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Critiques de Bernard Giraudeau (127)
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Contes d'Humahuaca

Le pigeon vendu 1,6 million d'euros, en Belgique, est une... pigeonne! France-bleu, 16/11/20...

On se demande qui est le vrai pigeon. Et, ce n'est pas une histoire belge!Le propriétaire de "New Kim" a perdu son pigeon, ben oui, puisque que le pigeon voyageur s'est... envolé !





Un autre pigeon voyageur, c'est Coco! Bernard Giraudeau a rencontré Coco, un employé de l'Aéropostale. Il bravait les orages, la neige, la pluie et quelques fois même les chasseurs...

Un brave facteur qui connaissait Saint Exupéry., Jean Mermoz et Latécoère.





"Le facteur pigeon se disait qu'il n'avait pas de chance" mais le pigeon, c'était lui dans l'affaire !

La femme du pigeon miteux vient de pondre un oeuf, et Coco va devoir porter la nouvelle, aux 4 coins du pays...

Coco est au dessus des nuages quand Kiki, "el cóndor pasa", vint lui parler.





-Pourquoi, tu portes des messages, pour les autres? Que font-ils pour toi? Les autres pigeons peuvent porter leur courrier eux mêmes. Déclare "Kiki le condor, en regardant fixement Coco, qui se sentit un peu gêné"...

-Écoute le vent, mon Coco! Ôte tes chaînes, et sens le vent de la Liberté!





"- Viens, je t'emmène en voyage

Sous le ciel d'orages

Voir les oies sauvages

Le vent raconte des histoires

Aux enfants qui ont peur le soir

Refrain : Il faut t'envoler

Sortir de ta cage!" (bis)





Coco redescendit et demanda une réunion. "Autour de l'unique fontaine de Humahuaca, il y eut un grand silence."

-Je veux les 35 heures, des graines ou du blé, des congés payés, la sécurité sociale! Ou sinon, vous porterez vos lettres vous-mêmes !...

Ce fut une prise de bec, et les volatiles se volèrent...dans les plumes.





Écoutez Bernard Giraudeau faire les voix, croû croû croû !

Une autre histoire: L'âne et la grenouille ? Mais qui de nous va faire l'âne...

A ce propos, espérons que Mr Li, l'acheteur ne va pas faire de New Kim, un... pigeon laqué!
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Les hommes à terre

Homme libre, toujours tu chériras la mer !

La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme

Dans le déroulement infini de sa lame,

Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer

...

(Charles Baudelaire, L'Homme et la Mer)



Bernard Giraudeau est né en 1947 à La Rochelle, La Rochelle son port d'attache là où tout a commencé. Arrière-petit-fils d'un cap-hornier, fils d'un militaire que ses missions envoyaient loin, en Indochine, en Algérie, il s'engage très tôt dans la Marine, il n'a que quinze ans, il y passera sept ans. Sept ans ça vous marque un homme pour toujours. Un homme dont l'inspiration s'est nourrie de cette première vie, bien loin de l'image renvoyée sur papier glacé que l'on connaît de l'acteur.



Cinq nouvelles, cinq destinations, cinq vies couchées sur le papier pour le plaisir des sens. L'écriture de Bernard Giraudeau est libérée, sauvage. C'est violent et c'est doux à la fois. Ses mots sont semblables aux flots de la mer, la mer dont il nous parle si bien ; ils glissent, ils claquent, ils éclaboussent pour finalement nous envelopper, sensuels et voluptueux comme une caresse. Une écriture qui nous prend aux tripes, qui nous ébranle.



Bernard Giraudeau nous raconte l'histoire de ces hommes et de ces femmes qui ont voué leur vie à la mer : des marins, des mères de famille, leurs filles, leurs fils, des femmes chagrines qui attendent à quai le retour de leur homme et qui rêvent d'une vie meilleure, d'un ailleurs. Des personnages écorchés par la vie dont la noirceur et les imperfections deviennent ô combien belles sous la plume de l'écrivain qui aime les femmes autant qu'il aime la mer et dont l'écriture glorifie la femme de marin éplorée comme la prostituée qui vend son corps dans les baraquements sordides des ports à la tombée de la nuit pour apaiser l'esprit torturé des marins en perdition.



Les hommes à terre ce sont les hommes de la mer, ceux qui restent, ceux qui partent, ceux qui se retrouvent, ceux qui se ratent, car c'est l'amour qui les fait tenir, l'amour souvent cruel.

À Hô Chi Minh-Ville (Saigon), Lucien a rendez-vous avec un passé qu'il croyait révolu ; à Brest, un marin tombe fou d'amour pour une très jeune fille, un amour déraisonnable qui le consume à petit feu ; à Buenos Aires, Billy, embarqué sur l'escorteur d'escadre de la Flotte Atlantique, se voit faire une bien étrange proposition ; à Lisbonne, Diego rêve de la belle Irène en écoutant du Fado ; à La Rochelle, Jeanne n'en finit plus d'attendre que la mer lui rende son "Ange".



De beaux personnages avec la mer en toile de fond, omniprésente, pas celle des cartes postales, oh non, mais celle qui se déchaîne, celle qui prend violemment, qui rend parfois mais c'est si rare... Celle qui vous marque une vie entière quand elle lui est dédiée.



Les hommes à terre c'est la rage de vivre et d'aimer de Bernard Giraudeau qui s'en va déjà tout doucement alors qu'il écrit ces pages en 2004. Un très bel hommage à tous ceux qui vivent de la mer et qui lui sacrifient leur vie.



C'est le cœur lourd que j'ai refermé ce roman, il est de ceux que l'on voudrait qu'ils ne se terminent jamais. Alors merci Bernard Giraudeau pour ce très beau voyage qui m'a fait partir loin et qui n'a eu de cesse de me ramener, comme une évidence, à mon port d'attache breton où la mer n'est jamais aussi belle qu'en hiver quand les tempêtes font rage, une vision à vous couper le souffle dont je ne pourrai plus jamais me passer et encore moins après la lecture de ce roman.



