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Citations de Belinda Cannone (348)


« Mais la méconnaissance du réel ne vient pas seulement de l'illusion qui consiste à prendre le mot pour la chose : elle tient à ce que le langage aille trop vite, c'est-à-dire qu'il fasse trop vite sens dans notre esprit et maintienne, de ce fait, notre perception à la surface des choses. Il faut s'arrêter devant le réel, et cet arrêt seulement rend possible l'émerveillement. En ce sens je dis que l'émerveillement est un parfait "conducteur de réalité", car il favorise l'accès à la conscience claire d'une dimension des choses qui sans lui nous échapperait. Ensuite c'est la poésie, en tant qu'elle introduit la lenteur dans le processus de signification, car elle exige attention extrême à chacun des mots et à leur assemblage, qui permet de restituer l'émotion ressentie. Ainsi donc, par l'émerveillement en tant que perception, et la poésie en tant qu'expression de cet émerveillement, nous ne "trahissons" pas la réalité. » (p. 138)
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Il te désire. Alors tu retrouves cet état bienheureux de l'enfance, quand tu croyais sans avoir besoin de le dire que tu étais l'enfant la plus merveilleuse du monde, car c'est ainsi que te regardaient tes parents.
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Il n'aurait jamais dû accepter de recevoir ce cadavre vivant chez lui
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Assomption de l’altérité. Tu attaches deux significations au mot Désir : d’une part il désigne l’appétit qui gît en soi, nous disposant à la rencontre intime d’un autre corps, mouvement vital, premier _ énergie pure. D’autre il représente le mouvement qui fait distinguer et élire, et qui partant de soi se dirige vers un autre choisi pour lui-même, pour ce qu’il est d’autre, différent de soi ou de quiconque, et désiré, c’est à dire, aimé pour son altérité même. Et ce désir serait-il fugace, il n’en est pas moins distinction et élection – tu trouves une très humaine et noble beauté à cette élévation d’autrui.
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un livre superbe , dont la prétendue pédanterie et suffisance m'échappent, comme elle a du échapper à l'Académie Française qui en fait son prix de l'essai; un essai majeur sur la joie une clé pour l'œuvre de Belinda Cannone
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les journaux contiennent toute ma vie: or j'ai une mémoire si incertaine, si lacunaire, que cette perte m'apparait comme une grande catastrophe.

Que peut-il y avoir dans la tête du jeune homme qui force les serrures et y découvre cette chair du temps, Des souvenirs se dit-il ?"

Ce que je fais peut-être aussi en écrivant ces pages : comprendre comment le temps nous traverse. Comprendre en quoi nous sommes fait de la chair du temps, c’est-à-dire de mémoire ».

