endroit d'où jaillira leur profusion. Nous devons savoir apprécier ce silence particulier qui précède l'apparition de la ligne sonore : il contient la promesse. 
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Baguenauder dans les alpages ... l'image ne convient guère. Monter est parfois rude et cheminer dans les pierriers ne va pas sans péril.

Mais je voulais distinguer la randonnée de cette autre pratique, l'alpinisme, qui ne m'intéresse guère car elle contrarie ce que je recherche dans la marche : un état flottant qui, quoique incluant l'effort, reste assez doux et régulier pour que mon esprit soit libre de vagabonder. Le marcheur est un être pensif. Pas l'alpiniste, tout entier concentré sur la difficulté à vaincre. Je dois cependant reconnaître que. j'aime la folie de ces « conquérants de l'inutile », d'autant qu'à ma modeste façon je me sens· des leurs.

J'ai toujours vu une proximité entre leurs paris dangereux et l'activité des écrivains. Celle-ci peut être utile : contrairement à la gratuite conquête d'un sommet tibétain, la littérature espère transformer le monde - disons. Mais qu'elle réussisse à avoir cet effet n'est rien moins qu'assuré et je me dis parfois que, si mon talent n'est pas à la hauteur de mon désir - ce que je ne saurai probablement jamais-, j'aurai peut-être passé mon existence à une activité très vaine, alors que tant de plaisirs et de ~gratifications diverses étaient à ma .portée. Dans l'alpinisme, on peut perdre la vie.

Dans la littérature, si lente et requérant tant de temps, on peut dilapider sa vie. Bref. (p. 54 et 55)
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Saint Augustin: celui qui se perd dans la passion est moins perdu que celui qui perd sa passion".
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Tu entends souvent des femmes déclarer (peut être les hommes le disent ils aussi mais tu recueilles moins souvent leur confidence), qu'elles ont quitté un homme parce qu'elles ne ne sentaient plus vivantes.
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APATHEISTE - Jean-Marie Blas de Roblès -