Dédicace spéciale à mon ami Pascal (Terrain vague) dont la sublime critique m'a chamboulée et a contribué à cette lecture : je ne pourrai jamais en parler aussi bien que tu l'as fait...



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Les dames de nage

Bernard,



J’ai tenu comme j’ai pu depuis un peu plus d’un an et demi mais j’ai craqué. Tu sais à quel point j’ai repoussé le moment de t’écrire à nouveau, juste pour savoir que j’avais un dernier rendez-vous, un jour, avec ta plume. Comme pour me rassurer, comme pour avoir un peu d’air en réserve, en cas d’urgence. Chaque livre terminé, depuis la lecture du fabuleux « Cher Amour », a été une invitation à ouvrir « Les Dames de Nage », invitation de plus en plus difficile à refuser. Après quelques lectures estivales plus ou moins difficiles car sans grand intérêt pour moi, j’ai eu besoin. Un besoin errant dans les faubourgs du vital. Besoin de ressenti, besoin de mots qui vivent l’émotion. Forcément je me suis tourné vers toi, c’était le moment.

En tournant la dernière page j’ai eu un sentiment étrange, un bref instant, le regard fixé sur l’horizon que les vagues faisaient trembler. Un sentiment oscillant entre tristesse et bien être. L’océan a vite effacé le blues d’en avoir terminé avec tes mots en me rappelant que je resterai imprégné de ceux là comme de ceux de « Cher amour ». Tiens, moi qui n’ai rien mis sur babel, ils vont être mon île déserte parce que, je sais que je me répète, rares sont les écritures qui me touchent comme la tienne. C’est bizarre d’être si différent de toi et de me sentir si proche coté « sensibilité ».

Je suis un peu comme ton ami Roland du « Marin à l’Ancre », je profite de tes voyages, je les vis sans bouger en me disant que j’aurais eu tes mots si j’avais été à ta place, que je j’aurais vécu l’émotion de la même façon, que j’aurais témoigné de la poésie d’une rencontre, d’un instant, d’un lieu, j’aurais caressé de ma plume les doutes, les espoirs, la joie, la douleur, la peur, enfin j’aurais aimé faire ça à ta manière.

Encore une fois je me suis rempli de cette poésie qui transpire de chacun de tes mots déposés sur la page. Une poésie crue qui fera fuir quelques grenouilles de bénitier, alternant avec une poésie d’une douceur extrême où l’instant semble se figer, où l’espace d’une seconde les cœurs s’effleurent tout en retenue. Les peaux se frôlent, se donnent, se fuient. Quant aux âmes elles ne peuvent que se perdre dans la violence des sentiments. Fuir le bonheur avant qu’il ne se sauve, comme le faisait magnifiquement dire Gainsbourg à sa Jeanne, ou courir après lui à travers le monde comme on court après des chimères, quelle différence au final ?

A travers tes voyages, tes rencontres, tu as filmé la vie, tu as couché tes émotions sur la pellicule. Le support était trop étroit, trop impersonnel peut être, alors tu les as ancrées à tout jamais dans les plis du papier, ceux qui laissent la possibilité au lecteur de ressentir selon ce qu’ils sont. L’image impose alors que le livre propose. Quoi qu’il en soit Bernard, les portraits tracés dans ces dames de nage sont juste terriblement touchants dans des genres différents. Des femmes, des amis, des lieux, des rencontres. Je ne peux m’empêcher d’en ressortir deux.

Marguerite, tu sais qu’elle m’a nouée la gorge la mamie. Derrière les murs… ou les fenêtres. Tu as été un rayon de soleil pour elle. Tu as su… après

Et puis forcément Marco… Marcia… juste désarmant. Là je t’avoue que ce n’est pas que la gorge qui était nouée. J’ai vu le sillon laissé sur sa joue, sur son cœur, par une perle de rosée de l’âme. Une perle tombée lourdement d’un cil. Un sillon creusé depuis l’enfance, depuis la marine jusqu’au coup fatal porté par une mère qui… bref. L’espoir fusillé au petit matin, à l’aube d’une nouvelle vie. Il y a des rosées plus vivifiantes…

Il me semble bien que l’espace de quelques pages j’ai du résister pour ne pas suivre le sillage d’une de ces perles. Je ne sais plus si j’ai réussi…

Bernard, dans ces portraits que tu traces, il y a de la sanguine, du fusain, du noir et blanc, du vrai, du beau jusque dans l’intolérable (Juan), jusque dans la détresse. De l’humain tout simplement, ce qui malheureusement tendrait à se perdre proportionnellement à la misère du monde qui augmente, mais c’est un autre sujet…

Et puis bien sur tes « t’aime » favoris que sont les femmes et les amis, Amélie, Jo Camille, Ysé, Michel, Diego. Que dire si ce n’est que j’aime leurs authenticités, leurs failles, leurs forces, vos moments partagés. Des gens pas ordinaires dans tous les cas. C’est peut être pour ça que tu ne plais pas à tout le monde, juste parce que comme disait l’autre, les braves gens n’aiment pas que l’on suive une autre route qu’eux. De toutes façons, les braves gens on les « emmerde ».



J’aurais trop de choses à te dire ou plutôt à t’écrire, c’est tellement plus facile, mais ça va faire long. J’essaierai de ruser pour te faire parvenir un nouveau courrier ici parce que c’est la seule adresse que je connaisse pour te trouver. Celle que m’ont donné les vrp du bien et du mal, de la morale et de la peur, je n’ai pas l’impression que je t’y trouverai, question de ressenti, rien de plus, comme pour un bouquin.