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"... ce qu'ils sont ne correspond pas à la case, laquelle case apparaît exactement comme un idéal."
"Au royaume des apparences, il faudrait ne se soucier que de son être profond. A l'ère de la consommation de masse, il faudrait être unique. Evidemment lorsqu'on ouvre les magazines ou qu'on allume la télé pour écouter parler de l'être profond, on ne découvre que l'être standard : "ressemble-nous, sois toi-même"... D'un côté, une société d'une grande complexité, qui propose une infinité de cases assez strictes. De l'autre, l'injonction d'être singulier. Tu ne sais trop si tu trouves là quelque chose de paradoxal ou d'au contraire très cohérent. Car tu te demandes si le sentiment d'imposture ne vient pas parfois de ce que le monde dans lequel nous vivons est si complexe, si organisé, si ordonné (à certains égards), de ce que l'existence y est tellement prise en charge par toutes sortes de discours de recommandation, de conseil, d'experts, de gens-comme-soi, qu'on a vite fait de perdre ses repères parmi la multiplicité de ceux qui nous sont proposés, qu'on contrarie forcément un modèle en optant pour un autre, et que de toute façon on a du mal à se conformer aux cases disponibles... monde plein de cases, certes, mais dont aucune ne peut être "sienne"
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– Et le réchauffement climatique...poursuit Barbe. On a l'impression que tout conspire... tout conspire au désastre final.
– Dire qu'on est peut-être les derniers, soupire Jérôme. Après tout, le monde a commencé sans nous, il peut bien finir pareil, avec juste quelques loups énormes chassant des lapins volants et des icebergs à la dérive sur tous les océans.
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Elle dit qu'elle n'entend pas son pic-vert trop lointain mais les oiseaux pépiant, les feuilles qui bruissent, les galops des petits animaux au sol, les griffes sur les branches (les écureuils), des craquements (peut-être des noisettes), des claquements, des clappements, des crissements, des froissements, des glissements – des bruits intéressants mais si nombreux, ça enfle, le vent dans les feuillages dessine comme un long ruban sonore qui s'amenuise dans le lointain, les pas créent un matelas bourdonnant sur le sol, deux oiseaux se disputent sous son nez, l'air est plein à craquer – elle doit fermer les oreilles pour se reposer.
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Désir et mélancolie : comme le recto et le verso d'une feuille, inséparables.
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Desnos, une dernière fois : " Par les océans tropicaux et les mers boréales, précédé de son étrave invisible, vogue le steamer AMOUR qui renaît sans cesse de ses naufrages".
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Saint Augustin : " Celui qui se perd dans sa passion est moins perdu que celui qui perd sa passion".
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Tu le désires passionnément, c'est à dire que ton être est entièrement accaparé par cette ardente rencontre qui ne laisse aucun espace vacant en toi, et pourtant tu n'ignores pas qu'un tel désir finira . Il s'épuisera. Tu en as le coeur secrètement étreint.
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Mais, de même que la langue ne sait restituer l'effluve d'un parfum, dans la jouissance le cri, le pleur, la mélodie et le râle se substituent aux mots, car de ceux là tant seraient nécessaires, si nombreux et proférés en un si bref instant, pour dire tout ce qu'on sent, en soi et vers l'autre que la gorge leur préfère ce chant brisé où ils se concentrent et se bousculent inarticulés.
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Laisser monter le désir en soi, lancer ses fins tentacules vers lui, les reprendre - poulpe timoré - hésiter (mais n'es tu pas déjà attrapée ?), puis se laisser envelopper par les siens.
Parce qu'une fois que tu y consentiras ... ce sera la battue dans les taillis du rêve.
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Nous ne vivons pas qu'au présent. Nous sommes des alambics où se déposent les images et les sensations qui, avec le temps, entrent en travail et se redéfinissent. Aucune nostalgie, qui n'est qu'un regret, mais une réinvention de l'émotion, qui est un surcroît, un enrichissement de la sensation première. [...] Idée étrange mais sait-on exactement ce qui compose l'écheveau touffu de nos émotions à un moment donné ? Il se peut que de l'émerveillement s'y niche mais, caché par des affects plus immédiats ou pour diverses raisons alors prépondérants, il lui faut un délai pour se déployer dans la conscience. (p. 97)
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Qu' est ce qui en toi à vu si clair en lui? Comment savais tu que tu aimerais son corps, sa voix, sa manière ?

L'as tu choisi dans une sorte de prescience ou bien, au contraire ton désir de lui sest il façonné a son contact, apprenant à s'accorder à ses particularités, à en jouir?

Mais c'est toujours ainsi avec le réel, tu ne sais pas si l'univers se contente si bien parce que vous êtes fait de la même étoffe, invente au même creuset, ou si ton désir de vivre procede de ce lent et délicieux appareillement de ton être et du monde -- de ton être et de cet homme.
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C'est cette expression si fréquente, se sentir vivante, qui te frappe. Elle confirme que le désir ne se réduit pas à une concupiscence charnelle mais qu'il est expérience métaphysique, celle d'une façon d'être au monde élargie, amplifiée, anoblie. Quand on le perd, le sentiment d'être en vie diminue, on ressent par anticipation ce que doit être (tu l'imagines et l'espères) l'humeur des personnes très âgées, n'ayant plus assez de désir de vivre pour vivre, ayant usé la masse d'énergie qui nous constitue à la naissance, au point qu'elles souhaitent alors se fondre dans le delta de leur existence - le fleuve personnel rejoignant la vaste mer du tout.
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Mon père (...) m'a transmis , avec l'incapacité d'infliger cette violence, l'effarement devant celle qui secoue le monde. (...)
Je me suis mise à réfléchir, et donc à écrire des romans, pour comprendre au mieux ce qu'il y avait dans la tête des enfants cruels. (...)
J'ai tôt voulu croire à ce rêve ancien que les mots éloigneraient, corrigeraient, soigneraient la violence, que la littérature jouerait son rôle d'accélérateur du "processus e civilisation " (p. 125)
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Quand je repense à lui [ le père de la narratrice], je me souviens avant tout de sa passion. Il vivait, je l'ai écrit, dans une inquiétude fébrile, une agitation toujours prête à se manifester et qui nous paraissait d'ailleurs si fatigante que nous avions constamment envie de lui dire : "Apaise-toi, ce n'est pas si important." Mais je crois pourtant que cette exaltation, bien qu'irritante, nous enseignait l'intensité de vivre. (p. 140)
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