Voici un mot fort disgracieux, un monstre sonore dont la laideur renvoie au pâté de campagne, aux terrines, aux rillettes de canard et, dans le même temps, à ceux ou celles qui s’interdisent de les consommer. Apathéiste ! On pourrait proposer d’instinct une définition aux accents « vegan » : « qui refuse d’ingérer quelque aliment que ce soit ressemblant à une forme de pâté ».
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[…] il est impossible de démêler ce qui, de notre intelligence, de notre sensibilité ou de notre inconscient, est engagé dans l’acte d’inventer. Je ne saurais que dire de cette qualité réputée première, l’imagination romanesque, et j’éprouve de la surprise et de l’incrédulité chaque fois qu’on m’en attribue. Se sait-on, ou peut-on se vouloir, imaginatif ? Je peux, pour l’éclairer, transposer l’interrogation sur le plan physique : à moins de s’être vu marcher, comme on verrait un autre, connaît-on jamais sa démarche ? L’imagination semble toujours la qualité des autres : elle est, par définition, ce qu’on n’aurait pas imaginé soi, ce dont on se sait incapable, elle est l’inventivité qu’on constate avec étonnement chez autrui et dont on est persuadé qu’on ne l’aurait pas eue. Ce qu’on invente soi-même paraît toujours sans imagination — puisqu’on l’a inventé soi-même.
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Il sentait comme les faibles, tous les faibles, car il était l'un d'eux. Or nous savons la puissance de la fragilité: c'est celle du Christ qui loue les simples d'esprit et les enfants, et fait exemple de sa vulnérabilité. Tout processus de civilisation, organisant le recul de la violence et de la barbarie, est permis par le fait de se placer du côté du moins fort, et de sentir avec lui. Le grand civilisé est celui qui se connaît faible. (p. 64)
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L’imposture est une affaire secrète. L’imposteur tremble à l’idée qu’autrui finisse par s’apercevoir de ce qu’il est - ou plutôt de ce qu’il n’est pas. La plupart du temps, autrui semble penser que nous occupons légitimement notre place (il nous a d’ailleurs invité au château), mais dans le secret de notre chimère, ne ne croyons pas à cette légitimité, nous pensons qu’autrui s’est trompé et nous tremblons d’être découvert.
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Tu as bien travaillé, tu étais intelligent, et tu es devenu grand ingénieur de carrière. Longtemps pourtant, tu ne t'es pas débarassé d'un sentiment d'imposture qui te rongeait secrètement. Toi, le petit provincial bisagnon, qu'est-ce que tu faisait donc à l'Ecole, parmi ces jeunes gens sûr d'eux, puis ensuite parmi ces brillants carriéristes, Oh, bien sûr, tu travaillais beaucoup, tes dossiers de carrière était parfaits, tes collègues t'appréciaient vraiment, c'est toi qui dénouais souvent les problèmes de chantier. Combien de verres de magoude avez-vous partagés après chaque opération réussié, avec cette tranquillité des travailleurs contents d'eux et des autres.
Alors? Pourquoi cette conviction que tu occupais une case qui n'avait pas été prévue pour toi?
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Dans une fratrie, aucun n'a exactement le même père, mais mes frères et ma soeur reconnaîtront le nôtre. Ils sont heureux que j'écrive ce livre (...)
Nous pensons qu'il s'agit de "rendre" quelque chose, comme on dit à la fois rendre un paysage, rendre hommage, rendre justice et restituer. (p. 11)
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Par ailleurs, quand il avait des maux de tête, je l’ai souvent entendu dire qu’il redoutait de devenir fou. Je présume qu’il exprimait ainsi, sans en avoir bien conscience, son sentiment de décalage et son incompréhension du monde. Je me rappelle mon étonnement, ou plus exactement ma surprise mêlée de désapprobation, la fois où, dans les dernières années, il désigna un clochard à mon neveu (ou bien le clochard s’était-il imposé à nos yeux et il en fut embarrassé) en lui disant avec un petit rire gêné : "C’est un fou." Réduire l’exclusion sociale à un trouble psychique (ils vont parfois de pair, mais pas forcément) me paraissait étrange et faux. Avantage d’une mémoire défaillante, je peux conclure de la persistance d’un souvenir qu’il doit posséder pour moi un sens et une force peu communs ; si j’essaie d’analyser la teneur de celui-ci, je devine qu’il me touche parce que le clochard n’était pas un personnage anodin chez nous. Il y avait un "devenir-clochard" chez mon père (misère, mon doigt coquillant venait d’écrire "chez moi" sur le clavier de l’ordinateur), dont il ne fut sauvé, je crois, que par l’origine méditerranéenne de notre famille, c’est-à-dire par l’immédiate mise en œuvre d’une solidarité familiale, exacerbée par l’amour de sa mère, qui le préserva de la déchéance. Ailleurs, il eût peut-être plongé. Ce devenir-clochard était suffisamment fort pour qu’un de mes frères – de cela aussi je me souviens le cœur serré – me montrât un jour un dessin que j’ai longtemps conservé, où il s’était représenté lui-même en clochard affalé au bord d’un chemin, en me disant que la figure exprimait une crainte fantasmatique. C’était d’autant plus saisissant que mon frère terminait à cette époque des études brillantes dans une grande école d’arts appliqués, et que rien de concret n’indiquait qu’il aurait jamais à affronter pareil destin… Mais on est héritier, toujours, des désirs et des peurs, du meilleur comme du pire, et puis l’on passe sa vie à faire le tri – garder la force et conjurer les freins, déjouer les loyautés paralysantes – pour atteindre ce qui nous permet de ne pas démériter de l’aventure humaine : la capacité de réinvention permanente.
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...quand on [naît] pauvre, on le [reste] toute sa vie, même si l'on (devient] riche; Car il ne suffit pas d'avoirde bonnes manières, du goût ou de la culture: il faut que tout cela soit "naturel"; la caricature de celui qui n'a pas su "naturaliser" ses acquisitions: le "nouveau riche". Plus insidieux, le redoutable commentaire des nantis qui vient toujours comme une explication globale et vague de la personnalité de quelqu'un, si brillant soit-il: "Il vient d'un milieu très populaire." Le privilège de la naissance n'est pas seulement une croyance d'Ancien Régime. On a beau être entré dans l'idéologie du mérite (chacun valant par la somme de ses actes et non par la grâce de sa naissance), reste que tel fauteuil Empire a beaucoup plus de prix (symbolique) s'il nous vient de notre grand-mère que si on l'acheté à un antiquaire, car dans le premier cas il est naturalisté par la transmission: la puissance est un donné au lieu d'être un acquis. L'ancien pauvre est souvent partie prenante de cette vision, il se sent imposteur parce qu'il se souvient que ce que d'autres possédaient en naissant il a dû, lui, l'"emprunter".
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On pourrait croire qu’elle offre son visage enfantin à la noria désordonnée des oiseaux piailleurs, peut-être joueurs, qui foncent sur elle puis l’esquivent au dernier moment en montant à la verticale, tandis qu’elle écoute le bruissement de leurs ailes. Elle aime sentir, bien qu’elle ait dompté la peur d’être atteinte, son cœur bondir quand les martinets surgissent comme des balles d’obsidienne, et une joie confuse la prend d’être capable, elle, si petite si frêle, d’interrompre leur trajectoire. Ses lèvres ne sourient jamais – grave, recueillie, si douce Minette –, mais parce qu’elle commande aux oiseaux, parfois, un éclat traverse son regard.
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Dans le lit. L'après midi glisse entre paroles, rires, frottements des corps nus, étreintes, baisers. Temps perdu. Tu penses à deux vers simples de Roberto Juarroz : Aujourd'hui je n'ai rien fait ! Mais quelque chose s'est fait en moi.
La lumière qui perce le rideau annonce le printemps.
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Tu as déjà essayé de décrire cet appel de ton corps à être foré, fouaillé, ce délice d'être envahie.
Ton désir : de ressentir cette fusion dont les ondes se propagent de vos ventres à vos crânes, cette joie de la communion si singulière des corps-esprits.
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Les animaux, comme le paysage, appartiennent à ce non-moi auquel nous sommes intimement ajustés. Ils sont nos proches dissemblables, nos voisins différents dont la vie secrète nous émeut et dont l'apparence est une des formes les plus saisissantes de la beauté naturelle. Lorsqu'ils s'approchent de moi, ils me rappellent la primitive alliance du vivant qui est rompue. Me faire assez confiance pour partager mes parages signifie reconnaître en moi une part de bonté et de respect qu'ils ont peut être pressentie. J'ai le sentiment qu'ils rendent ainsi hommage à mon humanité pacifique. (42)
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