Merci pour ces lectures et à bientôt ici… parce qu’ailleurs ou pas, il n’y a aucune urgence de mon coté.

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R97, les hommes à terre

Un tour du monde par la mer, inspiré de deux texte de Bernard Giraudeau, est le thème cette bande dessinée qui emmène un marin débutant à bord de la Jeanne d'Arc, bateau militaire français emblématique des années 60.



De beaux moments sur le bateau, autant dans l'obscurité étoilée des nuits que dans le coeur de la tempête, avec des réflexions de marins que j'ai trouvées très réalistes, philosophiques souvent et porteuses de sens même si elles paraissent quelquefois un peu terre-à-terre, un comble lorsque l'on est en mer.



Les escales sont occasions d'aventures érotico-sentimentales pour les marins et pour le jeune Théo, héros de l'histoire, l'opportunité d'être déniaisé en douceur.



Les images sont très belles, qu'il s'agisse du bateau, des visages des filles, tahitiennes ou africaines, les visages des marins visiblement moins travaillés.



Quelques extraits de Conrad peuvent inviter à d'autres lectures maritimes, comme Typhon par exemple, l'ensemble coule bien, comme l'eau sous le bateau et l'alcool dans les verres des hommes à terre.



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Cher amour

Chère Madame T.



J'imagine votre étonnement en tombant sur ce billet d'un parfait inconnu ce que je suis à vos yeux écarquillés comme me le confirment vos sourcils relevés. J'aimerais l'ombre d'un sourire naissant et interrogateur, pour éclairer l'aube d'un jour si sombre ne serait-ce vous. Quelle meilleure interlocutrice pourrais-je rêver alors que je me suis perdu dans le bouillonnement furieux des chutes tumultueuses essaimées comme des pièges mortels sur ce long fleuve méandreux appelé Paradoxe ? "Au confluent de l'Iriri et du Xingu, il y a des turbulences inquiétantes qui n'inquiètent que moi." p.35. C'est là dans cette suffocante odeur de mort que j'ai été frappé par le parfum de désespérance qu'elle n'arrivait à me masquer. C'est là que je l'ai perdu. Nous devions remonter vers deux sources différentes. Déjà le titre de ce chapitre "La Transamertume" m'avait alerté...



Ne vous méprenez pas madame, je ne cherche pas à vous séduire. Je ne suis pas séducteur, je ne sais pas mentir et encore moins jouer la comédie. Et surtout, si j'ose imaginer que par le plus grand des hasards vous puissiez lire ce billet c'est que pour moi vous êtes bien réelle. Cela Bernard Giraudeau fait tout pour nous le cacher. Bien entendu, vous l'êtes, pas nécessairement exactement comme il vous a si bien décrite. Car nous avons toujours cette partie secrète qui même à nous se dérobe. Il vous aimait profondément, depuis longtemps. Douteriez-vous ? Oh, Madame T., devrais-je vous rappeler ce merveilleux paragraphe avant le chapitre le sanglier p.244 "C'est seulement à la fin de sa vie, ..." Lisez, mais ... vous pleurez, madame ? C'est pourtant là que je l'ai finalement rejoint...



Je vous devine instruite, lui ayant donné la réplique dans votre jeunesse respective et un moment commune, férue de théâtre, de littérature cela va de pair. De cinéma aussi ? En effet. Revenons un instant à la littérature, voulez-vous bien ? Ces deux sources dont je parlais plus haut, avez-vous lu L'immortalité de Milan Kundera ? Alors vous me comprenez, elles sont comme ces deux soeurs ... si proches et si différentes dans le chemin emprunté.



Mais il se fait tard, madame.



Krout
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Les longues traversées

À 10 ans, le petit Théo est amoureux de Julie. Il aime ses épaules, son long cou, poser sa tête sur sa poitrine et surtout, il aime sentir ses cheveux lui chatouiller le visage. Malheureusement, lorsque la jeune fille doit quitter La Rochelle pour Paris où elle va poursuivre ses études, Théo est triste. Des années, il aura vécu en gardant au fond de lui l'image de Julie. À 16 ans, il embarque à bord du Jeanne d'Arc. S'enivre de l'odeur du mazout, se laisse envahir par les nuits de quarts et veut jouir de la solitude marine. Mais, il sait qu'il ne pourra pas tourner autour de la terre indéfiniment. Aussi se termine le temps des vagues et revient-il sur ses terres natales. À La Rochelle, il trouve un emploi de contrôleur chez Simca puis sera poissonnier tout en fréquentant les quais et les bistrots, se doutant qu'un jour il lui faudrait repartir. Après une nuit d'amour, une femme lui fait connaître Inès de Florès, une lisboète du XIXème siècle. Il s'imagine alors écrivain, faisant de cette femme révoltée, libre et moderne l'héroïne de son roman...



Au scénario, Bernard Giraudeau nous offre un très beau récit poétique et mélancolique. Un dernier album qu'il n'aura pas eu le temps de voir inachevé. Bercé par les mots de l'écrivain, le lecteur fait la connaissance de Théo, un marin devenu écrivain, de Diégo, un mécanicien angolais, resté à quai, et d'Inès, une aventurière qui prendra forme sous la plume de Théo. Entre les deux hommes, une amitié naissante. L'auteur dépeint avec force et tourments des portraits d'hommes blessés, rêveurs et mélancoliques. Un album qui allie avec élégance un texte plus que jamais ciselé, sensible et riche avec un graphisme subtil. Un trait épuré et des couleurs lumineuses pour un texte riche en émotions.
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Cher amour

"Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant

D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime

Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même

Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend."



Ce Rêve familier de Verlaine pourrait être le fil conducteur de l'ultime roman de Bernard Giraudeau pourtant mis en garde :

"- Hé, gadjo, les lignes de la main ? Donne un billet et je te promets la chance.

Elle agrippe ma main, la retourne, l'observe attentivement, la présente au soleil, puis la tire dans l'ombre de son châle. Elle me regarde très sérieusement.

- Fais attention. Tu vas trop vite. Tu vois le trait sur cette ligne ? ça va s'arrêter si tu continues.

- Tu vois une femme ?

- Je vois ce que je t'ai dit."

La messagère prend le billet et repart en dansant.



C'est un récit de voyages, structuré, par delà les géographies visitées, d'éléments historiques, un roman épistolaire, une ode aux femmes, et à l'une d'entre elles plus singulière et idéalisée que, par la musique du style, commet ce baroudeur romantique :

"Femme sacrée que j'aime, femme unique, femme de nos fantasmes, de nos souffrances, femme de notre enfance, de nos lâchetés, femmes peintes, sculptées des millions de fois, femmes de nos jours et de nos nuits, femmes esclaves, entravées, meurtries."



C'est aussi une histoire d'hommes, à distiller lentement et l'histoire de l'un de ces hommes qui, outre l'écriture, filme les visages pour partager des moments et célébrer l'instant. Et il y a beaucoup d'humanité chez ce perfectionniste de l'impossible :

"Aujourd'hui, les couleurs dansent avec les bateaux de pêche et les phoques s'engraissent. Il y a des visages mélangés, échoués ici comme des barques sans nom. Les racines d'un peuple métis ne se démêlent jamais. Elles continuent de s'enchevêtrer."



Sont convoqués de pertinentes réflexions sur le statut de comédien, le rapport au théâtre, le hasard des rôles qui n'en serait pas toujours un mais plutôt "Dieu qui passe incognito" et transpose l'apprentissage du texte de Henri III au pays de Pol Pot.



Il y a d'autres départs, toujours le besoin des gestes inauguraux et, tel le commandant du Jauréguiberry dans le Crabe-tambour, atteint du même mal, promu écrivain de Marine, cette dernière partance vers Djibouti, sur la Jeanne de ses débuts de matelot.



Ecrivain, artiste total, merveilleux conteur, étonnant voyageur, Bernard Giraudeau, l'homme qu'aimaient les femmes.



Cependant qu'à ce cher Amour, pour le consoler un peu, Vialatte murmure peut-être :

"Ton marin reviendra, nous ne serons pas jaloux, il sortira de son sac vert des choses brillantes."



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Cher amour

Voici venu le moment de me faire pourrir par l’ami Pascal, alias TerrainsVagues, qui depuis longtemps sur Babelio nous exhorte à lire Bernard Giraudeau (« Il faut lire Bernard Giraudeau ! »)



Jusque-ici tout va bien, j’ai lu Bernard Giraudeau, enfin.



« Cher amour » tient à la fois du roman, des carnets de voyage et du journal intime. Périples autour du globe, moments de théâtre ou de cinéma, instants de vie, le comédien-romancier expose ses voyages intérieurs dans une succession de missives à destination d’une femme imaginaire et idéalisée.



Mais si ces monologues intimes sont incontestablement bien écrits, pour ma part je n'ai pu me départir d’un léger agacement : la plume de Bernard Giraudeau a ce petit quelque chose d’affecté qui dès le départ m’a étrangement incommodé l’émotion.



Désolée ce n’est que mon ressenti perso, n’en tenez pas compte, car pour d'abord s’en faire une idée… il faut lire Bernard Giraudeau !




Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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Les dames de nage

Je me suis précipité trop impatiente de m’imprégner de sa poésie.

Quel est cette âme errante qui a posé ses mots sur ces feuillets de papier que je parcoure avec frénésie ?

Je veux me remplir de ce sublime sentiment d’éternité avec ce magicien des mots,

Qui m’ensorcelle,

M’hypnotise,

Me défait du superflu et me dévoile l’essence de la vie…



Pourquoi avoir attendu tant de temps pour découvrir ce trésor de sensibilité brut qui m’emporte dans cet univers où les mots scintillent tels des éclats de lumière d’un diamant si finement ciselé ?

Bernard Giraudeau un orfèvre des mots qui tisse sa toile d’émotions autour de mon cœur avec son livre : « Les dames de nage ».

Des mosaïques de sensations qui n’en finissent pas de colorer ma vie de 10001 nuances d’un bonheur délicat.

Juste des sensations épars, sublimes, surnaturelles, passionnées, invraisemblables, impalpables.

Je suis incapable de raconter l’histoire de ce livre car ce livre ne se lit pas, il se vit…

Et j’ai vécu intensément…

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Les hommes à terre

« Il y a trois sortes de gens, les morts et les vivants et ceux qui sont en mer »

Aristote revisité par Lavilliers (A suivre…)



Le livre se referme et je reste un long moment le regard dans le vague comme pour prolonger l’instant. En fait je crois que je ne peux rien faire d’autre, je suis sonné. Un, deux, trois… je titube… neuf, dix. KO !!! Le dernier uppercut émotionnel aura été fatal.



« Les hommes à terre »… quel titre… comme un naufrage à chaque fois et pourtant ils se relèvent... ou pas.



A terre, l’amer vient s’échouer sous les lueurs des ports, l’âme erre comme pour taire la mer.

Accoster c’est sortir de ce liquide amniotique, la seule véritable eau de vie qui enivre les gens de mer, c’est couper le cordon avec la mère. La vie s’évapore un peu plus à chaque escale.



Alors oui, l’alcool pour trouver la force d’affronter le quotidien des terriens ou plutôt les terriens tout simplement, parce qu’ETRE EN VIE ce n’est pas ça.

Se sentir vivre c’est se sentir vulnérable, fragile, se sentir humble. L’océan te rappelle à chaque seconde qu’il te tolère, qu’il t’accepte mais que lui seul décide. Le terrien n’est que présomptueux et futile. Se sentir en vie c’est respirer cette liberté à plein poumons, c’est imaginer derrière l’horizon, c’est aller au bout de soi physiquement, moralement, c’est se mettre en danger, tutoyer la peur…



Alors oui les femmes plutôt que La femme. Pas d’attaches, juste celles du port qui sommeille en chaque homme. Le sexe pour le sexe pour là aussi se sentir exister et puis surtout parce que c’est peut être le meilleur moyen pour certains de repousser, d’oublier, d’enfouir ce besoin( ? ) d’avoir un « pied-à-terre » affectif. Lâcheté pour les uns, bienveillance pour les autres ne voulant pas être qu’une absence pour un foyer sans braises. Bref, ils « rêvent » de La femme mais la fuient. Pas si braves que ça…

Il y en a bien qui franchissent le pas mais…

Le feu des instants complices vaut il toutes les périodes de doute ?



« Les hommes à terre », ce sont cinq nouvelles où la mer et la terre se confondent, où la vie côtoie la mort, où l’envie reste aux faubourgs de la crainte.

« Les hommes à terre » ce sont cinq destins pour une même histoire, le même mélange d’odeurs et de voyages : « C’est ça, le voyage, fragment d’une autre vie ».

« Les hommes à terre » c’est Bernard Giraudeau et sa prose poétique, crue, qui ma fait passé un merveilleux moment.



Attention fragile, ici la mer veille.

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Les dames de nage

La Rochelle, ses deux tours et le regard fixé à l’Ouest. Les vagues qui déferlent et à l’autre bout, le Chili, la Patagonie. Mes yeux suivent le courant un peu plus au Sud, cap sur l’Afrique. Les embruns parfument ma mémoire, cris sauvages de beuveries rue de la Soif, cris perçants de mouettes attirées par le retour de pêche. Je pense à ces marins qui ont toujours envie de mettre le cap à l’ouest, je pense à cette Afrique, rieuse et chaleureuse, ces amants d’un soir, d’une nuit dans un port inconnu, cette belle femme noire. J’imagine ces hauts plateaux d’Atacama où le soleil et le sel te brûlent la peau, là-bas au bout du monde, pays de Coloane et de Sepulveda. Je voudrais rencontrer Bernard Giraudeau pour qu’il me conte sa vie, sa jeunesse, son parcours si atypique dans la vie d’un cinéaste. Alors, je le lis. Pour la première fois.



« Les Dames de Nage » démarre à La Rochelle, adolescence d’un jeune cinéaste, une première rencontre avec Amélie. Âme qui me lit. Âme dans mon lit. La première femme compte toujours.



Elle deviendra son souvenir, ce premier amour qui change le monde. De premiers émois, jeune, trop jeune, des rencontres fortuites après, mais toujours ce sentiment de communion entre deux êtres. Puis il y a eu Jo, cet amour inaccessible, cet amitié indicible, son univers harmonieux qui réunit des êtres larguées par une société pas à leur portée. Bernard a besoin de voyager. Paris, c’est bien, c’est beau, les filles sont belles. Mais l’ouest, c’est mieux. La mer, aussi, les vagues, les embruns, d’autres filles, d’autres amours. Je dis Bernard, mais cela pourrait être aussi Marc – Austère comme l’écrivain mais avec un e accent grave-re – le narrateur de cette histoire, de ces déambulations maritimes. Car, je n’émets aucun doute sur le fait qu’il y a de grands moments autobiographiques dans cette passion, dans ces rencontres, dans ces histoires d’amitié.



Un roman donc pour les amoureux de la Mer, les marins même ceux qui restent à Terre, les souvenirs de l’Afrique, les découvertes chiliennes et surtout pour les grands moments d’amitié que l’on y retrouve. Et je me reconnais dans ce portrait, sans oublier les amoureux de Nicole Kidman, la découverte du port de Wellington. Les pages déferlaient dans ma mémoire au gré du vent et de ses rafales, comme une onde sensuelle venue raviver mes premiers émois, venue entretenir la flamme des grands voyageurs littéraires.



Quelle belle rencontre maritime ! Désir Sensuel, onde marine.



« Les Dames de Nage », cap à l’ouest, le regard porté sur les vagues, les mains sur les femmes.
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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Cher amour

B.



Quelles nouvelles depuis je ne sais où ? Toujours un sacré bordel là haut ?



Ah Bernard, j’ai résisté quelques mois avant de me replonger dans la lecture de ce courrier que tu nous donnes en partage. J’étais resté sur mon nuage avec « Le Marin à l’Ancre », comme pour prolonger l’instant de bonheur procuré par cette lecture.

Ce « Cher amour » m’a longtemps brûlé les doigts mais je l’ai repoussé à chaque frôlement, à chaque regard, à chaque appel, pour encore plus le désirer. Quelques mois en guise de préliminaires avant la communion des mots comme pour un accord à corps.

Oui Bernard, plus que le bordel ambiant de là haut j’ai aimé ton bord d’elle.

Carnets de voyages aux confins de Madame T. Où que tu sois, à l’autre bout du monde, au théâtre, à l’hôpital, tu restes dans ses faubourgs, entre rêve, fantasme et réalité. Comment n’aurais je pas aimé l’esquisse de cette femme impalpable, fugitive. Le tracé de sa silhouette du bout de tes mots, comme on effleure du bout des doigts la peau d’une femme, est une véritable caresse à mon ressenti.

Et puis ce vouvoiement, ce petit coté suranné qui fait toute la différence, qui donne un charme fou à cette relation obsessionnelle, utopique, extravagante, illusoire.

Il y a quelques temps j’ai entendu une interview de ton pote Borhinger qui s’est mit à parler de toi. Tu sais quoi ? Pour lui t’étais « Le patron ». Ca ne m’étonne pas, vous avez le même univers, la même poésie, probablement les mêmes carences, les mêmes failles et une manière de coucher tout ça sur le papier qui me laisse toujours… ému.

Ce « Cher amour », je l’ai aimé, passionnément, presque charnellement. Il y a du tactile dans l’atmosphère qui se dégage de tes mots. De la tendresse, de la passion, de l’exigence, de la légèreté, de la délicatesse et puis… la sensation que tu sais que la fin est si proche…



« Je vous ai reconnue, vous la parfaite, je veux dire parfaite inconnue.

Je me suis approché et je vous ai dit : j’ai beaucoup écrit, je n’avais pas votre adresse. Je vous donnerai tout cela si vous le souhaitez. Vous êtes dans ma vie depuis si longtemps. Je vous ai si longuement cherchée. Où étiez vous mon amour ? Je vous ai cherchée dans le monde entier, dans la jungle amazonienne et philippine, les déserts chiliens, les mers rouges et bleues, les montagnes malgaches, les ports de ma jeunesse, les bars, les bordels, les soirées mortelles, les nuits de brèves jouissances, de dégoût, de colère. Je vous ai cherchée dans les aubes sans nuage, les aubes prometteuses, les aubes menteuses, les aubes merdeuses, les aubes de cafard noir, les couchers de soleil définitifs. Je donne tout cela pour un regard de vous. »



Voila, le livre se referme et Madame T. s’envole d’un battement d’elle. Reste cet amour éthéré et le regret que le voyage ait été si court.

Ah Bernard, il me reste encore « Les Dames de Nage » auxquelles je résiste et qui me font de l’œil quand je passe à portée. Je crois que je vais laisser encore vieillir en bibliothèque de chêne et attendre aussi longtemps qu’il me sera possible avant de l’ouvrir car il n’y aura jamais plus de nouveau cru.



Encore merci…

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Les dames de nage

Je peux te poser une question : quel acteur français aurais-tu souhaité être ?

Bernard Giraudeau, il est beau, il est classe.

N’est-il pas aussi cinéaste, voyageur, marin, homme de théâtre, écrivain?

Si, si, il est multicolore dans l’esprit, bleu dans les yeux et à l’âme.

N’a t-il pas été le compagnon d’Annie Duperey, actrice, femme de théâtre, écrivaine ?

Si, si, j’ai eu un énorme coup de cœur adolescent en allant la voir au théâtre de la Ville dans « La guerre de Troie n’aura pas lieu » de Giraudoux, très très belle dame en chasuble transparente. J’étais en âge de mes premiers émois.



Et toi qui va lire ce livre, « and that’s an order », tu ne seras pas en reste d’émotions.

C’est du gâteau découpé en tranches de vies parfois cocasses, souvent douloureuses, toujours émouvantes narrées par un chaud latin. C’est le paradis, lapin !

En fait non, c’est l’enfer, la recherche de soi-même au travers de vies perdues au fond de ports glauques dans les yeux rougis de presque-femmes à la barbe mauve naissante au petit matin.



« J’allais dans ma lanterne magique faire défiler en accéléré toutes ces vies amassées comme un trésor et parmi lesquelles je cherchais vainement la mienne. »



Note bien que la sensualité l’emporte sur la pauvreté, que le besoin du voyage, voyage plus loin que la nuit et le jour, dans l’espoir inouï de l’amour l’emporte sur la souffrance.

Le désir laisse place à la quête. La quête de soi, toujours.



« J’avais voyagé trop vite, dévoré le monde avec voracité, avec la peur de n’avoir jamais le temps. Le temps de quoi ? »



Il l’a pourtant pris le temps de se poser cet homme impétueux et respectueux de l’amour, des femmes, de la vie, car il l’a magnifiquement écrit cette soif de découvertes, de charmes d’ailleurs au travers de belles rencontres qui donnent la chair de poule et la flamme au ventre.



Bernard, tu as croqué le fruit de la passion dans tous les continents, de toutes les façons.

C’est toi qui as eu raison.

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Cher amour

L’ai-je frôlé au plus intime de son être?

Cet être frissonnant de vie,de sensibilité,de courage.

Un acteur marin qui affronte les tempêtes de la vie avec la sincérité des âmes lumineuses.



Je suis embarquée dans ses vagues à l’âme.

Elles me submergent avec une force qui me laisse sans voix.

Je suis sur la rive ballottée par l’écume de ses mots qui lissent mon âme d’une profusion de teintes bleu océan.

Il me guide dans le labyrinthe de ses vulnérabilités qui s’élèvent dans le bleu azur de ses yeux.

Friable,immuable,paradoxal,surprenant,apostrophant ma part d’humanité qui se laisse aller au son du Bolero de Ravel qui par son intensité entêtante me berce dans les origine de son monde sensible.

Un chant d’espoir et de désespoir,une solitude voyageuse,une peine pleine de ponts qui nous lient.



Il a pris ma main et m’a guidé dans son univers plein de vérité sensible et me révèle son secret: vivre intensément chaque seconde de sa vie!

Une sublime intrusion dans le flux et reflux de sa poésie qui m'arrime à lui et m’encre dans ses mots éternels. Merci!

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Les dames de nage

Mission de décembre 2019, reportée à  2020 pour cause de pandémie : lire un Giraudeau.

Recommandation spécifique: lire de préférence Les Dames de nage ou Cher Amour.



Mandateur: Pascal alias T.V.,  Grand Maître de la Loge Giraudalcienne.

Lobby : Mosaïque,  Aléatoire, Krout, Bison, Sirenna, frères bernardiens assermentés.



Esprit frondeur: Lolokilipasgiraudeausanreserve.

Esprit recalcitrant: Anne, ma soeur Rabanne qui ne veut pas en lire 



Mandataire: votre servante,  michfred. 

Mission accomplie en juillet 2020.





J'ai donc mis les voiles et emmanché mes rames de galérienne volontaire dans ces Dames de nage-là.



Ho hisse, souquons ferme, et cap vers la haute mer!



Début de voyage houleux, lyrisme à contretemps et route marine brouillée: j'ai dû jeter l'ancre. Attendre que ça se calme. Recalfater ma coque. Repartir.



Passer au large de quelques ilots de narcissisme irritants  -ah les yeux bleus, le matelot à la  belle gueule, le beau gars que guignent toutes les filles et qui tombe les plus troublantes, les plus chaudes, les plus fiévreuses, de la vierge à la pute, du trave' aux yeux de biche  à la diva décatie ...- .

 

Saisir le filin, tenir le cap : chercher Amélie -âme lie,  âme lit, à mes lits, ah m'élit... Bref chercher  la Dame de coeur de ces Dames de nage.



Mais le voyage était un drôle de périple, au gré du souvenir, aux vents du désir, ballotté d'un continent l'autre, au confluent des rencontres, hanté de visages amicaux, bercé de milles récits comme autant de petits îlots en atoll.



Il a fallu accepter de dériver, ne plus faire le point que sur des étoiles fantômes, perdre sa route comme le Manureva.



Et faire escale.



Connaître le doux visage couronné de cheveux blancs de Marguerite à la la croisée de sa fenêtre.  Les affres de Marco-Marcia qui voulut être fille et revoir sa Mamma. La haute silhouette de  Diego, le chef de gare qui fuyait la sienne, de mère, et Ana qui ne voulait plus reprendre son train. L'homme aux mains de pierre et la belle Ysé, amants éternellement contraires.



Rencontrer les amis:  Camille la monteuse de films , discrète et efficace,  grignotée , avant Bernard lui-même,   par l'affreux Crabe,  Jo l'"impératrice" peule, Diego le guitariste chilien et l'ami Michel, le "frère " trop tôt disparu.



 Et Amélie, bien sûr: Amélie perdue depuis l'enfance, Amélie retrouvée dans le kaléidoscope des miroirs d'un café , Amélie perdue encore.



Peut-être pour que Marc-Bernard la cherche indéfiniment.



Accepter de perdre pied, de flotter entre deux eaux, de se laisser capter, envoûter, séduire par ce marin aux yeux bleus un peu trop sûr de son charme mais dont on sent toute la déferlante nostalgie, la gourmandise sensuelle, la soif de vie, alors que déjà la Faucheuse, chevauchant les vagues, suivait à la trace son esquif.



PS. Merci à Faby-la-rochelaise qui m'a mis la rame en mains en me prêtant in situ son précieux livre.





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Les dames de nage

Oh que j'ai aimé cette écriture lyrique, poétique avec des envolées magnifiques qui laissent songeur. Et pourtant je crois que cette prose doit être lue avec amour pour donner tout son potentiel. Il faut être en lien avec le cosmos pour saisir toute la puissance sous-jacente qui exsude des mots de Giraudeau. Et pour cela rien de mieux que d'être en amour, empli du feu des astres qui illumine tout d'une rare beauté et permet le ressenti par le pétillement et le scintillement qui couvre l'être qui aime, lui donne toute la clairvoyance nécessaire pour être en parfaite osmose avec le monde et l'acuité pour ressentir les vibrations de la terre. Cette terre fertile qui donne la vie tout comme la femme, coeur de vie de ce roman. C'est ainsi que Marc écrit "au monde".



Mais voilà, "il faut être soudain poreux pour aimer." C'est sans doute ce qui me manque pour apprécier pleinement ce texte. Parce que j'ai eu un léger manque, non dans la profondeur des idées, mais dans leur envol, par trop régulier. Les mots sont très travaillés et je l'ai trop ressenti. Il me manquait la crépitation de la poussière d'étoile qui illumine le message, le déforme, le rend fulgurant avec des sautes d'humeurs, l'embrase pour l'élever vers des ténèbres d'où ils peuvent chuter sans peur de me perdre, mais pour mon plaisir, celui de la surprise. Ici, j'ai eu trop de tourbillons, sans rupture de rythme. Les bribes de vie de chacun étaient magnifiques, c'est la forme qui était linéaire. J'aurais voulu de l'instabilité dans les mots, de la porosité qui arrache le coeur et sort les tripes, en toute simplicité.



"Comment retrouver l'innocence, être nu, désarmé comme l'enfance, comment être perméable ?"

Pas facile…
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R97, les hommes à terre

Sous la pluie d'octobre, Théo regarde la mer, promesse d'une vie nouvelle. En effet, à 17 ans, après sa formation aux Arpètes, il quitte Brest et embarque à bord de la Jeanne d'Arc pour plusieurs mois. Un tour du monde par la mer, un rêve pour ce jeune matelot. Au petit matin, l'arsenal s'active. L'on s'installe en faisant connaissance et l'on vaque à son poste. A peine le navire lancé, il s'émerveille déjà des parfums d'orient et du spectacle que le monde allait lui offrir...



Bernard Giraudeau nous emmène avec lui à bord de la Jeanne d'Arc. Bien avant d'être l'acteur et l'écrivain reconnu, il passa quelques années dans la Marine Nationale. Librement inspiré de "Le marin à l'ancre" et "Les hommes à terre", cet album nous fait voyager de la Martinique à Djibouti en passant par Montevideo ou Valparaiso. L'on suit le jeune Théo, sur terre comme sur mer. Cette expérience le marquera à vie. L'auteur s'attarde volontiers sur ces escales, la vie à bord du navire et les bouleversements inhérents à ce mode de vie. Servi par un trait épuré et hachuré et une palette de couleurs allant du bleu nuit au jaune éblouissant, cet album offre de belles cartes postales dépaysantes.



Un petit tour à bord du R97...
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Les hommes à terre

Bernard Giraudeau était un formidable comédien, il était aussi devenu un magnifique écrivain. A travers cinq nouvelles, le regretté natif de La Rochelle signe un hommage aux hommes et femmes de la mer. Giraudeau écrit comme il joue, sans tricher, l’écriture est poétique, crue incroyablement mélancolique. Ces textes donnent chair à des personnages à jamais attiré par les océans, l’évasion, par l’amour du grand large, comme si la mer pouvait guérir les blessures de la terre. Et puis chez Giraudeau, il y a une humanité qui transpire dans chaque page, chaque mot, Il aime et nous fait aimer ces héros ordinaires.

C’est d’une force et d’une beauté incroyable, on s’imagine notre regard tourné vers cette ligne d’horizon, promesse d’une fierté et d’une dignité propre aux marins. Un embarquement riche, sensuel, touchant. Sacré bouquin.
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Le Marin à l'ancre

« Mon ami Roland était échoué sur le carrelage de Saint-Jean depuis l’enfance. Il fut l’artisan de notre rencontre en 1987. Il bougeait encore les doigts d’une main droite qui commençait à s’engourdir. Il était en sursis depuis plusieurs années et sa survie était exceptionnelle. Il ne voulait plus « voyager » seul, les yeux clos. Je l’ai donc « emmené » là où j’allais en écrivant des lettres que vous lirez peut être. Nous avons partagé mes voyages jusqu’à sa mort, en 1997. Il avait cinquante trois ans. »





B.



Etrange impression que de lire un courrier qui ne m’était pas destiné, un brin voyeur et puis…

Et puis après tout, c’est toi qui l’a mise en partage cette correspondance, comme un témoignage, comme une déclaration d’amitié, une déclaration …d’Amour. J’y suis donc allé sans gêne.



J’ai lu tes lettres B. Tout lu, dévoré, absorbé, j’ai dégusté sans laisser la moindre miette. J’ai bu tes mots, infusés, décoctés. Un shoot en intraveineuse… quel pied !!!

Tout comme R j’ai aimé te suivre toi le marin à l’encre. Je me suis laissé dériver entre terres et mers au gré de tes voyages, au gré de tes souvenirs.

J’ai fait le tour du monde, fais des rencontres qui m’ont touché. J’ai vécu des paysages. J’ai perçu toutes ces odeurs, ces couleurs épicées. J’ai ressenti ces regards, ces âmes. J’ai compris tes lâchetés, tes doutes, tes espoirs, ton Humanité. Tu m’as emmené, avec R, sur tes chemins hors piste.



Encore une fois, comme dans « Les Hommes à Terre », tu m’as remué, tu m’as bousculé. Pour d’autres raisons qui touchent à l’intime, que je ne dévoilerai pas ici, mais les émotions ressenties sont semblables. Ta poésie me bouleverse, ton style cru qui cache tant de pudeur... Il y a du Borhinger en toi et j’aime ces sensibilités là.

Tes mots pour Roland, tes mots pour St-Ex… et puis l’Afrique, et puis l’Amazonie, la terre de feu, Kobé, les îles du pacifique, je n’ai pas envie d’atterrir, je suis si bien là haut…



Voilà déjà cinq ans que tu as rejoint Roland pour un nouveau voyage. Dommage que tu n’ais pas eu un peu plus de temps ici pour donner encore et encore par l’écriture.

Les mots me manquent ou peut être ne veulent – ils pas s’offrir au grand jour mais si je devais te croiser un jour les cieux dans les yeux, fais moi penser à te dire que j’Aime l’Homme que tu es, du moins ce que j’en ai perçu entre tes lignes.



Merci m’sieur et à bientôt.



P.



« Un jour tu m’as écrit, comme ça, comme on écrit au voyageur, pour savoir. Tu m’as lancé une bouée à laquelle tu étais accroché. Je l’ai saisie au passage entre deux vagues. Et puis les années… moi qui bouge, toi qui restes, moi qui bouges, toi qui restes – dix ans ! »



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Les hommes à terre

"J'aime les grands cargos arrêtés dans les rades

Qui ne se mêlent pas à la vie de la ville

Et qui libèrent le soir les marins éperdus".

(Louis Brauquier)



Quatre histoires de marins.

Encore me direz-vous ! Normal puisque c'est de Bernard Giraudeau, l'homme qui aimait la mer, les marins, les femmes, toutes les femmes même et surtout "une dans chaque port" , surtout celles là qu'il décrit avec tant de chaleur, de tendresse et de respect.



INDOCHINE - Jean-Paul emmène avec lui son père, Lucien, très malade, faire un long voyage jusqu'à Hô Chi Minh-Ville.

Il ne sait pas que là-bas vit l'Amour d'une vie ; et qu'il va permettre à son père de terminer sa vie auprès de celle qu'il n'a jamais cessé d'aimer.

"Il regarde dans le miroir cet homme dont il n'est pas sûr d'être le reflet".



BILLY - Quelle tendresse et quel respect pour toutes les "putes" à marins.

On dirait une lente mélopée qui dure au son d'une guitare, d'un saxo, d'une contrebasse rejoints par un bandonéon.

Amour à mort.



DIEGO L'ANGOLAIS -

" C'est une comédie sans début, ni fin, un puzzle éclaté, des fragments de vie, des histoires enchevêtrées comme des racines".

Diego s'invente une Irène Cap Verdienne sur qui il se repose, après l'amour.

Toutes sont des Irènes, filles de passage ; mais il y a celle dont ils rêvent tous, la seule, l'unique.

Elle - concrète dans l'imaginaire, on la devine, on ne voit que son ombre, elle s'évanouit sans cesse, un morceau de femme éclatée, un éclat de miroir ......



JEANNE - Jeanne et Ange un amour beau à pleurer.

" Ils avaient nourri leur bonheur dans l'absence, dans une sorte de méditation intensive de l'autre..."



Il m'a encore une fois embarqué, lui qui sait si bien capter l'éternité des émotions.



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